Disclaimer : je ne possède bien entendu aucun droit sur les personnages, les lieux et les situations créés par J. K. Rowling.
Epilogue
29 août 1997. Ministère de la Magie. Département des relations internationales. Confidentiel, réservé au Ministre.
Le Ministère français n'est pas disposé à coopérer. Le Ministre prétend le contraire, mais il connaît parfaitement la situation britannique. Narcissa Malefoy n'est visée par aucune charge et on vient de me réexposer point par point les « démentis » sur la participation de Drago Malefoy. Je ne doute pas que nous ayons à remercier Potter pour cela.
Ils n'accepteront que l'extradition de Lucius Malefoy.
On m'assure que de nouveaux documents devraient « aplanir les difficultés de cette regrettable affaire ». Il est permis d'en douter.
Signé : Hargrove.
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14 janvier 1998. Ministère de la Magie. Service des affaires juridiques. Confidentiel, cabinet du Ministre uniquement.
Termes de la cession du domaine de Malefoy Manor à la fondation des Pupilles du Ministère de la Magie.
Note du cabinet du Ministre : « cession » est inapproprié, à remplacer par « saisie ».
Note du service juridique après consultation des Affaires internationales : conserver « cession ».
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3 mai 1998. La Gazette du Sorcier, rubrique des affaires judiciaires
Monsieur Arnulf Olibrius, Ministre français de la Magie, a ordonné hier l'extradition de Lucius Malefoy. Le Mangemort est arrivé ce matin sur le sol britannique accompagné de cinq Aurors et a été immédiatement transféré à Azkaban. Son procès ne devrait pas tarder et devrait se dérouler juste avant les vacances des magistrats.
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14 octobre 1997. Theodore Nott, Mercury inc. à Severus Snape
(…) J'aimerais, si cela vous agrée, avoir votre accord de principe pour une livraison de Veritaserum. Mes services sont contact avec le Ministère et il n'est pas impossible qu'il nous demande des préparations sous licence contrôlée.
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15 octobre 1997. Severus Snape à Theodore Nott
Vous avez mon accord de principe, entendu que, s'agissant d'une commande ministérielle, celle-ci sera réalisée aux tarifs du marché, avec défraiement anticipé des ingrédients ou bien livraison de ceux-ci, qualité optimale, par Bobbin.
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16 octobre 1997. Theodore Nott, Mercury inc. à Severus Snape
Plutôt que Bobbin, je vous propose de passer par Verdegris associates. Leur officine est en cours de déménagement mais je puis vous obtenir l'ouverture de leurs entrepôts d'Edimbourg, au jour et à l'heure de votre choix, afin que vous contrôliez la qualité des ingrédients. (…)
Puisque nous devons en revenir à des questions matérielles, vous me pardonnerez de soulever de nouveau la question de votre rémunération. Mes entreprises sont en pleine restructuration : je puis vous garantir le tarif Potionneur pour les potions du niveau ASPIC et les principaux cosmétiques, le tarif Potionneur plus 30% pour les préparations médicinales, le tarif Potionneur plus 50% pour les potions médicinales spécifiques et le tarif Potionneur plus 100% pour les potions du niveau de la maîtrise. Les commandes ministérielles restent bien entendu hors contrat ordinaire. Cette proposition court pour un an et j'espère bien pouvoir vous offrir mieux au premier janvier 1999.
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17 octobre 1997. Severus Snape à Theodore Nott
Votre proposition me convient. J'aimerais cependant y ajouter une clause me réservant l'exclusivité du choix des préparations à partir de la maîtrise, me laissant libre, après examen, de les accepter ou non.
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Theodore Nott tapota le bout de sa plume contre le bord de l'encrier, ajouta deux lignes à sa liste de potions de maîtrise pour lesquelles il entendait avoir l'agrément de principe de Snape, par contrat, puis acheva sa missive et la signa. Il scella les pages et s'affala un peu dans son siège en soupirant. Quand il rouvrit les yeux, les rayons du soleil jouaient avec les grains de poussière en suspension dans l'air. Il fallait allumer les lampes mais Nott n'avait pas envie d'exposer la décrépitude de la pièce. Là, on pouvait encore prétendre ne rien voir.
Il avait dû agir vite. Après avoir fait passer l'ensemble des entreprises Nott à son nom, il s'était débarrassé des plus compromettantes, anticipant le retour à l'ordre et un contrôle accru sur les négoces douteux de l'Allée des Embrumes. Il avait misé sur la complexité du système Nott, avec prête-noms, commerces écrans et tutti quanti. Il savait pouvoir compter sur son avocat, dont les convictions plus que louches le rendaient aisément manipulable.
Les deux clercs qui travaillaient avec son père lui avaient posé plus de problèmes. Etant donné la masse de travail à faire et la technicité des comptes, il aurait mieux fallu les garder. Cependant, Theodore avait moitié moins d'entreprises à gérer, après le premier tri, et il tenait à s'assurer de ses collaborateurs. Il fit jouer le réseau Slytherin : un mot à Gabelli afin de lui demander s'il avait des entrées aux affaires judiciaires via ses accointances avec le réseau Gryffondor qui noyautait le ministère, deux noms communiqués et, grâce à petit tour de passe-passe, il avait vite appris que l'un des clercs était lourdement compromis, même s'il n'avait pas la Marque. Deux autres missives « anonymes » et ledit clerc avait été livré à la justice, lesté en prime de quelques preuves accablantes qu'on avait déniché pour accélérer la procédure.
Du côté familial, il avait joué un jeu beaucoup plus délicat. Son père et son oncle étaient foutus. Il restait quelques brebis galeuses encombrantes et surtout sa tante Astoria dont le pouvoir de nuisance (jusqu'au meurtre) était important.
Theodore comparut au tribunal, bien sûr. A son corps défendant, cela allait sans dire. Il ne livra rien d'accablant, mais se trouva à deux ou trois reprises mis en difficulté par l'avocat de l'accusation. Dommage. Saturnus et Quintus Nott allèrent connaître de plus près les Détraqueurs. Le Magenmagot jugea nécessaire d'enquêter sur Astoria Nott et découvrit chez elle, suite à une dénonciation anonyme, des ouvrages de Magie noire à faire froid dans le dos à un Mangemort. Son neveu ne fit rien pour lui éviter la prison. Le reste de la famille Nott préféra prendre ses distances, doutes ou pas doutes sur le rejeton de Saturnus. On l'avait vu combattre contre les forces de Voldemort à Poudlard : opportunisme ! répondait-il, et il citait en exemple le comportement de Blaise Zabini. Aux pouvoirs publics qui le regardaient d'un mauvais œil, il produisait ses certificats de bonne conduite et parlait de Drago Malefoy qui avait pris la Marque, alors que lui, Theodore Nott, l'avait refusée.
Il demanda à un Elfe de lui apporter un sandwich et étudia de près son agenda. Il avait hérité de trois Elfes de maison, mais en avait envoyé deux s'occuper des travaux des nouveaux locaux de Mercury inc. dans le Chemin de Traverse et qui devaient ouvrir dans moins d'un mois. L'achat de la boutique dans un quartier aussi commerçant, des caves et de l'entresol lui avait coûté une petite fortune. Heureusement, il disposait des fonds provenant de la vente de plusieurs entreprises. Il pouvait se permettre la transaction, mais il devrait réussir à rendre l'officine florissante sans trop menacer les Bobbin qui exerçaient dans le même secteur.
Theodore Nott tenait à garder des relations cordiales avec les apothicaires et ne voulait pas entamer une lutte sans merci alors qu'il reprenait tout juste les rênes du commerce. Il avait réuni chez Mercury la vente d'ingrédients (rares et de qualité exceptionnelle, pour se placer sur un créneau plus exclusif que les Bobbin) et l'écoulement de potions, depuis la Pimentine jusqu'à la Tue-Loup.
Il entendait bien développer un volet de recherche et développement, mais ne s'y attèlerait que lorsqu'il aurait des fonds réguliers et des économies assez conséquentes pour lui permettre de supporter une éventuelle faillite sans trop de douleur. Deux gros entrepôts concentreraient l'achat et la revente des ingrédients, en dehors de la future boutique. Plus de contrebande, du moins, pour l'instant. Nott voulait être irréprochable. Il savait que les ingrédients lui reviendraient cher et c'est pourquoi il avait l'intention dans un futur assez proche de court-circuiter le marché. Restait à découvrir un bon botaniste… Sans compter la nécessaire association avec un Maître des Potions… ce qui, étant donné la situation au Royaume-Uni, reviendrait à aller trouver Severus Snape en rampant. Non, il verrait plus tard.
Et puis il disposait d'un bon intermédiaire : Emilie. Avec leur séparation après la bataille de Poudlard, la nécessité de ne pas se compromettre publiquement l'un avec l'autre pour ne pas nuire à leurs démêlés avec la justice, leur relation s'était de facto transformée. Amoureux, peut-être plus, amis, toujours. Dès que le Magenmagot avait eu débarrassé Theodore Nott de son encombrante famille, celui-ci avait envoyé un hibou à Emilie. En toute honnêteté, il souhaitait avoir de ses nouvelles, directement, sans passer par Gabelli, connaître ses projets. Il avait besoin de parler de ce qu'il avait vécu et peut-être de sa situation à elle, si elle le voulait. En toute honnêteté aussi (et il avait exposé les faits à Emilie, plutôt que de tenter de la berner : on ne manipule pas ses rares amis), il désirait tâter le terrain auprès des Snape père et fille, grands pourvoyeurs de Potions actuels et à venir.
Non, ce n'étaient pas les projets qui manquaient à Theodore Nott, mais le temps. La maison dans laquelle il se trouvait n'avait pas été entretenue depuis des décennies mais elle attendrait : il se contentait d'un bureau, d'une chambre, d'une salle de bain et d'une cuisine.
Il n'avait dû faire qu'une concession et avait enrôlé Blaise pour l'aider à acheter une tenue propre à susciter la confiance, à faire oublier son jeune âge et un nom honni. « Pas de noir, Theodore, laisse ça » avait dit Blaise chez Saville's, le meilleur tailleur du quartier sorcier. Il en était ressorti avec un costume à la moldue bleu marine, un autre vert sombre, quatre chemises blanches à col cassé, des chaussettes noires, une robe gris sombre boutonnée sur le devant qu'il pourrait éventuellement passer par-dessus ses vêtements, puis avait été essayer deux paires de mocassins noirs. Il avait failli loucher en payant les additions et avait quand même fait un effort pour sourire au peigne de poche en argent que lui avait tendu Blaise : « Tiens, c'est cadeau ! ». Chez lui, heureusement, il pouvait encore mettre ce qu'il voulait et porter ses vieux chandails qui au moins lui tenaient chaud quand le temps tournait à l'hiver.
Theodore sortit vite fait de la pièce par la porte-fenêtre, attacha sa lettre à la patte d'un hibou et revint en frissonnant pour attaquer son repas avec un bon appétit. Il raya avec satisfaction, d'un gros trait de crayon rouge, plusieurs lignes de son agenda et lut ce qui l'attendait pour l'après-midi.
Histoire de la magie. Astronomie. Ah, et Arithmancie pour terminer, la récompense ! Il se servit une tasse de thé et alla prendre ses livres et ses notes dans l'une des piles encombrant la pièce. Il lui restait quelques semaines avant de passer ses examens et lui, contrairement à certains, ne pouvait pas se permettre le luxe de les rater.
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Depuis le début de la soirée, les quelques Sang-mêlés ou les sorciers affectant de se conformer à la mode moldue regardaient leur montre à intervalle régulier. Non qu'ils s'ennuyaient, pas du tout, au contraire, mais ils souhaitaient pouvoir aller à temps sur les bords de la Tamise pour assister au feu d'artifice mémorable qu'on promettait pour le nouveau millénaire, le premier qui verraient la collaboration entre pyrotechniciens moldus et sorciers. Evidemment, aucun Moldu ne le saurait, ce n'était qu'une première passerelle symbolique jetée entre les deux mondes de la part de leurs ministres respectifs. Tout de même, l'an 2000 s'annonçait comme exceptionnel.
Gabelli se trouvait à un bout de la table, toujours aussi joli garçon malgré une mine extrêmement fatiguée, fagoté comme l'as de pique et les cheveux pas bien frais. Il avait quitté si tard l'hôpital qu'il n'avait pas eu le temps se retourner chez lui s'habiller. Il absorbait ses pintes de bière comme une éponge le liquide depuis une bonne heure tout en blaguant avec Blaise Zabini, à tue-tête, l'alcool aidant. La subtilité Slytherin en avait pris un sacré coup, tout comme les bonnes manières : on en était aux déconnades obscènes depuis que Blaise avait relaté à sa manière les derniers ragots sur Pansy Parkinson, désormais surnommée « la Lavender des cachots », ce qui avait failli déclencher des escarmouches avec les Gryffondors de l'assistance.
Theodore Nott observait tout ça presque sans y croire et se demandait si ce soir Gabelli aurait enfin l'honneur de pouvoir appeler Zabini par son prénom. Et s'il ne finirait pas par terminer les célébrations dans le lit de son ami. Oh, il ne pensait pas que l'Italien penchait de ce côté, mais les circonstances parfois…
On avait cru d'abord que Gabelli ne viendrait pas, coincé à Sainte-Mangouste où il était exploité comme un esclave par les guérisseurs en titre. Emilie avait dit qu'elle-même n'arrivait presque pas à le voir ces derniers temps, qu'il répondait très en retard à ses courriers Blackwell avait renchéri en racontant qu'on ne l'avait plus vu accompagné depuis au moins deux ou trois mois, un mauvais signe (l'apprenti guérisseur trainait une véritable réputation de Casanova et ne cachait pas que Sainte-Mangouste n'avait de saint que le nom et que du côté personnel, on aurait parfois plutôt pu se croire dans un lupanar plutôt que dans un hôpital -la règle, toutefois, était de respecter la hiérarchie). Il avait fini par se pointer, quand on avait abandonné tout espoir, seul évidemment (la petite société ne se retrouvait pour célébrer le nouvel an qu'entre membres très selects des anciens résistants de Poudlard) à moitié titubant de fatigue. La boisson, assortie d'un raid sur les amuse-gueules qui trainaient, lui avait redonné des forces, restait à savoir s'il parviendrait à sortir de leur salle privée à temps pour minuit, ou s'il aurait roulé sous la table avant.
Dans un coin, Ann Merrywhistle, Vladimir Blegounovsky et deux Poufsouffles riaient plus doucement. A un moment, ils n'arrivèrent plus à se contrôler et en suffoquèrent presque, pour finir par s'arrêter, qui en reniflant, qui en essuyant une larme d'un revers de la main.
Un bruit de faïence claquant sur le bois attira l'attention :
« Hé ! Hé ! Oh ! Blackwell, purée, ton chat ! »
Lucrezia releva la tête et interrompit sa conversation plus sérieuse avec Jonathan Haffner et avisa Miss Teigne qui avançait précautionneusement sur les tables en slalomant entre les couverts, les assiettes et les verres, picorant ce qui l'intéressait à droite et à gauche.
« Hé ! Dégage ! Va-t'en ! »
On rit, et la vague l'hilarité se propagea dans la salle. Le chat noir avait la tête quasi entrée dans une pinte et la retira brusquement, la truffe couverte de mousse.
« Bah ! C'est dégueul…
-Oh, elle est saoule ! Regardez ! »
De fait, dérangé par les cris et l'encombrement de la table, ou bien la vue brouillée par quelques lampées de bière chipées à titre de curiosité, le chat n'avait pas l'air de bien tenir sur ses pattes.
Lucrezia se leva, l'attrapa sous le ventre et le posa par terre, non sans avoir pour la forme brandi une laisse dans la main droite. Miss Teigne parvint à lui lancer un regard dédaigneux et alla se réfugier à l'autre bout de la pièce, non sans guetter, dès qu'on l'eue oubliée, la première occasion pour recommencer ses explorations.
« Tu en as encore pour longtemps, à Rio ? »
Quelqu'un fit semblant d'agiter des maracas en trémoussant une poitrine imaginaire et Neville Londubat rit en corrigeant Seamus Finnigan :
« Non, pas Rio, Manaus !
-Pareil, c'est au Brésil.
-Oui, mais ce n'est quand même pas la même chose encore un mois. Après, c'est l'Inde.
-Et tu comptes parcourir le globe combien de temps avant de te mettre à jardiner ? »
Nott écoutait en souriant vaguement, en vidant très lentement son verre, profitant du fait que son action avait suscité un arrêt momentané de sa conversation avec Emilie Snape.
« Je me présente à la maîtrise, crétin.
-Tu as des contacts avec les locaux ? demanda soudain Nott en s'immisçant dans la conversation. J'aurais pensé qu'ils protègeraient leur propre marché… »
Londubat laissa passer un instant avant de répondre, étonné de se voir distingué par Nott.
« Hum, non, en fait, quand on prépare la maîtrise d'Herbologie, on doit faire au moins trois voyages d'étude. En fonction de ses évaluations et de ce que l'on veut faire ensuite, on sollicite un maître. Moi, je veux rester ici. Il haussa les épaules : je n'aime pas trop les voyages, et puis le climat… pfff…
-Tu vas aimer l'Inde, alors, railla Finnigan.
-Ne m'en parle pas, je n'en peux déjà plus de l'Amérique du Sud. Et puis le Niger, avant… Au moins, j'espère qu'il n'y aura pas d'araignées, des serpents, des…
-Tu parles du pays des fakirs, là…
-Oh, Merlin… » soupira Neville en prenant sa tête dans ses mains de façon un peu théâtrale.
Nott avait fait mine de reprendre sa conversation avec sa voisine, quand il se pencha de nouveau vers l'ancien Gryffondor.
« Tu as déjà démarché un maître, ici ?
-Oui, Broderick, c'est avec lui que j'ai préparé mes voyages d'étude.
-Il est où, à Cambridge, maintenant ?
-Non, il a laissé sa chaire pour se consacrer à la recherche. Tu le connais ? s'enhardit à demander Neville.
-Personnellement, non. Mais c'est l'un des meilleurs, je ne sais même pas quel âge il peut avoir. Il a bien dû connaître Mathusalem, ricana Nott. Bon, ce qui est sûr, c'est que son nom a encore du crédit : tu arriveras à te caser chez un herbologiste indépendant, peut-être une grosse firme, si tu ne crains pas l'isolement loin de la civilisation…
-Je pensais plutôt à me mettre à mon compte. »
Nott haussa les sourcils et abandonna franchement sa compagne pour regarder Neville dans les yeux. Les deux acolytes Gryffondors s'étaient déjà lassés de la conversation qui ne s'annonçait ni drôle ni croustillante.
« Pour ça, il faut des terres. Et puis après, un réseau.
-Ben… oui, les terres, c'est une chose. Neville soupira : je pensais me faire embaucher et mettre de côté, et puis commencer petit, contacter des officines, comme Bobbin…
-Laisse tomber Bobbin. Nott, reprit immédiatement : oh, ils sont sérieux, pas de problème. En fait, si tu t'y prends comme ça, tu ne t'en sortiras pas : ils achèteront quasi à prix coûtant et tu rentreras à peine dans tes frais.
-Oui, mais alors ?
-Hum… il faudrait déjà que tu trouves un propriétaire et que tu négocies un contrat d'exploitation. Pas évident, c'est sûr. »
Neville fronça les sourcils, et se jeta à l'eau :
« Tu ne connaîtrais pas quelqu'un, par hasard ? »
Un grand éclat de rire en provenance d'une table mitoyenne interrompit brièvement la conversation. A côté d'eux, Emilie Snape regardait Theodore Nott avec une expression amusée. Nott prit une grande inspiration et répondit enfin :
« Peut-être. Peut… non, disons qu'il y aurait peut-être quelque chose à monter… Mais il faudrait que tu sois bon. Pas bon : excellent, et quand je dis excellent, c'est excellent au point de fournir une clientèle du calibre des Maîtres des Potions. »
Neville Londubat déglutit avec peine et Nott ne put s'empêcher de pouffer : il était sûr que l'expression avait immédiatement fait surgir le fantôme de Severus Snape dans l'esprit du pauvre aspirant herbologiste.
« Ça ne veut pas forcément dire que tu devras traiter directement avec eux, hein ? » Nott rit à son tour et continua : passe ta maîtrise, on pourra toujours en reparler un jour, si tu as besoin de conseils. Mais oublies Bobbin, ça ne te mènera nulle part.
-Et Mercury ? interrogea Neville, avec un sourire en coin.
-Oh, Mercury c'est bien, très exclusif. Ils travaillent avec Verdegris comme fournisseur. C'est un consortium, je me suis laissé dire qu'ils étaient largement au-dessus du lot », répliqua Nott avec un sourire de requin, adouci par une lueur rieuse dans les yeux.
Non loin de là, tout en continuant de se moquer avec Gabelli de toute la société sorcière et de leurs anciens condisciples, Blaise Zabini ne perdait rien des efforts de Theodore Nott.
D'abord, il avait noté qu'il s'était présenté seul, habillé comme du temps de ses dix-sept ans, le cheveu toujours emmêlé mais court et de toute évidence supervisé régulièrement par un coiffeur, les lunettes à la fine monture d'or, très chic. Puis Emilie Snape était arrivée et avait pris naturellement place à côté, comme si elle avait pris le premier siège de libre. Et ces deux-là n'avaient pas cessé de conférer. Oh, pas de messes basses amoureuses, ça Blaise en était persuadé (d'ailleurs il connaissait leur « passé » à tous les deux depuis un moment) mais tout de même… A un certain point, quand tout le monde avait déjà bien rit, mangé, et bu un peu plus que de raisonnable, le bras de Nott s'était retrouvé accroché au dossier de la chaise d'Emilie Snape. Bon, un hasard, admettons. Quand ce bras s'y raccrochait avec la régularité d'un coucou suisse depuis une heure, le hasard avait bon dos. Après tout, Blaise n'allait pas disputer à son camarade l'opportunité de joindre l'utile à l'agréable : la fille de Snape avait annoncé publiquement qu'elle était depuis un semestre apprentie auprès de Stanley Blast, le seul Maître des Potions de Grande-Bretagne du niveau d'un Severus Snape, pas encore totalement fou, et qui avait probablement l'âge d'être le père d'Uther Pendragon.
« Tu recrutes ? plaisanta Emilie.
-Non, je lance une idée, répondit Theodore à voix basse avec un sourire : dans un an, Londubat sera persuadé de l'avoir eue lui-même. Dans deux, au moment de passer sa maîtrise, il commencera à prospecter… et d'ici là, je pourrais peut-être le cueillir, avant tout le monde, avant que son diplôme et son expérience lui donnent une valeur marchande. Un maître en Herbologie à la tête de Verdegris : les meilleurs ingrédients, certifiés, et peut-être, si on a de la chance, la possibilité d'acclimater des espèces sauvages ou étrangères… »
Il avala une gorgée de bière et demanda :
« Et toi, comment ça se passe ? »
Emilie faillit cracher la bière qu'elle venait d'avaler et rit franchement :
« Joue à ça avec un Gryffondor, mais évite de me faire le même cirque. »
Theodore partagea son hilarité et recommença plus sérieusement :
« Blast ?
-Un connard.
-Hou.
-Oui. C'était le maître de mon père et il veut me le faire payer. Il a probablement accepté de me prendre en maîtrise juste pour le plaisir de se venger. Il va me tuer. Je te jure qu'il me tuera avant que j'arrive au bout des deux ans.
-Décidemment, entre Gabelli qui trime 20 heures par jour et Londubat qui se coltine les insectes, les coléoptères, les crocodiles, la malaria et la dysenterie… il ne fait pas bon être apprenti, ces jours-ci.
-Tout le monde n'a pas des rentes, mon cher. »
Nott eut un sourire complice et laissa passer la remarque : Emilie savait mieux que quiconque qu'il avait connu des débuts difficiles et qu'il ne laissait pas ses entreprises ronronner.
« C'est dur, c'est tout » soupira Emilie.
Elle n'épilogua pas, pas en public, et pas devant quelqu'un d'autre que son père, même Theodore. La réalité était qu'elle avait tout juste passé la qualification d'apprentie exigée par Blast. Ses capacités magiques étaient moyennes et cela risquait à plus ou moins long terme de compromettre sa maîtrise. Etait-ce le résultat de ce qui lui était arrivé à la fin de la bataille de Poudlard ou bien tout simplement ses limites naturelles, elle ne le saurait jamais. Elle se forçait à trouver une discipline et à étudier ses recettes avec acharnement, trouvant les phases naturelles, décelant les paliers qui lui permettraient de se reposer et de reprendre des forces. Elle sentait comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête à chaque nouvelle étude : serait-ce enfin celle qui lui ferait déclarer forfait ?
Snape n'avait pu que lui répéter ce qu'elle savait déjà, à savoir qu'un excellent Potionneur, à la technique impeccable, qui plus est quelqu'un connaissant la théorie des potions les plus complexes, même s'il n'avait pas les capacités physiques de les réaliser, ne manquerait jamais de travail, et aurait toujours des propositions intéressantes, financièrement et intellectuellement. Il avait continué à l'associer à la gestion de son travail pendant les trois ans qui avaient suivi son procès : elle était introduite auprès de toutes les officines, auprès de ses clients, mandatée pour conduire seule les achats d'ingrédients courants, livrait elle-même Sainte-Mangouste. Quant à ses liens avec Nott, ils étaient plus que bienvenus maintenant que le rejeton des trafiquants de Potions avait réussi la prouesse de rétablir des négoces rentables et surtout honnêtes, une première dans cette famille. Toutefois, ce n'était pas l'intéressement, ou du moins, pas que l'intéressement qui avait poussé Emilie Snape et Theodore Nott à poursuivre une solide amitié.
« Et en ce moment, QBQ au Ministère ? »
Les conversations cessèrent sur le champ, même Gabelli et Zabini fermèrent leurs clapets. Lucrezia prit un air passablement insolent, une pose un peu suggestive et égrena les couples, certains véridiques, d'autres carrément absurdes. Sa place au secrétariat général de la communication la mettait en relation avec tous les services, à n'importe quel échelon : elle connaissait ainsi parfaitement toutes les rumeurs qui circulaient et se livrait avec délectation au passe-temps partagé par tous ses collègues (hormis sa chef de service qui, à l'en croire, constituait l'équivalent de Voldemort en jupons) : déterminer qui baisait avec qui, le fameux QBQ.
« Percy Weasley ? cria Galaad Tosnay.
-Penelope Clearwater-Weasley.
-Encore ? Rrrrhoooo, soupira-t-on d'ennui autour de la table.
-Mais les jours difficiles, parfois Theophilus Hargrove ! lança Lucrezia avant de préciser d'une voix mielleuse : au sens figuré, bien entendu. »
On rit : la discorde entre le Ministre de la Magie et son chef de cabinet était de notoriété publique et s'étalait dans les colonnes de La Gazette du Sorcier depuis la nomination officielle du nouveau gouvernement, trois ans plus tôt. Il n'y avait que lorsque la position de l'un ou de l'autre se trouvait menacée que les deux hommes faisaient front commun et la population sorcière, amusée malgré elle, avait surnommé les deux compères Wallace et Gromit depuis que Le Chicanneur avait dédié sa quatrième de couverture aux aventures des héros du dessin animé moldu, en adaptant les histoires pour, soi-disant, se mettre plus à la portée des sorciers.
« Minuit moins le quart ! » s'exclama Ann qui revenait d'une expédition aux toilettes et venait de voir l'horloge de la salle principale du pub.
« Allez, on y va !
-On sort normalement ! avertit Lucrezia, qui n'avait aucune envie de se retrouver à l'amende pour avoir apparu au milieu de Moldus.
-C'est ça, normalement, pas à quatre pattes, Alessandro. Je peux t'appeler Alessandro, n'est-ce pas ? » demanda Blaise Zabini.
Alessandro lui lança un regard soupçonneux, malgré son cerveau aux prises avec les brumes de l'alcool.
« Oh, et puis appelle-moi Blaise, ce sera plus simple.
-J'interviens ? interrogea doucement Nott, les yeux braqué sur les deux Slytherins.
-Laisse, il est assez grand pour se dépatouiller lui-même, après tout », ricana Emilie.
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Potion Tue-Loup, domaine de Rickety Manor, cuvée mars 2008
Remus Lupin lut l'étiquette avec un sourire amusé, déboucha le flacon et versa le contenu dans une casserole. Quelques minutes plus tard, après frémissement, il laissa le liquide refroidir un peu, contrôla la température en y plongeant le petit doigt et but d'un trait et grimaçant.
« Berk. Tu le fais exprès.
-Non. Note que ce n'est certainement pas l'envie qui m'en manque, mais je suis persuadé que c'est déjà si mauvais qu'il n'existe aucun moyen de rendre cela encore plus imbuvable. A moins bien sûr d'y ajouter une substance létale, mais t'empoisonner après tant d'années reviendrait à reconnaître que mes efforts ont été vains.
-Et prendre le risque d'un nouveau séjour à Azkaban…
-Lupin, je me targue d'être le meilleur Maître des Potions de…
-Tous les temps…
-C'est toi qui le dis, je ne vais pas te contrarier en te contredisant… quoi qu'il en soit, je me targue donc d'être le meilleur Maître des Potions de Grande-Bretagne et je ne rends qu'un travail parfait. La potion Tue-Loup que tu viens d'ingurgiter avec la plus totale désinvolture…
-Merci, Severus.
-Cette potion, soupira Snape en jetant un regard faussement excédé vers la cheminée et le visage qui y apparaissait au milieu des flammes vertes : est irréprochable, comme il se doit. Si je voulais t'empoisonner, j'aurais concocté une autre potion et crois-moi, personne n'aurait pu imaginer que tu aurais bu autre chose que de l'eau claire. »
Lupin avait disparu et Severus Snape reprit son étude de la liste des travaux qu'il devait remettre avant l'été, dressant un tableau selon le degré d'urgence. Il avait toujours détesté enseigner et, plus que tout, corriger des copies. Pourtant, il lui en était resté quelque chose et il ne pouvait s'empêcher d'annoter la liste à l'encre rouge, de son écriture en pattes de mouches, avec un ton aussi féroce que celui qu'il employait à Poudlard envers ses élèves. Après tout, ses commanditaires actuels étaient, en partie, d'anciens élèves ou leurs parents… Il rajouta quelques remarques méchantes avec un sourire espiègle, imaginant déjà le rire de sa fille quand elle viendrait récupérer la liste.
Le crépitement subit des flammes fit sursauter Snape qui abandonna sa plume, soupira, ôta ses lunettes et pinça le haut de son nez :
« Quoi, maintenant ?
-J'ai croisé Kingsley, hier après-midi…
-La réponse est non.
-Seve…
-Non, je n'irai à aucune cérémonie, je ne…
-Il pense, et moi aussi, que ce serait bien que tu viennes, en seconde année préparatoire à l'école d'Auror et peut-être aussi au cours du cursus complet », débita Lupin d'une traite, le buste déjà hors de la cheminée.
Snape le dévisagea sans rien dire pendant un bon moment, puis braqua soudain sa baguette devant lui :
« Il reste moins d'une demi-heure avant le coucher du soleil, sors de ma cheminée ».
Un éclair orange jaillit de la baguette et Lupin disparut aussitôt, accompagné d'un cri étouffé provenant de l'âtre, désormais obscur. Quelques instants plus tard, un loup argenté fit son apparition chez le Maître des Potions.
« Cela fait un peu plus de dix ans que Voldemort a été vaincu. »
Malgré lui, Snape grimaça en entendant le surnom de celui qu'il s'était choisi pour maître à dix-sept ans.
« La nouvelle génération n'a pas vraiment idée de ce qu'ont représenté ces années dominées par la crainte des Mangemorts…
-Cela me parait plutôt une bonne chose, tout bien considéré.
-Oui. Non, rectifia Lupin par l'intermédiaire de son Patronus. Le danger leur semble lointain. Quand j'explique les actions des Mangemorts aux aspirants, ils me regardent comme… tu te souviens de Binns ? Et bien j'ai l'impression d'être Binns, pour eux. »
Malgré lui, Snape se mit à rire. Le Patronus avait disparu et il dut, de mauvaise grâce, conjurer le sien pour poursuivre la conversation. Il n'avait pas aimé son premier, la biche, mais le serpent, c'était vraiment trop.
« Bravo, Lupin, réussir à être aussi ennuyeux qu'un fantôme, sans parler de batailles de Gobelins… et en plus tu n'es même pas mort…
-Très drôle. Je ne me ferai jamais à ce serpent.
-Moi non plus, et c'est une couleuvre.
-Elle a des crocs, alors.
-ça arrive. Et bien ? Que veux-tu ? Que je me présente à l'école des Aurors vêtu d'un grand manteau noir, le capuchon rabaissé sur la tête et un masque sur le visage, en lançant la marque dans le ciel ? Je doute que le Ministère apprécie la plaisanterie. »
Le loup secoua la tête.
« Une conférence, pour les aspirants. Peut-être un cycle, pour ceux qui seront admis à l'école. Harry (Lupin prétendit ne pas entendre le soupir de Snape) me dit que tu avais été un très bon professeur de Défense contre les Forces du Mal…
-La sénilité frappe précocement chez les Potter.
-…que tu avais vraiment réussi à leur communiquer le danger…
-Il veut dire que j'avais réussi à les terroriser, au point de les faire travailler efficacement.
-Exactement. »
Snape se tut et fit le tour de la pièce, les mains croisées dans le dos, les lèvres pincées.
« Vous voulez leur faire peur ? A ce qu'il me semble, la religion des Aurors consiste justement à prétendre que rien au monde ne peut leur faire peur.
-Oui, et c'est ce qui ne va pas. La génération d'Harry se souvient de ce qui s'est passé, des atrocités, de la peur. Les jeunes croient que tout a été réglé, définitivement. Pire, ils n'ont aucune idée des dilemmes auxquels certains ont été confrontés, pour eux tout est noir ou tout est…
-Il est hors de question que j'évoque mon passé ! »
La conversation se brisa net. Snape n'était pas en colère, mais il se sentait gagné par l'appréhension, les mains moites.
« Tu as bien connu Maugrey. »
Le maître des Potions sursauta et regarda le loup qui était réapparu :
« On ne peut pas dire que j'en ai conservé un souvenir attendri.
-Tu sais quel était son rôle, ce qu'il a dû faire. A bien des égards, vous aviez le même parcours.
-Mais lui le faisait du bon côté.
-C'est justement ce qu'il faut exposer. Il faut qu'ils sachent ce à quoi nous avons dû faire face, les malédictions employées, les stratégies des Mangemorts, comment nous avons lutté, parfois avec les mêmes méthodes il faut qu'ils aient eux-mêmes une idée de de la peur que nous avons ressentie. »
Snape laissa passer une bonne minute avant de conjurer son Patronus et de répondre :
« Pourquoi moi ?
-On connait ton parcours, il est public. Je ne vais pas tourner autour du pot, Severus : tu as été un Mangemort, on le sait et ta parole, comme l'un des leurs, aura plus de poids. Et tu n'as jamais mâché tes mots. Et puis… tu as toujours eu un je-ne-sais-quoi de déstabilisant… qui inspire…
-Arrêtons-là, je pourrais me vexer. »
Lupin, dans le sous-sol de sa maison au Pays de Galles, eut un regard amusé. Il ferma la grille et alla s'assoir par terre avant de conjurer son Patronus :
« Kingsley m'a promis de déclasser le dossier de Maugrey. Il est mort et n'avait aucune famille : tu pourras exploiter tout ce qui s'y trouve, mais que pour les élèves de l'Ecole, pas pour les aspirants.
-Je verrai. »
Lupin s'allongea le dos au sol, tentant de soulager la douleur qui commençait à envahir ses articulations, au début de la transformation.
« Oh, Severus, je pensais passer mercredi soir, si bien sûr tu n'y vois pas d'inconvénient.
-S'il le faut.
-Faut-il vraiment que tu sois si grossier ?
-Toujours. »
ooooo
27 septembre 2011. Le Chicanneur, informations moldues
Hier soir a eu lieu la première diffusion de la nouvelle série télévisée de la British Broadcasting Company, Malefoy Abbey. Réunissant une pléiade d'acteurs de renom, dans des costumes superbes, elle décrit de façon romancée la vie dans une grande demeure britannique avant la Grande Guerre Moldue.
Le titre sonnera peut-être familièrement aux oreilles de nos lecteurs : il vient en effet du nom du domaine dans lequel ont été tournés les épisodes. Ces lieux grandioses, bâtis au XVIIIe siècle par un architecte français pour une famille sorcière et cédés au Ministère de la Magie pour promouvoir les traditions et les valeurs de la société sorcière, font désormais figure d'emblème de la réconciliation entre Sorciers et Moldus. Tous les revenus de la location du domaine seront affectés aux familles des victimes de la guerre contre Voldemort, ainsi qu'aux pupilles du Ministère.
Dans une interview accordée à Gladis Warburk Fitz-Warwick pour l'émission radiophonique Haute-Société, Drago Malefoy, le célèbre marchand d'art, fils de l'ancien propriétaire, s'est réjoui de cette initiative : « Je savais qu'en confiant le domaine au Ministère de la Magie, il y a plus de dix ans, j'assurais sa pérennité et que j'offrais à l'ensemble de la société sorcière un pan de son patrimoine artistique, de son histoire. Je suis aussi fier de l'emploi des ressources générées par les visites et le tournage décidé par notre gouvernement ».
Les épisodes sont diffusés le vendredi soir à partir de 20 heures et constituent une excellente introduction à la culture moldue. Ajoutons qu'ils sont tout public. Pour les voir, il suffit de se procurer un poste récepteur de télévision (en couleur, de préférence) et de le relier à une prise de courant électrique et une prise d'antenne. Pour tout renseignement, contacter le Service d'Aide à la Culture Moldue, Arthur Weasley, lundi, mardi, mercredi et jeudi, de 8 heures à 18 heures.
Note de l'auteur : C'est étrange d'arriver au dernier-dernier-dernier chapitre.
Je me souviens avoir commencé Les Conjurés fin 2011, une fin d'après-midi au bureau où j'en avais marre d'à peu près tout, sans trop savoir dans quoi j'allais m'aventurer. J'avais le début (l'atterrissage de l'avion) et je savais la fin. Je ne devais pas avoir grand-chose d'autre de fixé. Quelques scènes peut-être, celle de la potion de paternité, je pense. Je reste est venu en écrivant, et parfois en suivant mes personnages. J'étais partie pour « une histoire » et j'avais appelé mon texte « essai ». C'est d'ailleurs resté le nom du fichier word jusqu'à quasi la fin de la première partie. Je me suis rendue compte quand je bouclais la première année d'Emilie à Poudlard, que je n'arriverais jamais à la fin en un seul volume le second volume est devenu plus long que le premier et le troisième a explosé le compteur.
Cette histoire a été ma première tentative dans la fanfiction et ma première tentative aboutie d'écrire une histoire. Ce qui est capital là-dedans ce n'est pas seulement le fait d'être allée au bout (je suis la championne de l'abandon à mi-parcours), mais d'avoir eu tant de réponses de la part des lecteurs. En y repensant, je crois que si j'avais commencé cette histoire juste pour moi, sans avoir l'idée de la poster sur le site, j'aurais arrêté assez vite. Dès l'instant où j'ai décidé de posté, quand le premier volume a été bouclé, je crois que je me suis sentie tenue par la responsabilité de terminer vis-à-vis des lecteurs.
J'étais tétanisée le soir où j'ai posté le prologue. Je pensais me faire incendier. Et puis les premiers commentaires sont arrivés et j'ai guetté les suivants avec appréhension/impatience. Je n'imaginais pas ressentir tant de joie à l'idée que mon texte était lu. J'ai adoré vos réactions, vos remarques, vos critiques, vos doutes. J'ai adoré aussi répondre, discuter par PM. Certain(e)s me suivent depuis presque le début. Je prends cela comme une marque de confiance (que j'espère ne pas avoir déçu) et même si nous ne nous sommes pas forcément rencontré(e)s, le lien existe bel et bien.
Les Conjurés ont occupé mon esprit et mon écran d'ordinateur pendant bien longtemps, jusqu'à l'année dernière quand j'ai enfin terminé d'écrire tout ça. Pendant plusieurs années, les aventures d'Harry Potter et surtout le sort de Snape ont occupé mon imagination, jusqu'à une quasi overdose. Entre la fin de la rédaction des Conjurés et la fin du postage de la troisième partie, j'ai quasi arrêté d'écrire de la fiction. Je me voulais plus toucher à Harry Potter, mais je n'arrivais pas encore à m'en extraire pour de bon pour tenter un autre univers.
Ces dernières semaines, finalement, le miracle s'est produit et c'est peut-être dû au fait d'arriver au bout du postage. Je tiens enfin mon histoire. Ce n'est pas de la fiction originale car je manque désespérément d'imagination pour créer mon propre univers, mais l'essentiel est de raconter quelque chose, de le faire en y prenant plaisir et pour le plaisir des lecteurs.
Novembre 2015 sera mon premier Nanowrimo, souhaitez-moi bonne chance !
Avant d'écrire le fatidique FIN, je voudrais vous remercier de tout cœur avoir fait ce bout de chemin avec moi. 4 ans de postage ! Si j'avais su, quand j'ai tapé les premiers mots à la fin 2011… MERCI à tous, lecteurs, commentateurs ou pas !
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Et maintenant…
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C'est la…
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FIN.