Disclaimer : L'univers et les personnages Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada/Shueisha, Toei Animation Co. Ltd and Shonen Jump.
Titre : Un mince espoir
Personnages : Chevaliers, Spectres, Marinas, Guerriers Divins, couples divers et variés.
Rating : T/PG13 (susceptible d'évoluer en M de manière ponctuelle et non sans que je le précise d'avance).
Avant-propos
Voici donc ma première fanfiction à chapitres, écrite plusieurs mois avant mon premier OS publié – chaque OS ayant à la base été écrit comme entraînement pour tenir la présente histoire sur le long terme, quand je vois que la qualité stylistique de mes OS est supérieure au début de cette fic, je me pose des questions sur la pertinence de ma première idée.
Bref, j'ai eu, au cours des années, pas mal d'idées et d'embryons d'idées pour une fic au long cours, toutes abandonnées car trop axées action et par trop dépendante du canon. D'où cette histoire se situant dans une trame différente. Mon intention, en proposant Un mince espoir en tant que réalité alternative (à ne pas confondre avec un UA), n'était pas de me détacher totalement de ce qui fait l'essence même de Saint Seiya, mais bien au contraire de tenter, du mieux possible, de m'en rapprocher. J'espère donc que vous saurez donner votre chance à ce récit, en espérant que mes idées, mon écriture, les thèmes que je développe puissent trouver chez vous un écho favorable.
Je ne saurais aussi que trop vous inviter, quel que soit votre ressenti à l'endroit de cette histoire, à exprimer par écrit ce ressenti. Je n'ai rien contre les favs ou les follows, ceci étant, cela ne saurait remplacer une critique écrite. Je ne dis pas cela en vue de prendre le lecteur en otage, le menaçant de ne pas poursuivre ma fic si jamais je n'ai pas mes dix reviews par jour (minimum !). Je n'ai en effet pas de problème de Muse ou d'inspiration, en revanche, mon égo vous en serait vivement reconnaissant, juste histoire d'être au courant que mon travail vaut la peine d'être commenté.
A noter également que je ne réponds pas aux reviews de non-inscrits, une des raisons étant qu'il est normalement interdit — si je suis bien renseigné — d'y répondre dans les chapitres. En revanche, je serait ravi d'y répondre si d'aventure ces commentaires étaient postés sur AO3.
Voilà pour ce dernier point. Je n'aime généralement pas agir de la sorte, mais Un mince espoir a l'heur de me tenir particulièrement à cœur et je pensais que cette précision ne pouvait être qu'indispensable. Je ne pense plus refaire pareille demande à l'avenir, sinon de manière extrêmement ponctuelle.
Pour finir sur une note positive, bonne lecture à celui ou celle qui s'aventurera sur cette histoire.
Prélude
Une rumeur sourde issue d'une tempête sans nuages gronda dans le lointain. Le ciel, blanc et immaculé, se moira de reflets azurés. La blonde Aphrodite releva la tête, attentive aux quelques instants qui allaient se succéder. Instantanément après, un éclair bleu déchira le ciel, non loin d'elle, dans un jardin paisible où s'ébattaient nymphes et dryades.
« Tiens, encore ce perdant de Poséidon, revenant de la Terre après une énième cuisante défaite contre Athéna. »
Piquée comme à son habitude par la curiosité, délaissant le verre de nectar qu'elle sirotait, la déesse quitta gracieusement son siège de marbre et d'or, glissant sur les dalles évanescentes de ce qui formait le sol des bâtisses de l'Olympe. Il ne lui fallut que quelques enjambées pour rejoindre son oncle. Celui-ci gisait au sol, forme pathétique et vaincue, image aussi familière que singulière pour elle. Autour de lui, fées et esprits s'ébattaient, tout aussi curieux qu'Aphrodite tandis que d'autres, visiblement effrayés, se tenaient au loin.
Un râle sourd sortit de la bouche de l'Ebranleur tandis qu'il reprenait peu à peu conscience. Ses mouvements, erratiques et désespérés, donnaient un spectacle cocasse jurant avec la dignité habituelle du dieu des océans. Bon an mal an, il parvint à donner plus de cohérence à ses gestes. Il se mit à genoux, dans un premier temps, avant de parvenir à se remettre complètement debout en dépit de jambes flageolantes. Son regard, jusqu'alors resté fixé sur le sol et l'herbe tapissant le jardin, embrassa soudainement le paysage alentour. Un bref éclair de surprise passa sur ses traits lorsqu'il avisa la présence d'Aphrodite.
« Tu es dans un triste état, Poséidon. »
Poséidon passa en revue sa mise avant de relever la tête vers sa nièce, une interrogation muette tapie au creux de son regard marin. Elle se trompait, rien sur son corps ou ses habits ne laissait présumer de la violence du combat l'ayant opposé à Athéna quelques instants plus tôt.
Aphrodite partit d'un éclat de rire. Poséidon avait toujours ses longs cheveux noirs moirés de reflets marins ondulant sur son crâne, sur son cou, sur ses épaules, par une volonté qui leur était propre. Il avait toujours cette barbe indomptée dans laquelle se mêlaient des algues et qui dégageait une odeur d'iode et de sel. Il avait toujours ce port noble et altier caractéristique des Kronides. Et ce corps puissant, dont l'étreinte restait encore gravée dans sa chair malgré les siècles qui s'étaient succédés. Et pourtant, un seul détail venait témoigner de l'activité précédente de l'Ebranleur, un détail infime, mais qui n'aurait pas échappé à quiconque avec un sens de l'observation un tant soit peu développé, et une connaissance aiguë du dieu des mers.
« Tes mâchoires sont serrées, à t'en briser les dents. Tu as toujours cette mine, lorsque tu reviens d'un combat mené contre ma chère sœur. Comme si la violence de ses coups, le goût amer de la défaite revenaient encore troubler la paix de ton esprit.
— Je la vaincrai, un jour.
— D'ici quelques battements de cœur, tu auras laissé de côté toute rancœur à son endroit. D'ailleurs, elle devrait arriver, bientôt, très bientôt. »
La blonde déesse disait vrai. Poséidon était banni de la Terre pour les prochains siècles. La seule tâche incombant alors à Athéna était la reconstruction de son Sanctuaire et des parties du globe ravagées par le conflit ayant opposé les deux Olympiens. Des travaux longs et pénibles étalés sur plusieurs années. Mais en Olympe, le temps passait différemment, une année, une décennie sur Terre ne représentaient qu'un souffle pour eux autres, là-haut.
Un vent gronda sur l'Olympe, gonflant les herbes vertes, agitant les fleurs en tous sens. Le firmament se teinta d'or, un chant doux et mélancolique emplit l'atmosphère.
« Vois, Poséidon, elle est de retour parmi nous. »
Athéna gisait au sol, le corps encore douloureux de sa désincarnation. Elle haïssait ce processus lui provoquant immanquablement une souffrance si forte, si aiguë que, plus souvent qu'à son tour, elle se faisait la promesse de ne plus jamais retourner parmi les hommes par ce biais.
A la force de ses bras, elle releva le haut de son corps, soufflant et grimaçant sous l'effort surhumain – un comble. Poussant encore, ses reins se décollèrent du sol, suite à quoi elle ramassa ses jambes sous elle pour se tenir debout mais chancela la seconde d'après.
Son attention se focalisa sur les alentours. Elle avait repris corps dans une cour à ciel ouvert, cernée de murs percés et agrémentée de tables au plan marbré, de sièges à l'or et à l'argent rehaussés de velours rouge. Çà et là, sur le mobilier, gisaient des coupes de nectar, de l'ambroisie et des fruits mûrs. Une brise légère agitait le bassin ornant le milieu du patio et l'instant d'après, un sourire éclaira ses traits auparavant tendus par la douleur. Elle était de retour chez elle.
« Eh bien ? Que comptes-tu faire à présent qu'elle est revenue ? »
L'indécision brûlait dans son regard marin. Son cœur portait encore en lui la brûlure infamante de la défaite – encore une contre sa nièce. Il avait envie de se confronter à elle, de nouveau, pour l'affronter, encore, et s'efforcer de venir à bout d'elle, enfin. Toutefois, il prit conscience de la vacuité de son hypothèse sitôt qu'il l'eut formulée. Ce n'était pas la première fois, qu'il se laissait envahir par pareil sentiment. Non, il en avait toujours été ainsi. Et dans le même temps, il s'aperçut que ses blessures, ses blessures réelles issues des coups de lance et de bouclier d'Athéna – ces blessures ayant fait couler son divin ichor –, oui, ces blessures-là avaient disparu. Peu à peu, l'atmosphère régnant en Olympe faisait son office sur l'esprit agité du maître des océans. Et comme à chaque fois, sa conscience s'apaisait au fur et à mesure du temps passé ici. Calmant les meurtrissures infligées à l'orgueil, à la fierté, à la dignité, pour les réduire à l'état de souvenirs pulsant dans le lointain, de ceux dont on finit, avec le temps, par douter si leur existence fut un jour réelle, ou s'il ne s'agissait là que d'images fantasmées.
Les paupières closes, Poséidon leva la tête. Il humait la fragrance de l'herbe grasse, les senteurs mêlées d'iris et de genêt, de lys, d'amandier, d'œillette et de pavot parsemant le jardin. Et le parfum d'Aphrodite, à ses côtés – dont il n'avait rien oublié, de la forme de ses courbes, de la douceur de sa peau et de ses cheveux, de la chaleur de ses baisers. Si seulement… il avait pu se perdre en elle. Mais en avait-il seulement envie ? Non, plus maintenant, plus depuis… si longtemps… si longtemps…
Qu'il était paisible, cet endroit. Qu'il avait changé, surtout, depuis le départ de son frère. Plus de conflits, plus de tensions, plus de jalousie ni de peur d'être détrôné. Il n'y avait qu'eux, les derniers dieux de la Grèce s'égayant dans une douce éternité. Et en bas, ailleurs, plus loin, la Terre, cette Terre si convoitée. Avec ses humains, faibles et éphémères, ces humains avec leurs querelles incessantes et puériles. Pour quelle raison retournait-il toujours là-bas ? Qu'est-ce qui pouvait bien l'attirer, en bas ?
L'Ebranleur rouvrit les yeux, les plongeant dans le regard azur de la déesse de l'amour.
« Je ne ferai rien, Aphrodite. Je vais me contenter de rester ici. Là où je me sens si bien, là où est ma place. Il n'y a rien pour moi, là-bas, pourquoi ne l'ai-je pas vu plus tôt ?
— A la bonne heure, mon oncle ! Au moins, n'aurai-je plus à t'infliger pareilles humiliations. »
Devant eux se dressait la déesse aux yeux pers, ses longs cheveux cannelle couvrant sa gorge et ses épaules fines. Vêtue d'une simple robe blanche et de sandales de cuir. Seul le casque, qu'elle arborait encore, et son expression farouche soulignaient ses attributions guerrières.
« Athéna. » firent-ils dans un souffle.
« Encore que tu me pardonneras de ne pas te croire, Poséidon. Je te connais, je te connais bien trop. Et ton avidité est proverbiale. Tu reviendras. Dans deux cents ou dans deux mille ans. Mais tu reviendras. Tu tiens trop à cet héritage présumé pour me le laisser. »
Les épaules de Poséidon s'affaissèrent tandis qu'il considérait sa nièce avec un mélange de pitié et de bienveillance.
« Ne dis pas un mot de plus à ce propos, Athéna. Je t'en conjure, ne parle plus de cela. Viens plutôt avec nous. Nous sommes chez nous. » Puis, reprenant d'une voix plus apaisée : « Nous sommes chez nous. »
Poséidon tendit la main en direction d'Athéna qui le considéra en premier lieu avec étonnement avant de réaliser la portée des mots de son oncle.
« Nous sommes chez nous. » murmura-t-elle.
Le temps s'était apaisé en Olympe, de même que les sentiments belliqueux opposant Athéna et Poséidon. Observant les nuages faseyer dans le ciel d'été, évoquant à leurs yeux alanguis des formes éphémères, la plupart des Olympiens s'étaient réunis en un même endroit, au sein d'un vaste jardin sis à l'ancien palais de Zeus. Le lieu était immense, mais pourtant, par une envie s'imposant cruellement à eux, tous avaient ressenti le besoin impérieux de se tenir proches les uns des autres, comme pour goûter ensemble à cette paix retrouvée, sans risquer de subir de plein fouet les relents d'une confrontation meurtrière entre deux divinités.
Leurs regards, pourtant, étaient indifféremment portés vers un seul et même lieu : la Terre, théâtre de leur naissance, sur les hommes, fossoyeurs de leur règne qu'ils continuaient, malgré tout, à couvrir de leur bienveillance. Etendu de tout son long sur le frais gazon, n'était sa tête reposant sur les cuisses blanches de sa sœur jumelle, Apollon accompagnait leurs pensées de quelques notes de sa lyre, indistinctes et indéchiffrables. A leur droite, Aphrodite, son éternel sourire peint sur ses lèvres pleines titillait la vie marine de la chevelure de son oncle, visiblement ignorante des quelques regards qui se posaient sur elle. Non loin d'eux, Arès, le dos posé contre l'épaule d'Athéna observait en silence une scène ayant l'heur de quelque peu échauffer ses sens, une pointe de jalousie faisant pulser la moindre de ses veines, sa sœur, la main perdue dans sa courte chevelure noire s'efforçant d'apaiser quelque peu les élans belliqueux de son frère, il n'y avait vraiment qu'elle pour lui apporter ce calme qui, encore maintenant, parvenait parfois à le déserter.
Dans le même temps, les yeux pers scrutaient la surface de la Terre, allant au-delà de ce qui lui était éventuellement visible, vers les profondeurs insondables, même pour une divinité. Lui-seul manquait à l'appel, se reconstruisant dans son royaume, fomentant la prochaine Guerre Sainte qui ne manquerait pas d'agiter de nouveau la terre et les cieux. Si seulement.
« Il reviendra de nouveau.
— Je le sais, Dionysos, mais son combat est vain.
— Ce n'est pas une raison pour ne pas lutter. »
La déesse aux yeux pers lança un regard étonné. Pour une fois, les rougeurs habituelles de son visage avaient disparu, laissant place à un sérieux mûrement réfléchi. A ses côtés, Hermès et Héphaïstos acquiesçaient en silence, et la fille de Zeus savait que tous ici partageaient les convictions de Dionysos.
« Il est comme nous, ma sœur, un enfant de Cronos lorgnant sur les trésors de la Terre. Et je pense qu'il ne souhaite pas disparaître, pas comme Zeus.
— N'as-tu pas beau jeu de parler de la sorte, mon frère ? Combien de fois m'as-tu combattue avant de renoncer pour te terrer céans ?
— C'est que ma puissance est bien peu de chose comparée à la tienne, ma sœur, avoua Dionysos quelque peu amusé. Je ne souhaitais plus sacrifier des hommes pour mes désirs vaniteux, préférant plutôt profiter du peu de temps qu'il nous restait pour me tenir ici, parmi vous. »
Un silence tomba sur l'assistance qui se trouva comme recueillie. Le sujet de leur naissance et de leur disparition inéluctable, s'il était connu de tous, n'était pas facilement abordable, et avait le mérite de leur faire connaître ce sentiment méprisable qu'était la peur.
« Zeus ne reviendra jamais, n'est-ce pas ? Athéna ? »
Contre son épaule, le long de son bras, elle sentit des tremblements agiter son corps provenant de celui d'Arès. Pour que le dieu aux Mille Victoires tremblât de la sorte… Son regard parcourut les alentours, pour s'apercevoir que toutes les attentions, tous les espoirs s'étaient tournés vers elle – jusqu'à ceux d'Héra dont le port altier s'était quelque peu affadi. Tous ces dieux et ces déesses, issus comme elles de la chair de Cronos, de celle de Gaïa et d'Ouranos – du moins continuaient-ils de vouloir le croire –, il n'y en avait pas un seul qu'elle n'eût pas combattu personnellement, dont elle n'eût pas recueilli la haine ou le ressentiment. En cet instant, pourtant, elle sentait qu'à elle seule, elle représentait le mince espoir de ceux de son engeance, qu'elle cristallisait tous les rêves de par sa simple présence, en lieu et place de Zeus. Un fardeau écrasant dont elle n'était pas certaine de pouvoir le supporter.
« Vos paroles sonnent avec la mélodie de la vérité, mes semblables. Ce lieu est le meilleur qui soit. Je n'en voudrais pas d'autre. »
Une lueur soudaine s'approcha d'eux, mettant fin pour un temps à leurs tristes pensées, si aveuglante que leurs yeux se plissèrent tandis que des larmes naissaient aux coins de leurs paupières.
Hélios qui, monté sur son char incandescent regagnait sa demeure après avoir accompli sa tâche vaine et quotidienne. Tout près, ils virent la silhouette gracile de Séléné marcher sur les chemins tracés dans le ciel changeant, sa lumière diaphane apaisant l'éclat du firmament. Plus haut, les Heures s'ébattaient de concert, virevoltant les unes à côté des autres, représentant l'avancée du temps dans leurs robes vaporeuses.
Cela ne rimait à rien. Pour eux, c'était toujours le même jour qui s'achevait pour recommencer l'instant d'après. La course des astres dans le ciel fantasmé, la danse des étoiles dans la voûte céleste, les lucioles, les nymphes, les fées éclairant l'atmosphère. Et eux, qui erraient, s'entretenaient, se déchiraient, observaient la vie déferlant en contrebas. Tout cela constituait les seuls repères de leur existence sans but et coupée du monde, dans le cocon confortable et aliénant de leur prison éthérée.