« Just a kid like me »

Chapitre Un : « Angel of the Lord ».

Voici un petit UA Destiel vraiment très particulier...

Rien à voir avec ce que j'écris d'habitude.

C'est une histoire qui sera un peu sombre au début, mais ne vous inquiétez pas, tout se terminera bien !

Je ne sais pas comment cette idée m'est venue, je ne suis pas toute seule dans ma tête. LOL

J'espère que ça vous plaira !

(PS : désolé pour les fautes restantes)

...

Il s'appelait Castiel, sans nom de famille, comme tous les gosses de l'orphelinat « Angel of the Lord ». Il venait de fêter ses 20 ans, mais il restait toujours coincé dans cet affreux endroit. Situé à Lawrence, dans le Kansas, cet établissement un tantinet religieux, accueillait les enfants abandonnés.

Il ne savait pas d'où il venait, ni qui était ses parents, ni pourquoi il se trouvait ici... Mais il y avait une chose que Castiel savait parfaitement : il ne pouvait pas rester à l'orphelinat. Non, il devait fuir pour échapper à cette torture...

Cette pensée traversa également la tête de Dean Winchester. Cet homme de 21 ans vivait à quelques kilomètres de Castiel sans le savoir. Il n'était pas orphelin parce que son père était encore avec lui et son petit frère Sam, âgé de 17 ans. Mary Winchester avait péri dans un incendie, ayant ravagé la maison, quelques années auparavant. Depuis, les frères devaient rester avec leur père. Avec le temps, cette cohabitation virait à l'enfer. Dean voulait s'enfuir avec son Sammy, ils ne pouvaient pas rester ici, ils devaient survivre...

Un jeudi matin, Castiel quitta son lit superposé pour descendre les escaliers en bois jusqu'à la cuisine. Sept adolescents s'y trouvaient déjà pour le petit déjeuner. Bien que le soleil fut levé, l'intérieur de l'orphelinat était plongé dans le noir, éclairé faiblement par les vitres sales des fenêtres. Les lampes aux faibles halos donnaient un aspect lugubre, ce qui collait parfaitement au mobilier obsolète de la bâtisse. Une nonne servit les garçons attablés. Il n'y avait aucune fille ici à part les religieuses. Castiel s'assit à côté de ses camarades à qui il ne parlait presque jamais. Le jeune homme restait très timide, taiseux et discret. Il passait le plus clair de son temps dans la bibliothèque géante pour dévorer les livres, dans lesquels il arrivait à s'échapper en s'imaginant une autre vie. Le repas se passa dans un silence pesant.

Après le déjeuner, les garçons partirent dehors sous la directions des nonnes. Ils devaient rester derrière le grillage noir de l'orphelinat. Mais Castiel, comme tous les autres jours, s'éclipsa par une brèche secrète qu'il avait découvert quelque mois plus tôt. Quand il le pouvait, il marchait sans but dans la forêt dense et sombre qui encerclait le manoir. Il se retrouva sur la rive d'une clairière où il s'assit pour écouter le clapotis de l'eau.

Dean déposa son frère au lycée avant de partir chez son oncle Bobby, qui tenait un garage en ville. Ce dernier connaissait bien le frère, il l'avait pris comme employé à mi-temps parce que le jeune homme n'allait plus à l'école depuis un bon moment. Mais l'aîné tenait à ce que son cadet termine ses études. Ce jeudi matin-là, le patron de la casse vit son garçon arriver en avance.

- Salut kid.

- Salut Bobby.

- Comment ça va, gamin ?

Il posait la même question tous les jours sachant très bien que Dean mentirait en répondant.

- Je vais bien.

Bobby remit sa casquette sur la tête en répliquant.

- Il n'y a pas beaucoup de travail aujourd'hui. Tu peux prendre ta journée, si tu veux.

- Pour faire quoi ? Rentrer chez moi ?

Le patron savait ce qui se passait dans la maison des Winchester.

- Nan, bien sûr. Va te balader, je sais pas. Prends l'air un peu, ça te fera du bien.

Dean s'éclipsa sous le regard triste de Bobby. Il savait tout, mais il ne pouvait rien faire, l'adolescent lui avait interdit d'en parler.

Le Winchester marcha sans but durant de longues minutes, il finit par rentrer dans une forêt dense et sombre. Ne connaissant pas très bien l'endroit, il se perdit sans même s'en rendre compte.

Castiel venait de s'assoupir. Il entendit des craquements sourds qui le sortit des ses éternels cauchemars. Tous les sens en éveil, il se leva d'un bond en scrutant les alentours. Quelqu'un marchait sur les feuilles mortes. Comme il angoissait à l'idée qu'une religieuse le retrouve, il se cacha dans un buisson. Après plusieurs secondes, il vit un jeune homme se diriger vers la rivière. Comprenant que ce dernier devait être perdu, Castiel sortit de sa planque.

- Qui êtes-vous ?

Dean sursauta en se tourna vers le jeune homme.

- Merde ! Tu m'as fait peur !

Ils se regardèrent quelques secondes en silence. Castiel pencha la tête sur le côté et analysa Dean. Ce dernier, vêtu d'un vieux jean délavé et d'une veste en cuir marron, avait de magnifiques yeux émeraudes. Puis, l'orphelin jeta un coup d'œil sur ses propres vêtements qui faisaient peine à voir. Il portait un baggy noir ainsi que son éternel trench-coat beige qu'une religieuse lui avait donné. Mais Dean se moquait pas mal de l'allure du jeune homme, il regardait intensément ses yeux d'un bleu profond. Doucement, il s'approcha de lui.

- Je m'appelle Dean Winchester, et toi ?

D'une voix grave, qu'il n'avait pas l'habitude d'utiliser, il répondit.

- Castiel.

Le frère attendait un nom de famille, mais comme ce dernier n'en donna pas, il reprit.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Pourquoi tu n'es pas au lycée ? Tu as quel âge ?

Derechef, Castiel pencha la tête sur le côté.

- Tu poses beaucoup de questions.

Contre toute attente, Dean se mit à rire.

- Et toi, tu ne parles pas beaucoup. Hum... Je crois que je suis paumé, on est où ici ?

- Dans la forêt.

Le frère se rapprocha un peu plus.

- Ouais, ça, j'avais compris. Tu viens d'où comme ça ?

Il n'était qu'à quelques centimètres de Castiel et ce dernier recula par réflexe.

- Hey, doucement Cass. Je ne te veux aucun mal, hein.

- « Cass » ? Tiqua le jeune homme.

Dean sourit une nouvelle fois avant de dire.

- T'es pas causant comme mec, toi. Je viens de la ville. J'ai 21 ans et j'ai un p'tit frère, Sammy. Enfin, Sam. Et toi ?

- Non.

Le Winchester rit de plus belle.

- J't'aime bien toi. T'es drôle.

- Désolé, je ne fais pas exprès.

- Justement, c'est ça qui est bien, Cass.

L'un en face de l'autre, ils se regardèrent quelques secondes. Puis le frère répliqua.

- Viens, on s'assoit au bord de la rivière. J'ai mal aux guibolles.

Sans trop savoir pourquoi, Castiel suivit le jeune homme sur la rive.

- T'as pas une clope par hasard ? Questionna Dean. J'ai envie de m'en griller une, là.

- Je ne fume pas.

- Tant pis. Alors Cass, tu viens d'où ?

Se sentant en sécurité, il finit par parler.

- Je suis de « Angel of the Lord », l'orphelinat en haut de la colline.

- Ah oui, je crois connaître. Quel drôle de nom quand même, hein. Des fois, j'aimerais bien être orphelin...

Castiel se tourna vers son nouvel ami.

- Pourquoi ?

- Ma mère est morte quand j'étais gosse. Sammy n'était qu'un bébé à l'époque. Et depuis, mon père a complètement pété les plombs. Il est devenu fou. Il dit que se sont les démons qui ont tué maman. Depuis, il chasse le surnaturel. Genre les fantômes et tout ça. Même qu'il a fait un journal, le « Hunter's Diary ». J'te dis, mon paternel est complètement barré. Du coup, il noie sa dépression dans la picole. Et un homme bourré, crois-moi, ça fait mal...

- Je suis désolé...

Dean sourit malgré tout.

- Bah, c'est pas toi qui nous tabasses, hein. C'est quoi ton histoire, toi ? Pourquoi tu es ici ?

Castiel baissa la tête.

- Je n'aime pas être à l'orphelinat.

- Tu m'étonnes !

- Je n'ai aucun ami là-bas. Ils me trouvent tous étrange parce que je passe mon temps à lire. Alors, quand je peux, j'aime venir me promener ici. J'ai l'impression d'être...

- Libre ? Termina Dean. Ouais, j'te comprends. Tu vois, tu n'es pas anormal, tu as un ami maintenant.

- Ah bon ? Qui ça ?

Le Winchester éclata de rire.

- Moi, neuneu ! Enfin, si tu veux. J'ai pas tellement de potes, moi non plus. Je bosse au garage de temps en temps. J'ai quitté l'école. Enfin, je me suis fait viré parce que je n'arrêtais pas de me battre. Mais je tiens à ce que Sammy fasse des études. Il faut au moins que l'un de nous deux, s'en sorte. Il est intelligent mon p'tit frère. Il ne doit pas gâcher sa chance.

- Et toi ?

- Quoi, moi ?

- Pourquoi tu n'aurais pas droit à ta chance ? Demanda Castiel.

Dean s'amusa à arracher l'herbe en face de lui, tout en répondant.

- Bah, qui voudrait de moi, hein ? Qui aimerait être avec un gay violent qui se fait cogner par son paternel ?

- Quelqu'un qui te comprendrait.

Le frère regarda Castiel.

- Comme toi ? Tu n'as pas réagi au fait que je sois gay et violent. Tu n'as pas peur ?

- Pourquoi aurais-je peur ?

Dean haussa les épaules.

- J'en sais rien, d'habitude cette phase fait fuir les gens. Je n'ai jamais compris pourquoi.

- C'est parce qu'il n'y a rien à comprendre. Les gens aiment être ignorants et ils détestent les personnes qui ne rentrent pas dans leur « normalité ».

- Ouais, tu dois avoir raison. Tu es cool, en tout cas.

- Hum... Merci...

Castiel se mit à rougir. Après quelques secondes de silence, Dean demanda.

- Tu as quel âge ?

- 20 ans... Je crois.

- Tu « crois » ?

- Je ne connais pas ma date de naissance.

Dean haussa de nouveau les épaules.

- Tu n'as qu'à en choisir une dans ce cas. T'as une copine ?

- Non. Il n'y a pas de fille à l'orphelinat, à part les religieuses.

- Un copain alors ?

- Je ne sais pas si je suis gay, répondit-il en toute simplicité.

Ce qui fit rire Dean.

- Tu ne sais pas grand chose sur toi, on dirait.

- En effet. Je ne sais même pas si « Castiel » est mon vrai prénom.

- Ah ouais ? Ça vient d'où alors ?

- Je suis arrivé à l'orphelinat un jeudi. Les nonnes m'ont nommé ainsi comme l'ange Castiel, l'ange du jeudi.

Dean sourit.

- Cool, je connais un ange, maintenant. Si mon père savait ça, hein. Il dirait que tu dois te battre avec lui contre ses démons imaginaires.

Ils restèrent ainsi, tous les deux au bord de la rivière, admirant la forêt et profitant du calme. Quelques heures plus tard, Dean jeta un coup d'œil sur sa montre puis il se leva.

- Désolé, Cass, je dois filer. J'ai promis à Sammy d'être là pour déjeuner avec lui.

- Je dois partir aussi, les nonnes vont faire l'appel pour le repas.

Debout l'un en face de l'autre, le frère dit.

- On se reverra ? On peut se donner rendez-vous ici, demain, à la même heure, ok ?

- D'accord.

Dean hésita un moment, puis il prit Castiel dans ses bras pour lui dire au revoir.

- Merci Cass, ça m'a fait du bien de te parler et de t'écouter. Même si tu n'es pas trop bavard. À demain, mon ange.

- À demain, Dean.

Ils partirent chacun dans une direction.

Dean arriva au lycée de son petit frère. Ils s'arrêtèrent à un fast food pour dévorer un hamburger. L'aîné raconta alors la rencontre qu'il venait de faire. Sachant que Sam garderait le secret, il lui parla de Castiel. Cette discussion eut au moins le mérite de faire rire son cadet.

Après le repas, l'aîné reprit le chemin du garage. Lorsque Bobby le vit arriver, il s'écria.

- Dean ! Je t'ai donné ta journée !

- Ouais, je sais. J'ai pris l'air, comme tu me l'as demandé. Mais j'aimerais m'occuper un peu avant de retourner en enfer.

- Dean...

Le regard triste, Bobby répliqua.

- Pourquoi tu ne me laisses pas t'aider, ton frère et toi ?

- Tu le fais déjà.

Dépité, le patron lui donna une veille voiture à retaper histoire que le frère s'occupe l'esprit.

Après un repas morose, Castiel s'isola dans la bibliothèque pour continuer son « évasion » quotidienne. En fin d'après-midi, les nonnes appelèrent tous les adolescents dans le hall du bâtiment. Ce n'était jamais bon signe. Généralement, le directeur voulait mettre les points sur les « i » lors de ces réunions. Alignés les uns à côté des autres, les garçons virent le patron arriver. Toujours vêtu de son costard cravate noir, son accent britannique résonna dans la pièce. Il fit les cent pas autour des orphelins en disant.

- Vous ne devinerez jamais ce que j'ai découvert aujourd'hui. Mmm ? Aucune idée ? Et bien, je faisais ma ronde autour du bâtiment et oh ! J'ai vu une brèche dans mon joli grillage... Alors, j'attends que le coupable se désigne...

Mais personne ne parla. Les garçons baissèrent les yeux. L'homme marcha devant eux, en les dévisageant chacun leur tour. Le directeur se posta alors devant l'un d'eux, un sourire sadique s'afficha sur son visage.

- Castiel...

Il s'approcha beaucoup trop près de lui.

- Tu étais où ce matin ?

Toujours les yeux fixant le sol, il répliqua.

- Nulle part, Monsieur Crowley. Je suis resté avec les autres.

Le patron sourit de plus belle, il s'approcha du jeune homme et se mit à le renifler.

- Le mensonge embaume ton sale trench-coat. Tu commences à m'énerver, toi. T'es peut-être intelligent parce que tu passes ton temps à lire, mais tu réfléchis trop pour un simple orphelin. Je vais te faire passer l'envie de prendre l'air hors des ces murs.

Castiel sentit son cœur battre la chamade.

- Dans mon bureau !

Il savait ce qui l'attendait. Il avait l'habitude...

Dean termina son travail et en profita pour taxer une cigarette à un client avant de partir récupérer Sam, sous le regard triste de Bobby. Sur le chemin pour rentrer chez eux, le cadet raconta sa journée à son frère. Il lui expliqua tout ce qu'il venait d'apprendre à l'école, l'aîné écoutait à moitié en tirant sur sa clope. Devant la porte de la maison, Dean prit Sam dans ses bras en lui ordonnant.

- File dans ta chambre et fais tes devoirs. J'essayerai de t'apporter à manger.

- Mais Dean...

- Fais c'que j'te dis, Sammy.

Dépité, le cadet entra et grimpa directement les escaliers pour s'enfermer dans son antre. Dean souffla un coup avant de pénétrer dans le salon pour voir son père avachit sur le canapé, avec une bouteille de Whisky déjà vide sur la table basse. Lorsque John entendit son fils ouvrir la porte, il se réveilla.

- T'étais où ?

- J'ai récupéré Sammy au lycée.

John se leva et se posta devant Dean, il se mit alors à le renifler.

- Tu pues la clope.

- Et toi, l'alcool.

Sans prévenir, John lui en colla une. Le frère encaissa ce coup comme tous les autres.

- Ne me réponds pas ! C'est moi le père ! J'ordonne et je décide !

Dean lui lança un regard noir mais ne dit rien.

- Sale gosse, j'ai dû battre les démons tout seul aujourd'hui ! Alors rends-toi utile et va faire à manger.

- Le frigo est vide... Comme hier, d'ailleurs.

- Tu n'as qu'à arrêter de dilapider ton argent de poche dans des cigarettes !

- Quel argent de poche ? Maugréa Dean.

John le frappa à nouveau en hurlant.

- Ne me parle pas sur ce ton, sale gosse ! Dégage de ma vue, tu me donnes envie de vomir.

- C'est pas ma faute, mais celle du Whisky.

Énervé, son père lui mit un coup de genou dans les côtes. Plié en deux, Dean tomba à genou au sol.

- Dégage !

Il se releva difficilement pour quitter le salon. Il s'enferma dans ce qui ressemblait à une cuisine. Une pile de vaisselle moisissait dans l'évier, le frigo rempli de bière n'allait pas le nourrir lui et son frère. Il ouvrit un placard et trouva un sachet de pain de mie entre deux cafards morts. Il attrapa ensuite le pot de beurre de cacahuète à moitié vide et entreprit de faire deux sandwichs qu'il apporta dans sa chambre. Sam faisait ses devoirs sur le bureau bancal, lorsqu'il vit son frère arriver. Il remarqua alors les marques rouges sur le visage de ce dernier et soupira.

- Dean... Arrête de lui répondre, tu ne fais qu'envenimer les choses comme ça.

- Je sais, p'tit génie. Mais je fais pas exprès.

Il lui tendit un sandwich que le cadet avala lentement. Dean le termina en deux bouchées avant de s'allonger sur lit deux places. Il claqua des doigts en répliquant.

- Fais tes devoirs, Sammy.

- Dean, j'ai 17 ans, j'te rappel !

- Ouais, donc tu es encore mon p'tit frère.

Sam baissa la tête.

- Tu peux me parler encore de l'ange Castiel ?

- J'le ferais une fois que tu auras fini de réviser, promis.

Heureux, le cadet se remit au travail.

Le bureau du directeur était immense. Tout aussi sombre que le reste du manoir, seuls quelques bougies éclairées les lieux et les ombres dansaient sur le visage rageur du patron. Crowley fit asseoir Castiel sur un immense fauteuil. Debout devant lui, le Boss se pavanait en répliquant.

- Castiel... L'ange du jeudi. On dirait que c'est pas ton jour, hein ?

Le garçon baissa les yeux.

- Dis-moi ce que tu foutais dehors ? T'es allé où aujourd'hui ?

Comme il ne répondait pas, Crowley attrapa l'orphelin par les cheveux pour lui tirer la tête en arrière. Il plongea ses yeux sombres dans le bleu profond de ceux de Castiel.

- Cass... Dis-moi où tu étais !

- Ne m'appelez pas « Cass »...

Crowley esquissa un sourire.

- Pourquoi ? T'as rencontré quelqu'un qui t'appelle comme ça ? Qui ?

- Non... Je n'ai rencontré personne.

Le patron tira un peu plus la tête contre le fauteuil et il rapprocha son visage de celui du jeune homme.

- Ne me mens pas. Je suis gentil, tu le sais. Après tout, nous t'avons recueilli quand ta sale mère n'a plus voulu de toi. On t'a logé et nourrit. Et comment tu nous remercies ? En t'échappant ?! Qu'est-ce que j'y peux si tu es encore ici à ton âge, hein ? Apprécies ce que tu as déjà, parce que c'est tout ce que tu auras... T'as pas d'argent et tu es bon à rien, tu ne vois pas que la société te rejette ? Moi, je suis encore là pour toi. Le monde dehors est horrible. Tu es bien mieux ici, tu le sais, n'est-ce pas ? Les gens dehors sont affreusement méchants.

- Vous mentez !

Crowley lâcha Castiel puis il se mit à rire.

- Et comment tu peux le savoir, hein ? Tu l'as lu dans un bouquin ? Ou alors... Tu as vraiment rencontré quelqu'un ?

- Je... Je l'ai lu dans un livre...

Il bégayait, ce qui n'échappait pas au Boss.

- Tu lis trop, Cassy. Et tu mens trop, aussi.

Le directeur se dirigea vers la porte de la pièce, derrière celle-ci, il avait accroché quelques ceinturons. Il en prit un sous le regard terrifié de Castiel qui se mit à se tortiller sur son fauteuil.

Le lendemain matin, après avoir déposé Sam au lycée, Dean se dirigea vers le garage avec une cigarette aux bords des lèvres. Lorsqu'il vit le jeune homme, le patron leva les yeux au ciel.

- Dean, ne me dit pas que tu dépenses ta paye dans ses saloperies ?

Le frère recracha la fumée avant de répliquer.

- Oh non ! J'achète pas de clopes, je les taxe à des gens. Je me sers de ma paye pour acheter à manger à Sammy et moi.

De nouveau, Bobby parut triste. Surtout lorsqu'il remarqua la marque rouge sur le visage du Winchester. Mais le frère, faisant comme si de rien n'était, demanda.

- Dis, est-ce que je peux venir travailler cette après-midi et pas ce matin ? J'ai un rendez-vous...

Enfin le vieil homme esquissa un sourire.

- Ah ! Et je connais l'heureux élu ?

- Oh, ce n'est pas ce genre de rendez-vous, tu sais... On est juste... Ami...

- C'est ça, ouais...

Le garagiste prépara deux tasses de café et il en donna une à son employé.

- Il s'appelle comment ton « ami » ?

- Cass... tiel. Castiel.

Alors durant de longues minutes, tout en buvant son liquide chaud, Dean parla de Castiel à Bobby. À la fin de son histoire, le patron demanda.

- Attends, tu as dit qu'il venait d'où déjà ?

- De l'orphelinat « Angel of the Lord ».

- Oh...

La peur et l'angoisse se lisaient sur son visage, ce qui n'échappait pas à Dean qui paniqua.

- Quoi ?

- Bah tu sais ce qu'on dit sur cet endroit dans les journaux...

- Non Bobby, je ne sais pas, je ne lis pas les journaux ! Dis-moi...

Le vieil homme jeta son gobelet vide dans la poubelle.

- Ce sont juste des rumeurs, hein. Comme quoi le directeur est complètement fou et qu'il battrait les gosses ou je ne sais quoi... Mais il n'y a aucun preuve alors... Va retrouver ton chéri pour prouver que j'ai tort.

Dean était terrifié. Il découvrit pourquoi Castiel le comprenait tant lorsqu'il lui avait parlé de son père, pourquoi il était aussi timide et qu'il s'était échappé de l'établissement. Il jeta son verre vide avant de courir comme un fou au lieu du rendez-vous.

Un peu moins d'une heure plus tard il arriva complètement essoufflé devant la clairière . Il fut horrifié de voir que l'endroit était désert, aucun signe de Castiel. À la fois angoissé et enragé, il courut vers le haut de la colline. Il voulait savoir coûte que coûte. Son cœur battait la chamade dans sa poitrine, il arriva devant le portail immense et noir du manoir. Il ouvrit l'énorme porte en fer qui se mit à grincer. Le frère découvrit l'orphelinat, une grande bâtisse noire qui lui donna la chair de poule. Il se mit à marcher lentement sur les dalles qui rejoignaient l'entrée. Lorsqu'il arriva devant celle-ci, il toqua à la porte. Au bout de quelques secondes, une religieuse vint ouvrir.

- Oui ? C'est pour quoi ?

Son cœur tambourinait encore dans sa poitrine lorsqu'il dit.

- Je viens voir Castiel.

La nonne parut effrayée, mais elle répliqua d'un ton neutre.

- Il est malade. Revenez plus tard.

Alors qu'elle refermait la porte, Dean la retint et ouvrit cette dernière en pénétrant dans le manoir.

- Non... Vous ne comprenez pas, je viens le chercher...

La nonne recula tandis que le frère avançait vers elle. Un homme descendit les escaliers en colimaçon à droite de l'entrée. D'un pas assuré, il se planta devant l'invité en répliquant avec son plus beau sourire.

- Dean Winchester, je présume ?

- Ouais... Vous êtes qui ? Comment connaissez-vous mon nom ?

- Appelle-moi « Monsieur Crowley ». Castiel m'a beaucoup parlé de toi...

Et oui, et oui... Je suis cruelle de m'arrêter maintenant...

La suite sera pour bientôt. Ne vous inquiétez pas, tout finira bien. Mais il faut passer les ténèbres pour découvrir la lumière...