Disclaimer : Rien n'est à moi, tout appartient à J.K.Rowling. Aucun argent n'est fait sur cette histoire, donc s'il vous plait n'engagez pas de poursuites.

avertissement : Cette histoire se déroule alors que Harry n'a que huit ans, avant donc qu'il n'entre à Poudlard. Comme vous avez dû vous en rendre compte si vous avez lu le résumé, c'est une fic en "Et si..." ce qui signifie qu'elle n'aurait pas pu se dérouler avant les histoires de JKR. Initialement, je pensais finir en lançant un sortilège d'amnésie sur tout le monde, afin que Harry soit prêt à rentrer à l'école "intact". Mais je n'ai pas pu trouver de raison valable pour le faire. Désolée si certains sont choqués ( mais dans ce cas, rien ne vous oblige à lire de toute façon puisque vous voilà maintenant prévenus ).



La rentrée.

Harry fut réveillé ce matin là par des coups violents frappés à sa porte.

"Debout fainéant ! prépare tes affaires et essaie de t'habiller correctement pour une fois !" cria une voix perçante.

Le petit garçon se tourna dans l'obscurité, et tendit la main pour essayer de trouver, à tâtons l'interrupteur de sa lampe de chevet. La lumière dissipa les dernières bribes de sommeil, et une soudaine pensée le frappa : c'était la rentrée. La plupart des enfants auraient ressenti à cette idée un mélange d'excitation, à l'idée de revoir leurs amis, d'avoir un nouveau professeur, d'étrenner du matériel neuf... et de tristesse, puisque les vacances étaient finies.

Pas Harry. Il avait passé la moitié de ses vacances enfermé dans son placard, parce que la fenêtre de la chambre de Dudley avait explosé et que ses oncle et tante avaient refusé de croire qu'il n'y était pour rien. Lorsqu'il avait enfin eu le droit de sortir, il avait simplement erré dans les environs de Privet Drive, essayant d'échapper à son cousin et à ses amis, qui semblaient considérer que rien n'était plus distrayant que de pourchasser et de battre le garçon aux cheveux noirs. Bien sûr, cette activité était considérée comme parfaitement saine par les deux adultes habitant la maison. La tante Pétunia avait un jour déclaré que des garçons de huit ans ne faisaient jamais trop d'exercice, et qu'elle était fière de voir que son petit Dudley devenait tellement fort. Harry s'était demandé si les heures que son cousin passait à s'empiffrer devant la télé n'était pas la véritable raison de l'épaississement de Dudley, qui au lieu de devenir plus fort, était chaque jour un peu plus gros. L'oncle Vernon avait ajouté que son neveu, quant à lui, n'aurait jamais assez de corrections, et que si les autres enfants avaient assez de sagesse et de maturité pour lui en administrer, il fallait les en remercier.

Mais en dépit de ces vacances désagréables, la perspective de la rentrée était loin de réjouir Harry. Il aimait l'école, et il avait de bonnes notes. Ses maitresses étaient toujours gentilles avec lui : au moins, elles le traitaient comme tous les autres enfants, pas comme une sorte de bestiole immonde et sans cervelle, comme faisaient les Dursley. Au début, cela avait surpris et un peu effrayé le petit garçon : il attendait le moment où le professeur allait découvrir quel genre de vermine il était, sûrement les Dursley allaient le lui dire. Mais ce moment n'était jamais arrivé. L'institutrice qu'il avait eue pendant les deux années précédentes, ses deux premières années d'école primaire, avait même semblé s'inquiéter pour lui, le gardant après la classe pour lui demander s'il allait bien, essayant de pousser les autres enfants à sympathiser avec lui.

Les autres enfants... C'était bien le problème de Harry à l'école. Dudley, depuis leur première année de maternelle, était devenu le chef d'une bande de garçons, tous grands et forts, qui terrorisaient l'école. Même les grands de CM2 ( ou son équivalent anglais) n'osaient pas s'attaquer à eux. Et Harry était leur cible favorite. Les récréations étaient son pire cauchemar. Il passait son temps à fuir et à se cacher dans l'école, dont il connaissait maintenant les moindres recoins. Mais la cour n'était pas très grande, et, trop souvent, ils l'attrapaient. Harry était alors bourré de coup de poings par Dudley. Une fois, celui-ci avait frappé si fort que Harry était tombé en arrière, et qu'il s'était ouvert la tête. On avait dû lui faire six points de suture.

Bien sûr, le garçon savait que, s'il dénonçait ses agresseurs, ceux- ci seraient punis, mais il savait également que, dans ce cas, son oncle et sa tante seraient forcément mis au courant. Et sa punition à lui serait certainement bien pire que celle de son cousin. Aussi, lorsqu'un adulte remarquait qu'il était blessé, il prétendait toujours s'être fait mal en tombant, ou avoir été frappé par un ballon de foot. Il se doutait que personne n'était dupe de ses mensonges. Après tout, il n'était pas si maladroit, et il ne jouait pas au foot. Mais il niait avec tant d'insistance l'implication de la bande à Dudley dans ses accidents que personne ne pouvait rien contre eux. Les autres enfants avaient tellement peur de subir le même sort que Harry qu'ils se taisaient également, et qu'ils l'évitaient. Personne ne voulait se mettre Dudley à dos. Et puis, beaucoup se moquaient de Harry à cause de son apparence ridicule.

« Et c'est vrai, pensa tristement Harry en enfilant un vieux tee-shirt de Dudley qui aurait pu en contenir deux comme lui, que je suis ridicule. Mais ce n'est pas de ma faute si on me donne toujours les vieux vêtements de ce cachalot ! »

La mort dans l'âme, il entreprit de vérifier qu'il avait bien mis toutes ses affaires dans son sac. Son cartable était un autre sujet de moquerie pour ses camarades. C'était une très vielle sacoche en cuir que l'oncle Vernon utilisait quand il était à l'école. Le sac était resté à la cave pendant des années, et à présent le cuir était tout craquelé, des morceaux s'en détachaient par endroits. Harry ne comptait plus les fois où des voix railleuses lui avaient demandé pourquoi il amenait sa poubelle à l'école. Il ne faisait plus attention aux attitudes des autres. Etant habitué, vivant avec les Dursley depuis son plus jeune âge, à être un objet de moquerie, il avait développé un très fort « instinct de survie psychologique » : les railleries lui passaient au dessus de la tête, et il se renfermait sur lui- même dès qu'il en avait la possibilité.

Une seule fois, pendant quelques heures, Harry avait eu l'impression d'avoir une amie. Ann faisait partie des quelques filles qui ne s'étaient jamais moquées de lui. Un jour, la maîtresse les avaient mis ensemble pour travailler sur une scène de théâtre, à la fin du mois de juin de l'année précédente. Pendant tout un après midi, ils avaient travaillé à apprendre leur texte, et ils avaient obtenu la permission de rester à la récréation. Ann avait raconté à Harry qu'elle était passionnée de théâtre, et elle lui avait montré comment réciter en mettant le ton. Le soir, quand ils avaient joué leur petite scène, la maîtresse les avait félicités et leur avait mis un A. Mais quand ils étaient sortis de l'école, les autres, menés par la bande à Dudley, les avaient traités d'amoureux, et ils s'étaient particulièrement acharnés sur Ann. La petite fille s'était enfuie en larmes. Elle n'avait pas reparlé à Harry. Quelques jours plus tard, les vacances d'été avaient commencé.

Harry fut tiré de ses pensées par un nouveau coup frappé à la porte.

« Dépêche toi, là-dedans, fit la voix perçante de la tante Pétunia. Combien de temps te faut-il pour t'habiller ? Tu ne vas pas mettre mon Duddy en retard pour son premier jour !

- J'arrive ! » répondit Harry.

Il passa un vieux peigne dans ses cheveux pour essayer (en vain) d'y mettre de l'ordre, prit son cartable et sortit de son placard. Lorsqu'il arriva à la cuisine, la pendule indiquait sept heures et quart. L'oncle Vernon était assis devant un bol de thé et lisait son journal en laissant échapper le temps en temps un grognement désapprobateur. La tante Pétunia surveillait du bacon qui grillait dans une grande poêle.

Elle accueillit Harry d'un « C'est pas trop tôt » dit d'une voix sèche, et lui lança un sachet de pain de mie en tranches.

« Tiens, maintenant que tu es là, rends toi utile au lieu de rêvasser. Et rappelle toi que Dudley déteste les toasts brûlés. »

Harry brancha le grille pain et commença à entasser de belles tranches dorées sur une assiette. Sa tante mit du lait à chauffer et un pas lourd se fit entendre dans l'escalier. Dudley fit son entrée dans la pièce. Il était vêtu d'un costume marin flambant neuf, mais semblait de mauvaise humeur.

« Alors mon petit Duddlinouchet adoré est prêt pour le grand jour ? » roucoula sa mère en l'enveloppant d'un regard d'adoration.

« Je ne veux pas retourner dans cette école, ronchonna Dudley. L'année dernière, la maîtresse n'a pas arrêté de me donner des punitions alors que je n'avais rien fait. Et elle me met des mauvaises notes alors que mes exercices sont bons.

- Je sais, mon chéri, ton institutrice de l'année dernière était une horrible femme. Mais cette année tu vas en avoir une nouvelle. Et sûrement celle-ci saura apprécier le garçon formidable que tu es.

- De toute façon, gronda l'oncle Vernon, les enseignants sont tous des bons à rien, tous le monde sait cela. Fainéants de fonctionnaires. Incapables de distinguer la véritable valeur des enfants. La preuve, c'est que cet avorton perfide et paresseux » il fit un signe de tête dégoûté en direction de Harry, qui fit semblant d'être passionné par la surveillance du grille- pain, « s'est toujours débrouillé pour devenir le chouchou de tous ces imbéciles. Je suis bien content que tu ne sois pas dans les premiers de la classe, Dudley. Et si ton institutrice de cette année est aussi injuste que la précédente, j'irai lui parler, moi, vous verrez. Je remonterai à la directrice s'il le faut. »

Dudley sourit légèrement, et posa son énorme derrière sur sa chaise, après avoir jeté dans un coin son cartable neuf. Il mit quatre cuillères à soupe de chocolat en poudre dans son bol, et commença à dévorer les cinq tranches de bacon empilées dans son assiette. La tante Pétunia versa le lait frémissant dans le bol de son fils (« Attention, chéri, c'est chaud »), et Harry posa les toasts sur la table avant de se glisser silencieusement à sa place.



Sarah Déline descendit de voiture et ferma nerveusement la porte. Il était huit heures moins vingt. Dans moins d'une heure, elle aurait sa classe devant elle. Dans moins d'une heure, elle serait lâchée dans l'arène, seule face à vingt enfants de sept et huit ans. Dans moins d'une heure elle serait une véritable institutrice. Et cela la terrifiait. Certes, enseigner avait toujours été le rêve de sa vie. Certes, elle avait toujours eu un bon contact avec les enfants, et lors de ses stages à l'IUFM, elle n'avait eu aucun problème à tenir sa classe. Certes, elle avait eu de la chance de recevoir son affectation dans cette ville tranquille, et de se voir confier une classe avec un effectif relativement réduit.

Mais malgré tout, Sarah était terrorisée. Jamais encore elle n'avait enseigné « sans filet ». Lors de ses précédents stages, il y avait toujours eu quelqu'un derrière elle, prêt à rattraper la situation si jamais elle commettait des erreurs. Si quelque chose se passait mal aujourd'hui, elle devrait assumer seule les conséquences. Et, de plus, on lui avait toujours dit que les premiers jours sont capitaux avec une classe. Les repères pris par les élèves à la rentrée déterminent leur comportement pour toute l'année.

Ayant l'impression que sa poitrine allait éclater d'une minute à l'autre, Sarah franchit d'un pas rapide les grilles de l'école. Sa classe était au premier étage du bâtiment et c'est vers cet endroit qu'elle allait se diriger quand une femme d'une cinquantaine d'années, avec des cheveux gris tirés en un chignon sévère, se dirigea vers elle avec un sourire bienveillant. Elle reconnut aussitôt Viviane Malenski, la directrice de l'établissement.

" Bonjour, Sarah, fit d'une voix profonde la plus âgée des deux femmes. Tu es en avance, personne n'est encore là à part moi. Nerveuse ?

- C'est l'euphémisme de l'année.

- C'est normal. Lors de ma première rentrée, j'ai tellement bafouillé en faisant l'appel qu'un élève a demandé si j'étais malade ! Mais ça passe très vite, tu verras.

- J'aimerais vraiment être à ce soir, alors. D'un certain côté, je suppose que j'ai de la chance : beaucoup de mes amies d'IUFM ont été envoyées dans des écoles difficiles, souvent on leur a donné des classes horribles, surchargées... Avec mes vingts élèves, je n'ai vraiment aucune raison de me plaindre.

- Hum... fit pensivement la directrice. Ta classe est loin d'être facile. Tu as hérité de la bande de "durs" de l'école."

Sarah sentit soudainement sa gorge devenir sêche. " Durs comment ? demanda- t-elle d'une voix tremblante ... je veux dire, j'ai regardé les commentaires de Régine sur la liste, et il y avait bien quelques enfants décrits comme violents, mais je ne pensais pas que...

- Eh, du calme, interrompit la directrice. Ce n'est qu'une bande de quatre petites "terreurs". Les autres enfants ont peur d'eux, mais jusqu'ici ils ne s'en sont jamais pris à un adultes. C'est surtout pendant les récrés qu'ils posent des problèmes, et les enfants ont trop peur pour se plaindre. En classe ils savent qu'ils seront punis s'ils font quoi que ce soit, et ils se tiennent relativement tranquilles. Méfie toi seulement de leur chef : Dudley Dursley. C'est un cas difficile à gérer, d'autant plus dur que ses parents le soutiennent quoi qu'il fasse. Si tu arrive à le mater dès le début, tu n'auras aucun problème avec sa bande pendant tes cours."



Sarah acquiesça silencieusement. Elle n'avait à ce moment qu'une envie : s'enfuir en courant de cette école, pour ne jamais revenir. Cependant elle resta là et réussit même à adresser un sourire nerveux à ses collègues qui commençaient à arriver, avant de reprendre le chemin de sa classe.

Il était presque huit heures quand elle se laissa tomber à son bureau. Plus qu'une demi-heure. En face d'elle, les tables respectaient un alignement parfait. La salle avait été briquée à fond pendant les vacances, et elle resplendissait de propreté. Le soleil de septembre, encore chaud, éclairait généreusement la pièce immaculée et silencieuse. Elle ne s'était jamais habituée à voir une salle de classe ainsi, sans les élèves. C'était beaucoup trop calme. Mort. Sa crainte du jour à venir se mêla de nouveau d'impatience. Les enfants transportaient avec eux la vie et la joie et c'était pour cela qu'elle les aimait.

Elle sortit de son sac le registre d'appel et les papiers donnés par Régine Turner, qui avait suivi cette classe les deux années précédentes. Elle parcourut une nouvelle fois les commentaires de sa collègue, mais elle les avait lus tant de fois qu'elle les connaissait presque par c?ur. Elle plia soigneusement les papiers et les rangea au fond de son cartable : il ne fallait pas qu'un enfant tombe dessus par hasard. Les notes que les maîtres se laissaient entre eux ne devaient surtout pas être lus par les élèves où leurs parents. Les commentaires étaient bien différents de ceux qui pouvaient se trouver sur un bulletin, et ils concernaient même parfois les parents.

A huit heures et quart, Sarah descendit dans la cour, où elle retrouva ses collègues. Les premiers enfants commençaient à arriver, accompagnés de leurs pères et mères. Exceptionnellement, le jour de la rentrée, les parents étaient autorisés à pénétrer dans l'école. Elle regarda les visages des enfants, cherchant à déterminer lesquels seraient dans sa classe. Certains s'étaient regroupés, et parlaient gaiement. D'autres restaient avec leurs familles, l'air intimidés. Certains des plus jeunes semblaient au bord des larmes. Ils rentraient probablement au cours préparatoire, et faisaient leurs premiers pas à la "grande école". C'était un événement marquant dans la vie de ces petits bouts de choux.

Soudain, elle se rendit compte qu'on lui parlait. Elle se retourna pour faire face à Christophe, le seul maître de l'école.

" Impressionnant, hein ? fit il en désignant le groupe qui se massait dans la cour. Dis-toi bien que beaucoup là-dedans ont aussi peur que toi. Ma fille Ann rentre au CE2, cette année. Tu l'auras dans ta classe. »

Il lui désigna une petite fille vêtue d'un manteau rouge. Elle avait de longs cheveux noirs, et un air enjoué sur le visage alors qu'elle discutait avec une autre petite fille.

« C'est Céline, fit Christophe en désignant la deuxième fillette. Elle aussi sera dans ta classe. Elle est un peu surdouée, toujours la première.

- C'est bizarre : nous sommes regroupés ici, les élèves et leurs familles sont dans la cour et les deux groupes s'observent en attendant la sonnerie...

- Ce n'est pas tout à fait exact," répondit l'homme. En effet, la plupart des institutrices étaient maintenant en train de converser avec des enfants et leurs parents. Tu es nouvelle, donc tu ne connais pas les familles, et j'ai les CM2, ce qui signifie que les élèves que j'ai déjà eus sont maintenant au collège. C'est pour cela que nous sommes un peu isolés. Mais à la rentrée prochaine, tu verras comment les enfants que tu auras eus cette année se précipiteront sur toi."

Sarah soupira, plus nerveuse que jamais alors que l'heure avançait. "J'ai l'impression que plein de gens me regardent, gémit-elle.

- C'est normal, répliqua son collègue. Ils ne te connaissent pas. Tu sais, c'est une petite école, ici. Les têtes de tout le personnel sont connues de tout le monde, et nous connaissons par leur nom la plupart des enfants, pas seulement ceux de nos classes. Et puis, sans vouloir t'offenser, tu fais terriblement jeune. Beaucoup de gens doivent se demander si tu es vraiment la nouvelle enseignante."

A cet instant, la sonnerie retentit. Aussitôt le brouhaha s'amplifia et les enfants coururent rejoindre leurs familles. Puis, peu à peu, le silence se fit, et Viviane s'avança. Sarah observa alors l'arrivée précipitée d'une femme accompagnée d'un enfant, un gros garçon blond renfrogné qu'elle tenait par la main.

" Dudley Dursley", lui souffla Christophe qui avait suivi la direction de son regard. "Notre terreur nationale. Bonne chance, il parait que tu l'as dans ta classe."

Il se tut alors que Viviane commençait son discours. Sarah n'écoutait que d'une oreille distraite. Elle observait attentivement celui qui, aux dires de tous, devait être le point noir de son année. Il avait lâché la main de sa mère et se tenait fermement sur ses énormes jambes, lançant des regards narquois en direction de l'équipe enseignante, pendant que la femme lui jetait des regards adorateurs et lui caressait les cheveux.

Elle remarqua alors un garçon qui se tenait auprès d'eux. Très maigre, il semblait plus jeune que Dudley, et ne serait probablement pas dans sa classe. Des cheveux d'un noir de jais lui descendaient sur le front. Il était vêtu de vêtements beaucoup trop larges pour lui, qui semblaient assez usés. Le contraste formé par les deux enfants accompagnant la femme était saisissant. La mention de son nom par la directrice l'arracha à sa contemplation.

" Nous avons le plaisir d'accueillir cette année une nouvelle institutrice, Mlle Déline, qui prendra en charge les CE2, en remplacement de Mme Chambier, qui, vous le savez sans doute, a pris sa retraite."

Quelqu'un la poussa en avant. Il y eut quelques murmures dans les rangs des parents, et elle surprit le regard méprisant que lui lança Mme Dursley.

" Je suis sûre que vous aurez tous l'occasion de l'apprécier", ajouta Viviane, alors que Sarah reculait, rouge comme une pivoine.

Elle essaya de se concentrer sur la suite du discours pour ne pas se laisser emporter par la vague d'embarras qu'elle sentait monter.

" Malheureusement, nous n'avons pas encore trouvé de remplaçant pour Cathy Strill, ce qui signifie que pour l'instant les activités artistiques se dérouleront sans aide, et mes collègues et moi surveillerons les récréations. J'espère que nous serons en mesure de trouver quelqu'un très bientôt. Bien, maintenant comme tous les ans, je vais faire l'appel. Les enfants, quand vous entendrez votre noms vous viendrez vous ranger devant votre professeur. Commençons par les plus grands. Les CM2, vous serez cette année avec Christophe Jason."

Un par un, les plus grands des écoliers vinrent se placer devant l'instituteur. Puis, avec un dernier signe en direction de sa femme et de sa fille, celui-ci mena ses élèves vers le bâtiment. La directrice appela ensuite les élèves du CM1, qui à leur tour s'en furent en compagnie de leur professeur. Puis, ce fut au tour de Sarah de s'avancer pour accueillir ses élèves. La directrice commença l'appel. Les noms évoquaient pour la jeune femme les commentaires de son prédécesseur.

" Alchor, Héléna "

Une petite fille avec d'épaisses boucles brunes et des yeux noisette s'avança. "mignonne, mais a des difficultés", avait dit Régine.

" Berdack, Malcom"

C'était un garçon grand et mince, avec un visage peu avenant. D'après ce qu'elle avait lu, un enfant plutôt violent. L'appel continua un certain temps. A l'appel de son nom, Dudley s'avança d'un pas traînant sans un regard pour sa mère qui essuya une larme d'émotion. Les noms continuaient à défiler. On en était maintenant à la lettre P.

" Polkiss, Piers. "

Le garçon était de taille moyenne, musclé pour son âge. Il rejoignit aussitôt Dudley avec qui il était visiblement très ami.

" Potter, Harry."

Le petit garçon maigre qu'elle avait remarqué avec les Dursley s'avança à sa grande surprise. On ne lui donnait pas plus de six ans. La femme qui l'accompagnait ne lui accorda pas un regard, et il ne se retourna pas dans sa direction. Sarah se dit que les parents du garçon brun avaient du être empêchés d'accompagnés leur enfant, et qu'il l'avaient confié à une voisine. Elle essaya de se rappeler ce qu'avait dit Régine sur cet Harry Potter. " distant, timide mais bon élève. Ne se lie pas avec les autres".

Effectivement, Harry s'était mis à l'écart du groupe. Il essayait visiblement de se tenir le plus loin possible de Dudley et de ses amis. Et, avec ses vêtements trop grands et son sac abîmé, il ne ressemblait pas aux autres. Elle s'aperçut soudain que l'appel était fini. Les derniers noms lui avaient échappé alors qu'elle observait l'enfant aux cheveux noirs épais. Sarah sourit à sa classe.

" Allons-y, dit elle. C'est au premier étage."

Ses élèves étaient impeccablement rangés deux par deux, à l'exception d'une ligne de trois et de Harry qui suivait, tout seul. Ils arrivèrent sans incident dans la salle de classe, et les enfants s'installèrent par affinités. Un groupe de quatre garçons, dont Dudley et Piers, prit possession du dernier rang. Devant elle se trouvaient des filles, dont on ne lui avait dit que du bien. Harry était également devant, mais dans un coin. Il avait déjà sorti ses crayons et avait repoussé sous son bureau l'horrible cartable. Pendant que les autres sortaient à leur tour leurs affaires, elle lui sourit, mais il ne répondit que par une grimace nerveuse, baissant la tête. Elle remarqua alors qu'il avait d'étonnant yeux verts : trop grands pour son petit visage pointu, pénétrants, on avait l'impression qu'ils auraient pu facilement l'illuminer s'ils n'avaient pas été obscurcis par une ombre, une certaine tristesse. Très rapidement, le petit garçon rompit le contact et baissa la tête.



Harry avait retrouvé le coin de la pièce qui était sa place habituelle. Près de la fenêtre, parce qu'il aimait être au soleil, cela le changeait de l'obscurité de son placard. Et devant, près du tableau, le plus loin possible de Dudley et sa bande de copains. La nouvelle maîtresse avait l'air gentille. Il s'aperçut soudain qu'elle le regardait aussi. Elle lui sourit. Harry essaya de lui sourire aussi, puis il se retourna. Si la maîtresse était trop contente de lui, si elle était trop gentille avec lui, Dudley allait encore raconter à la maison qu'il était le chouchou. Et l'oncle Vernon l'enverrait au lit sans manger pour lui apprendre à être aussi sournois. Mais s'il était méchant, s'il travaillait mal ou si il répondait insolemment comme faisait Dudley si souvent, il serait quand même privé de dîner, on le traiterait de fainéant, bon à rien, et graine de voyou. Il avait compris depuis sa première année de maternelle, quand il avait trois ans, qu'à l'école comme à la maison, le mieux était toujours de tout faire pour passer inaperçu.

La maîtresse avait demandé des volontaires pour distribuer les cahiers. Ann et Céline avaient été désignées. Lorsque Céline donna son cahier à Dudley, Harry entendit son cousin siffler :

" Alors, déjà occupée à fayoter ? Toutes les mêmes, les filles. "

Mais soudain, une voix se fit entendre. " Un problème, Dudley ?

- Non, Mademoiselle. Je disait juste merci à Céline.

- Tu devrais apprendre à chuchoter, je ne suis pas sourde. Tu resteras ici pendant la récréation de ce matin, tu copieras vingt fois " je ne dois pas me moquer de mes camarades, ni mentir à mon institutrice." Et si j'entend encore une remarque de ce genre, ce sera cent lignes. Compris ?

- De toutes façons, c'est toujours pareil avec vous. Les punitions, c'est toujours pour moi. Les petits chouchous du premier rang, ils ne font jamais rien de mal, naturellement !

- Ah, oui ? Tu aimerais venir au premier rang, Dudley ?

- Non. Je ne veux pas recevoir vos postillons, ajouta le gros garçon, encouragé par les rires de ses amis. »

Sarah sentit qu'il lui fallait séparer cette bande si elle voulait arriver à quelque chose. Et il fallait leur montrer qui commandait ici, elle se souvenait des conseils de Viviane.

- Pourquoi affirmes-tu que je postillonne ? demanda-t-elle ironiquement, gardant son calme au lieu de s'énerver comme il s'attendait certainement qu'elle le fasse. Il me semble que pour proférer des accusations telles que celle-ci, tu devrait au moins avoir testé les places du premier rang. Il en reste justement une de libre. A côté de Harry. »

Il y eut soudain un sursaut près de la fenêtre. Soudain, deux grands yeux verts horrifiés étaient fixés sur elle, tandis que de derrière une voix traînante s'exclamait :

" Eh, non ! Pas la demi portion. Je dois déjà le supporter à la maison !

- C'est un ordre, Dudley. Et si tu n'est pas d'accord tu as le droit de sortir."

Le blond la fixa un moment avec défi. Elle ne baissa pas les yeux. Finalement, ce fut lui qui, le premier, détourna le regard, et il commença à rassembler ses affaires, lentement. Elle s'adressa à toute la classe.

" Je n'ai pas l'intention d'être sévère avec vous, dit-elle d'un ton calme. Si vous respectez certaines règles, on devrait bien s'entendre. La première chose que vous devez apprendre est le respect. Si je reprend l'un d'entre vous à insulter l'un de ses camarades ou moi-même, ça ira très mal pour lui. Compris ? »

Tous les enfants s'empressèrent de répondre par l'affirmative, à l'exception de Dudley qui fit la moue et de Harry qui continuait de la fixer, l'air horrifié. Ce regard donnait à Sarah l'envie de trouver un prétexte pour revenir sur sa décision, mais elle ne pouvait pas se permettre d'avoir l'air de céder devant Dudley.

Jamais matinée n'avait paru plus longue à Harry. Son cousin s'était laissé tomber sur la chaise à côté de la sienne, prenant comme à son habitude toute la place disponible. Le garçon aux cheveux noirs était coincé contre la fenêtre. son cahier, une fois ouvert, tenait à peine sur le bout de table qui lui restait. Le point positif était que Dudley, vexé d'avoir été envoyé au premier rang, boudait. Pour une fois, il ne semblait même pas avoir envie d'embêter Harry. Mais celui-ci savait bien que ça ne durerait pas, et il n'osait pas bouger de peur de rappeler sa présence à l'autre garçon. Pour une fois, il fut content de voir arriver la récréation. Au moins Dudley, puni, resterait dans la classe.

Quand la sonnerie retentit, Harry fut aussitôt sur ses jambes. Dudley fit mine de se lever, lui aussi, mais la maîtresse s'approcha de lui et lui rappela qu'il devait copier ses lignes. Pendant que la jeune femme surveillait le plus jeune Dursley qui sortait une feuille et un stylo, tous les enfants étaient sortis de la pièce. Harry en aurait bien fait autant, mais l'énorme masse de son cousin l'empêchait de passer, et il n'osait pas passer sous sa table sous le regard attentif de l'institutrice. Celle-ci sembla alors remarqué qu'il n'avait pas bougé.

" Tu es encore là, Harry ? demanda-t-elle doucement. Tu n'as pas envie d'aller jouer dehors ?

- Si, répondit-il d'une voix à peine audible, en jetant un regard à Dudley qui ne semblait pas vouloir bouger pour le laisser passer. Sarah regarda successivement les deux enfants, et finit par comprendre ce qui se passait.

- Dudley, est-ce que tu pourrait laisser passer Harry, s'il te plaît ? »

Le gros garçon sembla sur le point de refuser, mais il se ravisa et, de mauvaise grâce, avança sa chaise de quelques centimètres. Harry se faufila immédiatement dans l'espace laissé libre, et s'enfuit sans demander son reste.



Ce même matin, à des kilomètres de là, dans une école d'un autre genre, la rentrée se déroulait dans une atmosphère de panique. Les élèves étaient arrivés la veille, et c'est au cours du petit déjeuner, lors de la distribution du courrier, que la nouvelle avait éclaté. Elle s'étalait en première page du journal, que plusieurs personnes avaient reçu. L'information s'était répandue comme une traînée de poudre, et à peine quelques secondes après la première exclamation de surprise, tout le collège était au courant. Immédiatement, toutes les conversations s'étaient réduites à cet unique sujet. Les professeurs présents ne savaient pas quoi faire pour stopper les conversations enflammées et la tension qui montait, l'événement rendu de plus en plus important par l'imagination débordante des adolescents.

Aussi, c'est avec un soupir de soulagement général que la grande salle vit entrer le directeur du collège. Albus Dumbledore ne parut d'abord pas conscient de l'agitation qui régnait. Il se dirigea d'un pas tranquille vers la table des professeurs, comme si la seule chose qui l'intéressait en cet instant était d'aller prendre son petit déjeuner. Mais en atteignant sa chaise, au lieu de s'asseoir, il se retourna lentement vers ses élèves. Personne n'avait prononcé un mot, même la table des Serpentards était restée, exceptionnellement silencieuse. Puis le vieil homme se mit à parler.

"Eh bien, lança-t-il avec un sourire, qu'est-ce qui vous arrive ? Je n'avais pas vu cette salle aussi silencieuse depuis... au moins sept ans. Aurait-on oublié de me prévenir qu'une météorite était tombée sur le chemin de traverse ? Est-ce que quelqu'un aurait lancé un sortilège d'explosion sur Pré-au-lard ? Non, pire que ça ... Oh, je sais, vous venez de découvrir que le professeur Mac Gonagall était malade et ne pourrait pas assurer se cours aujourd'hui, c'est ça, hein ?"

Seul un silence stupéfait lui répondit, mais le directeur ne sembla pas s'en préoccuper et continua de parler.

" Ne vous inquiétez donc pas temps, Mme Pomfresh a déclaré que ce n'était qu'un refroidissement passager. Votre professeur de métamorphose sera sur pied dès demain et se fera probablement une joie de rattraper ses cours."

Il n'y eut aucune réaction.

"Mais enfin qu'est-ce qui vous arrive ce matin ? lança finalement le vieil homme, une étincelle ironique dans ses yeux bleus.

- Sirius Black s'est évadé, Monsieur », dit finalement un élève de septième année de Griffondor.

Le sourire du directeur de Poudlard ne diminua pas. Visiblement, il était déjà au courant.

"Oh, ce n'est que cela, fit-il d'un ton désinvolte. Dites-moi, quelle tête ferez-vous si un jour quelque chose de vraiment grave se produisait? "

Un choc suivit cette déclaration, qui eut néanmoins pour effet d'arracher les élèves à leur état de quasi stupeur. Certains esquissèrent un sourire. Après tout, si Dumbledore le prenait sur ce ton, peut-être n'y avait-il vraiment pas de quoi s'inquiéter. D'autres s'indignèrent :

" Monsieur, c'est Sirius Black ! Il peut tuer vingt personnes avec un seul sort ! personne n'est à l'abri !

- Personne avait jamais réussi à s'évader d'Azkaban ! Ses pouvoirs de magie noire doivent être horribles ! peut-être qu'il va devenir pire que Vous- Savez-Qui ! Et si maintenant tous les autres mangemorts parvenaient à s'échapper ? Et si ils arrivaient à faire revenir Celui-Dont-On-Ne-Doit-pas- prononcer-le-nom ?"

Le visage du directeur redevint soudain sérieux, et le bleu de ses yeux se durcit derrière ses lunettes en demi-lune.

"Calmez-vous, tout le monde, ordonna-t-il d'un ton sec. Personne ne prend l'évasion de Sirius Black à la légère. Mais la terre ne s'arrête pas de tourner. Les meilleurs aurors sont actuellement à sa recherche, et si Black décide de se montrer, n'importe où, il sera immédiatement repéré et arrêté, je vous l'assure. De plus, les détraqueurs d'Azkaban sont vexés et furieux, et je peux vous assurer qu'il n'est pas prêt d'aller libérer ses camarades mangemorts.

- Mais comment a-t-il fait pour s'enfuir ?

- Cela, tout le monde l'ignore. Mais là n'est pas l'important. Black est libre, certes, mais il n'a pas de baguette magique. Il est probable qu'il est totalement impuissant. Et même si je me trompais sur ce point, vous seriez complètement en sécurité à Poudlard. C'est la panique provoquée par des événements qui n'ont finalement qu'une importance relative qui aide les mages noirs à mettre en place leurs régimes de terreur. La peur nourrit est la nourriture des tyrans, comme Voldemort. Il faut regarder la vérité en face : oui, Sirius Black s'est évadé. Admettez tous ce fait. La prison d'Azkaban n'est plus inviolable. Mais si nous paniquons à cette pensée, et mettons le monde des sorciers en état de siège à cause de cela, alors Black aura réellement gagné quelque chose. Maintenant je suggère que vous alliez en cours. Au fait, Minerva Mac Gonagall est réellement indisposée ce matin, alors les Serdaigle de quatrième année vous pouvez retourner dans votre salle commune. "



Sur ce, Dumbledore quitta la grande salle. Malgré ce qu'il avait affirmé à ses élèves, il était loin d'être calme à la pensée de Sirius Black en liberté. Et à en juger par la véritable tempête qui débarqua dans son bureau quelques instant plus tard, il n'était pas le seul.

" Albus, cria soudain une voix dans la cheminée. Avez vous lu les journaux de ce matin ?

- Oui, Rémus, répondit le vieil homme d'un ton calme. Je n'aurais pas pu ignorer ce qui vient de se passer ....

- Il faut immédiatement aller chercher Harry et le ramener en sécurité à Poudlard... Il sera la première cible de Black.

- Vous savez très bien que nous ne pouvons pas faire cela. Poudlard n'est pas fait pour accueillir des enfants de cet âge. Surtout pas Harry Potter. Tous les élèves vont le considérer comme une curiosité. Il sera complètement perdu.

- Cela vaut toujours mieux pour lui que d'être mort.

- Dites-moi, franchement, croyez vous vraiment que Poudlard soit la place la plus sûre vis à vis de Sirius Black ? Voldemort n'a jamais réussi ou osé pénétrer ici, mais il m'a toujours semblé que James, Peter, Sirius et vous en saviez plus que n'importe qui sur ce château. Et que vous aviez un don pour ne pas vous faire prendre."

Un fort sentiment de culpabilité envahit soudain le loup garou. Il y avait tant de passages secrets que personne à part Black et lui ne connaissait... Il pouvait les montrer au directeur, bien sûr, mais ceux qu'il avait oublié ? Après tout, sa mémoire fonctionnait très mal lorsqu'il était sous sa forme de loup. Lorsque ses amis exploraient le parc, ils devaient toujours lui raconter la majeure partie de leurs expéditions. Et puis il y avait la carte... Il ignorait complètement ce qu'elle était devenue. Si Sirius entrait en possession de la carte du Maraudeur, alors plus personne ne serait en sécurité à Poudlard, et y amener Harry ne ferait que mettre en danger les élèves de l'école de Sorcellerie.

" D'accord, dit-il, Harry ne peut pas venir ici. Mais si nous le laissons seul, chez les moldus, il n'a aucune chance.

- Chez les Dursley, Harry est parfaitement sauf, et il l'a toujours été. Le problème se pose quand il n'est pas chez son oncle et sa tante. Et là, je crois que le mieux serait d'avoir un sorcier qualifié pour veiller sur lui.

- Mais comment ? On ne peut pas s'amuser à le suivre... Un garçon de huit ans doit avoir des tas d'activités...

- Les Dursley ne sortent pas beaucoup. Je me suis renseigné, Harry n'a aucune activité extra-scolaire. Le fils de James n'est véritablement sans protection que lorsqu'il est à l'école. Et j'ai justement appris que l'établissement recherchaient de toute urgence ce qu'ils appellent un "aide- éducateur".

- Et qui sera chargé de protéger Harry ?

- Eh bien, il me faut un expert en Défense contre les Forces du Mal, Quelqu'un qui connaisse parfaitement la manière de fonctionner de Black serait évidemment un avantage... Dites moi, Rémus, vous n'avez rien de particulier à faire ces jours-ci ?"



La sonnerie de onze heures et demi retentit. Quelques instant plus tard, la classe était de nouveau vide. Sarah se laissa tomber sur sa chaise, épuisée. La fin de la matinée s'était déroulée sans autre incidents. Elle avait testé le niveau des élèves, mais se sentait trop vidée pour regarder maintenant le résultat des évaluations. Un coup léger fut frappé à la porte. Sarah se redressa et sourit à Régine qui rentrait

" Fatiguée ? demanda amicalement celle qui enseignait aux plus jeunes.

- Epuisée. Je ne sais pas comment je vais tenir l'après-midi sans m'effondrer.

- Commence par venir manger. »

Sur le chemin de la cantine, la plus âgée des deux femmes demanda à l'autre comment s'était passée sa journée.

" Est-ce que la "bande" ne t'a pas posé trop de problèmes ?"

Sarah raconta à sa collègue l'incident qui avait eu lieu avec Dudley, et comment elle avait, apparemment, réussi à le mater.

" Tu as fait exactement ce qu'il fallait, commenta Viviane. Il a besoin d'autorité. Et si tu l'as remis à sa place, ses amis ont du se tenir tranquilles, n'est-ce pas ?

- De vraie images. Une classe modèle. La plupart des enfants ont l'air adorables. »

Sarah sourit.

- Et ils le sont Pourtant, tu n'as pas l'air satisfaite.

- Oh, je suppose que je suis seulement fatiguée. Et puis, je suis inquiète pour un de mes élèves. Peut-être qu'il avait juste un mauvais jour, mais...

- Qui ?

- Harry.

- Harry ? C'est un enfant étrange. Tout le contraire de son cousin.

- Son cousin ?

- Dudley. J'ai peut-être oublié de te le mentionner. Harry et Dudley sont cousins. Harry vit chez les Dursley depuis la mort de ses parents quand il avait un an. Je crois qu'ils ne le traitent pas très bien, mais on n'a jamais rien pu prouvé. L'enfant est timide, impossible de le faire parler. En tout cas, tu n'auras aucun problème avec Harry. C'est un gosse sérieux et intelligent.

- J'ai vraiment l'impression qu'il est malheureux. Et complètement terrorisé par son cousin. Lorsque j'ai envoyé Dudley au premier rang, ils se sont retrouvés côte à côte. J'ai failli lever la punition à cause du regard qu'il m'a lancé. Elles étaient arrivées à la table des enseignants, à la cantine. Elles furent rapidement rejointes par le reste de l'équipe, qui s'immisça dans la conversation.

" Hum, le petit Harry, commenta Viviane. Il m'a toujours fait pitié. Jamais un vêtement à sa taille, cette antiquité qui lui sert de cartable... Ce n'est pas toujours facile pour lui. Les enfants sont cruels entre eux, au sujet de ce genre de détails. De plus, c'est la cible préférée de la bande à Dudley, et bien qu'il ne se soit jamais plaint je suis sûre qu'ils le battent plus souvent qu'à son tour. Que ce soit ici ou chez lui.

- Mais ils n'y a rien qu'on puisse faire ? Les autres enfants ne voient rien ?

- Les autres enfants ont peur de Dudley. Et une ou deux fois certains ont parlé. C'est Harry qui a défendu son cousin becs et ongles. On a été obligés de faire semblant de le croire.

- Mais pourquoi ? Pourquoi il se laisse battre sans protester ? Après tout, qu'est-ce qui pourrait lui arriver de pire s'il protestait ?

- C'est la question à cent mille dollars, ça, répondit Régine Turner. Mais il est terrorisé. Le problème, je crois viens des parents de Dudley. Quoi qu'il fasse, ils soutiendront toujours leur fils. D'ailleurs, tu devrais faire attention à eux, Sarah. Avec Dudley, il ne faut jamais utiliser le mot aux parents comme punition, cela te retomberas toujours dessus. Ce gosse est gâté comme c'est pas permis, et il a toujours raison. Avec Harry, le problème est différent. Le mieux est de ne jamais en parler. La seule chose que son oncle et sa tante savent dire à son sujet, c'est : "De toute façon ce vaurien finira mal. Il a peut-être l'air sage, mais c'est un perfide, un vicieux. Il cache bien son jeu. Il finira comme ses parents. Un jour Mr Dursley est venu me voir pour me demander de rétablir les châtiments corporels avec Harry. Je crois que c'est pour cela que l'enfant se tait quand son cousin le brutalise. Il craint la réaction de sa famille si Dudley est puni.

- Mon dieu ... c'est pire que tout ce que j'aurais pu imaginer... Il y a sûrement quelque chose à faire !

- Il n'y a rien à faire. Harry ne se plaint jamais. Et il n'est pas réellement maltraité. Du moins, il ne porte pas de marques. Peut-être que ça ne se passe pas si mal que cela. Mais c'est vrai que mettre ces deux là à côté n'était pas forcément une bonne idée.

- Mais cet enfant a vraiment l'air malheureux.

- Tu ne peux pas partir en croisade pour chacun de tes élèves. Nous ne pouvons rien faire contre les Dursley. Et même si on le voulait, ils sont soutenus par la mairie. Sarah ne répondit pas. Mais elle gardait en mémoire les deux grands yeux verts horrifiés fixés sur elle. Jamais une telle expression n'aurait du être lue dans des yeux d'enfant.





Voilà ! Vous êtes arrivés à la fin du premier chapitre sans vous endormir, félicitations (j'espère qu'il reste au moins une personne pour lire ça...). Juste une petite question : plusieurs autres chapitres sont écrits. Ils sont tous un peu plus longs que celui-ci( environ 10 000 mots chacun). Préférez vous que je les mette en une fois ou que je les coupe en deux ?