Chapitre 3 : Barbecue humain.
N'ayant pas trouvé les plans à l'intérieur du vaisseau, les soldats de l'Empire comprirent qu'ils s'étaient fait avoir bien en beauté, et partirent donc à la recherche des deux robots qui étaient en possession de la précieuse information dont il ne fallait à aucun prix qu'elle arrive jusqu'aux rebelles.
Comment est-ce qu'ils savent qu'il y avait des robots à l'intérieur de la capsule ? Et plus encore, comment ils savent à quoi ils ressemblaient ? Je ne sais pas. Ta gueule : ils le savent et c'est tout.
En tout cas, ils pistèrent la capsule, et j'aurais envie de dire qu'ils le firent avec beaucoup de talent puisqu'ils la retrouvèrent en même pas quelques heures au beau milieu de plusieurs millions d'hectares de sable alors que globalement c'est des branquignoles d'habitude.
Ils apprirent étonnamment rapidement, aussi, que les petits bonshommes sillonnaient la région où la capsule s'était écrasée, et pouvaient donc très bien avoir pu récupérer les robots, et ils trouvèrent en moins de deux le groupe même qui avait récupéré et revendu S1D4 et D2R2, qui avaient par un hasard extraordinaire pu leur décrire le gars qui les avait achetés. Et par un autre hasard extraordinaire, cette description avait abouti grâce à quelques heures de porte à porte dans la ville à trouver un nom et une adresse. Celle de Luc Courleciel.
En somme, avec beaucoup de talent, ils parvinrent en moins de vingt-quatre heures à envoyer une escouade frapper à la porte des Lard pour y récupérer les deux robots (enfin, surtout le fichier avec les plans, à la limite les robots ils n'en on rien, mais alors rien à péter).
Et ça c'est très très fort, non ? Chapeau pour cette traque, messieurs les soldats de l'Empire, c'était rondement mené ! Surtout qu'à la base vous n'aviez absolument aucune information à part « on a pas trouvé les plans du coup ils ne pouvaient être que dans cette capsule de sauvetage ».
Et du coup, c'est dommage que le film passe tout ça sous silence, non ?
Deux agents spéciaux de l'Empire arrivèrent chez l'oncle et la tante de Luc, avec une escouade de stormtroupeur.
« Toc toc ! cria le chef en frappant à la porte (la sonnette est cassée).
– C'est qui ? beugla Owen depuis l'intérieur. »
Il ouvra la porte d'un air pas content, celui-là même qu'on a le dimanche matin très tôt quand quelqu'un nous a sorti du lit. Sauf que Owen ne dormait déjà plus, c'est simplement que sur cette planète pourrie, les vrais amis entrent sans frapper et les autres c'est que des connards d'étrangers.
« Ah merde, lâcha-t-il en voyant qui c'était. »
Le chef se racla la gorge.
« Bonjour, cher autochtone ! Nous sommes à la recherche de ces deux robots, les auriez-vous vu ? »
Il lui mit sous le nez un portrait-robot des deux robots. (Ah ah, un portrait-robot d'un robot, putain c'est drôle ça, non ?)
« Beh ouais : mon n'veu il a acheté ces deux-là pas plus tard que hier. Pourquoi ?
– Nous devons les saisir.
– Merde, me dites pas que c'est des robots volés ou chais pas quoi ! »
Dit-il d'un air innocent tout en sachant que tout sur cette planète était issu du vol et du recel.
« En quelque sorte, oui. Où sont-ils ?
– Ben mon con d'neveu il est parti avec chais pas où en piquant mon break. M'enfin il a laissé un mot en disant qu'y revenait dans l'après-midi. Mon avis à 16 h il s'ra là pasque y a la rediff de K2000 il qu'il rate jamais ça. Vous voulez rentrer prendre une chicorée en attendant ? »
Oui, ils n'ont pas de café. Et ils mangent des blettes et des rutabagas. La misère, quoi.
« Non merci. Si vous le voulez bien, je vais m'entretenir avec mon second ici présent. »
Le chef alla à quelques pas de la maison pour discuter en aparté avec son second, pendant que Owen, toujours sur le seuil, se curait le nez de la main gauche pendant qu'il se grattait les fesses en ayant passé la droite sous son caleçon.
« Les robots ne sont pas là, manifestement. Nous allons donc tuer tout le monde, mettre le feu aux bâtiments et partir.
– Mais c'est complétement con, capitaine. Déjà, massacrer ces gens et incendier leur exploitation est illégal et parfaitement inutile.
– Ils ont voulu résister à l'Empire.
– Pas du tout, ils ont aimablement collaboré. Et quand bien même, ça resterait parfaitement arbitraire et illégal. Et puis surtout pourquoi partir au lieu d'attendre que le gamin revienne avec les robots ?
– Actuellement il n'est pas là, alors allons le chercher ailleurs. Fouillons toute la région.
– Mais puisqu'il va revenir…
– Ne contestez pas mes ordres, lieutenant ! Exécution ! »
Le lieutenant, dépité mais bien obligé d'obéir pour éviter la cours martiale, donna l'ordre aux stormtroupeurs d'abattre tout le monde, de mettre le feu et de plier le camp.
Peu après, Luc revint avec le vieux Ben et les deux robots.
« C'est quoi cette colonne de fumée ? s'écria Luc à quelques bornes de la maison. »
Il mit pied au plancher, et bientôt ils purent constater que c'était la maison qui brûlait. Luc pensa d'abord à un incendie accidentel (c'était déjà arrivé : une fois, Owen s'était endormi ivre devant le foot et le vieux mégot de cigarette qu'il avait entre les lèvres était tombé sur son maillot de Pelé et avait foutu le feu à son oncle).
Sauf que non : devant la porte, ils découvrirent le cadavre d'Owen devant la porte, manifestement abattu d'un coup de pistolaser. Il y avait une note manuscrite posé négligemment sur son corps,
« C'est nous les responsables » signé « les soldats de l'Empire ».
Avec en post-scriptum « on a aussi tué la femme mais on l'a laissé dedans ».
« Mais pourquoi ont-ils fait ça ?!
– Parce que ce sont des méchants.
– Mais ça n'a aucun sens !
– Peu importe. C'est méchant. C'est ce qu'ils sont, c'est ce qu'ils font. »
Mais ça dépassait l'entendement de Luc. C'était n'importe quoi ! Ils n'avaient aucune raison de faire cela !
« Je comprends maintenant, cracha-t-il entre ses dents, pourquoi il y a des rebelles qui…
– Des gentils. On dit des gentils.
– Quoi ?
– On comprend mieux comme ça. Eux les méchants, nous les gentils.
– Peu importe. Je comprends pourquoi des gens se dressent contre eux, pour faire barrages à ces exactions ubuesques. »
Bon, là le Luc il utilise des mots compliqués. Mettons que de toutes façon vous avez déjà compris de quel côté il fallait être.
C'est à ce moment-là que les pompiers arrivèrent, avec leur camion, leur pimpon et tout le bordel.
« Ou est-ce que je peux brancher mon gros tuyau ? » demanda un grand pompier torse nu, musclé et huilé, tout droit sorti d'un calendrier érotique pour femme.
Luc le regarda avec dédain.
« T'es con ou quoi ? Y a d'eau nulle part sur cette planète !
– Je le sais, ça ! cria-t-il en jetant la lance à incendie par terre. Putain, on vient aider et voilà comment ou nous remercie… Je cherche une source de sable à haut débit pour étouffer le feu !
– Ah, pardon… lâcha Luc. Bin c'est derrière, mais il reste rien à sauver de toute façon… »
Luc s'asseya sur un caillou.
« Alors on fait quoi ? demanda-t-il au vieux Ben en cachant sa peine et sa colère. J'ai tout perdu.
– Alors on trouve les rebelles et on leur remet les plans. Moi parce que c'est mon devoir, toi parce que tu n'as pas grand-chose d'autre à faire et que c'est le seul moyen de faire payer à l'Empire ce qu'il t'on fait, et ce qu'ils ont fait à toute la galaxie. »
Luc soupira.
« Ah ouais ? Et comment on va faire ça ? »
Luc n'avait aucune confiance en un mec qui a un aussi grand projet d'un seul coup alors qu'il vit depuis des années dans ses propres déjections.
« Oh, pour ça nous allons aller à Mos Presley pour trouver un vaisseau qui fasse le trajet. Puisque l'Empire est sur nos traces, nous ne pourrons pas prendre un vol avec une compagnie aérienne, puisque tous les départs seront surveillés. Donc il nous faudra trouver un privé, peut-être un contrebandier, qui nous fasse passer clandestinement. »
Luc était sur le cul : le vieux fou avait un vrai plan. Un qui tenait la route.
« Super ! s'écria-t-il, plein d'enthousiasme. »
Il allait pouvoir s'engager chez les gentils pour le bien de tous, et pour venger sa famille.
« Et c'est où chez les rebelles ? demanda-t-il.
– Aucune idée.
– Quoi ?!
– Bin ça fait vingt piges que je vis ici comme un ermite, je suis au courant de rien. La dernière fois que j'ai connu la vraie civilisation, l'Empire venait à peine d'être proclamée et les rebelles n'existaient même pas. »
Là, Luc se dit qu'ils étaient pas dans la merde.