Note : j'ai tenté une expérience, celle d'écrire sur le Seigneur des Anneaux. C'est une expérience car c'est un monde si cohérent et si précis qu'il est très vite facile de déraper et de se tromper. J'espère que le texte tiendra la route mais je présence par avance (et oui, je suis prudente !) mes excuses pour les erreurs et approximations qui pourraient s'y être glissées.

Dernière précision, j'ai beau relire les livres tous les ans, l'imagerie des films s'est implantée dans mon esprit…

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Disclaimer : évidemment, tous les personnages et lieux qui vous sont familiers appartiennent à J. R. R. Tolkien.

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La cité des morts

OS rédigé pour un jeu du FoF, en 2 heures.

Thèmes 1 et 2 : grille/dalle

« Ouvrez les grilles ! »

L'ordre se perdit dans le bruit des combats et parmi les multitudes de commandes lancées par les défenseurs de la cité, les clameurs des messagers, le fracas des roues des chariots transportant armes, blessés et morts, et quelques rires gras de soldats profitant de courtes minutes de relève ou poursuivant des discussions ubuesques tout en tirant des flèches et en esquivant les projectiles des ennemis.

On ne voyait presque rien, le crépuscule surnaturel conjuré par le maître du Mordor plongeait la plaine et la ville blanche dans une obscurité grisâtre, aplatissant les reliefs, gommant les hauteurs. Les couleurs des uniformes, les insignes disparaissaient. Seul le casque, lorsque les hommes le possédaient encore, permettait de distinguer au premier coup d'œil un soldat de Minas Tirith d'un membre des renforts amenés par le prince de Dol Amroth. Les emblèmes étaient durs à discerner et plus d'un officier envisageait déjà de réformer la tradition héraldique et de bannir le fil d'argent, ou le mithril de la garde de la cité haute, pour les remplacer par des laines épaisses et bien voyantes permettant de lire le cygne de Dol Amroth, l'arbre blanc de Minas Tirith, le cerf de la vallée de Ringlo, le chêne de Morthond pour la prochaine fois. Quelle prochaine fois ? Un simple regard en bas des murs suffisait à abolir toute réflexion sur l'avenir. Ils n'en avaient plus. Ils mourraient tous.

Pendant des décennies, Gondor avait vécu dans l'ombre de la puissance grandissante de Sauron. Petit à petit, au fil d'escarmouches, d'embuscades, de percées, sans grande bataille, l'autorité de Minas Tirith avait décliné et son territoire s'était replié. La perte de Minas Ithil remontait, pour ceux qui se battaient aujourd'hui, à la nuit des temps. Leurs arrières grands-parents en revanche se souvenaient encore de l'époque où Osgiliath, bien que déchue de son rôle de capitale, en partie désertée, menacée directement par les expéditions des minions de Sauron sur les eaux de l'Anduin qui fragilisaient le commerce, se dressait au centre du royaume. Qui, parmi les défenseurs de Minas Tirith, n'avait pas entendu vanter la beauté d'Osgiliath, les prouesses architecturales qui avaient permis l'érection de monuments dont le Dôme des étoiles constituait le joyau ? « Oui mais Minas Tirith… » « Minas Tirith n'est qu'une cité fortifiée, tandis qu'Osgiliath… » Les enfants de la cité blanche avaient tous entendu ces paroles en haussant les épaules, doutant des affirmations des anciens. C'était toujours mieux avant, bien sûr…

Osgiliath était tombée, plusieurs fois. Les soldats du Gondor l'avaient reprise, parfois au prix de pertes désolantes mais on ne pouvait se permettre de perdre la ville : le symbole était trop fort, les impératifs stratégiques et économiques aussi. Avec la perte d'Osgiliath, viendrait celle du commerce et le début de la fin pour Minas Tirith, située trop en retrait des carrefours d'échanges et des autres zones portuaires de l'Anduin. Les nobles, bien sûr, connaissaient ces réalités économiques. Les autres, ceux dont les fils grossissaient les rangs des armées du Gondor, exprimaient leur désapprobation à l'abri de leurs demeures. Mieux valait abandonner ce mythe d'un autre âge ! Qu'apporterait la reconquête d'Osgiliath ? Des morts et des blessés. Le passage de deux ou trois convois peut-être, ou la sécurité des échanges pendant toute une saison. Jusqu'à la prochaine poussée des armées du Mordor et la déferlante des orcs et des gobelins.

Les vétérans pourtant, même illettrés, même les plus aveugles aux beautés des créations humaines, avouaient leur fascination pour Osgiliath. Un homme aussi pragmatique que le fils aîné de leur Intendant, le capitaine Boromir, avait fait d'Osgiliath une affaire personnelle. Il avait failli payer de sa vie l'une des pires déroutes de ses armées et ne s'en était sorti qu'en plongeant dans les eaux glacées de l'Anduin avec son frère, le jeune Faramir. N'importe qui d'autre aurait jeté l'éponge. Lui, non. Ce guerrier peu sensible à la poésie, à la littérature, accordant –à juste titre- plus d'importance à la solidité de ses habits, la facture de sa cotte de mailles, de son bouclier et de ses armes qu'à leur éclat, pouvait réciter de mémoire les passages de la chronique d'Aldric le jeune décrivant Osgiliath à l'adolescence de son histoire, ses murs rougeoyants au premier soleil du matin, reflétés dans les eaux de la rivière, la magnificence des résidences princières, le charme des places publiques et des ornements de ferronnerie des fontaines, et par-dessus tout, la splendeur du Dôme des étoiles. Ceux qui avaient côtoyé Boromir quand il était capitaine de la Tour blanche et qu'il faisait halte ou établissait ses quartiers à Osgiliath, se souvenaient de l'avoir vu porter ses pas dans les ruines du bâtiment. Minas Tirith était la résidence de l'Intendant, la capitale fortifiée du Gondor, mais sa ville était Osgiliath. Boromir était un homme qui, malgré son abord facile pour ses hommes, une éducation qui avait ancré en lui les manières et le ton nécessaires à la cour, se confiait peu. Il n'y avait sans doute que son frère Faramir et peut-être, mais rien était moins sûr, son père, l'Intendant Denethor, qui connaissaient son rêve : rebâtir Osgiliath. Avant de reconstruire, il fallait tenir, pour toujours. Boromir avait repris Osgiliath, l'une des plus brillantes actions de toute sa carrière. Une victoire qui avait redonné espoir à tout le royaume. Même l'Intendant si sévère, si froid avec ses vassaux (n'oublions pas que ses fils demeuraient ses subordonnés) avait souri ce jour-là.

On avait exulté à Osgiliath, on avait bu plus que de raison dans les rues jonchées de débris, Boromir avait de nouveau parcouru le Dôme des étoiles, suivi de Faramir qui souriait en imaginant les rêves de son aîné, on avait même dansé en célébration dans plusieurs hôtelleries et auberges des cercles inférieurs de Minas Tirith. Boromir, après être revenu dans la cité blanche, l'avait quittée quelques semaines plus tard, entouré d'une maigre escorte qui l'avait laissé à la frontière du Rohan. On ne l'avait plus revu. Son absence se faisait cruellement sentir aujourd'hui, sur les murs de Minas Tirith. Où était le capitaine de la Tour blanche ? Quelle avait été sa mission ? Des renforts ! espéraient certains. Hélas, à l'examen des champs de Pelennor grouillant des hommes d'Harad, d'orcs, de gobelins, de trolls, d'hommes venus des confins du monde et rassemblés sous les bannières de Sauron, même ceux-là étaient pris de désespoir : comment des renforts pourraient-ils les rejoindre ? Pourquoi se battaient-ils ? Ne valait-il pas mieux livrer la cité maintenant ? Ce n'était qu'une question de temps, de toute façon. Du temps ! « Nous devons gagner du temps ! Tenez ! » avait crié Imrahil, « Et si les renforts n'arrivent pas, alors tenez pour donner aux autres hommes libres le temps qui leur manque ! Tenez pour le Gondor ! Tenez pour Rohan ! » Pétris de la grandeur passée de leur province, élevés dans la notion du devoir dû à leur roi, à défaut de roi, à l'Intendant, les Gondoriens tenaient.

« Ouvrez les grilles ! » hurla le garde, mais à ce moment précis un bruit assourdissant en provenant des cercles inférieurs noya ses paroles. L'homme eut un regard en arrière, éberlué, mais se reprit aussitôt et saisit un barreau de la main droite pour ébranler les grilles.

« Au nom de Denethor, ouvrez les grilles ! » rugit-il.

Sa voix retentit avec une force surprenante dans le silence qui avait suivi. Beregond se demanda soudain si on ne l'avait pas entendu jusqu'en bas des murs, mais l'homme de faction arriva bientôt au pas de course. Il allait ouvrir la bouche, certainement pour lui demander le motif de sa mission, quand il reconnut l'Intendant qui suivait le garde. Il s'inclina sur le champ en saluant la plus haute autorité de la cité :

« Seigneur ».

Il introduisit la grosse clef dans la serrure, ouvrit un battant, puis se rua sur l'autre en avisant l'importance du cortège. Beregond franchit le seuil immédiatement, Denethor sur ses talons, suivi à trois pas de distance par quatre gardes portant une civière sur leurs épaules et des torches dans leur main libre. A leur suite venaient deux gardes chargés de fagots et de jarres. Le gardien de la cité des morts ferma la bouche brusquement et avala sa salive, clignant des yeux comme pour mieux chasser les larmes traitresses qui pourraient couler. Ainsi, Faramir aussi ? Malheur ! Malheur sur eux ! Le cortège progressait rapidement. Anéanti, le gardien poussa négligemment les grilles et s'affala sur le sol, le dos contre un ancien caveau des temps des Numenoréens.

Les avis étaient partagés sur le sort de Boromir, l'héritier de leur Intendant. Bien sûr, personne n'osait exprimer ses doutes ouvertement. Les raisons d'espérer étaient devenues si rares qu'on ne voulait pas envisager la disparition de celui qui commandait leurs armées depuis plusieurs années. Et puis on ne souhaitait pas non plus tâter de la justice de Denethor toujours plus prompt à la défiance, n'hésitant pas à parler « traitrise » plus souvent qu'à son tour. Le déshonneur et la pendaison représentaient un sort peu enviable. Néanmoins… l'absence prolongée de Boromir assombrissait les esprits et petit à petit, on commençait à envisager l'hypothèse de sa mort.

Avec les évènements des derniers jours, la perte –à nouveau !- d'Osgiliath, la retraite des forces conjuguées des compagnies de Faramir venues d'Ithilien et des anciennes compagnies de Boromir, puis l'attaque des forces du Mordor, le moral des derniers occupants de Minas Tirith était au plus bas. Il fallait ranimer leur courage. Dans un premier temps, le retour de Faramir qui avait accompli le miracle de réussir une retraite à peu près ordonnée jusqu'à la cité avait suffi à ramener un sourire sur les visages. Mais il était reparti aussitôt et, bien que les soldats ne soient pas conviés aux discussions privées des grands de ce monde ni pressés de donner leur opinion, il était évident que l'ordre qui lui était donné de reconquérir Osgiliath n'avait plus aucun sens. Le défilé des compagnies placées sous les ordres du fils de l'Intendant avait eu des allures de procession funèbre. Visages fermés des futurs combattants, traits de Faramir à moitié masqués par le casque, pas lent des montures, silence des soldats, des gardes et des derniers habitants attendant leur évacuation. Les fleurs pleuvaient et tombaient sans qu'aucun soldat ne fasse l'effort d'en saisir une au vol, flétries sous les sabots des chevaux. La déroute absolue de l'expédition, la vision de Faramir inconscient porté dans les bras de son oncle, avait semé la terreur. Même l'arrivée des hommes de Dol Amroth et des contingents rassemblés par les hommes liges de l'Intendant n'avait pas pu atténuer ce sentiment. C'était vraiment le début de la fin. Et maintenant, songea l'homme assis par terre, c'était la fin.

En cheminant dans la Rue silencieuse qui parcourait ce quartier entier de Minas Tirith dévolu aux dernières demeures des anciens rois, princes et Intendants de leur cité, Beregond s'étonnait du silence qui y régnait. C'était comme si les morts refusaient d'être perturbés par les activités des vivants. Ici, plus d'espoir, plus de désespoir, pas de paix pourtant, non, le néant. Une atmosphère pesante, étrangère. Le nom populaire de l'endroit, la cité des morts, prenait vraiment tout son sens. On n'entendait que le bruit des pas des vivants qui s'y aventuraient, mais étouffé. Parfois, une respiration pénible parvenait à ses oreilles. Celle de Faramir. Beregond serra les dents, tenta de refuser d'entendre. Non loin de la maison des Intendants, il abandonna la lutte et laissa les larmes ruisseler sur son visage. Il ne lui appartenait pas de juger, de donner son opinion, de contrer un ordre venu de la plus haute autorité, mais Faramir vivait encore ! « Mon fils meurt » avait déclaré Denethor d'une voix atone, avant de donner les ordres de le transporter à sa dernière demeure. Allaient-ils attendre dans le caveau que Faramir s'éteigne ? Beregond mordit férocement l'intérieur de ses joues et continua d'avancer. Leur intendant était un homme dur, mais il gouvernait bien il avait été un bon commandant en son temps. Beregond n'avait jamais contesté un ordre, n'ayant jamais été soumis à une situation aussi terrible, mais cette fois-ci il comprenait à quel point l'obéissance totale qui était requise de lui et de ses camarades était dure à supporter. Pouvait-il parler ? Pouvait-il s'opposer à son dirigeant ? Faramir était condamné, personne ne revenait du Souffle noir et encore moins des flèches empoisonnées des serviteurs de Sauron. C'était un fait. Mais ce qui se tramait était insupportable. Un bruit derrière lui alerta Beregond qui espéra que l'un des gardes ait eu le courage que lui n'avait pas, celui de se rebeller. Mais, non, il avait simplement trébuché.

« Arrêtez-vous ».

Denethor s'avança, poussa la grille du caveau des Intendants et y pénétra seul. Sans ordre à cet effet, les quatre gardes gardèrent sur leurs épaules la civière. L'Intendant reparut bientôt. Il était blême et l'obscurité surnaturelle accentuait les traits de son visage, renforçant les lignes sévères du nez et des lèvres, noyant dans une même noirceur sa longue tunique et sa cape de velours sur les épaules de laquelle se détachaient les boucles argentées de ses cheveux. A son côté, maintenue par une ceinture de cuir noir, protégée par un fourreau de même nuance, l'épée ne laissait voir que sa garde d'acier.

« Suivez-moi. Déposez mon fils sur cette dalle ».

La pierre ne comportait aucune inscription. Beregond s'écarta pour laisser passer les gardes et porta les yeux sur les autres dalles. Il y lut les noms d'Echtelion II, le père de leur Intendant, de Turgon, le père de son père, et de Finduilas, son épouse, la mère de Boromir et Faramir. La dalle nue était vraisemblablement celle qui avait été placée en attendant la dépouille de l'actuel Intendant.

L'attention de Beregond revint vers Denethor qui, en un instant, paraissait avoir abandonné le masque du souverain et se penchait vers son fils, rajustait correctement les pans de sa tunique, passait une main dans ses cheveux pour les discipliner. La tendresse du geste surprit le garde qui n'avait jamais observé Denethor et ses fils dans l'intimité familiale. L'Intendant se pencha et ramena les mains de son fils sur sa poitrine, puis l'observa en silence. Beregond traqua la tristesse, les larmes peut-être sur le visage de Denethor mais n'y lut pas d'émotion. Il frissonna et son cœur bondit dans sa poitrine quand la majesté de l'Intendant reprit possession de sa personne et que les ordres franchirent ses lèvres :

« Déposez le bois autour de mon fils, formez un bûcher. Les jarres, à ses pieds. »

Denethor franchit d'un pas la courte haie formée par les fagots, se hissa sur les trois marches supportant la dalle et se planta debout aux côtés de son fils. La respiration de Faramir se faisait entendre dans cet espace voûté dont les échos étaient renvoyés de pierre en pierre. L'horreur s'empara de Beregond quand Denethor prit l'une des jarres et projeta son contenu tout autour. Il lui semblait que Faramir tentait d'ouvrir les yeux !

L'air était saturé des vapeurs du combustible. Denethor acheva de verser la seconde jarre sur son fils et lui-même, la tenant très haut au-dessus de sa tête, à bout de bras. Beregond ne se soutenait qu'avec peine, un grondement emplissait ses oreilles. Il regarda tour à tour les gardes présents autour de l'Intendant, mais leurs visages en partie dissimulés par les casques ne laissaient rien deviner. Denethor tendit la main et prit la torche que lui présentait le garde. Beregond recula d'un pas au moment même où Denethor abattait la torche dans le bûcher. Les flammes jaillirent immédiatement. Indécis, paniqué, Beregond fit un pas de côté, comme pour s'enfuir et laisser derrière lui cette vision de cauchemar, puis se jeta sur Denethor le renversant, trébuchant sur le corps de Faramir. La chaleur était intense, son manteau avait pris feu et Beregond tira de toutes ses forces sur la cordelette qui le maintenait pour s'en débarrasser. La puanteur du combustible lui donna la nausée. Il sentit un homme le prendre à bras le corps, Denethor qui hurlait quelque chose et tentait de le pousser dans les flammes pour reprendre sa place sur la dalle. Beregond se dégagea d'un grand coup de coude, puis il tenta d'attraper Faramir, mais la place manquait et l'homme était trop lourd. Tout en jurant et en criant il ne savait pas quoi, Beregond s'acharna, et se débattit de nouveau quand il sentit qu'on essayait encore de lui faire lâcher prise. Lorsqu'il se retourna, il avait son épée à la main et il pleurait. Ce n'était pas Denethor, mais l'un des gardes.

« Il est vivant !

-Tuez-le ! »

Beregond reconnut la voix de l'Intendant et cria à nouveau :

« Il est vivant ! »

Le garde avait lui aussi dégainé et s'avança. Beregond ne lui laissa pas le temps d'aller plus loin et le frappa. L'homme s'affaissa, une expression étonnée sur son visage comme s'il ne comprenait pas qu'un frère d'armes l'affronte. Un autre s'avança et Beregond lui délivra un grand coup sur la tête du pommeau de son épée, puis il reprit ses efforts pour tenter de sauver Faramir. Il sentit encore la présence d'un autre homme à ses côtés et faillit le frapper mais s'arrêta à temps. Qui ?... le Halfelin ! Comment s'appelait-il, déjà ?

« C'est moi ! Pippin !

-Il est vivant ! cria Beregond.

-Je sais ! Aidez-moi ! »

Beregond comprit enfin ce que tentait de faire le hobbit et poussa lui aussi le corps de Faramir pour le faire rouler de la dalle et le délivrer du bûcher. Ils y parvinrent enfin et se jetèrent sur le corps pour éteindre les flammes qui avaient léché ses habits. L'homme gémit. Beregond s'affaissa en pleurant, inconscient de ce qui se passait autour de lui. A genoux, il revint à la réalité en entendant un hurlement inhumain derrière lui. L'horreur de la plainte lui donna la chair de poule, lui qui avait pourtant combattu les créatures de Sauron pendant des années. Il se retourna et le regretta aussitôt, mais il ne put détourner les yeux, fasciné malgré lui. Denethor II s'était immolé et se tenait debout dans les flammes. Il s'effondra bientôt. Le feu faisait rage. La puanteur du corps brûlé était insoutenable.

« Fou. »

La voix se fit entendre au-delà de la clameur du brasier.

« Sortez tous ! Fous que vous êtes ! »

Un homme se pencha soudain vers Faramir et saisit son buste pour mieux le soutenir et le prendre dans ses bras. Beregond tenta de s'y opposer mais arrêta son geste, reconnaissant le magicien Mithrandir.

« Il faut le conduire au plus vite aux Maisons de guérison.

-Est-ce qu'il vivra ? »

Deux yeux bleus, froids comme la glace, dévisagèrent Beregond.

« Peut-être ».


Note de l'auteur : cela ne s'est pas tout à fait passé comme ça -), je sais. S'il y a bien deux personnages et un lieu qui m'ont toujours fascinée dans le Seigneur des anneaux, ce sont Denethor, Faramir et Minas Tirith.