Chapitre 1
Heda sis
Nothing goes as planned
Everything will break
People say goodbye
In their own special way
All that you rely on
And all that you can fake
Will leave you in the morning
But find you in the day
Everything will change
Nothing stays the same
Nobody here's perfect
But everyone's to blame
All that you rely on
And all that you can save
Will leave you in the morning
And find you in the day
"In my veins"
Le soleil commençait à peine à teinter le ciel obscur quand les trois guérisseurs venus de Polis arrivèrent au camp. Deux gardes étaient postés de chaque côté du chemin menant au campement. Au lendemain de la victoire au Mt Weather, une paix sinistre régnait sur les tentes et les huttes temporaires. Les trois natifs descendirent de leur monture et s'approchèrent des gardes. Les hommes armés de lances reconnurent la jeune femme menant le petit contingent et la saluèrent à l'unisson. «Heda sis.» Ils s'écartèrent de leur chemin et ceux-ci pénétrèrent dans le camp. Très peu de guerriers se tenaient hors de leur tente, la plupart assoupis depuis peu suite à leur retour nocturne du combat. La jeune femme se dirigea vers un homme affairé à nettoyer méticuleusement sa lance. « Heda sis » lui dit celui-ci tout en arrêtant ce qu'il faisait pour lui consacrer toute son attention.
- Où se trouve la tente des guérisseurs? Lui demanda-t-elle d'une voix douce, mais ferme.
- Quelques huttes par-delà la forge au fond là-bas, l'homme empoigna sa lance et d'un geste assuré indiqua la direction demandée avec celle-ci.
La femme le remercia d'un hochement de tête et se dirigea vers l'endroit indiqué. Les deux autres guérisseurs, des hommes aux visages marqués par le temps, lui emboitèrent le pas sans rien dire. Ils sillonnèrent à travers les abris de fortune et arrivèrent à la forge. Des épées, des lances et des dagues de toutes formes et grandeurs étaient entassées le long d'une bâche, attendant de recevoir les bons soins du forgeron. Cet homme, au dos courbé par le dur labeur d'une vie entière à façonner le métal, les observa s'approcher sans cesser de marteler l'épée sur laquelle il travaillait. La jeune femme regarda au loin puis se retourna vers les hommes l'escortant. Elle leur indiqua la tente des soigneurs plus en contrebas et sans dire un mot, elle continua à marcher. Ses compagnons s'exécutèrent et rapidement, elle sortit de leur champ de vision. À la regarder, on aurait pu la confondre avec la commandante. Les yeux d'un vert brillant, une longue chevelure brune nouée en une tresse lui descendant dans le dos et les traits rappelant légèrement ceux de Lexa. Toutefois, la ressemblance s'arrêtait là. Car bien que leur lien de parenté fût évident au premier coup d'œil, celle-ci n'avait pas cette fermeté, cette puissance que l'on pouvait ressentir en présence de la commandante. Dans son regard, pourtant si semblable à celui de Lexa, on y voyait un calme apaisant, un équilibre rassurant. La jeune femme reconnut au loin la tente de commandement érigée en hauteur. Lorsqu'elle y arriva, l'homme et la femme postés à l'entrée baissèrent légèrement les yeux en signe, non pas de soumission, mais de respect. Elle n'avait aucune autorité sur eux, mais son lien avec leur chef imposait un profond respect.
- Heda sis, dirent-ils d'un ton ferme.
Elle reconnut Ryder, mais sentit son cœur se serrer à la vue de la femme au poste qu'aurait dû occuper Gustus. La jeune femme leur fit un signe de tête en guise de réponse et passa entre eux. Elle souleva le drap couvrant l'entrée et pénétra à l'intérieur. Celle-ci parcourut la tente du regard. Cette scène ne lui était que trop familière. Combien de fois déjà depuis leur jeune âge s'était-elle rendue d'un champ de bataille à un autre. Combien de fois déjà avait-elle vu cette scène sans pour autant ne jamais arriver à la trouver familière. Derrière la table où étaient entassées cartes et armes, Lexa lui tournait le dos, visiblement absorbée dans ses pensées. La jeune femme s'approcha et contempla une reconstitution du Mt Weather. Elle contourna ensuite la table en retirant de son cou un pendentif représentant le soleil. Lexa se retourna en retirant à son tour son propre pendentif tapi bien à l'abri sous les diverses couches de vêtement qu'elle portait. Le sien arborait un clair de lune argenté. Les deux jeunes femmes empoignèrent leur collier dans leur paume gauche et prirent les mains l'une de l'autre. Leurs fronts se touchèrent et le bout de leur nez se frôla tendrement. Elles restèrent ainsi de longs instants. Lorsque leurs doigts se dénouèrent, chacune prit le médaillon de l'autre. Ce rituel, conservé secret depuis l'enfance, elles l'avaient complété à chaque retrouvaille et à chaque veille de long départ.
- Dria, soupira Lexa en remettant son médaillon. Que fais-tu ici?
- Le conseil a été informé de la mort de Gustus, répondit Dria en tentant de contrôler le trémolo dans sa voix.
Lexa se retourna et croisa le regard de sa sœur. Après tout ce qui c'était passé, elle avait eu tant à penser. Ce n'était que maintenant qu'elle ressentait pleinement son absence. Elle voyait sur le visage de Dria le même chagrin qu'elle ne s'était pas autorisée à ressentir, la même faiblesse.
- Ta place est à Polis Dria, tu es l'intendante, en mon absence le conseil et toi devez diriger la capitale. En disant ces mots, elle s'était retournée, n'arrivant plus à soutenir son regard.
- Gustus n'étant plus là, il n'y a plus de conseiller à tes côtés. Je viens prendre sa place.
Dria regarda le visage de Lexa taché de sang et de peinture de guerre. Elle se dirigea de l'autre côté de la tente où elle alla chercher une bassine d'eau claire et quelques linges propres. Puis, indiqua un siège à Lexa.
- La guerre est terminée, tentant de cacher sa voix qui se nouait dans sa gorge.
À ces mots, elle revoyait le regard implorant de Clarke. Ce regard qui ne savait que trop bien ce qui attendait les siens suite à la retraite des natifs. Elle chassa cette pensée en secouant légèrement la tête, évitant du fait même la première tentative de Dria de nettoyer son visage. Dria déposa le linge dans le bol d'eau et s'accroupit au pied du siège ou était assise la commandante. Elle trouva son regard et y plongea le sien. Elle le scruta un moment à peine avant d'ajouter.
- Retire ce masque de Heda et dis moi … que s'est-il passé?
Lexa sentit ses yeux se voiler de larmes alors elle les ferma et détourna légèrement la tête. Dria se releva et reprit sa tâche de la nettoyer. Le visage de Lexa était à nouveau propre lorsque celle-ci se décida enfin à raconter les évènements de la veille. Chaque phrase lui était pénible, mais même devant Dria, elle ne pouvait dévoiler ce qu'elle s'était juré de ne plus jamais ressentir. Elle lui raconta tout ce que celle-ci ne savait pas, tout de leur alliance avec les gens du ciel menés par une certaine Clarke. Comment leurs peuples s'étaient unis pour combattre un ennemi commun, les hommes de la montagne. Elle lui raconta tout, jusqu'à la décision qu'elle eut à prendre lors de l'assaut imminent contre le Mt Weather. Comment elle avait abandonné ses alliés pour forger dans leur sang une nouvelle alliance avec les hommes de la montagne. Toutefois, elle omit de lui dire ce que représentait réellement Clarke à ses yeux. Ella garda caché ce moment trop court où elle avait retiré son masque de Heda devant quelqu'un d'autre que Dria. Sa chère Dria à qui elle n'arrivait pas à confier ce secret, à qui elle aurait voulu tout dire, mais ces mots étaient comme de la cendre dans sa bouche. L'intendante entreprenait maintenant de dénouer ses longs cheveux bruns et d'en retirer feuilles et brindilles. Lexa se raidit aux paroles de Dria.
- Tu as pris cette décision avec ta tête et non ton cœur n'est-ce pas?
Ces mots planèrent autour d'elles sans qu'aucun autre ne s'en suive. Il n'y avait rien d'autre à ajouter. Elle se retourna et la toisa, le regard humide. Elle avait employé les mêmes mots sans que Lexa les lui ait révélés. Dria prit le visage de Lexa entre ses mains et posa à nouveau son front contre le sien. Comme elle lui avait manqué.
Lors de la retraite des natifs au Mt Weather, deux éclaireurs avaient reçu l'ordre de rester en arrière. À la limite de la frontière des hommes des montagnes, ils devaient monter la garde. Juchés en hauteur dans les arbres, bien à l'abri des regards, ils observèrent leur troupe se retirer par centaines. Ils virent par la suite les soldats de la montagne ramener captifs quelques gens du ciel. Ils restèrent là à contempler cette montagne meurtrière qui leur avait ravi tant des leurs durant près d'un siècle. La lune s'apprêtait à disparaitre à l'horizon lorsqu'ils aperçurent le peuple du ciel sortir de la montagne. Il avançait sans se presser, portant ses blessés avec lui. Il ne semblait ni victorieux, ni craintif d'être poursuivit. Les éclaireurs se regardèrent et descendirent sans bruit de leur arbre. À pas de loup, se déplaçant comme des ombres, ils les suivirent. Ils ne dépassèrent toutefois pas la lisière de la forêt bordant ce qui restait le l'Arche. Le peuple du ciel rentrait péniblement chez lui, toujours vivant, et sans leur aide. Les natifs quittèrent leur position et s'enfoncèrent dans les bois. Ils ne virent pas qu'au loin tous étaient retournés auprès des siens, tous sauf une. Clarke.
Lexa se releva brusquement de son siège lorsque les gardes postés à l'entrée de sa tente y pénétrèrent suivit des éclaireurs. La commandante les regarda fixement, attendant avec impatience de connaitre la raison de cette intrusion.
- Heda, dirent les deux hommes en baissant la tête. Ils s'avancèrent et le plus grand des deux prit la parole. Le peuple du ciel, Heda, a quitté la montagne, il fit une pause et ajouta d'un ton grave. Tous!
Dria, qui était encore agenouillée à l'endroit où Lexa et elles se trouvaient quelques instants plus tôt, se releva tout en observant avec intérêt les éclaireurs. On pouvait lire sur leur visage un mélange de crainte et de stupéfaction. Lexa respirait plus rapidement maintenant et regardait le sol, visiblement en train de réfléchir. Elle ordonna aux quatre guerriers lui faisant face d'aller quérir les généraux.
- Faites-les tous venir ici et ne parlez à personne de ce que vous venez de me rapporter.
Tous s'exécutèrent et en un instant, il ne resta plus que Lexa et Dria. Celle-ci se dirigea vers la sortie quand Lexa, bien dissimulée derrière ce voile de commandante l'arrêta.
- Peu sont les guerriers qui sont revenus blessés de la bataille, mais ceux gardés captifs de la montagne auront grand besoin de tes soins. Ils doivent être prêts à rentrer chez eux le plus rapidement possible. Nous ne nous sommes que trop attardés ici.
Dria lui répondit d'un hochement de tête et sortit. Alors qu'elle se rendait là où elle avait envoyé Razan et Agar, elle vit les généraux se diriger d'un pas vif et pressant vers le lieu qu'elle quittait. Elle regarda par-dessus son épaule tout en tournant son pendentif entre ses doigts. Elle descendit le chemin menant derrière la forge. Ce qu'elle avait pris pour une petite hutte de guérisseur n'était en fait que l'endroit où le peu de guerriers blessés la veille était soignés. Elle regarda autour et fut surprise de voir que les tentes entourant celle-ci étaient remplies de natifs à peine vêtus d'étranges vêtements blanchâtres. Ils ne semblaient servir qu'à les cacher et non les tenir au chaud un tant soit peu. La plupart étaient allongés sur des lits de fortune ou encore par terre. Elle n'arrivait pas à voir une seule tente qui n'abritait pas l'un des siens, jadis prisonniers. Elle fut sortie brusquement de sa contemplation lorsqu'une main large lui empoigna l'épaule. « Heda sis » dit la voix profonde qu'elle reconnut à l'instant.
- Nyko, dit-elle avec soulagement alors que leurs mains s'étreignirent en signe de profonde affection.
Enfant, on l'avait envoyée apprendre les vertus médicinales des plantes de la forêt dans un village trop loin du sien. Elle s'y était sentie très seule pendant longtemps et avait songé à s'enfuir à maintes reprises. Ce n'est que lorsque Nyko, jeune apprenti guérisseur à l'époque, l'avait pris sous son aile qu'elle avait enfin commencé à réaliser toute la chance qu'elle avait eue. La chance de pouvoir apprendre à préserver la vie plutôt que d'être entrainée à l'enlever, comme Lexa.
- Dria, tu es plus que la bienvenue, lui dit-il le regard fatigué. Ses traits étaient tirés et il semblait profondément soucieux. Je vais avoir besoin de toi, et eux aussi. Il regardait maintenant les tentes qui avaient retenu l'attention de Dria.
- Où sont Razan et Agar?
- J'ai envoyé Razan changer des pansements là-bas, et Agar est à s'occuper d'une femme qui a commencé à cracher du sang.
- Combien sont-ils, demanda-t-elle.
- Une dizaine venue avec les autres clans.
- Je veux parler de ceux qui étaient gardés en vie dans la montagne.
- Je ne les ai pas comptés, il y en avait trop. Quelques centaines, au nombre de tentes que nous avons dû réquisitionner pour les loger.
Une toux grasse et le bruit de quelqu'un qui lutte pour respirer attirèrent leur attention. Un homme amaigri étendu sur un lit de branche crachait avec peine le sang qui l'empêchait de reprendre son souffle. Ils se regardèrent tous les deux et leurs doutes partagés se lisaient dans leurs yeux. Ils entendirent au loin le nom de Nyko être appelé. D'abord une fois, puis à nouveau avec plus d'insistance.
- Va, lui dit-elle en lui désignant la direction d'où provenait le cri d'un signe de tête.
Il s'exécuta et s'éloigna le pas lourd, mais rapide. Dria alla rejoindre le pauvre homme qui haletait maintenant. Elle le retourna sur le côté et se retourna pour tenter de trouver un linge propre. Presque aussitôt une femme lui tendit un morceau d'étoffe un peu trop poussiéreux à son goût, mais vu les circonstances, elle se dit qu'elle ne pourrait probablement pas trouver mieux. Elle remercia la femme d'un hochement de tête et épongea le visage ensanglanté de l'homme. Elle retira le sang et l'invita à cracher dans ce qui ressemblait à une bassine, laissée sous le lit. Après de longues minutes, il recommença à respirer avec moins de difficulté, mais laborieusement. Dria se releva, retira du revers de sa main les gouttes de sang de l'homme qui avait aspergé son visage. Elle le regarda, dans ses haillons blancs, la peau teintée de larges ecchymoses à plusieurs endroits. Elle le vit commencer à trembler et regarda autour si elle ne pouvait trouver quelque chose pour le couvrir. La femme toujours devant elle lui tendit sa propre couverture orangée. Dria prit le morceau d'un tissu qu'elle n'avait jamais touché auparavant et su tout de suite que cela venait du Mt Weather. La femme désormais presque nue devant elle était grande et musclée. Sa peau était tirée, signe d'une perte de poids récente et de mauvais traitements.
- Je suis …
- Heda sis, l'interrompit la femme alors que Dria allait se présenter.
Elle n'arrivait jamais à se faire à l'idée d'être reconnue par des gens qu'elle n'avait jamais vus. Sa ressemblance avec Lexa lui faisait entrevoir ce que celle-ci portait tous les jours, le regard et la responsabilité d'un peuple. Seulement Dria ne pouvait qu'imaginer ce que cela représentait réellement.
- Echo, dit-elle ensuite.
Dria hocha la tête en signe de remerciement et tourna les talons. Elle marcha devant l'interminable file de tentes où les captifs étaient étendus. Elle regardait à l'intérieur de chacune d'elle, cherchant Agar. Elle le vit sortir au loin. Il tentait de retirer de ses mains le sang qui les tachait. Dria s'approcha et lorsqu'il l'aperçut, il devina sa question et secoua la tête en la baissant légèrement. La jeune femme regarda dans la tente et vit qu'un drap sale et rapiécé recouvrait un corps sans vie. Dria s'approcha de la femme inanimée et la découvrit avec précaution. Des coulisses et éclaboussures rougeâtres tapissaient son menton et sa gorge. Son corps meurtri était bleui à plusieurs endroits. Elle était en train de la recouvrir quand Agar s'approcha dans son dos.
- Ils sont nombreux à tousser déjà, pas de sang pour la majorité, mais j'ai peur que ce ne soit la prochaine étape, dit-il d'un ton inquiet.
- Continu à t'occuper d'eux, je vais trouver Nyko.
Elle déposa sa main sur son épaule et pressa doucement en signe d'encouragement. Elle se retrouva à nouveau à marcher parmi les abris lorsqu'elle entendit hurler de douleur. Elle suivit les cris et quand elle en trouva l'origine, elle comprit pourquoi Nyko avait été appelé en renfort. Deux hommes tentaient de maitriser un natif vêtu de haillons blancs qui hurlait sa douleur à travers le maillon qu'on lui avait fait mordre. Nyko s'affairait à lui amputer le bas de la jambe droite. Son pied était marqué d'une profonde entaille qui suintait. La rougeur autour de la plaie remontait le long de sa jambe et s'arrêtait là ou Nyko tentait de la couper. Dria alla tout près de l'homme et prit son visage entre ses mains. Celui-ci plongea son regard dans le sien en quête d'un quelconque réconfort. Des larmes coulèrent sur ses joues et perlèrent sur les doigts de la jeune femme. Elle ne prononça aucune parole d'encouragement, mais soutint son regard. Après quelques instants, l'homme ferma les yeux et commença à respirer plus régulièrement. Dria regarda Nyko qui était maintenant en train d'emmailloter l'extrémité ensanglanter de la jambe de l'homme. Les guérisseurs qui maintenaient le pauvre blessé immobile soupirèrent profondément comme s'ils avaient cessé de respirer durant toute l'opération. Ils prirent la relève aux soins et Dria emmena Nyko derrière la tente.
- Un jour il faudra que tu me montres comment tu arrives à faire ça, lui dit-il tout en connaissant déjà la réponse qu'elle allait lui donner.
- Un jour peut-être. C'est ce qu'elle lui répétait à chaque fois, mais tous deux savaient qu'elle ne pouvait le faire.
- Il y a de ces choses qui ne peuvent être transmises, que personne ne peut nous enseigner, lui dit Nyko pour la première fois. Il la regarda dans les yeux et posa sa main sur son torse. Nous avons la chance de les posséder depuis l'enfance ou alors le lot de les chercher toute notre vie.
Elle baissa la tête et sourit brièvement avant de froncer les sourcils.
- Je crains qu'il ne nous soit inutile de panser les plaies des captifs de la montagne. Nous perdons notre temps à les soigner en surface. Elle se frotta le front avec le revers de sa main et repris. La femme dont Agar avait la charge est morte. L'homme que nous avons aperçu cracher du sang porte sur lui les mêmes ecchymoses qu'elle. Elle fit une pause et soupira. D'autres ont également de fortes toux grasses et je ne doute pas que bientôt, ils cracheront du sang. Nous perdons notre temps ici si nous ne trouvons pas ce qui les rend ainsi.
- Les hommes des montagnes les ont rendus ainsi Dria. Sais-tu ce qu'ils faisaient d'eux? Il attendit une réponse qui ne vint pas et il poursuivit. Ils les saignaient comme des bêtes. Leur sang était utilisé pour les soigner lui. Pour qu'ils puissent vivre, des milliers des nôtres…
Il cessa de parler et Dria le vit serrer la mâchoire et fermer les points. Elle recula d'un pas et regarda au loin. Par-delà les arbres, se dressant vers le ciel elle regarda le Mt Weather. Avant que Nyko ne puisse ajouter quoi que ce soit, elle posa une main sur l'un de ses points et lui dit fermement.
- Nous allons trouver.
Puis elle s'éloigna, le laissant à ce qu'il avait à faire, tant à faire. Toutefois, elle savait que de soigner les blessés au camp ne suffirait pas. Il fallait trouver l'origine de ce qui leur arrivait et la réponse se trouvait dans cette montagne meurtrière. Nyko ne savait pas que celle-ci avait été vaincue et elle ne pouvait le lui dire. Lexa était avec les généraux et elle ne pouvait se permettre de prendre plus de temps à attendre qu'ils aient complété. Cela pouvait être interminable et elle ne pouvait encore moins les interrompre, pas même elle. Elle retourna à l'entrée du campement où, à leur arrivée, ils avaient laissé leurs chevaux. Elle prit l'un des sacs contenant des vêtements attachés à son cheval, Java. Elle passa la bandoulière de la sacoche sur son épaule et flatta la crinière du destrier avant de repartir vers les tentes des blessés. Elle aurait voulu y aller en courant, mais ne pouvait se permettre d'attirer l'attention. Pour ce qu'elle allait entreprendre, il vaudrait mieux pour elle que personne ne remarque son absence. Elle alla rejoindre l'homme qui plutôt lui avait involontairement craché du sang au visage. Echo était toujours près de lui, frissonnant maintenant sans sa couverture orange. Dria la regarda d'un air sévère et lui indiqua la sortie d'un signe de tête.
- Tu étais dans la montagne avec tous ces gens, dit Dria.
Echo la regardait maintenant avec attention tout en se croisant les bras au contact du vent sur sa peau nue. Dria ouvrit son sac et en sortit des habits. Elle les lui tendit et lui dit tout bas.
- Conduis-moi là-bas, là où vous étiez gardé emprisonnés.
Dria savait ce qu'impliquait une telle demande, mais Echro était la captive la plus en forme qu'elle avait croisée jusqu'à présent. Elle seule pouvait l'aider. Echo prit les vêtements tout en la dévisageant avec froideur.
- Les terres entourant le Mt Weather nous sont maintenant interdites, elles sont les leurs désormais. La commandante à négocier notre libération, pas la paix avec eux, ils sont toujours nos ennemis.
Elle allait s'éloigner emportant les habits avec elle lorsque Dria lui empoigna le coude et la ramena face à elle. Elle s'approcha si près que leur corps se touchait presque puis elle lui dit tout bas.
La montagne est tombée, vaincue par les gens du ciel. Elle savait qu'ils en étaient sortis, mais si la montagne était réellement tombée, elle ne le savait pour sûr, mais Echo n'avait pas à le savoir, du moins pas pour l'instant.
- Mais comment sais-tu… Commença Echo avant que Dria ne l'interrompe.
- J'étais avec Lexa quand les éclaireurs sont revenus. Elle et les généraux débattent sur ce sujet en ce moment même et c'est peut-être notre seule chance de s'y introduire sans que personne ne s'en aperçoive.
Dria resserra son emprise sur le bras d'Echo qui ne sembla pas le moindrement intimidée par celle-ci. D'un mouvement brusque, Echo se défit de l'étreinte de la guérisseuse et empoigna violemment le bras de celle-ci.
- Je ne te conduirai pas plus loin que la porte extérieure. Je ne remettrai pas un pied là-dedans.
Dria sentait son bras s'engourdir entre les doigts d'Echo. Elle hocha frénétiquement la tête en signe d'approbation.
Le soleil grimpait maintenant dans le ciel alors que toutes deux quittaient le camp en prenant bien soin de ne pas être vues. À l'orée du bois, Dria se retourna tout en faisant tournoyer à nouveau son pendentif entre ses doigts. Elles avaient intérêt à être de retour avant que Lexa ne termine le conseil des généraux. Elle vit Echo qui s'éloignait rapidement et elle fit de même sans se retourner à nouveau.