Des secousses. Des cris. Des tirs. Et encore des secousses.

Le TARDIS était ballotté dans tous les sens. Rien ne se passait comme prévu. Ils n'étaient pas censés traverser l'espace-temps. Ils étaient censés aider un alien à retourner chez lui après avoir atterri par erreur dans le monde parallèle à la Terre. C'était la mission du Docteur et de Rose, aider les gens, qu'ils soient humains ou extraterrestres. Mais rien ne s'était passé comme prévu.

Le Docteur maintenait tant bien que mal le TARDIS dans la bonne direction, espérant pouvoir semer l'immense vaisseau qui le poursuivait. Les tirs que ce dernier lançait étaient puissants et réduisaient les capacités de la boîte bleue. Le Docteur n'avait pas d'autres choix que de se laisser s'écraser sur la terre ferme.

Quarante mille mètres. Quelque quarante mille mètres séparaient le TARDIS de la Terre. Le Docteur quitta son poste et jeta un coup d'œil aux voyageurs à ses côtés. Ils étaient tous allongés de peur de tomber. Il s'approcha de Rose en chancelant et lui prit la main.

— Nous allons nous écraser, dit-il d'une voix forte. Cramponnez-vous !

Vingt mille mètres. La vitesse du TARDIS égalait celle du vaisseau poursuivant. Rien ne semblait l'arrêter.

Dix mille mètres. Les tirs se font moins nombreux, mais les secousses continuent de plus belles. Les quatre voyageurs ferment les yeux, sachant que l'impact ne tarderait plus.

Cinq mille mètres. Deux mille. Mille. Huit cents.

Le Docteur sentait la surface de la planète s'approcher et pria pour que le Tardis ne se réduise pas en morceaux.

Cinq cents. Trois cents. Cent.

Rose se blottit contre le Docteur avant que l'impact ne fît vibrer le TARDIS. Et lorsque celui-ci toucha le sol, trois des quatre voyageurs furent assommés tant le choc fut brutal. Seul le Docteur, habitué à ce genre d'atterrissage catastrophique, resta éveillé. Il se détacha de Rose, reposa doucement sa tête sur la plate-forme et regarda les dégâts intérieurs. Rien ne semblait avoir été beaucoup touché, pourtant un bip sonore et désagréable retentissait depuis le tableau de commande. Le Seigneur de Temps s'en approcha, désactiva l'alarme et se rendit compte que son vaisseau était hors-service. Impossible de quitter la Terre. Impossible de repartir et de ramener les deux personnes qui n'avaient rien à faire ici. Impossible de faire quoi que ce soit.

L'alien sortit de sa boîte téléphonique et regarda le ciel. Aucune trace du vaisseau ennemi. Il repassa dans sa tête les événements qui avaient conduit à ce chaos et soupira. Et dire qu'il voulait simplement aider un alien à rentrer chez lui, à retrouver sa famille. Il n'avait même pas pu l'aider. Il l'avait trouvé, mais avait été vu par deux humains. Ces deux mêmes humains qui étaient allongés dans le TARDIS et qui n'auraient jamais dû monter à bord. Mais ils s'y étaient réfugiés quand l'ennemi avait commencé à tirer. L'alien que le Docteur devait aider était mort et il se retrouvait avec deux passagers clandestins qu'il ne connaissait pas. Enfin, plus ou moins. Il savait leur nom, leur âge, presque toute leur vie, mais jamais il n'avait pensé qu'ils étaient réels.

Sherlock Holmes et John Watson.

Ces personnages de fiction, créés il y a des décennies par Sir Arthur Conan Doyle, existaient dans le monde parallèle de la Terre. Et même si c'était dur à avaler, en y réfléchissant, le Docteur était heureux que ces deux détectives avait prit le vaisseau pour abris. Il avait besoin d'alliés pour cette nouvelle mission.

Le Seigneur du Temps entra à nouveau dans sa navette spatiale et vit que ses camarades étaient tous réveillés et reprenaient doucement leurs esprits. Mais il n'avait pas le temps de parler, pas tout de suite. Il devait d'abord savoir où ils étaient exactement.

Rose s'approcha de lui et regarda la carte de la Terre avec son mentor sur l'écran de contrôle. Trois mots étaient inscrits au-dessus d'un point rouge.

Lawrence, Kansas, États-Unis.

— Amérique, dit le Docteur. Cela faisait bien longtemps que je n'y étais pas venu.

— Où sommes-nous ?

La porte du TARDIS était grande ouverte sur un champ immense. Il s'étendait à perte de vue. Le soleil semblait être haut dans le soleil au vu des rayons qui entraient dans l'habitacle. John Watson resta un instant silencieux avant de tourner vers le Seigneur du Temps.

— Où sommes-nous ? répéta-t-il.

— Lawrence, dans le Kansas.

— Sur Terre donc ?

— Pas votre terre, Docteur Watson. Plutôt, la vraie Terre. La seule et unique Terre. La planète bleue.

John lança un coup d'œil à Sherlock Holmes et remarqua qu'il scrutait le Seigneur de Temps avec attention. Mais il semblait rien découvrir de lui et en était agacé.

— Soyez plus clair, Docteur, dit-il alors.

— La planète que nous venons de quitter, commença le propriétaire du TARDIS, est un monde parallèle à la planète Terre. C'est la planète Terre, mais pas la vraie. C'est une copie, si vous voulez.

— Ce que vous dites n'a aucun sens, rétorqua John.

Rose sourit et se dirigea vers John Watson en lui promettant de tout lui expliquer plus tard. Elle regarda ensuite le Docteur et demanda :

— Qu'attendons-nous ?

— Le TARDIS ne peut pas redécoller, répondit son coéquipier. Je dois le réparer. Ça laissera le temps aux Hommes de Lettres de nous rejoindre.

— Les Hommes de Lettres ? reprit Rose.

— Oui, ils seront là d'ici – il observa un instant sa montre – trois heures, grand maximum.

— Ce sont des ennemis ou des amis ? interrogea Sherlock Holmes.

— Ni l'un ni l'autre, mais espérons qu'ils s'allient à notre cause.