Ma toute première fanfiction écrite/publiée remise à jour par OnyxJoyce :D


Chapitre 1 : Retour aux sources

La soirée avait été longue. C'était une loi universelle. Quand on travaille dans un bar, les soirées du jeudi au samedi sont particulièrement éprouvantes. Surtout quand il s'agit du Polis, le bar du campus de l'université du sud de la Californie. Lexa y travaillait depuis presqu'un mois. Elle s'était habituée au comptoir collant et à l'odeur omniprésente de la bière se mélangeant à la transpiration et au renfermé. Elle y trouvait même un côté rassurant, familier. Depuis qu'elle avait dix-huit ans, elle avait travaillé dans différents bars : à Paris, à Barcelone, à Athènes et même à Bangkok. Mais c'était la première fois qu'elle avait un job à Los Angeles, la ville où elle avait grandi avant de partir dans un tour du monde improvisé.

C'était sur un coup de tête qu'elle avait acheté son premier billet en direction de Paris, quatre en plus tôt, à la poursuite d'un rêve, celui de passer la tête par une fenêtre et voir le monde. Elle en avait besoin corps et âme pour éliminer la colère qu'elle avait en elle, le sentiment d'injustice qu'elle ressentait et son envie de tout casser. C'est lorsqu'elle était en plein milieu d'un temple indien, alors qu'elle avait déjà conquis l'Europe et traversé le continent, qu'elle comprit qu'elle ne retrouverait jamais une véritable paix intérieure. Elle savait qu'elle avait son quota de « paisible attitude », elle s'était calmée, avait pris goût à la liberté, avait goutté à la sérénité. Aucun pays ou nouvelle destination lui permettrait d'avancer plus dans sa quête. Il était temps d'arrêter de fuir et de rentrer chez elle. Le lendemain, elle avait vendu tous ses biens les plus précieux, une mobylette rouillée, son iPod et sa veste en cuir préférée pour acheter un billet pour Los Angeles. Un mois plus tard, elle avait retrouvé sa zone de confort en vendant de l'alcool à des étudiants et en squattant le canapé d'une amie de longue date.

Lexa remonta le dernier tabouret et le retourna sur le bar. La soirée était officiellement finie pour elle. Elle se dépêcha d'enfiler sa veste en cuir noire, c'était la première chose qu'elle s'était acheté avec sa première paye, et enfila une oreillette.

— C'est à ton tour de fermer ! cria-t-elle à son collègue qui balayait la salle. On se voit demain Linc'.

Et sans attendre une réponse, elle se précipita dehors. L'air frais lui fit un bien fou. Tout son corps se réveilla. Elle lança la musique de son téléphone et commença à marcher. Elle ne savait pas si les bus tournaient encore à cette heure tardive, et en vérité, s'en moquait. Elle trouvait ses balades nocturnes d'une grande portée thérapeutique. Elles lui permettaient de faire le point sur sa journée, sur sa vie. Arrivée à l'appartement, elle se glissa en silence à l'intérieur. Il faisait complètement noir. Anya devait dormir depuis plusieurs heures déjà. Elle se faufila vers la salle de bain, chaussures à la main pour ne pas faire de bruit. Lexa ouvrit la porte d'un placard, son regard se fixa sur les trois petites boîtes orange qui la narguaient depuis la première étagère. À elles seules, ces trois boîtes lui rappelaient l'enfer qu'elle avait vécu. Elle ouvrit la première et avala une pilule blanche et rouge. Celle-ci lui permettait de réguler son taux de globules blancs. Elle continua avec un cachet bleu foncé pour son magnésium et un dernier rose pour... elle ne savait plus à quoi servait ce dernier ! Au cours de ses douze dernières années, elle avait pris tellement de médicaments différents qu'elle ne savait plus trop précisément leur rôle. La leucémie… Le cancer le plus répandu chez les enfants. Elle avait été diagnostiquée à l'âge de dix ans. Une sentence qui l'avait forcée à passer la plus grande partie de son adolescence à l'hôpital. Il aura fallu trois chimios, deux rechutes et une greffe de moelle épinière pour en venir à bout. Mais elle y était arrivée. Quelques jours après ses dix-sept ans, le médecin lui avait annoncé qu'elle avait battu cette saloperie de cancer. Elle faisait partie des chanceuses, des survivantes… beaucoup n'avait pas eu cette chance, elle ne le savait que trop bien. Cela faisait maintenant cinq ans. Elle était officiellement « cancer free ».

Lexa referma le placard et courut sous la couette. Elle lança son ordinateur, ouvrit sa page de mails, entra l'adresse de sa mère et commença à taper.

« Salut maman... »

La jeune brune fit une pause. Et comme tous les jours, effaça le début de son message. Elle resta un instant les yeux rivés sur la page blanche de son écran. Lexa savait qu'il était temps de prévenir ses parents de son retour. Cela devenait ridicule, ils avaient le droit de savoir que leur fille était rentrée au pays. Mais c'était plus fort qu'elle, elle bloquait littéralement, elle ne savait ni quoi dire, ni comment. Lexa souffla en refermant l'écran de son portable. Elle aura tout le temps de leur écrire demain. « Oui, demain » pensa-t-elle avant de s'endormir. Cela faisait un mois, qu'elle reportait à demain.

Le bar était plein. Pour un dimanche soir c'était plutôt exceptionnel. Elle n'avait pas une minute à elle depuis qu'elle avait pris son service deux heures plus tôt. La jeune barmaid était épuisée. Anya l'avait réveillée en sursaut en préparant son déjeuner, elle n'avait pas réussi à se rendormir depuis. Elle avait beau adorer Anya, il était temps qu'elle se trouve un appartement où elle aurait sa propre chambre, dormir sur le canapé dans la pièce principale ne l'aidait pas à se reposer. Lexa attrapa deux verres et les remplit de bière pression avant de les servir à deux gars assis au comptoir.

— Hé Lincoln, depuis quand les dimanches soir ne sont plus morts ?

— C'est la fin du festival de l'USC Cinéma. Ils viennent tous décompresser après quatre jours de stress.

— Et nous, on décompresse comment si on nous enlève notre dimanche ?

— On attend avec impatience le lundi soir ? rigola-t-il en récupérant la monnaie d'une jeune fille.

— On a une urgence toilettes des hommes ! lança leur manager.

— Bonne chance Lincoln, rigola-t-elle.

Le jeune homme tatoué du bas du dos jusqu'à son crâne rasé souffla un bon coup. Lincoln adorait Lexa, mais il trouvait injuste que ce soit toujours lui qui soit de corvée toilettes. Lexa sourit devant la tête que son ami tirait. Elle se tourna vers ses prochains clients, tout en essuyant le verre qu'elle avait dans la main. Deux jeunes filles étaient en pleine discussion.

— Raven n'est pas avec toi ? demanda celle aux longs cheveux bruns.

— Elle a dit qu'elle arrivait, mais tu la connais, quand elle a la tête dans ses moteurs c'est impossible de l'en tirer ! répondit la blonde.

— Jasper veut qu'on lui commande une bière.

— Je m'en occupe.

La blonde se tourna vers Lexa. La barmaid n'entendit pas ce que la jeune fille venait de lui dire. Ce n'était à cause ni de la musique trop forte, ni de son accent étranger ou du brouha de la salle. Non, pendant une seconde, Lexa s'était perdue dans les yeux bleus cette jeune fille. Il donnait l'impression d'être si confiants, obstinés. La jeune femme dégageait une puissance intérieure, même sans avoir à parler. Elle se demandait ce que cela pouvait faire de se sentir si forte. C'était un sentiment qu'elle n'avait jamais ressenti.

— Tu peux répéter s'il te plaît ? se reprit Lexa.

— On prendra deux bières, une vodka citron et trois shooters de téquila s'il te plaît.

— Rien que ça ? rigola Lexa. Je peux voir vos cartes d'identité ?

Pour la première fois, elle perçut une lueur d'hésitation dans le regard de la jeune fille. Elle disparut aussi vite qu'elle était apparue quand les deux étudiantes sortirent leurs papiers. La première s'appelait Octavia Blake, et d'après sa carte elle avait tout juste vingt-et-un ans. Lexa rigola intérieurement. C'était une bonne fausse carte d'identité, mais restait clairement fausse ! Et celle de la blonde aussi. Elle s'appelait Clarke Griffin, était censée avoir elle aussi vingt-et-un ans et venir de New York. Mais Lexa pouvait reconnaître un accent australien quand elle en croissait un. Mais qui était-elle pour leur refuser le droit de s'amuser ? Elle trouvait ridicule que dans ce pays, on puisse voter, conduire et s'inscrire à l'armée avant d'avoir le droit de boire un verre entre amis. L'Europe avait déteint sur elle plus qu'elle ne voulait l'admettre. Elle rendit les papiers aux jeunes filles et commença à préparer leur commande. Si elle avait des problèmes, elle dirait que Lincoln s'était encore fait avoir par les yeux doux d'une jeune étudiante, surtout que la brune jetait beaucoup trop de regards vers le grand mate qui venait de repasser derrière le bar.