Bonjour à tous !

Petite remise à jour de Game On grâce aux corrections de OnyxJoyce ! :D


« Trois... Deux...Un… Go ! »

Ses deux mains se refermèrent rapidement autour des petits verres remplis du liquide ambré qui accompagnait souvent ses vendredis soir. Elle porta le premier à ses lèvres et le vida d'un coup, jetant la tête en arrière. Elle n'attendit pas de sentir la brûlure familière dans sa gorge pour porter le deuxième shooter au bord de ses lèvres, et d'avaler d'une traite son contenu. Elle répéta l'opération une troisième fois, puis une quatrième, et enfin une cinquième et dernière fois, avant de lever les bras en l'air et tirer la langue.

— Fini ! cria-t-elle.

Une voix féminine lui fit écho. Le tout s'était joué à rien, le résultat était serré. Pourtant, elle avait vraiment besoin de cette victoire. Sans elle, son amie et rivale prendrait l'avantage et gagnerait leur amicale compétition. Et il était hors de question qu'elle passe le reste de l'année à appeler sa colocataire « ma déesse » … Vraiment hors de question ! Son orgueil pouvait survivre à une défaite, mais serait très difficile à supporter.

« Alors ?! » demandèrent les deux jeunes femmes en se tournant vers leur arbitre.

Anya réfléchit. Elle n'avait pas de doute sur la gagnante de cette dernière épreuve, pourtant, elle hésitait à l'avouer. Dire qu'elle avait peur de leur réaction était un euphémisme. Elle savait que l'une des deux risquait de faire exploser, littéralement, exploser son bar préféré.

— Je suis désolée de te l'annoncer, et crois-moi, j'aurais préféré que ce soit pas le cas, mais... Raven a été plus rapide Lex'.

— Yes ! s'écria la concernée. Yes, yes, yes !

— Non, c'est pas possible… T'es sûre que tu ne t'es pas trompée ? demanda Lexa sous le choc.

C'était la dernière épreuve, elle menait d'une victoire, cela aurait dû être son sacre. Comment Raven avait-elle bu la battre à un concours de rapidité ? Après tout, c'était elle l'athlète du groupe.

— Désolée cousine.

— Et merde ! lança-t-elle en détournant les yeux de son amie, qui n'arrêtait pas de jubiler en dansant sur elle-même.

— Alors, si je reprends mes comptes, Lexa, tu as battu Raven au bras de fer, au poker et tu as eu un meilleur score au Trivial ...

— Seulement parce qu'il y avait plus de questions sur le sport que sur la mécanique, protesta Raven.

— … alors que Raven a mangé plus de tacos que toi, gagné votre course de voiture débile et a la plus grande descente. On est à court d'épreuves ! Je dois vous annoncer que vous êtes officiellement ex aequo.

Raven, dont la tête commençait à tourner légèrement, attrapa le tabouret près de son amie et s'assit en passant le bras autour de son cou.

— Que veux-tu Lexi chérie, la perfection s'attire, c'est pour ça qu'on est amies.

Raven et Lexa s'étaient toutes les deux rencontrées durant leur premier jour à l'université Georgetown à Washington D.C. Leur amitié avait été rapide et explosive. Et non pas seulement parce que faire exploser des choses était l'activité favorite de Raven, mais bien parce que le duo était redoutable. Celui qui s'était occupé de la répartition des chambres sur le campus devait s'en mordre les doigts encore aujourd'hui. Six ans plus tard, Lexa avait intégré l'école des sciences politiques supérieures de Georgetown et Raven s'était spécialisée dans la géo-ingénierie. Pourtant, elles partageaient toujours leur chambre dans un des appartements du campus. Pourquoi partir et payer un loyer exorbitant alors qu'elles pouvaient partager leur chambre pendant encore deux ans ?

— Il y a bien un domaine où on ne s'est pas encore départagées, lança Lexa en portant une bière à sa bouche.

Raven se tourna vers son amie, intriguée. Elle avait beau rester calme, elle adorerait remettre mademoiselle parfaite à sa place une bonne fois pour toute.

— En plus, c'est le plus important… Lexa laissa sa phrase en suspense avec un air coquin.

— La drague ! la coupa Anya, comprenant tout de suite où sa cousine voulait en venir.

— Tu t'aventures sur un terrain glissant Lex'.

— T'as peur de perdre ?

Raven siffla son verre d'eau d'une traite avant de piquer une gorgée de la bière à son amie.

— C'est surtout que je ne vois pas dans quel monde draguer une fille, dans le seul but de gagner une compétition est judicieux. À part faire de nous des connasses…

— Pas si on annonce directement à la fille les enjeux !

— Qu'est-ce que tu as en tête au juste ? demanda Anya.

— Raven et moi, on choisit la même fille. Et on lui dit la vérité, enfin on cache pas nos intentions. La première qui couche avec gagne.

— Je savais que tu n'avais pas de cœur Lex', mais là c'est d'un tout autre niveau, s'offusqua sa cousine.

— Vraiment ? Je ne vois pas pourquoi… Je ne compte pas lui donner de faux espoirs ou de faux discours. Si elle sait dès le départ que ce n'est que pour le fun, et qu'elle décide quand même de coucher avec l'une d'entre nous, c'est elle qui aura fait ce choix. Nous, on reste clean.

— Tu t'entends parler Lexa ?!

— J'en suis ! lança Raven qui était restée silencieuse jusque-là.

— Quoi ? T'es sérieuse là Rae ?!

— Pourquoi pas ? … Lexa a raison. Si on lui ment pas, il n'y a pas de mal.

— Et vous pensez vraiment réussir à convaincre une fille de coucher avec vous juste pour remporter une stupide compétition d'égos surdimensionnés ?

— C'est en ça que réside toute la difficulté … et le talent ! conclut Lexa.

— Par contre, c'est moi qui choisis la fille, s'imposa Raven.

Lexa ouvrit la bouche pour protester, mais la referma aussitôt. Ce serait une encore plus belle victoire si elle arrivait à devancer Raven sur son propre terrain de jeu. Et puis, même si elles n'avaient pas les mêmes goûts — Raven était bien sortie avec Anya pendant presque un an, c'est dire ! ─ les femmes que Raven avait ramenées chez elles avaient toujours été particulièrement belles. Elle était sûre qu'aujourd'hui encore, elle ne dérogerait pas à la règle. Dès que Lexa lui accorda ce point, Raven se mit à scruter la foule d'étudiants qui remplissaient le bar. Elle attrapa le bras de son amie et lui pointa une direction du doigt.

— Elle ! se contenta-t-elle de dire.

La première chose que Lexa aperçut fut sa chevelure dorée qui retombait sous ses épaules en longues anglaises plus claires. Son haut noir décolleté à souhait faisait un contraste avec la blancheur porcelaine du haut de sa poitrine généreuse, au plus grand bonheur de la jeune femme. Lexa avala difficilement sa salive à la vue de cette chair exposée. Cela avait toujours était sa kryptonite… C'était fou comme une belle poitrine, une paire de seins bien formés lui faisait perdre la tête. Elle se transformait en adolescent prépubère qui voyait cette partie de l'anatomie féminine pour la première fois et qui allait éjaculer trop rapidement dans son caleçon sans aucun self-control !

Le regard de Lexa remonta avec difficulté jusqu'au trait fin de sa mâchoire, l'alignement parfait de son nez et... Lexa crut qu'elle allait exploser quand ses yeux tombèrent sur leurs homologues. Elle n'avait jamais vu un bleu si pur, si coloré, si transparent, si parfait. Raven venait de choisir l'incarnation sur Terre d'une déesse grecque.

— Clarke Griffin, rigola Anya. Tu crois vraiment réussir à coucher avec Clarke Griffin ?!

— Je pense avoir mes chances.

— Comment tu la connais An' ?

— Qui ne la connaît pas ?! Clarke Griffin… première de notre promo au cursus de base, étudiante en médecine, fille du responsable des admissions de la fac. Cette fille est une légende. En plus d'être canon, de bonne famille et bienveillante, c'est sûrement la fille la plus intelligente de toute l'université.

— Sans me compter, bien sûr ! la coupa Raven.

— Vous n'auriez pas pu choisir plus dur ou plus digne d'une comédie romantique pour ado.

Lexa observa la jeune fille en portant sa bière jusqu'à ses lèvres. Elle était tellement absorbée par sa grâce naturelle qu'elle faillit rater sa bouche. La jeune femme se leva de sa table pour aller jusqu'au bar. Lexa comprit que c'était le moment, c'était à elle de jouer. Elle finit sa bière d'une traite et alla rejoindre l'étudiante.

Raven profita de l'occasion pour aller à la table que Clarke venait de quitter et où l'amie de la jeune fille l'attendait les jambes croisées. Alors que Lexa préférait l'option directe, Raven comptait travailler en périphérie. Elle s'avança de la jeune brune qui portait une robe droite vert foncé.

— Raven Reyes, ta future meilleure amie, lança l'ingénieure en prenant place à la table.

La jeune femme parut intriguée par cette approche. Elle prit une seconde pour essayer de sonder les intentions de l'arrivante, avant de se décider à lui laisser une chance.

— Octavia… et ce rôle est déjà occupée, désolée !

— Par blondie ? continua Raven en montrant du doigt Clarke.

— Par Clarke, oui.

— Ça tombe bien parce que juste à côté, le canon de deux mètres, c'est ma meilleure amie. Lexa Woods. Tu penses qu'elle a une chance ?

— Avec Clarke ?! rigola Octavia. C'est sûr qu'elle est canon, mais honnêtement ? C'est mort d'avance.

— Pourquoi ?

— Parce que tout le monde connaît la réputation de Lexa Woods, la meilleure épéiste de l'État.

— Lexa a une réputation ? rigola Raven. Et ce n'est pas un truc qui intéresserait blondie ?

— Coucher sans lendemain ? J'en sais rien… Mais sûrement pas.

— Du coup, Anya a raison, on est dans la merde !

Octavia lui lança un regard interrogateur, ne comprenant pas où voulait en venir la jeune femme.

— Ok, vu que je n'ai pas le droit de mentir, laisse-moi t'expliquer.

Octavia dut se retenir de jeter son verre au visage de Raven. Clarke et elle adoraient se détendre ici après les cours, elle ne voulait pas risquer de ne plus être la bienvenue. Mais ce que la jeune femme venait de lui raconter la dégoûtait. Comment deux personnes pouvaient avoir si peu d'estime pour les autres ?

— Et en plus, tu viens t'en vanter ?

— M'en vanter ? Non ! Je viens juste te demander de l'aide !

Encore une fois le visage d'Octavia s'assombrit. Elle venait de tomber sur la personne la plus répugnante de la Terre ou …

— Et pourquoi je voudrais t'aider à utilisere ma meilleure amie comme un simple objet ?

— Et en quoi ce serait se servir de Clarke ?

— T'as besoin de coucher avec elle pour gagner un concours. C'est se servir d'elle, non ?

Raven ouvrit la bouche, puis la referma. Elle comprit que quelque chose n'allait pas. Elle n'avait jamais eu de problème pour parler aux filles ou mecs, surtout les canons. Pourtant, là, la communication ne passait pas dans le bon sens. Il était temps de rétablir les choses et d'user de son charme naturel.

— C'est moi qui ai choisi Clarke. Pas parce qu'elle est canon à souhait, même si c'est un plus. Mais parce que je l'ai vue sur le campus… Elle a toujours l'air si triste et seule.

— Alors tu veux en profiter ?

— Quoi ? Mais pour qui tu me prends ?! J'ai plutôt pensé que cela lui ferait du bien d'avoir de l'attention… que quelqu'un prenne soin d'elle. J'ai jamais compté la baratiner et de la sauter dans les W.C. Je me suis dit que deux personnes à ses petits soins ne lui ferait pas de mal. Puis, avoue que ça te soulagerait si tu ne l'entendais plus se plaindre pour un rien … S'envoyer en l'air, ça aide, essaya-t-elle de rigoler.

Octavia ne put s'empêcher d'éclater de rire.

— Vous êtes tordues, vous savez ?

— Tordues ? J'aime penser qu'on est des génies incompris.

La jeune étudiante décroisa ses jambes et fixa Raven dans les yeux. C'était une mauvaise idée, elle le savait. Mais Raven avait raison. Clarke n'était plus elle-même. Et même si elle avait toutes les raisons de ne pas être au top, elle avait de la peine de voir sa meilleure amie comme ça. Cela faisait un an qu'elle n'était plus que le reflet de ce qu'elle avait été. L'accident lui avait tellement enlever de choses.

— Clarke serait au courant de tout ? Pas de mensonge, de cachotterie, elle saurait dans quoi on l'embarque ?

— Yep.

— Et ton but, c'est de la satisfaire ?

— Dans tous les domaines, chuchota malicieusement Raven.

— Et pourquoi je devrais t'aider, toi ?

— Parce que je suis beaucoup plus adorable que Lexa, lança-t-elle, comme si c'était une évidence.

Octavia finit son verre d'une traite et le tapa sur la table.

— Ok, j'en suis !

L'ingénieure leva les mains en l'air en signe de victoire.

— Tu le regretteras pas ! lança-t-elle en la serrant dans ses bras. Je te paye un verre pour fêter notre nouvelle amitié ?

— Clarke s'en occupe.

Au nom de la belle blonde, Raven se rappela que Lexa avait pris de l'avance. Elle retourna son attention sur sa meilleure amie toujours au bar. Elle vit la grande brune poser la main sur l'épaule de Clarke, un sourire niais aux lèvres. Raven ne savait pas ce qu'elle venait de dire, mais cela n'avait pas l'air de lui avoir plus. Son verre à la main, elle le jeta à la figure de la brune aux yeux verts.

— Je t'avais bien dit que cela n'allait pas être simple ! rigola Octavia en voyant l'air choqué de sa nouvelle amie.

ooO * Ooo

Encore les yeux fermés, Lexa se sentait mal. Pas à cause de sa légère nausée ou de son mal de tête, non, elle avait l'habitude de la gueule de bois. Non, ce qui la blessait dans son for intérieur était la défaite cuisante, l'humiliation publique qu'elle avait subies hier soir. Elle n'avait jamais, ô grand jamais était aussi nulle ! Lexa avait toujours été douée pour parler aux filles. C'était son territoire, elle savait ce qu'elles aimaient, elle savait leur sortir de belles paroles, elle n'était jamais lourde ou trop insistante. Pourtant hier, elle n'avait jamais été aussi peu habile. Elle avait fait erreur sur erreur, s'était permise les phrases les plus clichées, s'était montrée trop incisive, ce qui finit par amener Clarke à lui jeter son verre. Lexa Woods s'était pris un verre en pleine face ! Dans quel monde avait-elle atterri ? Elle avait juste paniqué. Elle ne savait pas comment cela pouvait être possible. Pourtant, c'était bien le cas. Clarke avait tué son jeu. Elle avait été incapable de sortir une phrase logique et saine. Elle voulait mettre son échec sur le compte de ces yeux bleus perçants et cette vallée de déesse, mais c'était bien plus que ça. Clarke Griffin serait sa mort. Elle en était sûre, elle l'avait complètement bouleversée, et Lexa n'en avait pas l'habitude.

— Tu te repasses la scène de ton échec cuisant ?

Raven était encore allongée dans son lit, les yeux à peine ouverts. Elle avait senti l'anxiété de son amie à travers la pièce.

— Vas-y, moque-toi !

— Me moquer ?... Moi ? Jamais ! Bien que j'avoue que je n'aurais jamais cru voir le jour où la grande Lexa Woods se prendrait un râteau si monumental, rigola-t-elle.

— Oh la ferme ! lança la concernée, en envoyant son oreiller sur sa colocataire.

La porte de leur chambre s'ouvrit sans prévenir. Anya, les yeux à moitié figés, toujours en pyjama, entra en traînant des pieds et en grognant. Elle avança et se laissa tomber en avant sur le lit de sa cousine.

— Dites, pourquoi on s'efforce à vivre ici alors qu'on pourrait avoir notre appartement rien qu'à nous, avec chacune sa chambre ?

— Parce qu'on n'a pas les moyens ? Et que vivre sur le campus, c'est génial ! ironisa Raven.

— Luna fait encore des siennes ?

— Son mec du moment a dormi là. Je suis rentrée assez tard pour ne rien gêner, mais disons… qu'il est enthousiasme et ce matin ça les dérangeait pas que je dorme juste à côté. J'ai préféré m'en aller avant que ça devienne vraiment trop pour moi.

— Ça irait mieux avec des gaufres ?

— Heu... ça dépend, c'est toi qui les fais ou je dois aller en acheter ?

— Je vois même pas pourquoi tu poses la question ! Je t'ai déjà laisser faire le petit dej' ?

— Je savais bien qu'il y avait une raison pour que je te garde sous le coude !

— Rae, ça te tente des gaufres ?

Elles n'eurent pas de réponse.

Les deux cousines tournèrent la tête vers leur amie. Raven n'avait jamais refusé de gaufres. Elles la trouvèrent les yeux rivés sur son téléphone, un sourire au coin des lèvres.

— À qui tu envoies des sms à dix heures, un lendemain de soirée ?

La jeune ingénieure releva la tête, un rictus d'incompréhension sur son visage.

— De quoi ?

— Qui te fait sourire bêtement ? demanda Lexa.

— Oh, personne...

— Raven Reyes, tu crois vraiment qu'on ne sait pas quand tu mens ?

Raven remonta sa couverture sur le haut de sa tête en grognant. La jeune femme était divisée entre l'envie de parader devant Lexa ou de garder ce sentiment de réussite pour elle et prendre de l'avance discrètement dans la compétition. Raven étant Raven, son égo gagna sur la logique. D'un mouvement rapide, elle se dégagea de sous la couette et sortit la tête, un grand sourire aux lèvres.

— Clarke, se contenta-t-elle de répondre, confiante.

Les yeux de la sportive s'ouvrirent en grand devant la confession de son amie. Comment Raven avait pu avoir le numéro de Clarke si facilement ?! Comment avait-elle pu réussir à créer une connexion si rapidement alors qu'elle, avait échoué si minablement ?

— Si tu avais passé plus de temps à lui parler plutôt qu'à sortir tes phrases bidons, tu en serais au même point, répondit Raven à la question silencieuse de sa colocataire.

— Tu sauras que je ne dis jamais de phrases débiles, toutes mes paroles sont réfléchies.

— Vraiment ? Alors tu arrives vraiment à « pécho » avec un « Est-ce que tu crois au coup de foudre au premier regard ou est-ce que je dois repasser ? » ou encore « Il fait chaud ici ou c'est juste toi ? » … Non parce que si c'est le cas, t'as raison, t'es douée !

Le deuxième oreiller de Lexa vola à travers la chambre. Raven l'esquiva en rigolant. Sa conversation avec Clarke hier soir avait été une mine d'or pour faire chanter sa meilleure amie pendant un bon bout de temps.

— Ok, j'avoue que j'ai un peu déconné hier soir. Je ne sais pas ce qui m'a pris.

— Je suis sûre que son décolleté n'y était pour rien !

— Même pas ! s'exclama Lexa. Je suis habituée aux décolletés prononcés, même quand la poitrine est particulièrement magnifique comme celle de Clarke. Je crois que c'était juste pas mon soir.

— Oh !... Une Lexa amoureuse en approche.

— Oh, la ferme An', tu sais que je ne cherche pas à être en couple.

— Crois-moi, je le sais. Aucune de vous deux n'est assez finie pour être en couple.

— Eh, je te rappelle qu'on est sorties ensemble presque un an, se justifia Raven.

— Et rappelle moi pourquoi on s'est séparées ?

C'était un coup bas… Parce que Raven savait pertinemment que tout était de sa faute. Elle n'était pas prête pour une relation exclusive, officielle et absolue. Elle avait beau adorer passer du temps avec Anya, tenir à elle plus qu'à n'importe qui, elle refusait d'être dans une relation non libre. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, être avec Anya en soit lui suffisait, mais cela voulait dire franchir une nouvelle étape dans sa vie, et elle n'en était pas prête. Au bout d'un an, Anya s'était lassée, surtout qu'elle, ne voyait personne d'autre. Cela avait été difficile au début d'être aussi près l'une de l'autre. Mais au bout d'un certain temps, elles avaient toutes les deux réalisé que leur amitié comptait beaucoup plus que tout le reste. Et peu à peu, le quotidien avait repris son cours normalement. Celui qui a dit qu'il était impossible d'être ami avec son ex n'avait certainement pas rencontrer Anya et Raven.

— D'accord... D'accord. Je suis quand même plus en avance que Lexa.

— On n'avait pas parlé de gaufres ?

Lexa essaya de changer le sujet. Un grognement se fit entendre dans la chambre, l'estomac d'Anya était d'accord. Il était temps d'éponger leur consommation de la veille.

— Sans moi les filles, je suis déjà à la bourre.

— Qu'est-ce que tu vas faire un samedi matin ?

— Clarke m'attend pour que je l'aide sur un projet de prothèse, elle a besoin de conseils sur comment pourrait fonctionner des prothèses avec une transmission électro-neurologique. Et vu que je suis un génie, je lui ai proposé de l'aider avec ses prototypes si elle m'aidait à réviser m'a biochimie.

— Tu as eu un « A moins » au dernier test de biochimie ! s'offusqua Lexa.

— C'est bien ce que je dis ! Depuis quand Raven Reyes à un moins à côté de ses « A » ?

Comprenant très bien que son amie venait de se gagner des séances quotidiennes en tête-à-tête avec la jolie blonde, Lexa ragea. Elle chercha un autre oreiller à lui envoyer quand elle constata qu'elle avait déjà lancé toutes ses munitions. Elle attrapa l'une de ses vestes qui traînait sur la pile de linge au sol et la jeta sur la jeune femme, qui se précipita dans la salle de bain pour l'éviter.

En la voyant partir pour son pseudo rendez-vous de révisions, Lexa ne put s'empêcher de se sentir un poil jalouse. Ce n'était pas dans ses habitudes. Pourtant, elle ne pouvait éviter de penser que Raven aurait la chance de passer du temps avec Clarke, contrairement à elle. Elle devait se ressaisir ou Clarke Griffin serait sa perte.

Lexa n'en revenait pas. Elle en avait fait des choses folles pour séduire une femme, mais là... là c'était limite inquiétant… Espionner le rencard de sa meilleure amie derrière les étagères pleines de livres afin de la devancer était du haut niveau ! Et même si elle préfèrerait mentir plutôt que de l'avouer à quiconque, ce n'était pas que pour gagner cette stupide compétition. Même si elle espérait enlever cet air victorieux sur le visage de sa meilleure amie, il y avait plus que ça. Sa rencontre désastreuse avec la jeune femme lui avait laissée un goût amer. Elle devait faire quelque chose pour rétablir cette terrible impression d'imbécile arrogante qu'elle avait dû laisser. Raven sortit une énième blague, faisant éclater Clarke de rire. Un rire suave, une pointe aigüe et entraînante. La mélodie raisonna dans les oreilles de Lexa pendant tout le reste de l'heure. Elle mourrait d'envie de le réentendre. Au bout de presque une heure, Raven se leva pour aller aux toilettes. C'était le moment d'agir. Sans trop réfléchir, Lexa se leva d'un bond. Elle s'arrêta quelques secondes devant l'immense miroir qui trônait dans le fond de la bibliothèque pour rajuster son col. Elle portait une chemise fine noire aux coutures blanches avec un col arrondi. Elle avait relâché sa chevelure brune et bouclée. Elle était peut-être arrogante, c'était un fait, mais son physique était un atout sûr, il ne lui avait jamais fait défaut jusque-là.

— Eh, Clarke…

L'étudiante leva la tête de son livre pour voir à qui appartenait la voix qui venait de la saluer. Le cœur de Lexa rata un battement quand les yeux bleus de la jeune femme se posèrent sur elle. L'air d'ennui qui prit place très vite sur le visage de la blonde brisa la confiance de Lexa en mille morceaux.

— Lexa ?!

Elle était clairement surprise de voir la sportive, mais dans le mauvais sens du terme.

— Je voulais juste te présenter mes excuses pour hier soir, je ne sais pas ce qui m'a pris, je ne suis jamais aussi « relou », je te jure.

La mâchoire de Clarke se desserra doucement en voyant qu'elle était sincère.

— Alors tu n'essayes pas de finir la main dans mon pantalon ?

— Est-ce que j'ai des points d'honnêteté si je réponds quand même oui ?

Clarke sourit légèrement. Si elle voulait ne pas mentir, Clarke s'était sentie flattée que LA Lexa Woods essaye de la draguer. C'était avant de se rendre compte à quel point elle était lourde. Comment avait-elle fait pour avoir cette réputation de Don Juan ?

— Je dois t'avouer que j'ai été surprise par ton... manque de talent. Je m'attendais à mieux de la part de la grande Lexa Woods.

— Je plaide coupable. Mais c'est sûrement à cause de tes yeux. Ils m'ont perturbée, j'en n'avais jamais vus d'aussi perçants. Ton sourire n'a pas aidé non plus… le mélange m'a fait bafouiller.

— Ah, voilà le tant redouté commandant ! rigola Clarke. Tu arriveras plus loin avec ces flatteries que tes phrases d'accroche.

— Sérieux ? J'étais sur le point de te demander si tu n'étais pas épuisée ?

— Et pourquoi donc ?

— Parce que tu as trotté dans ma tête toute la matinée.

Et le revoilà le doux son du rire de Clarke. Lexa se sentit incroyablement fière d'avoir réussi à le faire sortir de sa cachette.

— Ou alors tu préfères que je te demande si tu n'as pas un plan sur toi ?

— J'ai peur...

— Parce que je me suis perdue dans tes yeux.

— Ok, ok... Arrête le massacre. De toute manière, ça ne marchera pas.

— Vraiment ?

— Ouep, Octavia m'a parlé de ton petit jeu... Et tu perds ton temps. T'es plus sympa que tu l'as laissé entendre hier soir, et j'arriverais sûrement à tolérer ta compagnie. Mais je ne suis pas intéressée. Et je ne serais pas l'instrument de ton pari servant à booster ton égo déjà surdimensionné.

— Ouch !... Ok, tu n'y vas pas de main morte.

— Désolée… Je sais ce que je veux.

— Tu sais que Raven joue le même jeu ? Si je te répugne tant parce que j'ose espérer réussir à te séduire, pourquoi pas Raven ?

— « Répugne » ? Je n'ai jamais dit ça. Et oui, je sais que Raven joue le même jeu. Elle non plus n'a aucune chance, mais je la trouve sympa et j'avais besoin de son aide. Ce n'est pas un rencard.

— Lexa ?! Sérieux, tu es si désespérée que tu viens squatter mon temps avec Clarke ? lança Raven de retour, en voyant son amie assise à sa place.

— Quoi ? Non, je voulais juste me faire pardonner pour mon comportement d'hier soir.

— Et ça ne pouvait pas attendre ? dit-elle en croisant les bras sur sa poitrine.

— Je savais pas comment la contacter, alors que là... je savais où elle serait. Mais j'ai fini. Elle est toute à toi.

Lexa se leva pour rendre la place à son amie. Elle se tourna vers Clarke.

— Encore désolée. On est cool, hein ?

— On est cool, répondit la jeune blonde avant de se reconcentrer sur son travail.

Lexa lâcha un grand soupir avant de s'en aller. Elle se tourna une dernière fois pour voir Clarke plongée dans son livre. Elle tapotait son stylo sur le bord du bouquin, comme marquant le rythme de son battement de cœur.

Il était près de dix-huit heures trente quand Clarke quitta enfin la bibliothèque. Elle avait beau être une élève studieuse et aimer aller en cours, elle trouvait qu'il y avait quelque chose de déprimant à passer son samedi entier à la bibliothèque de la fac. Elle s'arrêta au petit restaurant mexicain au coin de sa rue pour commander une quantité abusée de tacos, et deux milkshakes Oréo au glacier d'à côté. Les bras chargés, elle passa le seuil de son appartement pour retrouver Octavia, affalée sur le canapé, à la même place où elle l'avait laissée plus tôt ce matin.

— Journée productive à ce que je vois ? rigola-t-elle.

— J'ai jamais autant été à fond, ça se voit, non ? rigola sa coloc' en désignant son pyjama.

— Alors, quelle série n'a pas résisté à ton samedi marathon ?

— Je ne vois pas ce que tu insinues…

— Tu as tué combien de saisons aujourd'hui ?

— J'ai peut-être regardé la deuxièmement saison de Dardevil en entier...

Clarke rigola en s'affalant à côté d'elle.

Est-ce que je sens du « Jefe Tacos » par hasard ? demanda, le sourire aux lèvres, sa meilleure amie.

— Peut-être bien ! dit-elle en lui passant le sac de provisions.

— Oh, Clarke… je t'aime !

— C'est pour ça que tu m'as vendue à Raven, hein ?

Octavia fit une pause dans son exploration de la commande. Elle ne savait pas si son amie lui en voulait un peu du genre « rooh, t'abuses » ou si elle était vraiment fâchée.

— Ton rencard s'est mal passé ?

— Premièrement, ce n'était pas un rencard ! s'exclama Clarke. Et non, Raven est cool.

— Alors c'est quoi le problème ?

— Le problème, c'est que ma meilleure amie a rejoint une stupide compétition où je suis l'objet principal… Ce n'est pas très flatteur.

— J'ai juste pensé que ça ne te ferait pas de mal de t'amuser un peu. T'es tellement prise avec la fac en ce moment, puis... tu as été avec personne depuis…

— S'il te plaît, ne dis pas son nom. Je suis au courant que ça fait longtemps, mais ce n'est pas ma priorité.

Octavia croqua timidement dans son tacos, avant de poursuivre.

— Tu m'en veux vraiment ?

— Non. Bien sûr que non ! Si je dois être honnête, c'était assez drôle de voir Raven essayer à ce point et Lexa squatter notre session.

— Ah bon ?! Si Lexa semble encore plus désespérée qu'hier soir, j'ai misé sur le bon cheval en aidant Raven.

— Aucune d'elles n'a de chance… Sérieusement ! Je ne cherche pas à être avec quelqu'un, même juste pour un soir. Mais si tu veux tout savoir, Lexa a été sympa aujourd'hui. Rien à voir avec hier. Je pense qu'elle a compris qu'elle avait abusé.

— Ou ... l'étalon rentre à nouveau dans la course ! rigola la brune.

— Arrête.

— Quoi, tu vas pas nier qu'elles sont attirantes ?

Clarke laissa échapper un rire nerveux avant de boire son milkshake. Oh oui, les deux étaient très attirantes dans leur style respectif. À cette pensé, l'esprit de Clarke se retrouva à penser à cette couleur verte, presque transparente… Elle n'était pas la seule avec des yeux à couper le souffle.

— Clarke ?

— Laisse tomber et lance Jessica Jones !

— Allez, Clarke admets-le, elles sont hot !

Clarke remua la tête dans les deux sens, niant cette affirmation. Elle ne donnerait pas ce plaisir à son amie. Si elle voulait un jour qu'elle la laisse tranquille avec cette histoire, elle ne devait surtout pas céder une once de terrain.

— O', lance l'épisode !

— Je te le ferais avouer Clarke... Un jour ou l'autre.

Comment sa vie tranquille, loin des histoires de cœur et de cul, sa vie studieuse et sans drame avait-elle pris ce tournant si rapidement ? Lexa Woods et Raven Reyes venaient de tout chambouler... et secrètement, elle en était ravie.