Bonne lecture!
BLOCAGE
Je ne sais pas exactement ce qui m'a attiré chez lui en premier. Peut-être son côté mauvais garçon. Vous savez, celui qui vous dit haut et fort de ne pas vous approcher, mais où vous avez envie, sans savoir pourquoi, de faire l'inverse. Je pense que tout le monde a été attiré par quelqu'un comme lui, au moins une fois dans sa vie. C'était le fruit défendu, le pêché le plus savoureux qu'on pouvait trouver. Il était...absolument délicieux. Et j'étais Harry Potter, le célèbre briseur de règles, donc c'était évident que je n'écouterais pas les avertissements du genre 'ne t'approche pas de lui'.
Tout de même, j'essayais de le nier au départ. C'est vrai, j'étais Harry Potter. C'était Draco Malfoy. Difficile de faire plus clair. Lui et moi, on était tellement remontés l'un contre l'autre que je ne serais même pas capable de décrire notre attitude. Mais quelque part, il me trouvait attirant, lui aussi. Je ne sais pas pourquoi. Je n'arrivais pas à le percer à jour.
J'essayais de le nier. Mais comprenez bien une chose. Je ne faisais pas un blocage, contrairement à ce que me disait Hermione, qui n'arrêtait pas de me faire la morale. Non. Ce n'était pas le problème. Le fait qu'il soit un mec me dérangeait un peu, mais pas plus que ça. Maintenant, le fait qu'il soit Draco Malfoy, là, ça posait problème.
Draco Malfoy était synonyme d'ennuis et, après avoir vaincu Voldemort, je voulais me tenir aussi éloigné que possible des ennuis.
J'ai grandi en entendant des choses du style: 'Draco Malfoy est ténébreux et Harry Potter est lumineux'. Des conneries. Je me sentais plus sombre qu'il ne le serait jamais. Mais ça n'avait pas d'importance parce que j'avais cette idée dans la tête et qu'elle n'en sortirait pas.
Je savais que je ne devais pas m'approcher de lui mais je me sentais de plus en plus attiré par lui. Comme une abeille par du miel. J'étais hypnotisé. Et ce fut pourquoi je l'embrassai sur le terrain de Quidditch. Je ne pouvais tout simplement pas lui résister.
Je passai les jours suivants à me traiter de stupide à cause de ce moment de faiblesse. Je l'ignorai autant que possible, mais je pouvais voir qu'il était blessé par mon attitude et je me sentis très coupable. Et, alors que je pensais aller m'excuser auprès de lui, il demanda à Hermione si elle voulait sortir avec lui. Ca me prit par surprise. Et Ron était totalement furax. Je dis à Malfoy que je n'aimais pas ce petit jeu et il me renvoya la monnaie de ma pièce en me disant que c'était moi qui l'avait commencé. Il avait raison. J'avais commencé ce merdier et j'allais devoir assumer les conséquences de mes actes.
J'essayai d'oublier tout ça mais Ron me persuada de filer Malfoy et Hermione. Il voulait vérifier si Malfoy ne dépassait pas les bornes avec elle. Quand Ron et moi vîmes Malfoy l'embrasser, nos deux mondes s'écroulèrent. Ron avait envie de le tuer, moi de pleurer.
Quand Hermione partit, je ne pus empêcher mes pieds de se diriger vers lui. Nous discutâmes. Nos conversations avaient toujours eu un sens caché. Nous ne parlions pas beaucoup, mais le mot le plus insignifiant avait pour nous une signification lourde de sens. Alors je l'embrassai à nouveau. Je l'embrassai, en y mettant toute ma haine. Je voulais abîmer cette bouche tentatrice. Je voulais le punir de me faire le désirer autant.
Alors, il me demanda d'ouvrir la bouche et avant que je puisse réagir, il poussa sa langue à l'intérieur. J'eus le choc de ma vie. Mon excitation fut instantanée. Il semblait prendre les choses en main et je l'embrassai plus profondément. Je perdais pieds. Rapidement. Mais je sentis soudain sa main très proche d'une partie de mon corps que je ne voulais pas qu'il touche, donc je reculai. Je vis la déception se peindre sur son visage, mais je n'y pouvais rien. J'avais peur. Ce qu'il me faisait ressentir était trop fort pour que je l'accepte tout de suite. Il ne comprenait pas. Merde, moi non plus je ne comprenais pas!
"J'ai trouvé, Potter" dit-il.
J'avais tous les indices en main, mais ça n'avait pas d'importance. Je savais qu'il me désirait et je le désirais autant mais je...je n'étais pas prêt pour ça. C'était trop intense. Je lui dis que je ne le désirais pas, mais je mentais et il le savait. Alors je criai que je le détestais, ce qui n'était pas vraiment un mensonge, mais pas non plus l'entière vérité. Il m'embrassa quand même une dernière fois, mais le mal était fait. Je n'étais pas prêt pour ça et je ne savais pas si un jour je serais prêt pour quelque chose d'aussi fort. Donc je m'enfuis, comme d'habitude.
J'étais vraiment un sacré trouillard.
****
Le jour suivant, j'essayai de combattre tout ça. Encore une fois. Et pour m'aider, je demandai à Parvati si elle voulait sortir avec moi. Non, je n'étais pas du tout attiré par elle, mais c'était une fille sympa quand elle n'était pas en train de colporter des ragots sur tout le monde. Nous étions juste en train de parler quand il arriva, et il me regarda avec tellement d'insolence que je devais lui donner une bonne leçon. Donc, j'embrassai Parvati. Quand je rouvris les yeux, il avait disparu.
Je passai le reste de la journée à me demander si j'avais fait le bon choix. Un peu plus tard, Hermione me sermonna avec une vigueur incroyable. Je ne savais pas pourquoi elle était aussi bienveillante envers Draco Malfoy - sans parler qu'elle sortait avec lui! - et ça me saoûlait donc je vis Parvati pendant le reste de la semaine.
Ce fut à ce moment-là qu'il prit sa revanche. Il recommença à sortir avec Hermione, ce qui brisa non seulement mon coeur, mais aussi celui de Ron. Non. C'était pas vrai. Mon coeur n'était pas brisé. Je n'aimais pas ce péteux de blondinet. Je le désirais, et rien de plus. C'était une simple attirance physique.
Hermione était la pire, dans l'affaire. C'est vrai, à quoi elle jouait? Un jour c'était mon amie, et l'autre elle me poignardait dans le dos! Et Ron...Pauvre Ron. Enfin, à bien y réfléchir, Ron le méritait en quelque sorte, car il était tellement aveugle et trouillard. Ouais, je sais, c'est l'hôpital qui se fout de la charité... [désolée, j'adore cette expression]
Plus Malfoy semblait heureux, plus j'enrageais. Il ne pouvait pas aimer Hermione pour de vrai. C'était MOI qu'il désirait. Je savais que tout ça, c'était un jeu pour nous rendre jaloux, Ron et moi. Hermione n'aimait pas Malfoy et il ne l'aimait pas. Mais ils continuaient leur jeu malsain et j'avais des envies de meurtre.
La goutte d'eau qui fit déborder le vase fut quand je lus une lettre dans laquelle il lui déclarait son amour sans borne et où chaque ligne montrait explicitement qu'ils avaient couché ensemble. Ca me fit l'effet d'une baffe en pleine figure. C'était pas vrai. Ca ne pouvait pas être vrai. Ils ne s'aimaient pas. Hermione n'aurait jamais une chose pareille.
Je lui en parlai, très discrètement bien sûr. Car si c'était un mensonge, elle serait très énervée.
"Hermione, est-ce que toi et Malfoy..."
"Quoi?"
"Eh bien, est-ce que vous avez couché ensemble?"
Elle me regarda, pensive. "Non, Harry. Il t'a dit quelque chose?"
"Non"
J'aurais dû dire 'oui'! Il méritait une leçon. Ce jeu était allé trop loin. Mais je voulais être celui qui l'arrêterait. Je voulais être en face de lui. Je voulais lui flanquer une raclée et peut-être l'embrasser, après. Non, je ne voulais pas l'embrasser! Enfin, peut-être juste un peu.
Je ne savais également pas si je devais la croire ou non. Alors j'allai dans sa chambre. Comment j'y suis arrivé? Eh bien, j'étais Harry Potter. Je pouvais faire tout ce que je voulais.
Je le défiai. Nous nous battîmes. Je lui plaquai les mains sur le matelas, me demandant ce que j'étais en train de faire. Il était excité, et moi aussi. Et je l'embrassai encore. Et encore. Et encore. Et peu importait le nombre de fois que je l'embrassais, ça ne semblait jamais me suffire.
"Comment fais-tu pour me faire ça?" demandai-je, ébloui.
"Faire quoi?"
Le connard! Il savait quoi!
"Je ne suis pas moi-même quand je suis avec toi"
"Tu n'es pas resté assez longtemps près de moi pour en être absolument certain. Et je ne veux pas que tu sois quelq'un d'autre quand nous sommes ensemble. Je veux que tu sois toi-même"
Qu'est-ce que ça voulait dire exactement? La façon dont il avait dit ça, on aurait presque dit une déclaration...d'amour. Mais c'était pas possible. Draco Malfoy ne m'aimait pas. Et je ne l'aimais certainement pas. Draco était probablement en train de jouer avec moi. Il pensait probablement que j'étais trop naïf et innocent pour rallonger sa liste de partenaires bon marché. Enfin, c'est pas que j'en avais envie! Mais quand même...
"Je vais encore t'embrasser" me sentis-je obligé de dire.
Alors il me provoqua et je l'embrassai. Il gâcha le moment en frottant son corps contre le mien. Je détestais quand il le faisait. Pas parce que ce n'était pas agréable. En fait, c'était une sensation unique que je n'avais jamais ressentie auparavant, mais ça m'effrayait beaucoup, aussi. Je ne voulais pas avoir besoin de lui. Tout ce que j'avais toujours voulu, c'était de rester tranquille dans mon coin, avec seulement mon balai et le ciel pour toute compagnie.
Après tout ce que j'avais traversé, je voulais vivre en paix. J'aspirais à la tranquillité. Draco était tout sauf ça. Il mettait le feu en moi. Il semait la pagaille dans ma tête et dans mon coeur. Il me laissait à bout de souffle et déboussolé.
Dumbledore m'avait dit que Draco s'était porté volontaire pour m'aider. Pourtant, je n'arrivais pas vraiment à y croire. Selon moi, Draco mentait depuis le premier jour. Mais je m'en fichais. Je l'aimais bien - d'une façon bizarre, mais je l'aimais bien. Et ce fut pour ça que j'acceptai d'être son ami.
****
J'aimais bien être ami avec Draco. Il était sarcastique mais j'aimais ça en lui. Il avait l'habitude d'être comme ça. Il avait pratiquement remplacé Ron au poste de meilleur ami. Non pas que Ron n'était plus mon ami, c'était juste qu'il était occupé à sortir avec Hermione. Je ne lui en voulais pas. C'était une fille extra et ça faisait une éternité qu'ils étaient amoureux l'un de l'autre. Il était temps! J'étais content pour eux mais Ron me manquait beaucoup et Draco m'aida sur ce pont-là.
Il avait l'air un peu crispé. Il s'énervait pour des plaisanteries insignifiantes et perdait facilement son sang-froid. Comme le jour où je lui appris la feinte de Wronski. Je le taquinai juste un peu et il montra les dents. Et puis il refusa que je prenne ma douche avec lui. Il me traita d'innocent! Je ne compris pas pourquoi, au début. C'est vrai, qu'est-ce qu'il y avait de mal à se doucher ensemble? Je faisais tout le temps ça avec Ron. Puis je commençai à l'imaginer à côté de moi, partageant le même compartiment de douche, nus tous les deux. Merde! Il avait raison. J'étais vraiment naïf. Comment avais-je pu penser que se doucher avec lui serait pareil que de se doucher avec un simple ami?
Stupide, stupide Harry!
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Soudainement, Malfoy commença à m'éviter, et je ne savais pas pourquoi. Et je ne comprenais également pas pourquoi sa froideur subite me blessait tant. Je l'affrontai et ça se passa très mal. Il eut le cran de pointer sa baguette magique sur moi. Je la lui enlevai des mains et alors il me sauta à la gorge.
Et nous étions là, à nous battre, un groupe d'élèves témoins de notre rage, et ce tordu commença à frotter son corps contre le mien. Encore une fois. Il était fou! Et j'étais encore plus fou que lui car j'aimais ça.
Je fis la seule raisonnable à ce moment-là. Je m'enfuis, une fois de plus. Je n'en avais pas envie. Je l'aimais bien. Je ne voulais qu'on se batte. Pourquoi fallait-il tout le temps qu'on se batte? Je ne savais même pas pourquoi il était tant en colère contre moi.
C'était la fin de notre amitié et lorsque j'entrai dans ma chambre, j'enfouis la tête dans mon oreiller et je pleurai.
****
Je crois que ma plus grosse erreur avait été de confondre Malfoy avec Ron. Il n'était pas comme Ron. Il ne serait jamais comme lui et, pour vous dire la vérité, je ne voulais pas qu'il soit comme Ron. J'appréciais Malfoy tel qu'il était, avec ses sautes d'humeur et tout et tout. Je voulais qu'il revienne, mais je savais pas quoi faire et ça ne me disait rien d'aller lui parler. J'étais blessé.
Les cauchemars que je faisais habituellement s'étaient arrêtés depuis que Malfoy et moi étions devenus amis, mais maintenant, ils étaient de retour. Pendant au moins deux semaines, je dus supporter les souvenirs que j'avais de la mort d'Hagrid et de tous les autres qui s'étaient sacrifiés pour m'aider.
Je devais regarder la même scène qui passait en boucle dans ma tête. Hagrid bondissant devant moi; Voldemort le torturant, un sourire sadique aux lèvres; moi, lui hurlant d'arrêter et étant obligé de regarder Hagrid mourir. A la fin, j'avais été tellement furieux que mes pouvoirs magiques se décuplèrent. Le salaud ne s'était pas attendu à ça. A sa surprise et à mon grand plaisir, je l'avais tué. Plus tard, je m'étais vraiment dégoûté car j'avais aimé tuer Vodemort. J'avais aimé prendre la vie de quelqu'un. Non pas que Voldemort puisse être considéré comme un être humain, mais quand même...
Mon monde s'était écroulé ce jour-là.
****
"Harry, ça va?" me demanda Ron.
"Oui"
"C'est Malfoy, hein? Ce mec te tape sur les nerfs!"
Je le regardai, intimidé: "Bien sûr que non! Je ne pense même pas à lui!"
Ouais, bien sûr. J'étais un sacré menteur. Je ne faisais que penser à Malfoy depuis cette bagarre idiote. Pourquoi ne pouvais-je pas être plus aimable avec ce type? Il était tellement gentil avec moi. Peut-être que parfois il forçait un peu sur l'ironie, mais mes cauchemars avaient disparus quand nous traînions ensembles. Je voulais qu'il revienne, mais...
"HE, HARRY! REVEILLE-TOI!". Le hurlement de Ron interrompit mes pensées. "Tu me fais peur! Tu sembles si lointain. Si c'est Malfoy le problème, alors pourquoi ne vas-tu pas lui parler?"
"Parce que c'est un trou du cul!"
C'était un trou du cul qui se trouvait avoir un beau petit cul. Enfer et damnation! Y'aurait pas quelqu'un pour me tirer une balle et mettre un terme à ma douleur, s'il vous plaît? [j'adore ce passage!] Draco Malfoy n'était pas si beau que ça! Il avait des taches de rousseur! Je détestais ça. Non, pas vraiment...Ses taches de rousseur étaient si mignonnes. Il était si mignon. Et je voulais...
"Je crois que t'es amoureux de lui" dit Ron, ce qui me fit hoqueter.
"QUOI? Certainement pas!" Protestai-je.
Je n'étais pas amoureux de Draco Malfoy! C'était mon ennemi. Bon, un ennemi qui était devenu mon ami...Mais un ennemi quand même. Et c'était un garçon, par Merlin! J'ai toujours voulu avoir un jour une famille, me marier avec une fille charmante et vivre dans une maison avec une clôture blanche [ah ah ah!]. Hmm ...Vraiment? Ca ressemblait à un rêve de fille ...Et je n'étais pas une fille! J'étais très masculin, ne vous en faites pas pour moi!
"Tu ne m'auras pas, Harry. Toute cette haine entre toi et lui ...C'est douteux, tu dois l'admettre. Hermione et moi, on se disputait beaucoup et maintenant, regarde-nous! On s'aime à la folie"
"Toi et Hermione, c'est différent. Vous étiez amis, malgré vos disputes. Malfoy et moi ...On est juste des amis. ETAIT! On était des amis. On ne l'est même plus et ce, grâce à lui! Pourquoi faut-il qu'il soit comme ça?" dis-je, excédé. "En plus, je ne suis pas ...je ne suis pas ..."
"Quoi?"
"Je ne suis pas ..." essayai-je encore.
"GAY?" dit-il d'une voix très forte, qui fut probablement entendue par la moitié de l'école.
"Chuuuutttt!". J'avais le visage tellement cramoisi que je crus qu'il allait exploser. [LOL bis!]
"Eh bien, c'est ça? Tu n'es pas gay donc tu ne peux pas rester avec lui?" demanda Ron.
Comme j'avais envie de lui arracher la tête, particulièrement quand quelques élèves me regardèrent avec un air très bizarre. Je m'affaissai sur le canapé de la Salle Commune de Griffondor, mort de honte.
"Tu fais un blocage, Harry" fit remarquer Ron.
"Non, c'est pas vrai!"
"Oh que si, mon pote. Et je te suggère d'arrêter ça parce que si t'aimes bien Malfoy, ça ne me pose absolument aucun problème. Tout ce que je veux, c'est que tu sois heureux, Harry. Et si ton bonheur s'appelle Malfoy, alors vas-y! Tu étais heureux avec lui. Tu recommençais même à sourire quand il était dans le coin"
Il avait raison. A propos des sourires, je veux dire. Il me faisait réellement sourire. J'avais oublié à quel point c'était bon de rire et il me l'avait fait redécouvrir. Il m'avait fait rire tant de fois. Cependant, ça ne voulait pas dire que j'étais amoureux de lui, mais juste que j'appréciais sa compagnie. Je ne faisais pas un blocage. Je reconnaissais que j'étais attiré par lui. Bon, peut-être que je ne le reconnaîtrais pas à voix haute, mais le reconnaître au fond de moi était déjà un pas immense. Oui, parfaitement!
Je passai le reste de la journée sur le terrain de Quidditch, essayant de penser à ce que je pourrais lui dire pour qu'un reparte du bon pied. A ma grande surprise, je le vis s'avancer vers moi. Mon coeur s'accéléra et j'attendis qu'il soit à ma hauteur. Et alors, quand il se fut arrêté juste devant moi, je gâchai tout à cause de ma satanée fierté.
"Malfoy, qu'est-ce que tu fous ici? Je pensais avoir été très clair quand je t'ai dit d'aller au diable" dis-je.
Stupide, stupide, stupide! FERME-LA!
"Je suis désolé". Juste comme ça.
Je secouai la tête: "Ca n'a plus d'importance"
Et ça n'en avait vraiment plus. Je voulais vraiment qu'il revienne. Je veux dire, je voulais que son amitié revienne. Parce que je n'étais pas gay, vous savez. Je n'étais pas efféminé, ou quelque chose comme ça. J'étais juste un peu entiché de lui. NON! Pas entiché. C'était une attirance bizarre. Rien de plus. C'était le fruit défendu, le délicieux pêché, c'était pour ça qu'il était si diablement attirant. Je n'étais pas amoureux de LUI. Pas du tout! Ron avait tort.
"Tu sais que je te veux" dit-il, presque en bégayant.
Il bégayait. Comme c'était mignon. J'avais envie de l'embrasser, mais je fermai simplement les yeux et secouai la tête encore une fois.
"Je veux ...que tu redeviennes mon ami" dit-il.
Ouais, voilà ce que je voulais. L'amitié. La bonne vieille amitié infaillible. Pas de baisers ni de câlins. J'ouvris lentement les yeux et le regardai. Dieu, il était si beau. Qui est-ce que je bernais? J'avais totalement envie de baisers et de câlins. Je voulais tout ça.
"Je t'avais dit que je ne savais pas comment être un ami"
J'eus un faible sourire. "Ouais, je m'en souviens"
Il avait tort là-dessus. Il savait comment être un ami. Peut-être qu'il était colérique et vaniteux, mais j'aimais vraiment ça.
"Alors? Tu veux bien qu'on redevienne amis?" demanda-t-il et je remarquai qu'il paraissait anxieux.
Je hochai la tête. Tout simplement. J'aurais dû lui rendre les choses un peu plus difficiles, mais à quoi cela aurait-il servi? Depuis le début, j'avais l'intention de revenir vers lui; de le faire discuter avec moi, comme si je n'étais pas simplement Harry Potter, Celui-Qui-Avait-Vaincu-Voldemort; de le faire me regarder comme si j'étais quelqu'un d'unique et d'exceptionnel.
"Ok" dit-il, incapable de cacher sa surprise.
Silence.
"Alors, qu'est-ce que tu veux faire?"
C'était une question très intéressante. Il y avait tellement de choses que j'avais envie de faire avec lui. Comme l'embrasser. Et c'est ce que je fis. Pas sur les lèvres comme j'en rêvais, mais sur la joue, car c'était un endroit plus sûr pour ma santé mentale. Je l'étreignis de toutes mes forces, abasourdi par le fait que je n'avais pas envie de me reculer, que je voulais que nous restions ainsi pour toujours.
"C'est comme ça que les amis se réconcilient?" plaisanta-t-il.
"Oui"
Et je souris. Nous étions de nouveau amis et je ne pouvais pas être plus heureux.
****
Maintenant que nous étions à nouveau amis, nous revînmes à notre train-train habituel, sauf que cette fois je pouvais voir dans chacun de ses faits et gestes qu'il faisait de son mieux pour ne pas tout refoutre en l'air. Non pas qu'il l'avait fait avant. Je n'étais pas un mec facile à vivre. C'était mon côté sombre qui aimait le voir si soumis et docile. Il n'était pas si docile que ça, d'ailleurs. De temps en temps, il perdait son sang-froid et moi, loin d'être énervé, je trouvais ça marrant. Avec lui à mes côtés la plupart du temps, je ne ressentais plus le besoin de me cacher du monde. J'avais l'habitude de passer des heures tout seul, flânant dans les jardins de Poudlard ou volant sur mon balai avec Hedwige pour seule compagnie. Je faisais toujours ces choses, mais maintenant, il venait avec moi.
Il était tellement incroyable. J'avais toujours pensé qu'il était un enfant gâté, mais il n'était pas comme ça. Il n'aimait simplement pas montrer aux gens qu'il avait un côté plus doux. Mais avec moi, ça ne lui faisait rien de montrer son vrai visage. Il m'aida même à faire gagner quelques points à Griffondor, même si j'eus l'impression qu'il se sentit dégoûté après coup.
Je ne le retouchai pas. Non que je n'en n'avais pas envie, c'était juste que j'avais peur de le faire. J'avais peur de perdre le contrôle. Je savais qu'une caresse suffirait à m'embraser. Il le savait, lui aussi. Il savait que je le désirais, et il ne dit ou fit jamais rien.
Mais un jour, les choses changèrent.
Une nuit, une semaine avant Noël, nous perdîmes la notion du temps à travailler sur un devoir de Potions particulièrement difficile. Je levai les yeux pour le regarder et lui dire que nous le finirions demain, mais je remarquai qu'il semblait souffrir.
"Qu'est-ce qui ne va pas?" demandai-je, inquiet.
"Rien du tout" répondit-il séchement.
"Comment ça, rien du tout? Tu sembles souffrir!"
C'est alors que je me souvins du match qu'il avait disputé contre les Serdaigles et à quel point il avait été brutal.
"C'est à cause du match, n'est-ce pas?" insistai-je.
"Oui. Ce satané attrapeur était un vrai bourrin" se plaignit-il.
Un des trucs qui m'agaçait chez Malfoy, c'était sa satanée arrogance. Juste parce qu'il était un Serpentard, il pensait qu'il était supérieur à n'importe qui à Poudlard et que ça l'autorisait à faire ce qu'il voulait, y compris se comporter comme un trou du cul. Il méritait le traitement que lui avait infligé Chang, et je lui fis clairement savoir. C'était lui qui avait commencé en balançant violemment Chang hors du terrain. Il ne prit pas très bien ma remarque. En fait, il fut très en colère contre moi.
Il ne savait même pas que Chang était le frère de Cho! Ca montrait à quel point il se souciait des autres. Il était si égocentrique!
Alors nous en arrivâmes à parler de Cho. Elle avait été mon premier amour. Enfin, peut-être que je ne l'avais pas aimée tant que ça. Elle avait été plus comme un coup de coeur. Et qui pouvait m'en vouloir? Elle était belle, douce et élégante. Mais ça n'avait pas marché entre nous parce qu'elle n'avait jamais oublié Cédric.
"Tu l'aimes?" demanda-t-il d'un ton acide.
"Qu'est-ce que tu veux dire?"
"Tu le sais très bien. Tu l'aimes?"
"Tu veux dire, comme un ami ou ..."
"Comme un amoureux"
"Peut-être"
Qu'est-ce que je racontais? Cho et moi, on s'était à peine embrassés!
"Je croyais que nous étions amis. Des amis sont sensés se dire ce genre de choses"
Il marquait un point, mais c'était très bizarre de discuter d'elle avec lui.
"Tu es sorti avec elle, hein?" insista-t-il, ce qui m'ennuya profondément.
Je n'avais pas envie de lui parler d'elle. C'était privé. Alors, je décidai de lui mentir juste un peu. "Non. Après la mort de Cédric, je n'ai pas pu lui demander, tu comprends?". C'était pas vraiment un mensonge. "Elle l'aimait"
"C'est des conneries, Potter. Elle le connaissait à peine. Elle l'aimait pour son apparence et sa popularité, comme toutes les autres filles de l'école. S'il était toujours en vie, ça ferait belle lurette qu'elle l'aurait largué pour un autre mâle qui aurait croisé son chemin"
QUOI? Comment osait-il parler d'elle de cette façon? C'était une fille tellement charmante! Cho n'était pas comme les autres. Elle aimait vraiment Cédric, et je me sentis très énervé contre Malfoy pour avoir dit ces choses affreuses sur elle. C'était aussi mon amie et il devait la traiter avec un peu de respect.
"Ne dis pas ça!" hurlai-je.
"Je te dis la vérité. C'est la vie, Potter"
"Si c'était vrai, alors elle serait sortie avec moi"
Merde! Qu'est-ce que je racontais? On était sortis ensembles. Je me contredisais. Je devrais apprendre à rester calme et à ne pas dire des idioties. Il me défia. Il savait que j'étais sorti avec elle. Comment, j'en avais aucune idée. J'essayai de réparer mon erreur mais c'était trop tard. Je bégayai et il me dit que ça n'avait pas d'importance parce que c'était évident que je ne l'avais pas oubliée. C'était faux et j'étais prêt à le dire lorsque je vis son visage se tordre de douleur. Je le regardai avec inquiétude et lui demandai ce qui n'allait pas. Il sourit et secoua la tête, ce qui me rendit très confus.
Je me levai de ma chaise, m'avançai et m'arrêtai juste derrière lui. Je ne savais pas exactement ce que j'étais en train de faire, ou ce qui me forçait à faire ce que j'étais sur le point de faire. Tout ce que je savais, c'était que j'avais besoin de le toucher. J'en avais très très envie. Je lui touchai l'épaule tout doucement et mon doigt s'enflamma au contact du tissu de son vêtement. Je commençai à le masser et il gémit. Ce gémissement sourd m'obligea à me mordre la lèvre inférieure pour me retenir de faire le même bruit.
Je fis courir mes doigts le long de son cou et oh mon Dieu. C'était si bon de toucher sa peau douce. J'étais au paradis.
"C'est bon" murmura-t-il. Il renversa la tête en arrière et toucha mon ventre.
"Est-ce que ça te fait du bien?" demandai-je, les yeux fermés.
"Oh oui"
Comme je le massais, je sentis que j'étais de plus en plus excité. Inconsciemment, je me rapprochai de lui.
"S'il te plaît ..." dit-il.
"S'il te plaît quoi?"
S'il te plaît, embrasse-moi? S'il te plaît, allonge-moi sur la table et baise-moi? S'il te plaît, retourne-toi pour que je puisse le faire.
Et alors, d'une manière inattendue, il me repoussa. Pourquoi, pourquoi, pourquoi? C'était si bon.
"Quoi?" demandai-je, troublé.
"S'il te plaît, Harry, tu n'es pas aussi naïf. Personne n'est naïf à ce point" souffla-t-il.
Alors je remarquai son "état" et j'écarquillai les yeux. Oh - mon - Dieu.
"Harry ..."
"Non"
Je ne voulais pas qu'il parle; je voulais qu'il m'embrasse.
"Est-ce que je peux ..." essaya-t-il encore, ses lèvres frôlant les miennes.
"Non"
NON? Mais qu'est-ce qui n'allait pas chez moi! Oh, attendez. J'étais juste déboussolé par la chaleur qui brûlait en moi. Je ne savais pas ce que je disais. Je crois que ce que je voulais dire, c'était 'Non, ne parle pas, mais embrasse-moi, bon sang!'
"...t'embrasser?" Termina-t-il.
Je secouai la tête, ne sachant pas pourquoi, et je réussis à murmurer un faible 'oui'. Il toucha mes lèvres une fois, deux fois, puis il se recula.
"C'est tellement mal" dis-je, en fermant les yeux.
C'était tellement mal qu'il s'était reculé. Pourquoi ne m'embrassait-il plus?
"Non, ça ne l'est pas! C'est juste un baiser innocent, Potter. Appelle-ça de l'amitié si tu veux. C'est juste un bisou entre deux amis. Nous n'allons pas en faire tout un plat ! Les amis s'embrassent bien, non ? C'est ce que nous faisons. Il n'y a rien de mauvais ! Rien !". Il semblait au bord de l'hystérie.
"Ron ne m'a jamais embrassé" dis-je en ouvrant les yeux pour le regarder.
"Dieu merci. Je veux dire, je-je ..."
Je souris. Il était si mignon quand il bégayait. Et qui en faisait un drame, après tout? C'était lui qui s'était reculé, et non l'inverse. Quand est-ce que ma vie était-elle devenue aussi compliquée?
"Ecoute, oublions cela, d'accord ? Je vais m'asseoir sur ma chaise et faire comme si ça ne s'était jamais passé. Toi, tu vas t'asseoir sur la tienne et faire comme si tu n'avais pas une érection et-"
"Je-je ...Je n'ai pas ...". C'était à mon tour de bégayer. J'avais une érection, alors pourquoi essayer de le nier?
"Ecoute, Potter, je n'ai pas envie de tout casser encore une fois. Donc, faisons-"
Soudain, j'en eus marre de fuir l'inévitable. Je n'étais pas prêt à admettre ce que je ressentais pour lui parce que je ne savais pas encore ce que c'était. Mais je le désirais tellement. Une idée, une idée stupide d'ailleurs, se forma dans mon esprit. J'aurais dû me taire mais les mots sortirent de ma bouche malgré moi. Je lui fis la plus absurde des propositions. Je proposai une nouvelle règle pour notre amitié. Nous serions toujours des amis, mais nous serions des amis autorisés à s'embrasser. Comme je venais de le dire, c'était une règle stupide. Peut-être que je faisais vraiment un blocage. Cette règle n'était pas juste pour lui. Mais malgré tout, il l'accepta.
Sans perdre de temps, je l'embrassai, d'abord très lentement et doucement. Ses lèvres étaient si douces et avaient si bon goût. Ses mains glissèrent sur mon ventre et je me dégageai sur le champ. Ce n'était pas que je n'en avais pas envie, mais s'il continuait à faire ça, je perdrais le contrôle de mon corps et de ma volonté - ou ce qui en restait. Ca ne faisait pas partie de notre règle et je le lui dis. Il n'apprécia pas mais il acquiesça. Il devait avoir très envie de moi.
Je lui dis de poser ses mains sur mes épaules. Il ronchonna mais il le fit quand même. Je passai mon bras autour de sa taille fine et je recommençai à l'embrasser. Il approfondit le baiser, pour mon plus grand plaisir. Sa langue rechercha avidement la mienne et je resserrai mon étreinte. C'était vraiment un jeu dangereux ...Je sentais que je pouvais perdre le contrôle à tout moment et le prendre sur le table. Mais je ne le fis pas. Nous nous embrassâmes simplement pendant un long moment. A la fin, j'étais prêt à exploser.
Quand nous atteignîmes l'endroit où nous devions nous séparer, il me demanda si j'allais changer d'avis au sujet de la règle. Il semblait si incertain que j'eus envie de le prendre dans mes bras. Je lui affirmai que je ne changerai pas d'avis; après tout, c'était moi qui l'avais créée. Je l'embrassai encore une fois et j'allai continuer mon chemin quand il me rappela.
"Oui?" dis-je en me retournant vers lui.
"Je ...je voulais juste dire que ..."
Il ne voulait pas que je parte. Comment je le savais? Parce que je ressentais la même chose.
"Je sais". Et avant qu'il ait pu dire quelque chose, je partis. Je n'aurais pas pu rester. Sinon, j'aurais fait quelque chose d'encore plus stupide, comme l'inviter dans ma chambre.
Comment vous avez trouvé ce premier chapitre? Ca vous a un peu éclairé? A vendredi!