La pièce ressemblait à une salle d'interrogatoire, une table se trouvait en son centre, deux chaises étaient disposées de chaque côté, il y avait sur la table des verres et une carafe d'eau fraîche, des chaises étaient adossées contre les murs bruns. Le guérisseur T'Pel se trouvait sur une de ses chaises, elle se leva à leur entrée et esquissa le ta'al en direction de Spock et du docteur McCoy. Spock renvoya le geste et le docteur se contenta de s'incliner légèrement dans sa direction. Si Spock était surpris par la présence du guérisseur, il n'en montra aucun signe. Sivak désigna la seconde chaise contre le mur au docteur et Léonard alla s'asseoir dessus. Il invita ensuite Spock à prendre place d'un côté de la table tandis qu'il prenait l'autre chaise. Spock, après avoir fait un tour visuel de la salle, dirigea son attention sur l'agent de sécurité face à lui. Il croisa ses mains sur la table devant lui et attendit pour Sivak de commencer à parler.
« Si vous êtes prêt commandeur, nous pouvons commencer. » Initia Sivak. Spock hocha la tête, il ne savait toujours pas en quoi il était sensé être préparé et attendit pour Sivak d'élaborer sur la raison de sa convocation.
« J'aimerai connaître les raisons de ma présence ici. » Questionna-t-il, il fut surpris par le ton autoritaire de sa propre voix. Sivak hocha la tête et sembla prendre quelques secondes pour rassembler ses pensées avant de parler.
« Commandeur Spock, j'aimerai avant de commencer renouveler l'assurance que vous n'êtes sous le coup d'aucune accusation, cet entretien n'a pas pour but de vous accuser de quoi que ce soit, mais seulement de mettre en lumière certains faits… » Spock haussa un sourcil surpris. Il trouvait la propension de l'agent Sivak à renouveler ses assurances qu'il n'était en rien accusé de quoi ce soit inquiétante. De plus, il ignorait totalement de quels faits il était question. Il le questionna à ce sujet.
« De quels faits s'agit-il ? » Demanda-t-il. Il ne voyait vraiment pas à propos de quoi on pouvait vouloir l'interroger et malgré les assurances prononcées par Sivak, son sentiment d'anxiété ne semblait pas diminuer. Il entreprit de respirer avec calme, régulant son rythme cardiaque et son souffle, et attendit pour l'agent d'élaborer.
« Il est question des agissements d'un de vos anciens professeurs, il nous a été rapporté qu'il aurait eu un comportement… irrégulier, avec certains de ses élèves. L'enquête que nous entreprenons vise à déterminer si vous en avez été aussi la victime. » L'anxiété logée au fond de son estomac monta d'un cran alors qu'il commençait à entrevoir vers où cela se dirigeait. Il releva un très léger tremblement dans ses mains et les cacha sous la table, les posant sur ses genoux. Il éprouvait une sorte de sentiment d'urgence, c'était quelque chose qu'il n'avait que rarement ressenti, et seulement au cœur de la bataille, c'était quelque chose que son capitaine appellerait sûrement un instinct de danger. Pourtant, il n'y avait présentement aucun danger autour de lui.
« Premièrement, Commandeur Spock, est-il exacte qu'entre les années 2235 et 2240 vous avez été l'élève d'un dénommé Stislak ? » Stislak… Le nom lui arracha un léger frisson. Cela faisait des années qu'il ne l'avait pas entendu, et cela semblait si peu, il aurait préféré ne jamais avoir à le réentendre, qu'il demeure toujours dans cette petite partie de son esprit où il l'avait tenu enfermé toutes ces années… A la seule mention de Stislak, son esprit fut assaillit de souvenirs, pour le moins désagréables…
« Commandeur ? » Appela Sivak, le faisant sortir de ses pensées. Spock hocha la tête, il déglutit, il trouvait qu'il lui était difficile de parler. Les mots semblaient se bloquer au fond de sa gorge et il dut s'y reprendre à plusieurs fois avant de réussir à parler.
« Oui, c'est exacte. » Finit-il par dire. Sa voix n'avait que très légèrement tremblé, ce n'était sans doute pas perceptible pour un humain, mais ça l'était très certainement pour un Vulcain.
« Pouvez-vous nous parler de votre relation avec le professeur Stislak ? » Interrogea l'agent. Spock haussa très légèrement un sourcil. Sa relation avec Stislak ? Des souvenirs, nombreux, émergèrent à la surface de sa conscience. Des contacts non désirés, les souvenirs de la douleur dans son corps et dans son esprit, et cette présence, nauséabonde, à l'intérieur de ses pensées… Il se raidit imperceptiblement.
« Il… il était mon professeur et j'étais son élève. Je ne suis pas sûr de comprendre le sens de votre question. » Répondit-il, hésitant. Il avait l'impression que la pièce était glacée, tout son corps semblait geler.
« Stislak a-t-il déjà fait preuve de comportements déplacés ? » Interrogea Sivak. Spock se tenait raide à présent, et il devait se concentrer sur le fait de respirer. Il ferma les yeux un instant, rassemblant ses pensées, pourquoi n'arrivait-il pas à penser ? Tout était soudainement si confus dans son esprit, les souvenirs se mélangeaient et créaient des images d'une impressionnantes nettetés. Il entendit son nom, quelque part, au loin. Une partie de lui savait qu'il devait répondre, mais il ne pouvait juste pas se concentrer et il semblait incapable de parler, il secoua la tête violemment.
« Spock ? » Entendit-il appeler. « Eh, ouvrez les yeux… » Il connaissait cette voix, elle était familière, amicale. Il obéit et ouvrit les yeux sur le visage inquiet du docteur McCoy. Celui-ci se tenait à côté de lui, il semblait faire courir quelque chose sur son corps et il avait envie de reculer de la chose. Pourquoi McCoy se tenait-il si près ?
« Hey, Spock, vous êtes parmi nous ? » Demanda le docteur. Il posa une main sur son bras le faisant sauter en arrière, en une seconde il se tenait debout, la chaise renversée derrière lui, sa respiration haletante. McCoy se tenait devant lui, à une distance prudente, les deux mains levées devant lui et une expression de choc inscrite sur son visage.
« Spock, tout va bien, je suis désolé de vous avoir touché, je ne le referai plus, je promets. » Il entendit quelque chose, une sorte de grondement, qui fit reculer le docteur McCoy en arrière. Il se rendit compte après coup que le bruit était venu de lui et parut surpris de son acte, il n'avait pas voulu grogner ainsi sur le bon docteur.
« Commandeur Spock, je vous en prie, rasseyez-vous. » Vint une autre voix, il n'arrivait pas à savoir à qui elle appartenait, il avait l'impression d'entendre des voix, qui parlaient à l'intérieur de son esprit, passant par dessus le flot de ses pensées, il y en avait tellement. Il les reconnaissait, certaines, elles appartenaient à Stislak. Il… il avait besoin de sortir d'ici, il fallait qu'il sorte, il ne pouvait pas rester ici. Il regarda la pièce autour de lui, il ne reconnaissait pas les murs, où était-il ? Il n'avait pas besoin de savoir où il était, simplement de sortir. Il devait juste trouver la porte. Il la vit et se dirigea vers cette dernière. On continuait d'appeler son nom mais il ne s'arrêta pas. Il sentit soudain une main sur son épaule et il sauta loin, il ne pouvait pas, il ne voulait pas être touché. En reculant il heurta le mur avec force, le choc provoquant un bruit sourd. Il se retrouva acculé. Il se retourna, poussant un grondement agressif pour faire fuir quiconque essayait de l'approcher. Il vit sans le voir, le bon docteur, qui avait toujours les mains levées devant lui et qui essayait de prononcer des paroles apaisantes, mais il l'entendait à peine, par dessus le brouhaha de ses pensées confuses. Il essaya de se concentrer sur lui, mais il n'arrivait pas penser. Il le vit avancer et il voulut reculer, mais son dos frappa à nouveau le mur, il se glissa sur le côté, se recroquevillant sur lui-même, il prit sa tête entre ses mains, des grondements sourds s'échappant de lui.
« Spock ! » Entendit-il crier. Il chercha à se redresser, il vit trois formes dressées devant lui et il recula, cherchant à s'éloigner d'elles. Il se retrouva pris au piège, coincé entre deux murs, il ne pouvait aller nulle part, les formes lui bloquaient le passage. Soudain, un éclair de lumière jaillit dans la pièce, de la porte maintenant ouverte, et deux nouvelles formes vinrent se joindre au trio déjà présent. Il grogna de nouveau, cherchant à les impressionner pour les faire reculer, mais cela ne sembla pas fonctionner, comme ils continuaient de s'approcher, appelant son nom. La porte était toujours entrouverte, et la lumière filtrant à travers celle-ci semblait l'appeler comme une échappatoire providentielle. Il se rua en avant, trébuchant dans la première forme face à lui, celle-ci céda sous son poids et fut repoussée en arrière. Il courut jusqu'à la porte, mais deux formes se jetèrent sur lui, cherchant à lui bloquer le passage. Il se débattit, luttant contre les mains qui cherchaient à l'attraper. Il ne pouvait pas, il ne voulait pas être touché. Il entendait vaguement des voix appeler son nom, mais il était incapable de se concentrer dessus. Il sentit quelque chose le frôler et il retint un cri qui voulait sortir de sa gorge et sauta sur le côté. Quelque chose atteint son cou, puis une vive douleur irradia dans toute son épaule et il s'effondra.
En l'espace d'un instant, les ténèbres entiers s'ouvrirent devant lui, et il fut plongé dans la nuit. Une vague puissante de souvenirs balayait son esprit. Il avait la sensation de se noyer, il était complètement submergé. Ensuite, pendant ce qui lui semblait un long moment il ne sentit plus rien, jusqu'à qu'il sente quelque chose toucher son esprit, une présence inconnue, s'arrêtant à la surface à de ses pensées. Il essaya de lutter contre l'intrusion, puis progressivement s'arrêta quand il vit que la présence n'avançait pas plus, comme si elle se contentait de regarder son esprit depuis un point de vue extérieur, il ne comprenait pas. Stislak ne s'était jamais gêné pour pénétrer de force dans ses pensées. Mais, la présence ne ressemblait pas à l'esprit de Stislak. C'était autre chose. La présence resta un moment à la surface, puis poussa doucement, comme si elle lui demandait l'autorisation d'entrée, il haussa ses boucliers, tentant de la repousser, elle recula, mais resta là, à la frontière de son esprit. Bientôt, dans le chaos des voix qui hurlaient dans ses pensées, il lui sembla discerner un son, qui se démarquait. Cette voix appelait son nom. Il essaya de se concentrer dessus. Elle se présenta comme étant le guérisseur T'Pel et lui demanda de la laisser entrer. Spock savait, quelque part, au fond de sa conscience, que T'Pel n'était là, ne voulait seulement que l'aider. Il savait intérieurement que ce qu'avait fait Stislak à son esprit, nécessitait sans doute certains soins que seul un guérisseur pourrait lui apporter. Néanmoins, il était trop débordé, submergé par ses émotions très humaines, et il avait honte, non seulement des sentiments violents qui l'habitaient mais aussi de la mémoire horrible qui avait refait surface à l'avant de son esprit. Il savait, intellectuellement, qu'il ne devrait pas avoir honte de ce que lui avait fait subir Stislak, que ce sentiment n'appartenait pas à lui, mais malgré cette connaissance, la honte demeurait là, brûlant à travers son corps et son esprit. Après un long moment, la présence finit par se retirer, et il demeura seul.
En revenant à lui, il avait l'impression de franchir un épais brouillard, ce n'était pas la première fois qu'il subissait les effets d'une prise vulcaine, néanmoins la sensation était toujours aussi désagréable, que ce soit au moment de l'acte, comme au réveil. Ses yeux papillonnèrent, avant de se fixer sur le plafond au-dessus de lui. Un éclair de panique, comme un fantôme de la crise intense qu'il avait semblé traverser plus tôt, le frappa, alors qu'il ne reconnaissait pas les murs de la pièce.
« Hey Spock ! » Appela une voix sur son côté. Il tourna la tête, et ses yeux tombèrent sur les visages reconnaissables du Capitaine et du Docteur McCoy. La tension dans sa poitrine se dissipa très légèrement, jusqu'à qu'il se souvienne de la scène qu'il avait fait plus tôt, mais avant qu'il ne puisse être pris d'un nouvel élan de panique, le Capitaine lui sourit et approcha sa chaise de lui.
« Vous êtes réveillé ! » S'écria-t-il, le docteur McCoy commençant à s'agiter à côté de lui. Puis, comme s'il semblait se souvenir des derniers évènements, son sourire mourut, et il redevint sérieux.
« Puis-je ? » Dit-il en désignant le rebord du lit. Spock hocha prudemment de la tête. Il se rappelait sa panique plus tôt quand le docteur avait essayé de le toucher, mais maintenant, il aspirait à la proximité avec Jim, le réconfort physique était sûrement quelque chose d'illogique, reste qu'il y aspirait tout de même. Le Capitaine se leva et marcha jusqu'au lit pour s'asseoir sur le bord. Le docteur avait remué de sa position et avait maintenant les yeux ouverts, observant le paysage de la chambre, avant de se concentrer sur l'occupant dans le lit. Il bougea, attrapant sa sacoche médicale et en tira un tricordeur, puis il se leva et marcha jusqu'au lit, il regarda un instant Spock, avant que celui-ci ne lui fasse un léger signe de tête, l'autorisant à procéder et il commença à l'examiner.
« Comment vous sentez-vous ? » Interrogea Kirk. Spock baissa la tête, mal à l'aise, il ne se sentait pas capable de parler ouvertement de ce qu'il ressentait, mais cependant, il savait qu'il leur devait certaines réponses. Des réponses et des excuses. Il commença par ces dernières, relevant son regard vers Kirk.
« Je tenais à présenter des excuses pour mon comportement… » Dit-il gravement. McCoy poussa un étrange grognement et Kirk lui sourit, mais son sourire n'atteignit pas ses yeux et ceux-ci semblaient remplis d'une profonde tristesse. Il n'était pas assez stupide pour en ignorer la cause.
« Vous n'avez pas à vous excuser Spock… » Répondit-il. « De ce que Sivak nous a expliqué, votre réponse était une réaction normale… Apparemment Stislak aurait conditionné ses victimes pour les empêcher de communiquer sur ses actions… » Il y avait de la colère dans sa voix alors qu'il parlait de Stislak. Entendre son nom prononcé, arracha aussi un frisson à Spock qui baissa honteusement la tête, ce qui provoqua un froncement de sourcils inquiet chez le docteur qui sembla mettre encore plus d'application, si cela était possible, dans son examen. Le vulcain hocha la tête, il comprenait mieux certains éléments à présent, qui avant lui avaient paru pour le moins confus. Il comprenait son incapacité à parler quand il avait été question de lui, il se rappelait aussi enfant de ses tours de langage pour pouvoir expliquer à ses parents qu'il ne voulait plus que Stislak soit son professeur. Il comprenait aussi, en partie, pourquoi on lui avait caché le motif de la rencontre. Il n'arrivait pas enlever de ses pensées l'idée que si il l'avait su à l'avance, il aurait pu mieux s'y préparer. Néanmoins, au vu de la réaction violente que la rencontre avait éveillée en lui, il n'était sûr de rien. Enfin, il comprenait la présence du guérisseur T'Pel et l'insistance du docteur McCoy pour participer à la rencontre. Et il en déduisait aussi que Léonard avait du disposer de certaines informations, qu'il n'avait pas même partagé au capitaine, si les questions curieuses de Jim plus tôt étaient une indication. Il se demandait qui l'avait averti… Connaissant les vulcains et leur façon secrète, il doutait que ce soit Sivak… Il lui vint en mémoire que Sarek avait été là du début jusqu'à la fin et semblait avoir été informé avant la rencontre de ce dont Stislak était accusé, avait-il organisé la venue du docteur ? Il ignorait même que Sarek connaissait leur relation amicale…
« Sivak a dit que le guérisseur T'Pel pouvait aider à lever le verrou mental, ou quelque soit le nom de ce que Stislak vous a fait… Mais il a besoin que vous lui accordiez l'autorisation de pénétrer dans votre esprit, il a essayé plus tôt mais il a dit que vous ne lui aviez pas laissé accéder… » Expliqua Jim. A nouveau Spock baissa la tête dans la honte. Il ne savait pas comment leur expliquer, son incapacité à laisser un étranger voir ses pensées et ses souvenirs les plus honteux, à partager avec un autre vulcain les émotions qu'il ressentait. Il ne se sentait pas capable d'éprouver le jugement d'un de ses pairs, il pensait pouvoir supporter celui de ses amis, mais pas d'un autre vulcain…
« Rien ne presse cependant… » Rajouta Jim en levant une main, semblant lire à travers ses pensées troublées. Il reposa sa main près de lui, sans le toucher cependant, et Spock ressentait le besoin illogique de tendre vers lui. Le besoin illogique d'être touché, de sentir le contact et l'esprit de Jim. Il étendit son bras, de sorte à que sa peau entre en contact avec celle de Jim. Immédiatement, il fut assaillit par des émotions qu'il savait, n'étaient pas les siennes. Il ressentait de la colère, de la peur, mais aussi de la protection et du réconfort. Il savait que la colère de Jim n'étaient pas dirigée contre lui. Jim était en colère pour lui. Jim se sentait protecteur envers lui. Il ferma les yeux, laissant les sentiments de chaleur et de réconfort de Jim pénétrer en lui, et laver son esprit de toutes les émotions que Stislak avait pu faire naître chez lui. La peur, la douleur et la honte reculèrent un peu.
« Vos lecture sont partout… T'Pel a dit que c'était normal, après le choc que vous avez vécu, elle a dit que la plus part des autres vulcains avaient aussi eu des lectures anormales comme ça… mais je n'aime pas ça tout de même… Spock, je sais que vous n'aimez vraiment pas parler des sentiments et tout ça, mais il va falloir vraiment qu'on parle… Vous comprenez ? » Vint la voix, inhabituellement douce, du docteur McCoy. Spock regarda les fils qui dépassaient de sa couverture puis hocha la tête. Il avait l'impression d'agir comme un enfant. Il n'était plus un enfant, il était un vulcain adulte, il était fort, il ne pouvait plus laisser Stislak l'atteindre de cette façon. Mais, pourtant, malgré cette connaissance, malgré la confiance dont il était capable de faire preuve, malgré toute la force, physique et mentale dont il disposait, il ne se sentait toujours pas capable d'en parler… Et si ce que le Capitaine disait était vrai, il n'en serait pas capable tant qu'il n'aurait pas laissé T'Pel accéder à son esprit. Il était donc coincé. Il soupira très légèrement. Il sentit la main de Jim bouger contre lui puis se poser sur son bras.
« Hey, ne vous fermez pas, je sais combien tout cela peut être difficile, je… » Jim hésita. « Je ne sais pas exactement ce que ce bâtard vous a fait, mais croyez-moi, quoiqu'il se soit passé, ce n'était pas de votre faute et croyez moi, je comprends ce que vous ressentez… je ne peux pas tout comprendre, bien sûre, je sais que parler de sentiments, et toutes ces choses là, sont très difficiles pour vous, à cause de votre culture… Mais je… » Il soupira et se passa une main sur le visage, Léonard le regardait avec une certaine inquiétude maintenant. « J'ai vécu cette merde aussi, d'accord ? Je… quand j'étais gamin, ma mère, elle m'a laissée avec ce type, Frank, et c'était un véritable trou du cul… il… il m'a fait des choses, plus que juste me frapper… et je sais ce que ça fait, je sais pas les dommages que ça peut faire à un vulcain, mais je peux le comprendre Spock… Et vraiment, si vous n'avez pas envie d'en parler, je comprends très bien, et je resterai là, et si un jour vous voulez en parler, je serais là aussi… » Termina-t-il, la voix forte remplie de promesses et de déterminations. Spock ne savait, qui, de Jim ou de lui, s'était mis à serrer la main de l'autre, mais ils se tenaient ensembles à présent. Unis par une même douleur, et un même besoin.
« Merci, Jim. » Répondit-il après un moment, le bord de l'émotion légèrement perceptible dans sa voix. Sa gorge était trop serrée, et les mots trop difficiles encore, pour qu'il puisse dire plus, mais, il était reconnaissant, reconnaissant que Jim et Léonard soient ici, reconnaissant de pouvoir compter les deux hommes parmi ses amis. Il pouvait sentir le réconfort et la chaleur à travers le contact avec Jim, et il savait, même sans le toucher, que le bon docteur éprouvait la même amitié pour lui et même s'il n'avait pas besoin de le dire, il savait qu'il serait là pour lui comme Jim l'était.
Depuis le couloir et à travers la porte ouverte, Sarek avait entendu leur discussion. Et il était heureux, autant qu'un vulcain puisse l'être, sans doute même plus, que son fils ait trouvé de si bons amis pour veiller sur lui. Il savait qu'il y avait encore beaucoup de travail, pour que Spock puisse aller mieux, et il lui devait avant tout des excuses, mais il savait, qu'avec des personnes comme le Capitaine Kirk et le Docteur McCoy de son côté, ça ne pourrait qu'aller mieux. Il continua d'écouter pendant encore une petite minute, se tenant à l'écart, avant de s'avancer finalement dans la pièce. A son entrée il vit Spock s'éloigner dans le lit et se raidir et il regretta immédiatement les dizaines d'années qu'il avait passé à insuffler de la peur chez son enfant.
« Spock. » Dit-il en s'avançant. Le Capitaine se leva de là où il était assis sur le lit et se décala sur le côté, pour lui permettre de s'approcher de son fils. Il remarqua cependant qu'il restait proche de lui, comme s'il constituait une sorte de défense, entre Spock et le reste du monde, entre Spock et lui… Il ne pouvait pas dire qu'il ne l'avait pas mérité… Cela étant, même s'il essayait de le protéger de lui, le sentiment de protection pour son fils qui irradiait du corps du Capitaine réchauffa quelque chose dans son côté.
« Ambassadeur. » Le salua le jeune Capitaine Kirk.
« J'aimerai m'entretenir seul à seul avec mon fils un instant. » Demanda-t-il. Il vit Kirk et le docteur McCoy prendre un regard sur Spock qui hocha de la tête dans un mouvement à peine perceptible, puis les deux s'écartèrent.
« Nous serons juste à côté si vous avez besoin de nous… » Promit Kirk. Puis ils sortirent de la pièce, les laissant seuls. Sarek regarda à la chambre, c'était celle qu'il avait fait pour son fils, même s'il n'avait jamais vécu dans cette maison… Il tourna son regard vers Spock, le jeune vulcain avait éloigné son regard, regardant fixement le bout de la couverture. Il n'avait jamais été très bon pour comprendre son fils, mais il savait lire la honte quand il la voyait. Et cela lui fit mal, plus qu'il ne s'y était attendu. Il s'assit sur une des chaises qui avaient été précédemment occupées par le capitaine et le docteur.
« Je vous dois des excuses… » Commença-t-il, il parlait avec plus de douceur qu'il n'en avait jamais fait preuve et il regrettait vraiment que ce soit de telles circonstances qui l'aient amenées à traité son fils de la façon dont il aurait toujours du être… Il continua : « Je vous ai manqué… Je ne vous ai pas soigné comme il l'aurait fallu lorsque vous étiez enfant, j'ai manqué à mes devoirs de parent, et j'en suis profondément désolé. » Il prit une profonde inspiration. « Je sais que mon comportement vous a nui, et je m'en excuse. Je ne vous demande pas de me pardonner, mais j'espère que dans l'avenir, vous en serez capable. » Termina-t-il. Spock avait maintenant tourné son regard vers lui, ses deux sourcils s'étaient élevés sur son front, dans une expression de surprise. Il ne s'était pas attendu à une telle démonstration émotionnelle de la part de Sarek. Il s'était encore moins attendu à ses excuses… Il baissa légèrement la tête.
« J'accepte vos excuses. » Dit-il, tout n'était peut-être pas encore parfait entre eux, et tout était loin d'aller bien, mais Sarek lui avait tendu une main providentielle et Spock l'avait prise. Il ne pouvait pas dire qu'il le pardonnait, quand il repensait à Stislak et à comment son père l'avait poussé, sans le savoir, entre ses griffes, à comment ses deux parents avaient ignorés les signes de son mal être, les prenant pour des marques de sa jeunesse et de son double héritage, quand il repensait à tout cela, il éprouvait une certaine forme de reproche et aussi, bien qu'il ne l'avouerai pas même à lui-même, de la colère. Mais, Sarek avait fait plus qu'un pas vers lui, et il était capable de faire aussi ce pas là, dans sa direction, pour tacher de reconstruire leur relation.