Les personnages ne sont pas de moi mais appartiennent à Tadatoshi Fujimaki. Cette histoire n'a aucun but lucratif, je l'écris dans le seul but de la partager avec le plus grand nombre. Bonne lecture à tous ^^
Je marchais dans la foule d'élèves qui s'amassait devant les portes principales du lycée Kaijô, l'établissement dans lequel j'étudiais moi-même. Tous les ans et dès les premiers jours, les étudiants se réunissaient pour choisir les clubs dans lesquels ils s'investiraient toute l'année durant. Bien sûr, cela ne me concernait pas vraiment. En effet, étant désormais en première, j'avais choisi mon activité l'an dernier. Et je n'avais aucune envie d'en changer, bien au contraire.
En fait, si je déambulais dans cette foule compacte c'était plutôt pour recruter de nouveaux membres qui participeraient aux matchs de basket en notre compagnie, dans le but de devenir l'une des meilleures équipes de notre pays. Ce qui n'était pas une mince affaire, même si l'on se trouvait dans un sport où les gens s'intéressaient davantage aux compétitions masculines.
Je secouai la tête, ce n'était pas vraiment le moment de rêvasser, j'avais du pain sur la planche. En effet, notre équipe était en reconstruction depuis notre défaite en demi-finale de la coupe d'hiver, l'un des tournois nationaux inter-lycées.
J'eus un soupir en me remémorant cette rencontre qui s'était achevée par notre humiliation publique. Non pas au niveau du score final, puisque nous ne comptions qu'une dizaine de points de retard, mais plutôt d'un point de vue comportement. En effet, notre coach, qui m'était par ailleurs profondément antipathique, avait décidé de ne pas me faire jouer de tout le match et...il avait fait de même avec les trois autres filles qui recherchaient actuellement de nouveaux joueurs en ma compagnie. Alors que nos compétences, de loin très différentes à celles des joueuses qui avaient foulé le parquet durant la totalité du match, auraient peut-être pu nous permettre de rattraper notre retard. Du moins, cela aurait valu la peine d'essayer.
D'un autre côté, on aurait pu prévoir cet événement puisque nous ne nous étions jamais entendues avec le reste de l'équipe. Arriver aussi loin dans la compétition était finalement un véritable miracle. Et ce, même si la place n'avait pas su effacer l'amertume de la défaite.
Je jetai un coup d'œil vers le ciel, les mains derrière la tête. Nos coéquipières n'avaient pas semblé se formaliser de la tournure des événements, se moquant éperdument de la frustration de celles qui étaient restées sur le banc de touche, regardant perdre le reste de leur équipe.
Honnêtement, en cet instant, alors que j'avais pratiqué ce sport toute mon enfance, j'avais pensé arrêter. Mais je ne l'avais pas fait et ce pour une seule raison : je n'étais pas la seule à avoir ressenti cette déception et ce mécontentement ce jour-là. Non...nous étions quatre.
La première, Marina McDraven, était ma sœur jumelle. Elle portait de courts cheveux châtains, emblème de notre famille anglo-française expatriée au japon, et des yeux bleus. Cela contrastant avec ma coiffure m'arrivant aux épaules, à l'exception d'une mèche sur le côté gauche qui descendait un peu plus bas, et de mes pupilles marrons. C'était là, les choses qui nous différenciaient avec la poitrine, qui était quasi-inexistante chez moi et un peu plus développée chez elle, et la taille, puisque mon mètre soixante-quinze était dépassé par quatre bons centimètres.
La seconde, Mayu Minami, était une jeune fille au visage avenant avec laquelle je partageais ma classe cette année encore. Ses cheveux, d'un noir d'encre, comme chez la plupart des japonaises, mettaient en valeur son visage pâle marqué de deux yeux marrons. Elle plaisait beaucoup aux garçons, bien que son gabarit ait tendance à les intimider un peu. En effet, il est souvent difficile pour les jeunes gens d'aborder une lycéenne aussi musclée, mesurant un peu moins d'un mètre quatre-vingt-cinq.
Et enfin, la dernière, Maud McDraven. D'un an notre aînée, elle était une grande championne de karaté et d'aïkido, sports qu'elle avait soudainement arrêtés, alors qu'elle était au sommet de la réussite. Elle n'avait, d'ailleurs, jamais voulu donner de raison à ce choix inattendu. Le fait est qu'elle était venue nous rejoindre sur le parquet. On la remarquait d'ailleurs aisément avec ses cheveux étonnamment longs et ses pupilles dorées. Même si le plus apparent chez elle restait sa taille. Car, bien qu'étant la plus âgée d'entre nous elle était de loin la plus petite, ne dépassant pas le mètre soixante-neuf.
Dans un sens, c'était un peu grâce à elle que nous en étions là, car la création de l'équipe était son idée. Et ce, bien que le fait que l'oncle de Mayu soit le directeur adjoint de l'établissement était véritablement ce qui nous avait permis de mettre notre projet à exécution. En effet, dans le cas contraire, le principal n'aurait jamais accepté une équipe censée venir concurrencer un autre club du lycée. On ne s'en était donc pas si mal sorties sur ce coup-là car c'était ainsi que l'on avait pu mettre en place notre groupe baptisé, avec beaucoup d'imagination : Kaijô Rebirth.
Enfin, techniquement parlant, on n'était pas vraiment une équipe. Et pour cause : le basket se jouait à cinq or...il nous manquait une personne, voire même plus si nous voulions des remplaçantes. D'ailleurs, le directeur nous laissait jusqu'à dix-huit heures ce soir pour trouver d'autres joueuses ainsi qu'un coach, sans quoi il annulerait notre "accord". Nous n'avions donc pas le choix.
- Trouver des basketteuses passe encore, marmonnais-je pour moi-même. Mais un entraîneur...
J'eus un soupir, il valait mieux que la connaissance dont Maud nous avait parlé accepte de nous aider, sans quoi nous aurions un problème. Il ne me restait plus qu'à croiser les doigts.
Perdue dans mes pensées je ne vis pas la personne qui arrivait dans ma direction, la percutant de plein fouet. Cela eut pour effet de m'envoyer contre le sol avec violence. J'eus une grimace. Ça faisait mal.
Je levais donc la tête en direction de mon "agresseur", m'apercevant qu'il s'agissait d'une fille. Enfin, si l'on pouvait appeler ainsi une lycéenne coiffée à la garçonne dont la taille devait avoisiner les deux mètres.
La première chose qui me vint à l'esprit en la regardant, fut l'image d'un gorille. Et ce, bien que la réflexion resta dans mon crâne. N'ayant que peu de chance de l'emporter face à elle mieux valait encore me taire. D'autant qu'elle venait de tendre la main dans ma direction, attrapant la mienne pour me remettre sur mes pieds, avant que je n'ai eu le temps de faire un mouvement.
Cette nana ne faisait pas que ressembler aux grands singes noirs, elle en avait aussi la force bien qu'elle ait l'air un peu plus gentille. Enfin, de ce que je pouvais en juger du moins.
- Excuse-moi, commença-t-elle d'une voix grave. Je cherchais un club et je ne t'ai pas vu.
- Ne t'inquiète pas, répondis-je en enlevant la poussière de mon uniforme d'un revers de main. Où est ce que tu voulais aller ? Je peux peut-être t'aider.
La fille me toisa un bref instant, avant de reprendre la parole de ce ton si masculin. J'en venais presqu'à me demander si c'était bien une femme qui me faisait face. C'en était troublant.
- On m'a dit que je trouverais l'équipe de basket féminin dans cette direction.
- On t'a mal indiqué je pense car elle est de l'autre côté. Je m'appelle Fredericka McDraven, ou Frid si tu préfères, et j'en fais partie. Tu peux me suivre si tu veux je t'y conduirai.
Je lui lançai un large sourire auquel elle répondit avant de m'emboîter le pas. Ce que je venais de faire n'était pas très sportif, on était d'accord. Mais d'un autre côté, les autres avaient suffisamment de joueuses alors que nous non. Il fallait donc que j'agisse, même si cela voulait dire empêcher des lycéennes de les rencontrer.
Nous remontâmes ainsi le long des étales, présentant les différents clubs que compterait le lycée. J'avais l'impression qu'il y en avait encore plus que l'année précédente. Mais d'un autre côté c'était une bonne chose car, cela voulait dire que Kaijô était un établissement actif. Ajoutons que c'était aussi grâce à ça, en plus de notre équipière, que nous étions parvenues à obtenir l'autorisation de monter notre équipe.
Nous finîmes par arriver au-devant du stand que Marina tenait en compagnie de Mayu. Les deux lycéennes discutaient activement, même si elles arboraient toutes deux une mine plutôt sombre. Il n'était pas vraiment utile de leur demander pourquoi. Personne n'avait dû se présenter devant elles depuis ce matin.
- Hé les filles !, m'exclamais-je en arrivant à leur hauteur. Je vous ramène une nouvelle joueuse.
- Pour de vrai ?!
Mes deux équipières se levèrent d'un bond, jetant un regard admiratif à celle qui me suivait. Elles avaient bien du mal à dissimuler leur joie. Il fallait dire qu'en plus de représenter notre cinquième membre, cette fille avait un gabarit parfaitement adapté au sport que nous pratiquions. Par conséquent, et si le physique de la jeune femme tenait ses promesses, nous allions peut-être récupérer une joueuse de talent. Ce qui nous rendrait de bien fiers services à l'avenir.
Celle qui me suivait s'assit devant la table de bois, alors que Mayu lui offrait un verre d'eau tout en lui tendant la fiche d'inscription. La fille lut attentivement le papier, avant de prendre un stylo et de commencer à le remplir. Mais elle s'arrêta bien vite se tournant vers ma sœur pour prendre la parole.
- Qui est votre capitaine à présent ?, demanda-t-elle de sa voix grave. Il me semble que celle de l'année dernière n'est plus au lycée désormais.
- Euh...non...en effet.
- Notre équipe est un peu particulière.
La basketteuse se tourna vers moi, me toisant de ses grands yeux sombres. Rien à faire, elle me faisait définitivement penser à un gorille.
Je secouai la tête, enlevant l'image du singe de mon cerveau. Nous étions au beau milieu d'une conversation et mon interlocutrice attendait que je termine ce que j'avais commencé.
- En effet, repris-je alors. La défaite de l'année dernière en coupe d'hiver nous a fait réfléchir. Nous avons alors décidé de monter une seconde équipe qui participera aux compétitions, contre la principale. Mais pour le moment il nous manque des joueurs, sauf si tu t'inscris, auquel cas nous aurons notre cinq majeur. Faute de remplaçantes, nous pourrons au moins jouer les matchs.
La fille qui nous faisait face jeta tour à tour un regard à chacune d'entre nous avant de reprendre son écriture et de finalement poser le stylo sur la table. Elle vida alors son verre d'une traite le jetant dans la corbeille pour se lever, nous dominant de sa taille.
- Une participation par établissement c'est la règle de chacune des compétitions qui se déroulent durant l'année. Comment comptez-vous régler ce problème ?
- Ce sera notre premier challenge, lui répondit Marina avec un sourire. Gagner contre l'équipe principale sera notre seule chance de rejoindre les tournois de cette année. Nous n'aurons donc pas le droit à l'erreur.
La basketteuse eut un sourire à ses paroles, ajouta quelque chose sur la feuille avant de commencer à s'éloigner. Nous nous regardâmes, puis Mayu ramassa le papier toujours posé sur la table de bois.
- Elle s'appelle Aï Yamoda, mesure 1mètre 97 pour quatre-vingt-huit kilos. Sacré bébé dis-moi.
Ma jumelle et moi levâmes les yeux au ciel. Etait-elle vraiment obligée de nous faire part de ses commentaires chaque fois qu'ils lui traversaient l'esprit ? D'autant que cela ne nous intéressait en rien puisque ce que nous voulions, c'était connaître le profil de la lycéenne qui venait de partir.
- Désolé. Euh...alors...elle est en essai première, c'est à dire que si ses notes sont trop mauvaises à la fin du mois, elle retournera en seconde. Apparemment, elle viendrait de Shutoku ou elle a passé sa précédente année de lycée.
Je hochai la tête, l'établissement en question était réputé dans notre sport, notamment de par son équipe masculine qui brillait depuis plusieurs années à présent. Ceci étant dit, les basketteuses n'étaient pas en reste puisqu'elles avaient atteint la phase finale de la dernière coupe d'hiver. Même si elles avaient perdu, la prestation restait quand même tout à fait honorable, voire même exceptionnelle d'ailleurs. Nous n'en avions pas fait autant.
La voix de Mayu me ramena à la réalité. Visiblement, la dénommée Aï avait ajouté quelque chose dans le cadre qui demandait pourquoi elle voulait rejoindre le club.
- Pour qu'une équipe secondaire devienne numéro un de leur lycée et, pourquoi pas, d'un pays entier, lut la jeune fille.
Un sourire étira mes lèvres, nous avions notre cinquième joueuse à présent. Nous allions pourvoir débuter les entraînements, enfin si Maud parvenait à nous ramener un entraîneur bien sûr. Mais vu la chance que nous avions eue aujourd'hui, je me disais que ce n'était pas inenvisageable.
Je jetai un coup d'œil à mes équipières, elles semblaient aussi heureuses que moi. Maintenant c'était à notre dernier membre de jouer. Nous allions y arriver, cette année nous gagnerions la coupe d'hiver.