A/N : Bonjour tout le monde !

Alors, petit post en milieu de semaine. J'en ai marre de voir trainer ce truc dans mon ordinateur et j'ai pas envie de faire la traduction, donc l'autre côté attendra. (De toute façon, ils attendent encore la première partie qui est chez mon bêta.)

Hum, suite du premier truc par rapport à l'adoption, donc je vais pas mettre les infos… Bon, allez, si, petites infos : dans ce chapitre, il y a Isolina, Reena, Gaku (évoqué), Korra et Asami. Eh oui, ça faisait longtemps qu'on avait pas revu nos deux mamans favorites ! Mais voilà, elles ont la moitié du chapitre pour elles !

Il y a beaucoup de hurt/comfort, un peu de fluff, un peu d'humour, et des côtés qui peuvent paraître… euh… un peu malsains. En tout cas, quand on en ressent toute la noirceur, ça fait un peu froid dans le dos. Mais j'ai pas développé ! Et chai pas, je trouvais ça pertinent. J'espère que vous aimerez quand même ^^'

Bonne lecture !


Le soir était vite arrivé, le repas aussi. Comme Isolina s'en était si bien occupé, il était succulent ! Gaku avait été poli, il l'avait remerciée, elle avait souri. Il était bien éduqué : il savait se tenir à table, il mangeait proprement, il était assez discret généralement, même s'il dérogeait à cette règle dès qu'il était enthousiaste. Il devenait alors comme un étoile en pleine nuit noire, il rayonnait et usait de son charme pour se faire admirer et faire le comique.

Reena avait vu Isolina rire à plusieurs de ses blagues ou sourire. Elle ne savait pas quoi en penser. Elle savait qu'elle n'allait pas bien, et il y avait un truc qui l'énervait énormément, c'était qu'Isolina était très forte pour cacher ce qu'elle ressentait vraiment et mettre en avant les sentiments appropriés.

Généralement, elle le remarquait. Mais quand elle le remarquait, c'était parce qu'Isolina avait décidé, parce qu'elle n'avait pas d'œillère, parce qu'elle avait fait une toute petite erreur quelque part. Sauf que lorsqu'Isolina le voulait, elle pouvait ne rien laisser transparaitre, elle pouvait lui refuser complètement l'accès à son cœur, et c'était exactement ce qu'elle était en train de faire. Et Reena n'aimait pas ça du tout. Tout simplement parce qu'elle n'arrivait pas à deviner sa sincérité était, bah, sincère ou si elle était fourbe !

Donc, elle avait passé une majeure partie du repas à être silencieuse et à scruter sa compagne pour trouver la moindre fausse note qui la trahirait. Gaku n'avait rien remarqué et avait continué à discuter joyeusement avec Isolina. Isolina l'avait remarqué mais elle l'avait magnifiquement ignorée. Oh, mais elle n'allait pas pouvoir l'ignorer bien longtemps ! Plus qu'à attendre que le petit aille se coucher…

Le moment arriva où elles furent seule à seule. Reena mena Isolina dans leur chambre par le poignet, bien qu'elle fît attention à ne pas lui faire mal et à ne pas être trop brusque parce qu'elle ne tenait pas à ce qu'elles se disputent le jour de l'adoption du gamin.

« Qu'est-ce que tu me fais exactement ? lui demanda-t-elle, en fermant la porte.

- Je suis pas bien ? contra-t-elle.

- Si… Mais tu me mens.

- Je ne t'ai pas menti.

- Alors, tu as évité la conversation. Je veux juste que tu me dises comment tu te sens.

- Bien.

- Et là, tu vas pas me dire que tu mens pas quand même ?

- T'as aucune preuve que je mens !

- Si. »

Isolina haussa un sourcil.

« L'ours.

- Eh bien quoi ?

- Tu l'as pris, et tu fais ça seulement quand tu te sens pas bien. Vraiment pas bien.

- N'importe quoi…

- Isolina, sa tête a changé de position. Arrête de le nier.

- C'est un… coup de vent…

- Coup de vent ? T'as rien trouvé de mieux.

- Non, j'ai rien trouvé de mieux. »

Reena se rapprocha de sa compagne, qui gardait la tête baissée et serrait les poings. Elle les prit dans ses mains.

« Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu peux me le dire… Je suis là pour toi.

- Non, je…

- Non ? Isolina, on avait dit qu'on ferait ça ensemble, tu te souviens.

- Tu ne peux pas ! »

Elle se dégagea, se mit dos à elle et passa une main sur son visage et dans ses cheveux.

« Je ne peux pas quoi ? T'aider ?

- Comprendre.

- J'ai toujours réussi à te comprendre. Et même quand c'était pas le cas, je t'ai permis d'avancer. On a toujours fonctionné à deux.

- On ne fonctionne plus à deux ! On ne fonctionnera plus à deux !

- À cause de Gaku ?

- Oui !

- Tu regrettes ? Déjà ? Après seulement une journée ?

- Je ne… Argh ! »

Même si elle était dos à elle, Reena pouvait voir qu'Isolina trépignait de rage, ou d'une autre forme d'émotion puissante et malheureuse. La femme aux yeux verts avait besoin de savoir. Elle arrêta sa main qui passait une énième fois dans ses cheveux noirs, la saisissant par le poignet. Elle essaya de la faire se retourner vers elle, mais Isolina opposa une résistance et ne se tourna qu'à moitié.

« Quoi ? la pressa-t-elle. Dis-moi !

- Non…

- Isolina, j'ai besoin que tu me dises si tu veux que je t'aide !

- Mais je ne veux pas !

- Pourquoi ? Parce que maintenant que Gaku est là, tu ne peux plus me parler ?

- Stop.

- Parce que maintenant que Gaku est là, je ne suis plus à toi ?

- Tais-toi.

- Parce que maintenant que Gaku est là…

- Reena, tais-toi ! »

Elle la poussa brusquement contre la porte, et continua :

« Ne parle pas de ça, pas ici, pas de lui. C'est chez nous ici, juste pour nous deux…

- D'accord… »

La maitre de l'Air baissa d'un ton instantanément. Elle connaissait cette voix… C'était la voix des jours sombres, celle du démon sale qui venait se refaire une beauté à l'extérieur de sa grotte. Elle se doutait qu'Isolina était en train de le retenir, de retenir ses angoisses et ses appréhensions, mais elle devait en avoir le cœur net, elle devait savoir à quel point la situation était critique. Et là, elles étaient au seuil juste avant la rupture… Ça n'annonçait rien de bon.

Elle en fut encore plus persuadée quand les yeux de son amante, remplis de nuage, vinrent rencontrer les siens. C'était l'un de ces jours…

« Bien », répondit Isolina un peu cruellement.

Et plutôt que de la lâcher et de s'écarter, elle poussa encore plus Reena contre la porte, l'écrasant presque de son corps. Elle prit égoïstement possession de ses lèvres, qu'elle malmena et mordit à sa guise.

Oh, oui, c'était un de ces jours-là… Isolina n'était généralement ni violente, ni dominatrice. C'était même plutôt le contraire et elle aimait que Reena prenne soin d'elle et la comble. Mais il y avait quelques fois où son esprit déraillait. Reena ne dirait pas qu'elle se vengeait sur elle, ce ne serait pas exact, puisque généralement elle n'avait rien fait pour mériter ça. Mais elle libérait sa douleur, sur elle, et finalement, elles finissaient toutes les deux par la ressentir, même si c'était de façons bien différentes.

Reena en fut encore plus convaincue quand Isolina mordit sans réserve sa clavicule. Elle retint un cri de douleur et ferma simplement les yeux. Elle savait ce qui allait se passer… Elle allait passer à la casserole et le feu allait être fort, beaucoup de fort. Mais c'était la femme qu'elle aimait, et elle en avait juste besoin.

Aussi se laissa-t-elle faire quand Isolina la précipita sur le lit, une main englobant son cou, sa bouche dévorant la sienne, et son corps emprisonnant le sien.

« Tu vas peut-être me laisser enlever mes vêtements ? La dernière fois tu les as déchirés… »

Elle reçut un regard noir.

« Ou pas… »

Néanmoins, Isolina se recula assez pour qu'elle le fasse et attendit que sa petite-amie se retrouve entièrement nue devant ses yeux.

« Allez, viens », lui dit-elle quand elle eut fini.

Alors, Isolina se remit sur elle. Reena essaya de lui ôter ses vêtements également, mais elle reçut une espèce de grognement d'insatisfaction.

« Tu sais très bien que je n'aime pas quand tu fais ça habillée.

- Très bien… »

Isolina se défit de ses vêtements en deux temps trois mouvements et se remit à son activité.

Bon sang, elle était d'une humeur de chien… La nuit allait être longue pour la calmer et lui permettre de dormir. Reena espérait que son corps n'allait pas la lâcher… Heureusement qu'elles étaient encore jeunes. Un jour, elle ne pourrait plus endurer cette brutalité désespérée. Mais elles avaient encore le temps. Encore quelques dizaines d'années.

« Je t'aime, Reena lui souffla à l'oreille pendant qu'elle s'appropriait son corps.

- Je sais.

- Et je suis toute à toi.

- T'as plutôt intérêt. Je ne te laisserai pas t'en aller.

- Je ne pars pas.

- Bien. »

Elle allait devoir lui répéter pendant la nuit, elle savait que ça lui faisait du bien d'entendre ses mots, qu'elle en avait besoin. Elle savait qu'Isolina oubliait quand elle avait peur et qu'elle avait besoin de se rassurer, de s'assurer qu'elle était toujours là pour elle, c'est pour cela qu'elle lui faisait l'amour de cette façon-là, même si ça leur faisait mal. Il fallait juste résister la douleur, juste pour une nuit, toutes les deux…


Le lendemain, Isolina était assise sur le lit, prête pour la journée. Elle était dos à la tête de lit, et ses jambes étaient croisées. Elle attendait en fixant la porte, tendue. Il y avait une bassine d'eau à côté d'elle et Reena qui dormait encore, étendue sur le ventre et enlaçant le coussin sur lequel était posée sa tête.

La maitre de l'Air se réveilla, sa compagne ne bougea pas. Pourquoi avait-elle l'impression que son corps était tout endolori comme ça ?

« T'es déjà debout ? Depuis longtemps en plus… C'est tard ?

- Non. »

Apparemment, elle n'était toujours pas très disposée à parler… Reena remarqua néanmoins la bassine d'eau. Elle fronça les sourcils.

« Qu'est-ce que c'est ?

- C'est pour toi. Pour… te soigner… Je suis tellement désolée, Reena… Pour hier soir… Je…

- C'est rien.

- C'est rien ? Bien sûr que si, c'est !...

- On a déjà fait ça, c'est pas grave.

- Je crois que tu réalises pas à quel point c'est grave, justement.

- Si. Je t'aime. Tout va bien.

- Ça ne va pas bien. Relève-toi. »

Elle tenta effectivement de se relever. Elle dut retenir une grimace, ce qu'Isolina remarqua sans problème.

« Mes muscles sont juste un peu fatigués. C'est arrivé plein de fois quand on fait l'amour un peu trop… violemment…

- Si c'était que ça… Regarde… »

Isolina souleva ses cheveux bruns pour qu'elle observe les longues griffures qui s'entremêlaient sur son dos.

« Tu t'es un peu trop accrochée à moi, c'est tout…

- Et c'est quoi l'excuse pour celle-ci ? »

Elle lui montra une énorme griffure qui s'étendait de sa hanche jusqu'à sa poitrine.

« Même excuse.

- Bon, d'accord, et pour les bleus ?

- Les bleus ? »

Elle lui montra des bleus qu'elle avait sur les bras, dans le dos, sur les hanches, sur les cuisses, sur la poitrine.

« Ce sont juste des suçons…

- Non, ce ne sont pas des suçons. Et tu le sais. »

Elle lui montra les morsures, trop de morsures.

« On dirait juste que je t'ai… battue…

- Tu m'as pas battue, tu m'as fait l'amour.

- Ce n'est plus de l'amour à ce niveau-là. Arrête de faire comme si tout ça, c'était normal ! Ça ne l'est pas ! Je t'ai entendu crier, même si tu essayes de te retenir. J'ai vu les larmes dans tes yeux. Et je t'ai entendu gémir toute la nuit. Alors, ne viens pas me dire que je t'ai fait l'amour alors que je t'ai fait souffrir !

- Isolina, c'est pas la première fois… Je sais que tu n'es pas dans ton état normal quand tu fais ça…

- Les draps sont tâchés… de ton sang. C'est la première fois que je vais aussi loin… Et je ne veux pas que tu souffres à cause de moi, encore moins par moi.

- C'est le seul moyen que tu as trouvé.

- Le seul moyen ?

- Pour me faire ressentir la douleur qu'il y a au fond de toi. Je suis contente que tu la partages avec moi, et oui, ça me fait mal, mais c'est mieux qu'on souffre toutes les deux plutôt que toi toute seule, non ?

- Tu es idiote.

- Déshabille-toi.

- Quoi ? »

Malgré ses douleurs, Reena se mit à califourchon sur sa petite-amie et l'embrassa.

« Je t'ai dit de te déshabiller… »

Elle l'embrassa dans le cou et entreprit de baiser sa poitrine, mais Isolina la repoussa gentiment, bien qu'elle avait peur de lui faire mal en faisant cela.

« Reena, c'est vraiment pas le moment, là… C'est sérieux, et j'en ai vraiment pas envie…

- Exactement ! »

Reena se redressa et planta ses yeux verts pétillants dans ceux plus troublés d'Isolina. Elle venait de rater quelque chose visiblement… Mais quoi ?

« Hein ?

- Tu n'en as pas envie, donc tu ne veux pas. Est-ce que je t'ai dit une seule fois que je n'avais pas envie que tu me fasses ce que tu m'as fait ? Si j'avais voulu éviter ça une seule fois, je l'aurais fait, je t'aurais dit d'arrêter, mais ce n'est pas le cas. »

Isolina pouffa.

« Ouais, parce que tu peux pas.

- Comment ça je peux pas ?

- Tu sais très bien que si tu fais ça, je t'en voudrais à mort et que ça me ferait beaucoup de mal. »

Reena fronça les sourcils. Elle sortit du lit et se dirigea vers la salle de bain qu'elles avaient attenante à la chambre.

« Tu dis n'importe quoi. Je vais prendre un bain. Rejoins-moi si tu veux me soigner.

- Reena… la gronda gentiment Isolina, estimant que cette conversation n'était pas finie.

- Je t'attends…

- Reena, Gaku va finir par se réveiller…

- Je m'en fiche ! Il attendra. Et si tu veux me parler de lui, ce sera dans la salle de bain ! On a dit qu'on en parlait pas dans la chambre !

- Ça, c'était hier soir, et…

- Dans la salle de bain !

- Tu m'énerves tellement parfois… »

Mais elles avaient besoin de continuer cette discussion et Reena avait besoin d'être soignée, donc elle se disait que Gaku allait devoir attendre. De toute façon, il n'oserait certainement pas venir dans leur chambre, puis il s'amuserait avec le matelas s'il s'ennuyait…

Alors, elle se déshabilla et rejoignit Reena dans la salle de bain. Cette dernière faisait couler l'eau. Elle n'hésita pas à rentrer dedans, même si l'eau était encore un peu froide et que la baignoire n'était pas pleine. Isolina se faufila derrière elle. Normalement, elle préférait être devant, ou face à elle, mais vu les circonstances, c'était plus pratique pour la soigner. Elle commença la guérison dès qu'elle fut à l'intérieur. Reena fredonna de contentement.

« Tu vois, rien que pour ça, ça vaut le coup… C'est super agréable.

- Oh, donc, tu veux que je te frappe plus souvent ? Comme ça je pourrai te soigner plus souvent.

- Tu ne m'as pas frappée hier…

- C'est du pareil au même… »

Elles se turent pendant un moment.

« Tu vas m'expliquer pourquoi tu n'allais pas bien hier ? Ce serait la moindre des choses après cette nuit, tu ne crois pas ?

- C'était juste… bizarre…

- Et ça te met dans des états pareils ?

- Je suis terrifiée, Reena. On s'y attendait. Mais je voulais juste aller bien et que ça se passe bien, et… j'ai besoin de toi… »

Elle avait laissé tomber l'eau qu'elle maitrisait un instant pour appuyer son front contre le dos de sa compagne et l'entourer de ses bras. La maitre de l'Air caressa son avant-bras pour la rassurer.

« Je sais. Mais ça va aller… Tu peux me parler, tu dois me parler, si tu veux éviter ça de nouveau.

- Mais tu ne peux pas m'aider… Tu ne peux pas effacer mes peurs, je ne peux pas le faire moi-même, et je suis… seule…

- Tu n'es jamais seule. Tu ne seras jamais seule. Tu m'as moi, tu as tes mères, tu as tous les gens qui te connaissent et qui t'aiment, et maintenant tu as Gaku.

- Mais tu vois, c'est exactement ça le problème ! Toi, t'es prête à l'intégrer, comme ça, directement, comme si c'était aussi facile !

- Mais toi aussi. Ce matin, tu as pensé à lui avant de penser à nous quand tu as dit qu'il pourrait se réveiller. Tu ne t'es pas effondrée, tu as mis un masque pour qu'il se sente bien même si tu ne te sentais pas bien. Tu fais déjà des efforts, tu veux que ça marche, et ça va marcher.

- Je ne veux pas vivre tout le temps avec ce masque, toujours à faire des efforts, ce sera insupportable.

- C'est juste pour un petit peu de temps.

- Et si ça dure plus longtemps ?

- Alors, pars un moment, fais une pause, et reviens.

- Loin de toi ?

- Oui.

- Je ne veux pas…

- Tu n'auras peut-être pas à le faire. »

Isolina reprit sa guérison. Elles restèrent quelques minutes après cela, à profiter des vapeurs chaudes du bain. Puis, Reena reprit la parole en pensant au reste de la journée :

« Tu veux le voir ce matin ou tu vas aller directement à la clinique ? Tu veux que je m'occupe de lui ?

- S'il te plait...

- Tu vas rentrer tard, ce soir ?

- Je ne sais pas… Je vais peut-être aller voir mes mères…

- D'accord. »

Reena se retourna et embrassa Isolina sur le front, une main caressant sa joue.

« Je suis là pour toi. Rien n'a changé. Tu es ma compagne, mon amante, la personne la plus importante de ma vie. Fais ce que tu as besoin de faire, je serai là quoi qu'il en soit.

- Merci, Reena. Je t'aime.

- Moi aussi. »

Et la journée se déroula ainsi, selon les plans sur lesquels elles s'étaient accordées le matin même.

« Isolina ? »

Asami trouva sa fille sur le perron de sa porte. Elle s'avança jusqu'à elle, ce qui donna à cette dernière le temps de se relever, frottant ses mains l'une contre l'autre et soufflant dessus pour se réchauffer. Il faisait encore un peu froid la nuit, c'est pourquoi la femme d'affaires ne comprenait pas sa présence devant chez elle.

« Salut, m'man, dit-elle en fourrant ses mains dans ses poches, la tête rentrée dans ses épaules, telle une adolescente coupable.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je t'attendais.

- Et t'es pas rentrée ?

- Non, je voulais te voir…

- Je veux dire à l'intérieur. T'as un double, non ? Pourquoi tu attends dehors ?

- Je les ai oubliées à la maison, ce matin… Partie un peu précipitamment…

- D'accord… »

Asami ne chercha pas encore les réponses aux dizaines de questions qui s'enchainaient dans sa tête et déverrouilla la porte. Elles entrèrent à l'intérieur et se débarrassèrent de leurs affaires de travail : une mallette pour Asami, une sacoche pour Isolina.

« Maman est pas encore rentrée ?

- Elle devrait. Je suppose qu'elle va bientôt arriver… Elle en avait un peu marre de rentrer avant moi cette semaine, et tu connais ta mère, ça doit être une espèce de vengeance boudeuse. »

Isolina hocha la tête et suivit sa mère dans la cuisine.

« Tu as mangé ?

- Nope. »

Il était 20h30 passé, il faisait nuit, elle avait normalement mangé à cette heure-ci, et elle devait avouer qu'elle avait drôlement faim. Asami sortit de quoi manger à la va-vite et se mit à regarder sa fille, accoudée aux meubles, pendant que l'eau bouillait.

« Alors… quelque chose ne va pas ? Non pas que je ne sois pas ravie de te voir, mais apparemment quelque chose te chiffonne.

- N-Non… J'avais envie de vous voir… toutes les deux…

- Sans raison particulière ?

- Pas vraiment ?...

- Et tu laisses Reena toute seule… comme ça ? Ou elle sort avec des copines ?

- Elle… n'est pas seule… »

D'accord… Donc, elle avait décidé de tourner autour du pot. Ou elle ne voulait pas lui en parler, ou elle attendait que Korra arrive. Quoi qu'il en soit, elle n'allait pas lui arracher les vers du nez, alors elle s'occupa de faire quelque chose de mangeable, bien que ça ne risquait pas d'être bien lourd vu l'heure.

Sa femme arriva quelques minutes plus tard. Asami l'accueillit avec une assiette qu'elle lui mit dans les mains et un regard appuyé dès qu'elle franchit le seuil de la porte. Alors, l'Avatar releva les yeux et croisa la silhouette de sa fille qui mangeait sur le canapé.

« Oh, tiens, Isolina… Tu… passais dans le coin ? T'es toute seule ?

- Ouais… Reena est occupée… avec quelque chose… d'important. »

Elle poussa un soupir.

« Ça va toi ?

- Ça va bien. C'est pas plutôt à toi qu'il faut demander, p'tit chiot ? Tu débarques rarement à l'improviste…

- Je… »

Entre temps, Korra et Asami l'avaient rejointe près du canapé, sans pour autant s'asseoir à ses côtés. Elles déposèrent leur assiette et s'accroupirent devant elle.

« Bon, qu'est-ce qui ne va pas ?

- Vous êtes grands-mères. »

Les deux femmes froncèrent les sourcils et se regardèrent avant de retourner le regard vers leur fille.

« On va être grands-mères ou on est grands-mères.

- Vous êtes grands-mères, là, maintenant, tout de suite !

- Isolina, ma chérie, je sais que Reena et toi avez parlé d'adopter et que c'était pour bientôt, mais comme vous nous avez pas exactement tenu au courant…

- C'est… moi… J'ai demandé à Reena de ne rien dire de… précis. Il est arrivé hier. Gaku. Il s'appelle Gaku.

- Oh, maintenant je comprends mieux ce que mes parents ont ressenti, ne put s'empêcher de commenter Korra. »

Asami leva les yeux au ciel et lui assena une pichenette sur le bras qui lui valut un « aïeuh ! » Puis, elle dirigea de façon significative ses yeux verts vers leur fille pour lui faire remarquer que ce n'était pas exactement le moment pour de telles remarques.

« Et ça ne s'est pas bien passé ? demanda Asami avec douceur.

- Si… C'est un ange. Il est gentil est malicieux. Et je voulais… vous voir… Mais je vais peut-être… y aller… »

D'un commun d'accord, Korra et Asami se jetèrent au cou de leur fille pour l'enfermer dans une étreinte maternelle et chaleureuse. Isolina soupira de contentement. Elles savaient toujours ce dont elle avait besoin.

« Comment vous avez fait ? leur demanda-t-elle. Pour accepter si vite ce changement… Moi. »

Elles se reculèrent un peu et Asami prit la main de sa fille pour lui répondre.

« C'était progressif. On avait pas vraiment prévu de t'adopter, mais on t'aimait tant, comment on aurait pu faire autrement ? Nos vies ont changé, mais elles ont changé pour le meilleur, parce qu'on l'a fait par amour pour toi.

- Oui, enfin, c'est plutôt moi qui devrais dire ça, intervint Korra. Toi, t'étais carrément prête à l'accueillir ! Pas moi !

- Oh, et comment toi tu as fait, Madame Sato ?

- Je préfère Avatar Korra, mais puisque tu insistes, j'ai fait comme toi. Mais c'était un peu étrange au début quand même…

- Je peux rester cette nuit ? demanda Isolina, comme si elle s'en fichait de la conversation et souhaitait plutôt s'éloigner de cette bizarrerie que Korra évoquait.

- Bien sûr. Reena va pas s'inquiéter ?

- Elle sait que je suis ici…

- D'accord. »

Korra et Asami essayèrent de réconforter Isolina encore un peu, mais voyant qu'elle avait décidé de ne pas trop faire attention à elles et qu'elle préférait broyer du noir, elles firent comme si elles l'ignoraient et discutèrent tout en la surveillant du coin de l'œil.

« Je peux dormir dans mon ancienne chambre ?

- Yep. Faut juste qu'on trouve des draps, non ?

- Je vais t'en chercher. »

Asami et Korra montèrent à l'étage et trouvèrent des draps pour faire le lit de leur fille. Elle resta plantée devant la porte et regarda le pied du lit. Quand ses mères repassèrent pour sortir de la chambre en lui demandant si elle avait tout ce qui lui fallait, elle hocha la tête.

« Elle me manque… Cette chambre, c'est plus pareil sans elle… Je ne sais même pas si je vais pouvoir dormir… »

Les yeux de Korra se voilèrent de tristesse. Elle adressa un faible sourire à sa fille.

« Elle me manque aussi. Si tu n'arrives pas à dormir… viens nous voir.

- Oui, ta mère ronfle autant que Naga, ça pourrait te bercer, plaisanta légèrement Asami. »

L'Avatar rit légèrement au lieu de répliquer. Ça ne la dérangeait pas qu'Asami plaisante, même sur ce sujet, mais elle était bien incapable d'enfantillages quand on parlait de sa meilleure amie partie depuis quelques années. Isolina, quant à elle, ne réagit pas. Elle se contenta d'entrer dans la chambre et d'essayer de trouver dans les quelques affaires qu'elle avait laissées ici avec Reena, un pyjama confortable.

Ses deux mères sortirent et fermèrent la porte derrière elle, se dirigeant directement dans leur chambre.

« Eh bien, ça a pas l'air d'être la grande forme pour notre p'tit chiot, commenta Korra.

- Ça, c'est sûr… Je pense que je vais appeler Reena, pour savoir exactement ce qui se passe.

- Maintenant ?

- Plus c'est tôt, mieux c'est ? En plus, je ne pense pas qu'Isolina ait réellement prévu de passer la nuit ici, je préfère que Reena sache où elle est.

- D'accord… »

Korra n'était jamais très pour quand Asami se mêlait des affaires d'Isolina, elle était plus sur la réserve. Mais elle devait avouer qu'elle était curieuse et inquiète également, donc surement c'était pour le mieux. Néanmoins, elles prirent le temps de se préparer pour la nuit, décidant qu'elles seraient bien dans leur chambre pour cette nuit, comme Isolina était à la maison.

« C'est comme quand elle était petite… dit Korra de façon nostalgique.

- Hmm ?

- Quand elle allait dormir et on savait qu'elle allait faire un cauchemar, du coup on restait dans notre chambre.

- Oui, c'est vrai, ça y ressemble un peu. »

Quand elles furent prêtes à se mettre au lit, Korra se glissa sous les couvertures et Asami partit à la recherche du téléphone. Seulement, en sortant de la pièce, elle tomba sur Isolina qui allait frapper à la porte de leur chambre.

« Hey…

- Hey. Ta mère est couchée, tu peux aller la rejoindre. J'arrive dans quelques minutes. »

Isolina baissa la tête, comme un peu honteuse et coupable qu'on devine si bien ses pensées, mais elle ne dit rien de plus et dépassa sa mère pour se glisser dans le lit au côté de la femme aux yeux bleus.

Asami ne fit pas attention à elles pour l'instant, elle devait prévenir Reena.

Reena venait de coucher Gaku. Il était 21h30 passé, c'était déjà bien assez tard comme ça. Il avait demandé après Isolina et voulait l'attendre, mais s'était finalement écroulé de sommeil. Elle l'avait emmené dans son lit et avait entrepris de faire un peu de rangement quand le téléphone sonna.

« Allô ?

- Reena ? C'est Asami.

- Ah, coucou, Asami, comment ça va ?

- Bien, bien, et toi ?

- Très bien. J'imagine qu'Isolina reste chez vous pour la nuit ?

- Oui… Elle ne se sentait pas très bien.

- Pas très bien à quel point ?

- J'allais te le demander.

- Elle vous a expliqué ?

- Pour Gaku ? Oui, elle a expliqué. Félicitations, d'ailleurs.

- Merci. »

Il y eut quelque peu un silence. Elles s'interrogeaient toutes les deux sur la suite. Isolina n'allait pas très bien, et après ?

« C'est moi qui lui ai dit de vous rendre visite, déclara la maitre de l'Air. Elle ne se sentait pas à la maison à la maison, donc je me suis dit que ça l'aiderait peut-être d'être avec vous… qu'elle se sentirait un peu plus en sécurité.

- Tu as bien fait. On va faire ce qu'on peut.

- Merci. Je suis désolée pour… tout ça… Elle avait dit qu'elle était prête, j'ai voulu la croire, mais il s'avère que ce n'est pas le cas.

- On est jamais prêt, Reena. Tout n'est pas encore joué. Avec un peu de temps…

- Oui, c'est ce que j'espère également… Je ne l'abandonnerai pas. Je prendrai soin d'elle même si elle ne veut pas.

- Très bien. Je suis rassurée dans ce cas. Je voulais juste avoir des nouvelles et t'en donner, donc je suppose que je vais te laisser. Bonne nuit.

- Bonne nuit à toi aussi ! »

Elles raccrochèrent ensuite. Reena soupira. Ça allait être compliqué pour les prochains jours, peut-être même les prochaines semaines… Elle ne savait pas si sa compagne allait rentrer le lendemain, pour combien de temps, si son lit allait être vide et froid pour longtemps, fréquemment… Elle savait qu'elle devait être forte pour elles deux pour l'instant, et pour Gaku. Il fallait bien que quelqu'un s'occupe du bout de chou.

En attendant, passer la journée seule loin de sa compagne l'avait éreintée. Elle était comme un aimant qui désespérait de pas avoir assez de magnétisme pour rappeler à lui son autre moitié… Mais bon, être forte pour elles deux… C'était de sa faute de toute façon, elle devait trouver une solution à tout cela, et elle en trouverait une.

Pendant que la femme d'affaires passait son appel, mère et fille étaient dans le lit matrimonial. Elles regardaient toutes les deux le plafond. Korra hésitait à prendre la parole, à faire quelque chose. Elle ressentait la crispation de sa fille, même si elle tendait à diminuer à mesure qu'elle absorbait le confort douillet de la chambre.

Finalement, la femme aux yeux bleus se tourna pour regarder le visage résigné de sa fille. Elle avait les traits tirés, les sourcils froncés, et elle avait l'air abattue. Plongée dans ses pensées, elle remarqua cependant le regard que sa mère posait sur elle.

« Quoi ? demanda-t-elle.

- Et moi qui comptais dormir toute nue cette nuit, tenta de plaisanter Korra en faisant semblant d'être véritablement agacée.

- Ugh, je ne veux pas savoir ce que Maman et toi faites quand je ne suis pas là. »

Isolina secoua la tête comme pour se sortir les images évocatrices que son cerveau avait instantanément créées. Korra fut ravie d'avoir eu une phrase tout entière et décida de pousser la plaisanterie. Peut-être que ça lui remonterait le moral l'ombre d'un instant.

« Oh, mais moi je veux savoir ce que Reena et toi faites quand on est pas là ! Vous êtes jeunes, vous avez peut-être de nouveaux trucs à nous apprendre !

- Maman ! la réprimanda Isolina, outrée. »

Asami revient à ce moment-là. Elle remarqua vite que la léthargie avait été soufflée par une énergie renaissante. Elle vit de l'amusement dans les yeux de sa femme et elle sut instantanément ce qui se passait quand elle vit la légère contrariété sur le visage de sa fille. Korra la remarqua et décida de la mêler au pittoresque de la situation, sentant bien qu'elle avait compris son manège.

« Oh, chérie, tu tombes bien, on parlait de sexe.

- On ne parlait pas de sexe, grogna la jeune femme aux yeux bleus.

- Ah, si on parle de sexe, ça m'intéresse ! dit-elle, rentrant dans le jeu. D'ailleurs, si on parlait de la première fois de ta mère...

- Asami, je t'interdis ! se tendit Korra, bien qu'elle n'avait pas vraiment peur que sa femme trahisse leur secret… (enfin, probablement…) »

Éveillée par la réaction de sa mère, Isolina jugea que le moment de la vengeance taquine était arrivée. Elle fit alors mine de vraiment vouloir faire main basse sur ce si lourd et humiliant secret…

« Oh, mais moi ça m'intéresse maintenant !

- Bien sûr, en échange tu nous parles de ta première fois, intervint Korra pour la refroidir (effet immédiat). Et puis, Asami tu peux te lancer aussi, personne ne t'en empêche.

- Très bien. Alors, moi c'était...

- Je ne veux pas savoir ! l'arrêta leur fille, pensant vraiment que discuter de la possible discussion était plus drôle que d'avoir la discussion en elle-même (là, ce serait plus gênant qu'autre chose…). On ne parlait pas de sexe à la base ! »

Les deux autres femmes rirent à la réaction de leur fille. Voilà, ça lui allait mieux comme ça. Sa mine de chien battu était partie l'espace d'un instant.

« Bon, très bien, on ne parlait pas de sexe, concéda Korra, la voix douce. Mais on manque une conversation intéressante, moi je dis.

- Tu m'étonnes… »

Asami avait un sourire en coin en disant cela, ce qui ne passa pas inaperçu aux yeux de sa femme qui plissa les yeux de suspicion. Isolina regarda leur dialogue silencieux en passant de l'une à l'autre, puis soupira.

« Vous êtes irrécupérables... »

Pour le lui prouver, elles l'assaillirent de mille bisous et câlins, avec quelques chatouilles au passage. Entourée par tant de radieuse insouciance et bienveillance, la jeune femme redevint enfant. Elle céda au plus merveilleux rire et finit, une fois essoufflée puis calmée, par s'endormir tout contre sa mère, un sourire aux lèvres.

« Elle est pas un peu grande pour ce genre de chose ? railla Korra, alors qu'elle dormait.

- Ah, ce n'est qu'une fois de temps en temps…

- Elle restera toujours notre gros bébé, de toute façon !

- Ça, c'est certain… »

Elles parvinrent à échanger un dernier baiser, puis à s'endormir chacune de leur côté. Korra avait le poids de leur fille tout contre elle, mais elle ne manqua pas de l'entourer de ses bras protecteurs. Oui, elle serait toujours en sécurité auprès d'elles, elle aurait toujours un foyer et une famille vers qui se tourner quand elle n'allait pas fort. Et pour l'instant, c'était ce dont elle avait besoin.


A/N : Merci pour la lecture ! A-t-elle été bonne ? Je vous invite, bien entendu, à laisser une review.

Au cas où vous auriez pas remarqué, il va falloir une suite xD J'ai renoncé à tout écrire dans le même fichier, ça aurait été trop long et ça m'aurait demandé trop de travail de traduction. Donc, je vais vous faire une troisième partie, peut-être même d'autres parties en fonction de comment ça avance, et faudra juste être patient. Au fait, m'en voulez pas, mais y a des chances que j'aille poster des petits OS sur un autre fandom qui demande des écrits et qui m'amuse terriblement en ce moment. J'adore Isolina, mais elle est beaucoup plus compliquée à écrire qu'un truc fait à la va-vite et centrée sur de l'humour x) Je ne sais pas trop encore. Ça dépend de mes humeurs d'écriture, et en ce moment, je suis trop fatiguée et nerveuse pour me poser.

Voili voulou. À une prochaine fois !

Lion


Réponses reviews guest :

Loann37 : Coucou !

Contente que tu aies aimé le dernier chapitre ! J'espère que tu croiseras celui-ci. Retour assez prompt j'imagine. Deux semaines, ça va xD Je sais pas pour la prochaine fois, mais espérons que ce ne soit pas trop long non plus.

J'espère avoir bientôt de tes nouvelles ! À plus !

Lion