On aurait pu se rencontrer n'importe où, dans la rue, au cinéma, à une soirée mais c'est dans ce bureau, mal éclairé par les torches blafardes que je le vis pour la première fois.

J'avais 26 ans et je ne croyais plus que cela m'arriverait.

[Quelques semaines plus tôt]

- « Et voici votre salle de classe. » s'écarta de la porte Minerva McGonagall, directrice du collège de sorcellerie Poudlard. « J'espère que vous vous y sentirez aussi bien que moi »

- « Je l'espère aussi » lui répondit Dianthe, en admirant les lieux.

Elle se retourna vers la directrice

- « Suivez-moi » reprit Minerva, « Il me reste à vous montrer votre bureau, et vos appartements. Vous aurez tout l'été pour vous familiariser avec les lieux. »

- « Merci »

Dianthe, nouvellement professeur de Métamorphose suivit la directrice à travers les couloirs de l'immense château, en profita pour se renseigner sur ses collègues.

- « Nous avons le professeur Londubat qui enseigne la botanique, le professeur Black qui enseigne la défense contre les forces du mal et directeur de la maison Gryffondor, Hagrid notre garde-chasse qui enseigne les soins aux créatures magiques, le professeur Flitwick qui enseigne les sortilèges, également directeur de la maison Serdaigle, … »

Retenir tous ces noms et leurs fonctions n'allait pas être une mince affaire se dit la jeune femme.

- « … et le Professeur Snape, directeur adjoint de l'école, directeur de la maison Serpentard, Professeur de Potion. Il apporte également de l'aide à Pomfresh en fabriquant les potions destinées à l'infirmerie. »

- « Et il a le temps de respirer ? » demanda Dianthe dans une tentative d'humour.

- « Si vous avez des questions, demandez-moi, où aux autres personnes du corps enseignant. Le professeur Snape, bien que mon adjoint soit extrêmement occupé et n'ai pas le collègue le plus aimable qui soit. »

Les jours passèrent, puis les semaines. Dianthe rencontra chaque professeur, sauf Severus Snape qui dinait dans ses quartiers et envoyait des notes volantes, longues, très longues et parfois assassines aux réunions de pré rentrée.

Qui était donc ce professeur Snape dont Dianthe lisait la prose chaque semaine aux réunions d'équipe ?

- « Le professeur Snape est un bon collègue mais il déteste parler et a des rapports strictement professionnels avec ses collègues » lui répondit un jour Habeus Hagrid.

Hagrid, cet homme était l'allégorie de la gentillesse, pensa-t-elle, sa porte était toujours ouverte, et il avait toujours un mot gentil pour tout le monde.

Qui était Snape ? Ce mystère intriguait Dianthe. Qui était donc ce collègue avec le même statut que les autres mais qu'il ne fallait pas déranger.

Seule autre rumeur glanée et approuvée de ceux qui le connaissait : Il était brillant et abat un travail gargantuesque.

- « Severus porte son cynisme comme un signe extérieur de lucidité. En réalité il a surtout l'air d'un gros con* » lui décrit Sirius un jour d'août alors qu'ils fumaient dans la cour encore vide d'élèves.

Sirius Black était encore bel homme malgré ses traits fatigués par la vie, drôle, un brin cynique aussi. Elle se dit qu'ils s'entendraient surement bien, il ne jouait pas le père avec elle à différence des autres professeurs qu'elle avait rencontrés jusque-là.

Un jour l'inconcevable se produisit.

- « Vois ça avec le professeur Snape » lui dit Minerva.

C'était Noël dans sa tête. Elle lui envoya un hibou-chat, c'est-à-dire une lettre ensorcelée, elle en garda une copie qui lui permettait de voir ce que le destinataire répondait sur la dite-lettre, et lui pouvait voir ce qu'elle écrivait. Autrement dit une sorte de chat pour un moldu.

- « Bonjour »

- « Bonjour Dianthe » lu elle

- « Est-ce que … »

Comme l'on pouvait s'en douter. Rien de notable dans la conversation. « Au moins, il ne m'a pas mordu. » se dit elle

[Quelques semaines plus tard]

- « Dorénavant, pour faire suite aux abus de certains, et afin de préparer la rentrée au mieux, deux jours de présentiels pendant les repas, ainsi que les 15 de réunions quotidiennes pédagogiques, deviennent obligatoires. » annonça la directrice.

Le premier jour de présentiel obligatoire arriva bien trop vite au gout de Dianthe.

Ce matin-là, elle rejoignit l'habituelle salle de réunion et s'installa face à Sirius et dos à la porte, attendant la réunion d'équipe avec une impatience étonnante mêlée à de la curiosité.

A quoi peut bien ressembler Severus ?

Elle l'imaginait petit, boutonneux, affublé d'une chemise et d'une coiffure d'un autre temps.

Elle fut sortie de ses pensées par sa voix dans son dos, et par le regard noir de son ami.

D'un mouvement brusque, Dianthe se retourna et fit surement une tête plus qu'étonnante. Se tenait devant elle, un homme, grand, des épaules larges, une chevelure noire ondulée retenue par une couette, des traits fins mais légèrement disgracieux. Elle n'irait pas jusqu'à dire qu'il est beau. Mais il dégageait un charme assez intense assortis par de grands yeux noirs... Il tenait ses mains qu'elle découvrit fines et longues sur le dossier d'une chaise regardant un objet quelconque devant lui en racontant ses activités en cours, d'une voix morne et presque désintéressée.

« Merde » se dit-elle

Ça aurait pu arriver n'importe où, dans la rue, au cinéma, à une soirée mais non, c'est dans cette salle poussiéreuse aux allures d'open space, éclairé par les torches blafardes que son cœur s'arrêta de battre pour la première fois.

Severus, et ses épaules basses, tout de noir vêtu, avec sa cape trop grande pour lui, son anglais trop soutenu et sa volonté de ne pas fréquenter ses collègues, poussant le vice jusqu'à ne pas déjeuner ni prendre de pauses hors de sa grotte. Un vrai prince charmant.

Le lendemain, la scène se répéta, Dianthe prit la parole, faisant s'arrêter la querelle inintéressante entre le professeur Londubat et le professeur Bones, directrice de la maison Poufsouffle, à propos de couleurs de rideaux pour les Poufsouffle. Dianthe regarda un instant du côté du professeur Snape et se figea un quart de seconde, puis recommença à parler comme si de rien était, mais elle était troublée. « . C'est moi où il m'a souri. » se dit-elle.

Elle tenta une première approche à l'heure du déjeuner et passa une tête dans son bureau, lui proposant de les rejoindre manger. La réponse ne se fit pas attendre. Un « non » fendit l'air et son regard choqué la glaça. Bon, elle avait dû rêver.

Les jours passèrent, la rentrée approcha. Ce matin-là, Minerva convoqua Dianthe dans son bureau

- « Je me demandais si tu aurais envie de donner un coup de main à Severus pour les potions à fournir à l'infirmerie, afin de lui dégager du temps pour ses autres fonctions » lui demanda la directrice en l'invitant à prendre place face à elle.

- « Oui, bien sûr. Pourquoi avoir penser à moi ? » demanda Dianthe en s'asseyant

- « Vous étiez aurore, et par conséquent, la seule avec une base solide en potion »

- « Très bien, merci »

Dianthe prit congés et parti rejoindre le professeur dans ses cachots.

Elle toqua, attendit l'approbation et pénétra dans le laboratoire du professeur.

« Une première » se dit-elle, dire que cela l'embêtait sera mentir, elle voulait découvrir cette personne.

Cette personne qui … L'accueillit presque en souriant remarqua-t-elle. Sourire extrêmement discret et surement ironique mais sourire quand même.

L'après-midi se passa étrangement bien. Pour quelqu'un avec une telle réputation il n'est pas si sauvage. Elle se trompait lourdement.

La rentrée arriva trop vite au goût de Dianthe, intimidée par sa première année en tant qu'enseignante, elle qui n'avait, ironie du sort, n'était jamais allée à Poudlard mais avait suivi les cours à la maison.

Du côté de sa relation avec son taciturne collègue, les semaines passaient puis les mois, rien. Rien de plus que le travail, que Dianthe s'assoyant sur le coin de son bureau, discutant travail, prenant des notes sur les potions à faire et pour quand. Elle parvenait parfois lorsqu'ils travaillaient côte à côte à faire très légèrement dériver la conversation.

Un jour lui vint une question.

- « Quel âge à Severus ? » demanda-t-elle à Neville. Silence dans la pièce suivit sa mine interrogative.

- « Il faudra lui poser la question »

Neville la regarda, faisant non de la tête, toujours un petit peu traumatisé par son ancien professeur.

- « Toi Gryffondor tu n'oserais pas ? » demanda-t-elle

- « Non »

Dianthe sourit. Elle adorait les défis.

Le soir même, peu de temps avant le repas, elle se rendit dans les cachots et l'interpella

- « Je peux te poser une question personnelle ? » lui demanda-t-elle, adossée au chambranle de sa porte de bureau qu'elle avait renommée « grotte ».

- « Oui » lui dit-il en relevant la tête

- « Tu as quel âge ? »

- « Je suis de 1960 » répondit-il très légèrement surpris

« Rien de sorcier là-dedans. » Se dit elle en partant « Les gens se font une montagne de rien. »

Le lendemain soir, après le diner, l'inconcevable se produisit. Dianthe vit briller son hibou-chat de Severus, signe qu'elle avait reçu un message de sa part.

Severus : « Je me demandais si tu étais encore dans le labo ? Je viens de faire un hibou à Pomfresh »

Dianthe : « A cette heure-ci non, je corrigeais des copies. Tu comptes y retourner ? »

Severus : « Non, je verrais ce sujet demain. J'allais également corriger des copies, aussi pitoyable soient elles. »

Dianthe : « Il faudra également qu'on se coordonne demain avec les autres enseignants qui participent, pour l'atelier duel proposés aux élèves. »

Severus : « Une réunion demain ? Merci de l'information »

Dianthe : « C'est un des avantages des pauses café avec les collègues, on a toutes les infos »

Severus : « Je me rends compte qu'il faut être très sociable dans ce travail. »

Dianthe : « Je me demandais, tu n'es pas sociable, mais c'est de la misanthropie ou juste de l'asocialité ? En tout cas, tu impressionnes nos collègues, personne n'ose venir t'embêter »

Severus : « Très frustrant, de ne pas avancer à causes des interruptions. L'ambiance me déconcentre, le bruit, les gens qui court. »

Dianthe : « C'est aussi pour ça que tu ne déjeunes pas avec nous ? »

Severus : « Je ne déjeune pas le midi »

Dianthe : « Pourquoi ? »

Severus : « Je n'aime pas somnoler à 14h, à la différence des élèves que j'ai à cette heure-là »

Dianthe : « D'accord »

Severus : « Je le fais, je le vis bien, je ne l'impose pas aux autres et ne donne jamais de conseils non sollicité, l'inverse m'ennuierait également. »

Dianthe : « Tu es carré/carré sur tous les sujets ? »

Severus : « J'ai conscience d'être extrême. Je refuserais un milieu professionnel ou qui que ce soit m'imposer quelque chose de personnel. »

Dianthe : « On est dans une société assez libre. En quoi ce qui est personnel et ne les touche pas, regarde les autres ? »

Severus : « Je vois. Il pourrait y avoir des personnes moins matures que toi dans ce contexte »

Dianthe : « On s'en fiche non ? Si tu es bien, le jugement des autres te passe dessus »

Severus : « Oui »

Dianthe : « Tu as des passions, à part les potions ? »

Severus : « La musique, le piano. J'aime également la philosophie, la littérature classique, les avancées scientifiques également. »

Dianthe : « Trop cool »

Severus : « Et toi ? Qu'est-ce que tu aimes ? »

Dianthe : « La lecture policière/historique, l'art, les animaux, la musique, les films moldus aussi »

Severus : « Tu pratiques un art ? »

Dianthe : « Aucun, j'écris un peu. J'aime surtout l'admirer, aller aux musées, etc. »

Severus : « J'aime l'aspect littérature/culture historique »

Dianthe : « Je trouve ça très instructif et ça permet de comprendre l'actualité et la société »

Severus : « Je trouve qu'elle a évolué/dégénérée trop vite »

Dianthe : « Ça dépend des aspects, la liberté acquise par exemple »

Severus : « C'est un débat. Je vais retourner à mes copies, passe une agréable soirée »

Dianthe : « Bonne nuit, à demain »

« Mais il parle » se dit-elle « Rien de fou, mais il parle ». Elle décida malgré tout, de garder cette conversation pour elle, et de retenter dans les jours à venir.

[Deux jours plus tard]

Dianthe : « J'ai fini la potion que tu m'as demandé et je l'ai mis en bouteille »

Severus : « J'ai vu, merci »

Dianthe : « Tu connais l'anecdote (fausse) sur Niels Bohr ? C'est un physicien moldu. »

Severus : « Non »

Dianthe : « J'ai repensé à cette anecdote, aujourd'hui »

Severus : « Quelle est-elle ? »

Dianthe : « Niels et son professeur ont un désaccord, Niels pense qu'il mérite 20 à son devoir et son prof 0 car il a résolu le devoir sans la méthode apprise en cours. Le prof en parle à de ses collègues qui accepte de les départager et demande à Niels une autre solution pour résoudre le problème de maths. Niels réfléchit et donne une autre solution qui n'est toujours pas celle apprise en cours. Il a donc 20. Ce nouveau professeur lui demande si finalement, il connaissait la réponse attendue par son professeur, ce qu'il confirme. Il lui demande alors pourquoi il ne l'a pas utilisé, Niels lui a alors répondu 'Parce que j'en ai marre qu'on explique comment penser'. »

Severus : « Divertissante en effet. Tu as grandi chez les moldus ? »

Dianthe : « Oui et non. Mon père est moldu et professeur de physique/chimie et ma mère était une sorcière et aurore avant d'épouser mon père. C'est elle qui m'a fait la classe. Et toi ? »

Severus : « Je suis aussi de sang mêlé. J'ai grandi dans un quartier moldu »

Dianthe : « Donc tu connais aussi le cinéma »

Severus : « Peu »

Dianthe aimait bien discuter avec Severus, c'était léger et elle le savait, surement plus exceptionnel que de croiser un oiseau tonnerre à Londres.

[Deux jours plus tard]

Severus : « Tu peux avoir confiance en ton instinct »

Dianthe : « Il est plus aiguisé chez certains que chez d'autres »

Severus : « Je trouve le thème fascinant »

Dianthe : « Je sais que je peux avoir confiance dans le mien, et je le laisse me guider. A l'inverse, certains sont réfléchis, pondérés.

Severus : « Tu me mettrais dans quelle catégorie ? »

Dianthe : « J'ai une intuition sur toi. Je te sens comme quelqu'un de réfléchi, pondéré, sérieux. Ça c'est l'image que tu renvois, mais j'ai l'intuition que tu es intérieurement très émotif, que tu les ressens fois 1000 par rapport aux autres, mais que tu essayes de dompter cet instinct, mais pas que tu n'en as pas »

Severus : « Intéressant comme observation. Je pense effectivement avoir de la retenue. Mais la seconde partie est intéressante. Si tu donnais cette description à quelqu'un il approuverait la première partie. Mais la seconde, sur le fait d'être choqué par ses sens et avoir par conséquent de la retenue, c'est plus subtil »

Dianthe : « Ai-je raison ou tort ? »

Severus : « Au moins un peu raison. Tu es observatrice »

Dianthe : « C'est gentil »

Dianthe se plaisait à le découvrir, soir après soir, avec un naturel déconcertant connaissant l'animal.

Mais l'inattendu se reproduisit

[Quelques semaines plus tard]

Dianthe : « Salut, j'ai fait une expérience hier »

Severus : « Salut »

Dianthe : « Tu vas bien ? »

Severus : « J'ai quelque chose à te dire qui ne va pas te plaire, je pense »

Dianthe : « Je n'aime pas les phrase qui commencent comme ça. Un rapport avec le travail ? »

Severus : « Rien de grave. Je voudrais juste qu'on arrête les séances de discussion le soir. J'espère que ça te convient »

Dianthe : « Je peux demander pourquoi ? »

Severus : « Oui. Quand je suis lancé sur une discussion, des sujets, etc, j'ai du mal à m'arrêter ou m'arrêter d'y penser, comme tu as pu le constater, nous avons parfois parlé pendant des heures. »

Dianthe : « Oui mais je n'ai jamais vu ça comme mal »

Severus : « Je trouve que ce sont des excès »

Dianthe : « Ah »

Severus : « Donc, étant quelqu'un qui n'a pas l'habitude de ça, je pense que ça change ma sérénité d'esprit, d'où le mal à dormir, etc »

Dianthe : « Je serais la cause de tes insomnies ? »

Severus : « Je voudrais revenir à mon mode de vie précédent, prendre congés des interactions sociales non obligatoires »

Dianthe : « D'accord, je respecterais »

Severus : « Je me doute que ce n'est pas agréable à entendre »

Dianthe : « Tu n'as pas idée. Je ne suis pas fâchée, juste perturbée »

Severus : « Je comprends, j'ai juste besoin d'être seul pour dire les choses simplement. Ça ne change évidemment rien au travail, lorsqu'on prépare des potions, si tu as des questions, juste ne pas se lancer dans des discussions »

Dianthe : « Juste le retour au statut collègue »

Severus : « Quelque chose comme ça »

Dianthe : « J'ai bien intégré ta requête »

Severus: « Ok. A demain »

Dianthe : « A demain »

Elle referma le parchemin, et fixa le mur face à elle. Pourquoi cela l'affectait tant ? Elle senti des larmes couler sur ses joues. Était-ce ce sentiment d'injustice ? Car, elle n'avait rien fait de mal, ne l'avait jamais obligé, la discussion était venue naturellement. La curiosité est un vilain défaut.

L'inquiétude grandissait tant qu'elle choisit de marcher dans les couloirs du château, l'air frais sur ses joues mouillées lui faisait le plus grand bien. Des questions tournaient dans sa tête. « Comment vais-je supporter son ignorance quand je le croiserais ? », « A quoi demain ressemblera ? ». Elle rentra se coucher mais ne dormi pas.

Le lendemain, la nausée l'accompagna, telle une condamnée elle avança dans la grande salle, attendant l'heure fatidique du petit déjeuner et l'entrée de Severus par la porte dérobée.

Elle s'installa en bout de table sur l'estrade, à l'opposé de cette maudite porte, les yeux sur son bol, à l'affût de son arrivé. Il était encore tôt, tous ses collègues n'étaient pas encore arrivés. Il entra, traversa la salle d'un pas rapide, pressé. Par quoi, mystère, ignorant les bonjours des autres professeurs.

Les yeux de Dianthe, qu'elle aurait aimé contrôler, ne l'écoutaient pas et suivait son déplacement. Il s'arrêta ses côtés et s'installa, lui souriant légèrement. Il engagea la conversation en lui faisant un commentaire de travail certes, mais, c'était la première fois qu'il lui parlait à table où l'on s'ennuyait tant d'habitude.

Elle était perdue.

Le jour même elle reçut un message de travail certes, mais à une heure étonnante. Le lendemain, la même scène se reproduisit.

Perdue était donc un euphémisme. Elle se demanda si finalement, « Arrivait-il lui à se contrôler ? Et si ce n'était pas le cas, pourquoi diable elle devait y arriver pour deux ? »

Le vendredi soir, elle tenta sa chance et démarra la conversation par une question travail.

La discussion dériva naturellement et minuit approchait déjà. Dire qu'une tempête avait élu domicile dans sa tête était à peine exagéré. Elle était ravie de l'avoir ce soir, mais également en colère contre lui, triste que ce ne soit surement qu'une brève éclaircit, et angoissée à l'idée qu'il finisse par le reprocher cette bavure à sa nouvelle règle.

Dianthe : « Je vais aller me coucher avant que tu m'en veuilles et que tu me le reproche »

Severus : « C'est vrai que nous parlions du planning des devoirs surveillés à l'origine, et que nous avons continué à discuter. Notre faute à tous les deux, j'imagine »

Dianthe : « Il va falloir que tu te rendes compte d'un fait que j'ai déjà assimilé »

Severus : « Que je t'en veuille, c'est-à-dire ? »

Dianthe : « Lundi tu m'as mis KO »

Severus : « Je n'ai pas identifié que la conversation avait dégénéré, c'est mon erreur »

Dianthe : « J'ai eu la sensation que tu m'en voulais »

Severus : « Du tout, il faut m'en parler si ce n'est pas clair et qu'on n'est pas en bons termes »

Dianthe : « Je me voyais mal t'en parler au petit déjeuner ou dans un couloir fourmillant d'étudiants »

Severus : « Quand je t'en ai parlé, pourquoi ne pas me l'avoir dit à ce moment-là ? »

Dianthe : « Il fallait déjà que j'avale la pilule »

Severus : « je ne pensais pas t'avoir donné l'impression que je t'en voulais »

Dianthe : « je ne te raconte pas la nuit que j'ai passé derrière »

Severus : « je suis désolé de l'entendre. Ce n'est pas particulier à toi, ce n'est pas comme si je discutais avec mes autres collègues, de mon point de vue ce n'est pas décidé d'arrêter de parler à Dianthe, c'est de parler tout court.

Moi aussi j'aime nos discussions seulement je considère qu'elles ne valent pas cette décision. Rien n'a changé de mon opinion de toi ou de ces discussions.

Je comprends que c'est un changement abrupt et je pense que ça aurait été pire dans quelques mois »

Dianthe : « tu ne me hais pas ? »

Severus : « Du tout. Il faut être ouvert d'esprit je pense pour comprendre que je ne suis pas dans les schémas classiques »

Dianthe : « Et bim »

Severus : « je ne sous-entendais pas que tu n'étais pas ouvert d'esprit, je disais juste que ça ne rentrait pas dans les schémas communs et qu'il faut penser au-delà, que pour comprendre/considérer mon point de vue il faut être ouvert d'esprit. »

Dianthe : « c'était un compliment ? »

Severus : « peut-être trop sobre. Tu m'en parler il faut résoudre ces situations.

Ne pas laisser le malaise s'installer, tu aurais pu venir me voir pour en parler »

Dianthe : « Ce que tu m'as dit, tu ne me l'aurais jamais dit à l'oral, non ? Pour moi c'est pourtant plus simple que par chat, car il y a le ton et le regard qui rentrent en jeu, ça permet moins de fausses idées »

Severus : « Je n'ai pas réfléchi, je pense que c'est mieux par écrit pour expliquer calmement, aussi je préfère en parler en dehors des heures du travail. Mais si ça avait été une nécessité je serais passé par là, si nous n'avions pas eu le hibou-chat par exemple »

Dianthe : « Si nous n'avions pas eu le hibou-chat, nous ne nous serions pas parlé comme ça je pense. C'est le mélange entre le chat et la vraie vie qui a fait qu'on s'est parlé. Où plutôt que j'ai dérivé la première fois »

Severus : « Certes de moi-même je n'aurais jamais engager une conversation non professionnelle au travail. »

Dianthe : « Donc c'est inédit. Je peux au moins de me consoler avec ça »

Severus : « Je n'ai jamais eu de collègues qui a fait ça à part toi. Tu es différente, je conçois qu'on ne devrait pas être comme moi donc quelqu'un à l'opposé comme toi a son rôle. J'ai une personnalité fermée il y a des pratiques/pensées et des rôles propres à ces personnalités, toi tu es ouverte et pareil il y'a des pratiques/pensées propre à cela. »

Dianthe : « oui »

Severus : « Si quelqu'un (pas moi) ressens beaucoup de solitude et désir ne pas être seul, tu le sauverais un peu de ses idées noires. »

Dianthe : « Nous avons cependant un point commun que tu ne pourras pas nier »

Severus : « Lequel ? »

Dianthe : « Cet oubli de la réalité quand on discute. Il est déjà 3h du matin »

Severus : « Effectivement. Tu n'es plus fâchée ? »

Dianthe : « Je ne l'ai jamais été »

Severus : « Tu n'as plus de doute ? »

Dianthe : « C'est mieux »

Severus : « OK prends soin de toi »

Dianthe : « Toi aussi bon courage pour demain »

Et le rituel recommença, comme si la conversation fatidique n'avait jamais eu lieu. Dianthe se plaisait à travailler à ses côtés pour l'infirmerie et à parler le soir sans que leurs collègues ou leurs élèves ne le sachent.

[Quelques jours plus tard]

Severus : "Ça se voit à ton regard. C'est comme si tes yeux disaient 'on va se dire la vérité' »

[Quelques jours plus tard]

Severus : « je n'ai pas de souvenir particulier de la première fois que je t'ai parlé. Au début je me disais que tu parlais d'une manière assez légère, même à la directrice. Ça me faisait sourire, comme si tu étais sarcastique mais pas totalement. Tu dégage de la légèreté. J'ai été surpris que tu cherches à me connaître au début, je me suis dit que tu étais peut-être ce genre de personne à vouloir être sympa avec tout le monde. Mais j'ai découvert que tu n'étais pas comme ça, que tu cherchais plus à devenir copain avec des gens que tu aimais bien. J'ai compris au fur et à mesure que ce que tu appréciais c'était surtout de pouvoir être avec du monde, communiquer. D'une façon je te trouve exceptionnellement sociable, de vouloir parler à quelqu'un d'antipathique comme moi.

Avec cette volonté de connaître les gens, vient la capacité à observer les gens, ce qui signifie des qualités d'empathie, c'est-à-dire cerner les gens et une appréhension de blesser par exemple. C'est peut-être un constat c'est entre la perception de quelqu'un qui va être sympa avec tout le monde et quelqu'un qui veut se faire des copains mais cernes les gens. Quand tu avais parlé de mes émotions j'avais trouvé ton interprétation que tu en avais assez fine et intelligente. »

[Quelques jours plus tard]

Severus : « Tu serais avec un homme plus petit que toi ? »

Dianthe : « Avec ou sans talons ? »

Severus : « Tu vois ce que je veux dire »

Dianthe : « Franchement oui, mais oui bien sûr que j'ai des standards on n'en a tous. »

Quelles sont tes points non négociables ? »

Dianthe : « Physique ? »

Severus : « Oui on parle de beauté. »

Dianthe : « Mon cliché idéal ? Je dirais grand, idéalement 1,85 m, traits fins, mince, les cheveux longs et les yeux clairs. »

Severus : « Je ne pensais pas que ça allait être aussi précis, on dirait que tu penses à quelqu'un en particulier. »

Dianthe : « A ton tour »

Severus : « Ce n'est pas une description précise comme la tienne. »

Dianthe : « Plus ouvert d'esprit ? »

Severus : « Je ne pense pas »

Dianthe : « Alors ? »

Severus : « Il y a des choses qui m'indiffère d'autres moi par exemple j'ai une préférence pour la peau claire une indifférence pour la couleur des cheveux, il y a des combos qui marche bien comme brune avec les yeux bleus par exemple. Quelque chose qui m'indiffère qui est pourtant classique chez les hommes c'est la poitrine et autre chose qui est classique que j'aime beaucoup c'est une bonne condition physique c'est-à-dire mince, peut être sportive »

Dianthe : « Qu'est-ce que tu regardes chez les femmes ? »

Severus : « Le regarde mais pas les yeux et en général ce qui dénote de la féminité, les traits fins, la taille fine, de longues jambes. «

Les sous-entendus et les marques d'attention se répétèrent. Diantre minaudait de temps à autre, quand elle était d'humeur, mais elle se montrait toujours élusive. Ce jeu dangereux dura, nourrissant sa frustration autant que son malaise.

Ils se fréquentèrent en cachette, sans mettre personne dans la confidence. Cette dimension secrète remplissait plusieurs fonctions. Éviter les ragots au boulot, s'amuser avec l'interdit, alimenter le fantasme. Car au fond, il s'agit surtout de ça, de fantasme. Ce petit manège lui donnait l'impression que leur aventure était unique.

[Quelques jours plus tard]

Severus: "Sirius est facile à décrire : Ténébreux, il affiche cette assurance que seuls possèdent ceux qui se croient, à tort, irrésistibles. L'effet sonne faux. A première vue, chez lui il n'y a rien de beau. Ce n'est ni un canon de beauté masculine, ni même un gars un tant soit peu intéressant. Au travers de lui ne brille que l'assurance. Tout le reste, oui, tout le reste est gris et sans nuance. * »

[Quelques jours plus tard]

Severus: « Portishead – Glorybox , Ain't no moutain high enough – Marvin gaye J'adore ces chansons, tu devrais les écouter »

[Quelques jours plus tard]

Ce matin-là, la jeune femme se rendit dans le bureau de la directrice.

« Minerva » dit-elle en prenant place sur la chaise face à l'imposant bureau, « Voici ma lettre de démission »

« Un souci ? »

« Aucun, j'ai reçu une proposition de poste au ministère, en tant que sous directrice du bureau des Aurore » dit-elle en lui tendant la proposition d'emploi

Minerva prit le parchemin

« Tu manqueras à l'établissement et aux élèves »

« Je vous en remercie. Je vous quitterais le même jour que les étudiants »

[Quelques jours plus tard]

Severus : « Au fait quand je dis que je ne veux pas que la discussion dégénère »

Dianthe : « Oui »

Severus : « Nos discussions c'est la définition de la dégénérescence »

Dianthe : « Je suis flatté mais je ne sais pas si c'est un compliment ou un reproche »

Severus : « Pas d'intention particulière, j'illustre juste ce qu'elle la dégénérescence »

Dianthe : « Tu penses que tu pourrais arriver au même point avec quelqu'un d'autre ? »

Severus : « Non je pense que ça nous est particulier mais c'est bien une situation réelle pas une bête mystique que je m'invente »

Dianthe : « Je pense aussi mais j'aime bien »

Severus : « Essaye de dormir un peu »

Dianthe : « Oui excellent idée »

Severus : « Bonne nuit »

Dianthe : « À toi aussi »

[Quelques jours plus tard]

Dianthe : « Tu m'enverras un hibou avec une photo pendant les vacances ? »

Severus : « Pourquoi ? Pourquoi pas à mon retour, si tu rêves de voir les Comores et puis je n'ai pas de connaissances en photo. »

Dianthe : « S'il te plait »

Severus : « Tu veux que je prenne le temps de t'écrire une lettre »

Dianthe : « Il veut me culpabiliser »

Severus : « Je ne vois juste pas la plus-value dans une photo moche »

Dianthe : « D'avoir un coucou »

Severus : « OK d'où le pendant les vacances, donc tu aimes les gens qui envoie des cartes postales »

Dianthe : « Parce que tu vas me manquer, idiot. Ah ses hommes ils ne comprennent jamais rien »

Severus : « OK je vais t'envoyer ça. Tu veux un angle particulier »

Dianthe : « Non tu peux faire parler ton côté artistique. Comme ça tu ne m'auras pas oublié ton retour »

Severus : « Pas ma meilleure qualité la mémoire des noms »

Dianthe : « 15 jours, je serai légèrement vexée »

Severus : « Justine c'est ça ? »

Dianthe : « J'espère que tu cours vite »

[Quelques jours plus tard]

Dianthe : « Tu as des obsessions toi ? »

Severus : « Pas très bien de dire 'je suis obsédé par' »

Dianthe : « C'était naïf comme question »

Severus : « Elles te plaisent tes obsessions ? »

Dianthe : « Oui, pas les tiennes ? »

Severus : « Non je n'aime pas que ça a tellement de pouvoirs sur moi. D'un autre côté ça rend vivant donc c'est un qualificatif positif »

Dianthe : « C'est naturel instinctif, tu n'y peux rien »

Severus : « Tu n'y peux rien ça c'est bien vrai et c'est frustrant »

Dianthe : « Je veux bien croire que pour toi qui hait perdre le contrôle, tu déteste ça mais on peut avoir des obsessions innocente »

Severus : « Ça m'arrive de penser à ce sujet, à ce qu'il faut en penser. Par exemple je ne suis pas d'accord avec les gens qui disent qu'il faut vivre ta passion/céder. Tu n'as pas le contrôle de ton obsession mais tu as le contrôle de l'entretenir ou la faciliter »

Dianthe : « Et comment tu fais pour ne pas céder ? »

Severus : « Tu peux, soit essayer de ne plus passer à côté ce qui n'est pas toujours possible, soit la voir tout le temps auprès de toi pour t'en lasser.

Imagine le concept pour une personne, tu as un penchant pour une personne et tu veux t'en débarrasser, donc tu te mets en tête de passer du temps avec pour donner moins de pouvoirs à la personne, mais qu'en pratique, ça se retourne contre toi et que tu en sois encore plus amoureux »

Dianthe : « Je comprends. C'est dans ta nature de tout contrôler d'être précautionneux »

Severus : « J'ai un mental de fer »

Dianthe : « Ou la phobie du lâcher prise. Moi, c'est l'inverse j'aime la vie et ce qu'elle m'apporte »

Severus : « Tu es jeune »

[Quelques jours plus tard]

Dianthe : « Ça me rappelle ce que tu m'avais dit une fois, je n'ai pas envie de te le rappeler dès fois que tu aurais envie de réitérer »

Severus : « Je vois de quoi tu parles »

Dianthe : « Je me doute »

Severus : Je disais que je ne voulais plus qu'on est de rendez-vous constant pour discuter »

Dianthe : « Quand tu disais que tu voulais qu'on se parle plus plutôt »

Severus : « Les discussions étaient devenues plus rares »

Dianthe : « Pendant un mois »

Severus : Et après tu m'as dit que tu devais partir, donc ça a changé la prédisposition. Tu te souviens de pourquoi je voulais ça »

Dianthe : « Oui »

La passion détruit plus de préjugés que la philosophie.

[Quelques mois plus tard]

Les premiers éclats de juin arrivaient et avec lui la fin de l'année scolaire et le départ de Dianthe. Elle était comme on dit 'le cul entre deux chaises', heureuse de l'opportunité qui se présentait à elle – après tout, le terrain lui manquait – et triste de quitter Severus. Ses sentiments, malgré leur intensité ne l'avait pas détournée de son chemin, mais la bouffait de l'intérieur. Elle savait que ce n'était pas possible, une jeune femme avec un homme de 13 ans son ainé, un homme abimé et aussi sauvage, mais elle ne pouvait s'empêcher d'espérer. Quoi donc ? Elle ne le savait pas, il n'était pas fait pour elle, il ne lui montrait pas de signe montrant une quelconque inclination, se dit-elle. Et pourtant. Leur intimité, aussi légère soit-elle n'était déjà-t-elle pas une preuve en soi ? Son retour rapide, à la suite de son rejet n'était-elle déjà pas une preuve suffisante ? Non. Pas pour Dianthe, naïve et romantique, à qui il fallait plus que des murmures pour voir les sincères sentiments de Severus.

Dianthe : « Je pars à la fin de l'année. Je retourne chez les Aurore »

Severus : « C'est ce que tu voulais ? »

Dianthe : « oui »

Severus : « Ok »

Au fil des semaines, il devenait fuyant, sérieux, froid. Il avait moins le temps pour leur relation… Leur relation ? Le fantasme se teintait de gravité. Et un samedi soir, très, trop tard, il tenta de mettre le point le point final. Il rompait comme il l'avait séduite. Par hibou.

Si 14% des couples se forment au travail, cela restait compliqué d'associer pro et perso, de gérer la rencontre, le quotidien ou la rupture entre deux réunions. Surtout quand on n'est pas sur la même ligne que son crush dans l'organigramme de l'école. Officialiser une relation, c'est s'exposer à de potentiels débats parmi les équipes. Se taire, c'est se lover dans une abstraction vouée à l'évanescence. Dianthe avait cette parenthèse. Alimentée par la peur du qu'en-dira-t-on, la discrétion s'était imposée comme le moteur de leur relation épistolaire, sa condition. Elle se demandais parfois : Aurions suivi une autre trajectoire si nous n'avions pas été collègues ? D'ailleurs, se serait-il passé quoi que ce soit ?

Le soir où elle réussit enfin à l'avoir suite à ses nombreuses esquives, le ton fut différent.

Severus : « Est-ce que c'est mieux que tu vois les gens moins souvent avant que tu partes ou l'inverse ? Ce serait abrupte de ne pas faire de transition, non ? De passer de quelqu'un que tu vois fréquemment à plus du tout ? »

Dianthe : « On ne sera pas d'accord mais l'inverse je préfère prendre chaque bride de mon souvenir profiter au maximum sans réfléchir que l'on doit faire mal plutôt que l'amertume de 'ç'aurait pu être mieux ou plus' »

Severus : « Je vois. En général c'est préférable d'avoir un départ en douceur du type on se parle de moins en moins jusqu'à ce qu'on se parle plus au lieu de rupture »

Dianthe : « Avec moi, tu n'auras pas cette douceur »

Severus : « Tu vas pleurer tu penses ? »

Dianthe : « Je pense que non. Dis-toi que je ne veux pas de rupture douce, je peux déjà te prévenir dire que le dernier jour je compte discuter avec toi »

Severus : « Par hibou-chat, tu veux dire ? Tu voudras parler juste comme ça de rien en particulier ? »

Dianthe : « Si tu veux aborder un sujet particulier tu pourras »

Severus : « Je me demande juste quelle serait la distinction entre la discussion qu'on a maintenant et le jour de ton départ si on fait comme d'habitude tu comprends le concept de la dernière fois mais pourquoi ça ne pourrait pas être maintenant comparé à ton départ ? »

Dianthe : « Entre le départ et maintenant il reste du temps pour continuer comme ça on en aura profité jusqu'au bout ? »

Severus : « Profiter au maximum, c'est ton but ? »

Dianthe : « Ce n'est pas illégal on peut profiter des petites joies saines »

Severus : « On a des perspectives différentes, je ne vois pas l'intérêt ou la distinction mais si toi tu la vois, si tu considères que c'est positif, pas de raison de le refuser.

Ça me semblerait plus simple de faire petit à petit mais l'événement de ton départ te concerne et donc plus fort en émotions pour toi que pour n'importe qui d'autre donc je comprends que s'il faut ménager quelqu'un, c'est toi »

Parfois les preuves sont discrètes.

Dianthe : « J'aime l'idée de ce côté unique »

Severus : « Oui c'est mieux de l'emporter dans la tombe »

Dianthe : « la tombe, ce n'est pas une honte ni en secret d'état quand même. »

Severus : « Oui mais ça le rendrait moins unique comme tu dis, tu gâcherais un savoir ésotérique »

Dianthe : « C'est vrai que pour l'instant personne ne sait que je suis parvenu à cette exploit. »

Severus : « Ce genre de choses secrètes ne sont pas transmissible. »

Dianthe : « Et quand bien même avec le mode d'emploi. »

Severus : « Quel mode d'emploi ? »

Dianthe : « Le tien, je ne suis pas sûre que beaucoup y arriverais même avec des cours. »

Severus : « Dans l'idée de corrompre mon principe de ne pas mélanger vie perso et vie professionnel ? je pense que je ferais les choses différemment si ça m'arrive à de nouveau »

Dianthe : « Comme si je t'avais corrompu »

Severus : « Je pense juste que je refuserais systématiquement les questions personnelles, moins de risques d'embrayer sur autre chose »

Dianthe : « Ah tu te souviens de ce jour ? »

Severus : « Oui pour moi c'est la première fois que tu m'as parlé de manière privée peut-être qu'il y avait des choses avant mais je ne me souviens pas »

Dianthe : « Non, Il y a eu des prémices »

Tu as déjà essayé de réfléchir à pourquoi ? Tu te souviens la première fois qu'on a dérivé par chat un soir ? »

Severus : « Je mettais encore ça dans la caisse 'collègue' et je pensais que mon caractère rebuterait, donc en un sens tu ne l'as pas corrompu, en principe parce qu'on n'est pas devenu ami. Et, je ne pense pas que ce soit bien de parler à quelqu'un du boulot régulièrement à l'avenir même si c'est un autre label qu'ami »

Dianthe : « Si tu peux te convaincre je t'en prie »

Severus : « Me convaincre ? »

Dianthe : « Oui qu'on est à peine au-dessus de collègues et tu n'as pas corrompu ton principe. Tant que tu n'essayes pas de me convaincre, moi »

Severus : « On ne se parlera plus quand tu partiras, de fait, nous ne sommes pas amis. Je ne dis pas que tu as le même statut qu'un collègue. Je suis d'accord que ce sont des eaux troubles et c'est pour ça que j'ai préfacé en disant 'en un sens' ça suppose que d'un autre sens on a parlé de manière personnelle. Il n'y a pas les conséquences associées »

Il a une répartie cinglante. Une répartie logique. Toi t'as parlé avec ton cœur, et ça, ça le désarme

Dianthe : « Il y a les gens délicats et il y a toi. Quelles conséquences vois-tu ? »

Severus : « Je t'en ai déjà parlé et je ne changerai pas de discours, je ne sais pas si tu t'attendais à ce que je change d'avis »

Dianthe : « Comme tu le dis, nous ne sommes pas amis et comme les faits le disent on sera plus collègues donc non »

Severus : « Qu'est-ce que tu aimerais changer ? »

Dianthe : « Qu'est-ce que j'aimerais changer entre nous ? »

Severus : « Non tu me dis que tu veux me parler jour de ton départ, je te dis bien que je préfère qu'on se parle moins souvent, j'accepte, tu ne trouves pas ça amiable ? Qu'est-ce que ce serait amical, changer ce que je t'ai promis depuis le début ? »

Dianthe : « Je n'ai pas dit ça »

Severus : « Tu ne regrettes pas si c'est ça la conclusion ? »

Dianthe : « Pas une seconde »

Severus : « Tu préfères passer du bon temps même si ça mène à quelque chose de négatif à plus long terme ? Je ne suis pas investi émotionnellement donc je ne vais pas perdre une amie, ça pose d'autres problèmes sur la dimension que je n'avais pas prévu et sans rapport avec ce que j'ai mentionné et je pense que tu es au courant »

Dianthe : « Tes émotions peut-être, moi non plus je ne dirais pas qu'on est ami mais pas pour les mêmes raisons. Je suis au courant de quelles conséquences ? »

Severus : « Problèmes transverse sans rapport avec l'amitié ou l'investissement émotionnel c'était à l'évidence les discussions qui durent des heures et dégénèrent, les distractions au boulot, toujours l'éventualité d'entamer du divertissement ou du personnel, alors que ce n'est pas approprié. »

Dianthe : « C'est ce qui est beau. »

Severus : « Du coup je ne veux pas que ça se reproduise »

Dianthe : « Tu penses vraiment qu'une relation pareille te tombera dessus ? »

Severus : « C'est à dire quelqu'un qui veut me parler malgré tout ce que je dis ? Je ne pensais pas qu'elle existait donc peu probable »

Dianthe : « Ce jour-là et malgré tout ce que tu me dis t'en avais envie aussi »

Severus : « J'apprécie les discussions intéressantes je peux m'autoriser être ami avec quelqu'un si je l'apprécie, si ça ne compromet pas ma vie pro, aussi simple que ça. Ce que tu dis n'est pas pertinent tu étais en train de dire que j'apprécie une discussion intéressante oui et alors ? »

Dianthe : « Je te le dis parce que si je te laisse dans ta lancée tu vas finir en disant que tu t'es fait avoir et je suis allé te chercher malgré toi »

Severus : « Je ne me suis pas fait avoir, j'ai découvert un nouveau type de relation et donc j'en tire des conclusions c'est tout »

Dianthe : « Tu joues au scientifique »

Severus : « J'ai l'impression que tu es frustré que je ne change pas d'avis, que tu te disais que tu pouvais me changer »

Le changer non, tel n'a jamais été le but de la jeune femme, mais il avait changé. Le contact de Dianthe avait été bénéfique et plus marquant qu'il tentait de le faire croire. Ce déni dans lequel il s'était plongé, l'empêchait d'avancer. Mais il s'était détendu à son contact, avant, avant que la réalité du départ de la jeune ne le frappe de plein fouet.

Dianthe : « Non je ne me dis pas ça »

Severus : « Tu dis des choses, comme si je te disais que je n'avais pas apprécié te parler, mais ce n'est pas pertinent, j'ai apprécié te parler, c'était divertissant mais ça n'en vaut pas les conséquences et je vois mal comment tu peux me contredire en ce point ou pourquoi je me mens »

Parfois le déni est la seule solution que trouve le cœur pour survivre.

Dianthe : « Si c'est juste divertissant alors il n'y a aucune conséquence, non ?

Severus : « Parler 11 heures de suite, ce n'est pas suffisant comme conséquence ? Une activité comme cela avec un caractère aussi obsessionnel tu comprends que c'est nocif ? Quand on ne voit pas le temps passer, il y a une notion de perte de contrôle, voire d'inconscience, je ne trouve pas ça bien »

Dianthe : « Je ne pense pas que tu croiseras une fille aussi tarée que toi et moi sur les heures »

Severus : « Je ne pense pas non plus, il faut prendre la relation comme qu'elle était. Un partenaire de discussion plutôt qu'un ami.

Mary Higgins Clark disait : « Le déni et la colère sont les premiers pas du processus du deuil. Il en est certainement à ce stade pour l'instant.
– Et quelle est l'étape suivante ?
– La dépression. Et enfin, l'acceptation. »

Severus : « Qu'est-ce que tu regrettes ou qu'est-ce qui te frustre ? »

Dianthe : « Quand tu es comme ça, rien, et toi quand tu fais celui qui ne me connaît pas et qui n'est pas là. Partenaire de discussion, je ne pense pas que ce soit le mot non plus. »

Car après tout, la vérité fait toujours mal quand vous préférez vivre dans le déni.

Ce soir-là, Dianthe se coucha dépitée. La fin de l'année scolaire et son départ approchait à grand pas.

Le dernier soir, son discours ne changea pas

Paroles Ma plus belle déception par Lynda Lemay

Dianthe : « J'aimerais quand même percer ce mystère qu'a été ma réussite »

Severus : « Tu t'attendais à quelle alternative ? »

Si l'amour m'a déçue
C'est qu'l'amour ça déçoit

Dianthe : « Un échec ? Quand je t'ai rencontré je n'avais pas de but. Mais j'ai eu la chance d'avoir un type de relation avec toi, c'est exceptionnel c'est tout. »

Severus : « Oui mais c'est de ton fait »

C'est vrai que j'y ai cru
C'est qu'l'amour on y croit

Dianthe : « Ça ne peut pas être que de mon fait. »

Bien sûr que j'ai connu
L'amour bien avant toi

Severus : « Tu penses que tout le monde a essayé de me parler d'une part, et avec cette persistance quand j'essaye de faire comprendre que je ne veux pas ? »

Dianthe : « Non mais tu as accepté. »

Des fois l'amour ça tue
Et des fois pas

Severus : « C'est essentiellement ça je pense. Les gens n'ont pas ton désir de parler. Quel aurait été l'alternative ? »

Dianthe : « Que tu ne répondes pas. »

Si l'amour m'a secouée
C'est qu'l'amour ça secoue

Severus : « Je ne pense pas que ça aurait été bénéfique. De faire d'une collègue une ennemie. »

C'est vrai que j'ai aimé
Que j'ai aimé beaucoup

Dianthe : « Pas forcément une ennemie. »

Severus : « Je ne peux pas le prévoir. »

Si j'ai été déjouée
C'est qu'l'amour ça déjoue

Dianthe : « Juste pas plus qu'une collègue. »

Severus : « Je me suis fermé de plusieurs façons. »

Ça peut se déchirer
Aussi vite que ça s'coud

Dianthe : « Et à chaque fois tu es revenu. »

J'sais plus à quoi rêver
quand il s'agit de nous

Severus : « Quand j'ai expliqué que je ne ferai pas d'un collègue un ami, qu'on arrêterait de se parler, si après tout ça te convient ça ne me pose pas de soucis. »

J'essaie d'me raisonner
Mais l'amour ça rend fou

Dianthe : « Je dis juste qu'il y'a forcément un truc. »

J'voudrais t'téléphoner
Dès qu'tu t'éloignes de moi

Severus : « Un truc à quoi ? »

Dianthe : « À cette acceptation, est à ces sourires que tu me faisais, qui me fait dire que tu étais sympa finalement. »

J'me mets à rayonner
Dès que je t'aperçois

Severus : « Je pense que tu dramatise l'idée du 'je ne parle à personne'. Quelqu'un de normal prendrais pour un film fait de dire 'je ne veux pas parler/qu'on devienne ami' »

Dianthe : « Peut-être »

Dis-moi à quoi j'ai droit
Et puis je le prendrai

Severus : « J'ai aimé nos discussions c'était divertissant et tu es à l'opposé de moi socialement parlant donc c'est un exercice divertissement auquel je n'ai pas l'habitude. »

Dis-moi à quoi rêver
Et puis j'en rêverai

Dianthe : « D'accord, donc c'est plus le côté sociable de ma personnalité. »

Je ne demanderai rien
Mais je ne fuirai pas

Severus : « Si tu étais complètement inintéressant et sans discussion j'aurais arrêté de te parler de manière plus abrupte au détriment d'un mauvais environnement de travail »

Chaque fois que ta main
Se posera sur mon bras

Dianthe : « Mais on ne s'est pas parlé tout de suite »

Severus : « Où veux-tu en venir ? »

Moi qui avais l'cœur en grève
Tranquille à la maison

Dianthe : « Je veux dire que tu ne savais pas que la discussion elle est très intéressante car pour la voir il a bien fallu que tu acceptes c'est tout. »

J'sens monter à mes lèvres
Cette fragile chanson

Severus : « Tu penses que quand on me parle par défaut que j'ignore ? »

Dianthe : « Non mais tu coupes court. Dès que les gens dérivent, tu arrêtes. »

Je sens grimper cette fièvre
De mon ventre à mon front

Severus : « J'arrête quand on travail, toi tu me parles rarement de boulot. »

Dianthe : « Certes »

Severus : « Tu me penses plus monstrueux que je suis »

Cette passion dont on crève
Ce si bel abandon

Dianthe : « Non je me pense une qualité insoupçonnée est inconnu. »

Si l'amour m'a déçue
C'est qu'l'amour ça déçoit

Severus : « Oui la persévérance et une bonne discussion. Question plus intéressante : pourquoi avoir continué malgré tout ça ? »

D'l'amour j'en voulais plus
Et bon sang te voilà

Dianthe : « Parce que j'avais tes dire et les faits/ tu disais tout ça mais on continuait de parler donc j'ai accepté tes règles et on a continué »

C'est vrai que j'ai la frousse
Mais si tu me la tends

Severus : « On peut avoir une discussion avec tout le monde »

Dianthe : « Maintenant il va me comparer à une caissière dans un magasin »

Cette main qui est plus douce
Que toutes celles d'avant

Severus : « C'est juste que tu as une idée un peu démesurée de mon manque de sociabilité »

Dianthe : « Il y a aussi le côté privé. On est allé faire un tour tous les deux. »

Je m'y cramponnerai
Tant pis pour le naufrage

Severus : « L'idée d'éviter de donner des sujets privés c'est d'éviter de communiquer des informations sensibles qui peuvent être utilisé contre toi, donc, pas tellement dérangeant de parler d'un sujet dans la thématique privée comme qu'est-ce que la beauté et on n'était pas en train de travailler »

Tu seras ma bouée
Et je ferai bon voyage

Dianthe : « Disons que je te crois »

Puisque l'amour c'est con

Dianthe : « Qu'est-ce que qui te plaisait chez moi ? »

Et puisque ça déçoit

Severus : « Ta joie de vivre qui contraste bien avec moi, c'est tout ce qui est rapport avec la maturité à ne pas s'offenser, ne pas être manipulatrice ce qui est agréable, la persistance et l'attention qui se ressent quand on parle longuement, la dernière chose ce serait ce que tu disais 'je suis trop gentille' dans le sens où tu es bienveillante effectivement n'a pas le genre de mauvaises intentions que je redoutais.

Tu n'es pas chiante en général, tu as des qualités professionnelles. Si je dis un truc choquant, hors norme, au lieu de t'offenser tu prends sur toi sans ton moralisateur. Tu ne fais pas ta victime, tu ne te plains pas qu'on t'attaque, tu ne te victimise pas pour te sortir d'une situation. Tu es naïve, mais d'un côté c'est bien parce que tu n'es pas manipulatrice. Tu es expressive, un peu observatrice. Ça peut te mettre en danger d'être trop expressive si tu comptes mentir etc. ce qui est le plus embêtant c'est ta naïveté qui t'amène à accepter des choses que tu ne devrais pas car il y a des gens malintentionnées. »

Dianthe : « C'est gentil »

Alors j'veux que tu sois

Severus : « Je vais te dire bonne nuit »

Ma plus belle déception.

Dianthe : « A toi aussi »

C'était la dernière fois, la dernière fois qu'elle le voyait, la dernière fois qu'elle lui parlerait surement. Ce 'bonne nuit' lui donna un goût amère, la déception mêlée de tristesse s'empara d'elle, car elle savait que demain ne serait pas différent, qu'il ne lui dirait pas au revoir avec les autres professeurs à Poudlard ou sur le quai de la gare.

Le lendemain, elle ne le vit pas au petit déjeuner. Elle le croisa finalement dans les couloirs alors qu'elle fumait avec Sirius, il passa à côté sans les regarder, sans se retourner.

- « Ça me briserait le cœur » rit ironiquement Sirius « s'il ne m'avait pas non plus dit au revoir le jour de mon départ »

Elle rit aussi, car enfin, c'était Severus, elle le connaissait et savait qu'il ne savait pas gérer ses émotions autrement qu'en les étouffant.

Hagrid rassembla les premières années, il était l'heure de partir.

Elle se saisit de son bagage, donna une accolade à Sirius et pris le chemin de la gare.

Elle trouva un compartiment vide et s'installa au calme, regarda le paysage défiler.

Tu sais très bien Dianthe que tu ne peux pas t'en vouloir. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? T'es tombé amoureuse de quelqu'un et t'as tenté tant bien que mal de lui donner tout ton amour

Elle rêvassa, et se dit que ça n'aurait pu être différent. Elle aurait aimé qu'il lui dise d'autre mots à la fin, peut être comme Cyrano lorsqu'à visage couvert, il parlait à Roxane.

Scène du balcon, Cyrano de bergerac : watch?v=mbUiWMfCiOc

CYRANO : Laissez un peu que l'on profite...
De cette occasion qui s'offre...de pouvoir
Se parler doucement, sans se voir.

ROXANE
Sans se voir ?

CYRANO
Mais oui, c'est adorable. On se devine à peine.
Vous voyez la noirceur d'un long manteau qui traîne,
J'aperçois la blancheur d'une robe d'été :
Moi, je ne suis qu'une ombre, et vous qu'une clarté !

Il me semble...Que je vais vous parler pour la première fois !

ROXANE : C'est vrai que vous avez une tout autre voix.

CYRANO : Oui, tout autre, car dans la nuit qui me protège
J'ose enfin être moi-même, et j'ose...

Où en étais-je ?
Je ne sais...tout ceci, -pardonnez mon émoi, -
C'est si délicieux...c'est si nouveau pour moi !

Si nouveau ...mais oui... d'être sincère :
La peur d'être raillé, toujours au ventre me serre...

ROXANE : Raillé de quoi ?

CYRANO : Mais de ... d'un élan !... Oui, mon cœur,
Toujours, de mon esprit s'habille, par pudeur :

Ah l'esprit ! Je le hais dans l'amour ! C'est un crime
Lorsqu'on aime de trop prolonger cette escrime !
Le moment vient d'ailleurs inévitablement,
Et je plains ceux pour qui ne vient pas ce moment !
Où nous sentons qu'en nous une amour noble existe
Que chaque joli mot que nous disons rend triste !

ROXANE : Si ce moment est venu pour nous deux
Quels mots me diriez-vous ?

CYRANO : Tous ceux, tous ceux, tous ceux
Qui me viendront, je vais vous les jeter en touffe
Sans les mettre en bouquet : je vous aime, j'étouffe
Je t'aime, je suis fou, je n'en peux plus, c'est trop ;
Ton nom est dans mon cœur comme dans un grelot,

Et comme tout le temps, Roxane, je frissonne,
Tout le temps, le grelot s'agite, et le nom sonne !
De toi, je me souviens de tout, j'ai tout aimé :
Je sais que l'an dernier, un jour, le douze mai,
Pour sortir le matin tu changeas de coiffure !
Un soleil m'ébloui, c'était ta chevelure
De l'amour, il en a toute la fureur triste !
De l'amour, -et pourtant il n'est pas égoïste !
Ah ! que pour ton bonheur je donnerais le mien,
Quand même tu devrais n'en savoir jamais rien,
S'il se pouvait, parfois, que de loin j'entendisse
Rire un peu le bonheur né de mon sacrifice !
Chaque regard de toi suscite une vertu
Nouvelle, une vaillance en moi ! Commences-tu
A comprendre, à présent ? voyons, te rends-tu compte ?
Sens-tu mon âme, un peu, dans cette ombre, qui monte ?
Oh ! mais vraiment ce soir, c'est trop beau, c'est trop doux !
Je vous dis tout cela, vous m'écoutez, moi, vous !
C'est trop ! Dans mon espoir même le moins modeste,
Je n'ai jamais espéré tant ! Il ne me reste
Qu'à mourir maintenant !

Mais il fallait se rendre à l'évidence, Severus n'est pas Cyrano, elle n'était pas Roxane, elle n'était même pas sûre que Severus ressentait quoi que ce soit pour elle, et quand bien même, même Cyrano n'avait osé avouer ses sentiments à Roxane…

Le train s'immobilisa finalement à King Cross. Dianthe s'étira, prit son bagage et sorti du train.

Ce mec n'était que déception

FIN