Titre : Les Jolis Pitits Dessins…

Auteur : Lychee comes back.

Source : Harry Potter I, II, III, IV et le grrrrand, le magnifique tome CINQ !!! enfin c'est pas trop tôt… Donc si vous ne voulez pas apprendre ce qui se passe dans le dernier-né de la série, je ne saurais que vous conseiller de quitter cette fic immédiatement.

Disclaimer : tout ce petit monde appartient bien entendu à JKR – merci, merci pour le tome cinq NAN MAIS COMMENT T'AS OSE FAIRE CA MON POV SEV ET PIS MON POV SIRIUS NAAAAAAAAAN POURQUOIIIIIIII ???!!!!

Genre : slash, of course. Ceci est un SS/HP, les râleurs sont priés de laisser place nette. Merci ! ^__^

Spoiler : malgré la trèèèèèèès récente sortie du tome V, il ne fait aucun doute que les informations circulent déjà, notamment grâce aux quelques tarés qui ont pris la peine de le lire entièrement en anglais – faut être con… quoi ? Oui, bien sûr, j'en fait partie – je pense que ce n'est plus une surprise de vous annoncer que Sirius est mort, ni que Harry a largué Cho Chang (hin hin hin…), ni qu'à la fin du tome Harry HAIS Snape plus qu'il ne l'a jamais haï, mais, allez-vous me dire, comment peut-on faire une fic SS/HP dans ce cas ? On s'en fiche, et pis d'abord je vous ferais remarquer que maintenant Sev sait que Harry a eu une enfance pourrie, et que Harry sait que Sev a eu une enfance pourrie (et pour cause, James, Sirius, vous êtes vachement tombés dans mon estime, je vous DETESTE, et Remus c'est pas mieux), et puis flûte, laissez-moi faire ma fic quoi.

Les Jolis Pitits Dessins

que l'on griffonne quand on s'emmerde…

Chapitre I

Naissance de deux nouveaux talents (?)

Harry relut encore une fois l'énoncé.

"De l'influence des poils de Yokho sur l'élaboration des potions du Japon du XVIIème siècle. Vous traiterez uniquement de leur utilisation dans les potions à but curatif, en vous appuyant sur un exemple précis et soigneusement choisi."

Ouuuuuuuuuuéééééééééééééé. C'était pas cette fois encore qu'il réussirait à décrocher la moyenne.

Il jeta un coup d'œil distrait autour de lui : Snape, tel le capitaine d'un vaisseau barbare surveillant les pauvres esclaves enchaînés aux rames (manquait que le fouet), allait et venait parmi les élèves qui fixaient leurs feuilles d'un air désespéré, tentant peut-être de les hypnotiser, qui sait, mais sans succès flagrant. Seule Hermione grattait à toute vitesse, et Malfoy écrivait avec hésitation, lançant de temps à autre un coup d'œil à ce bâtard de professeur de Potions.

Lèche-cul. Beau cul mais lèche-cul.

Harry secoua la tête.

* Faut que j'arrête de penser au cul de Malfoy, moi. Petit Harry, je te rappelle que non seulement c'est ton ignoble ennemi juré, mais que tu passes également tes ASPICs dans quelques mois… Mmh ?*

Le comportement du Serpentard était quand même écœurant. Un vrai petit chien en train d'attendre un os. L'image tilta dans l'esprit de l'Ultime Survivant : Malfoy, en train de faire le beau en tirant la langue, et Snape, un os dans une main, un fouet dans l'autre. Il étouffa un hurlement de rire, se repenchant vivement sur sa feuille quand Snape fronça les sourcils dans sa direction. Malfoy à genoux et… Il tenta sauvagement de chasser l'idée de sa tête. Impossible, conclut-il avec un sourire hilare. Malfoy sautant à travers des cerceaux enflammés, se dressant sur ses pattes de derrière, tout ça sous le fouet du grrrrrrand dompteur Snape qui, " Mesdames et Messieurs, après avoir parcouru la planète entière à la recherche de dangereux spécimens Serpentards, les présentaient à vos yeux, ce soir, rien que pour vous, dans un numéro exceptionnel ! Je vous demande d'applaudir, Mesdames et Messieurs, LE GRAND DOMPTEUR SNAPE ET SON SERPENTARD SAVANT MALFOY !!! UN NUMERO UNIQUE AU MONDE !!! "

BAM.

Harry était tombé de sa chaise. Le contact assez hostile du sol et la voix douce et froide de son professeur de Potions le firent revenir sur terre.

- Bien qu'étant parfaitement au courant de vos quelques lacunes concernant la matière que j'ai le grand déplaisir de tenter de vous enseigner, M. Potter, je doute que la simple lecture de l'énoncé ait le pouvoir de vous faire perdre connaissance. Vingt points en moins pour Gryffondor, pour vous apprendre à faire le pitre durant un devoir.

- Bien, Monsieur, répondit impassiblement Harry en se rasseyant, jetant un regard noir à Malfoy qui ricanait lourdement.

* Attend voir, toi…*

Il saisit prestement une feuille de brouillon et commença à griffonner le Serpentard tel qu'il l'avait imaginé au tout début, tirant la langue devant un Snape le désignant de son fouet. Mmh. Un Snape en habit de cuir, rectifia-t-il. Oui. Pas mal.

Il écrivit le titre (" Dompteur Snape et son Serpentard savant ") et passa au dessin suivant, un grand sourire pervers aux lèvres. Crabbe et Goyle, voyons, l'un sur l'autre. Mmh. Qui mettre au-dessus ? – aucune importance, il ne savait même pas lequel était vraiment Goyle après tout. Il titra (" Etude de l'accouplement des Trolls de Montagne ") et prit une troisième feuille.

Il aurait dû y penser plus tôt. Il se promit que les feuilles allaient très vite circuler dans toute l'Ecole…

Malfoy Senior et Malfoy Junior, se roulant aux pieds d'un Voldy en nuisette rose… Il détailla son dessin d'un regard critique. Mmh. Celui-ci plairait sans doute moins après tout, Voldemort n'était mort que depuis deux mois… Il inscrivit quand même le titre (" La rançon du pouvoir ") et prit une quatrième feuille de brouillon.

Malfoy, encore. Mmh… Harry laissa ses fantasmes courir un peu. Malfoy… nu, bien sûr… avec… il se creusa la tête. Crabbe, Goyle, berk. Umbridge? Non, il haïssait Umbridge, mais c'était trop laid. Pourquoi pas… Marcus Flint. Vouip. Ce type avait une tronche de Veracrasse (honnêtement), mais de chouettes pectoraux. Il suffisait de couper un peu la tête, là, et le plus gros de l'horreur serait épargné, mais on saurait quand même de qui il s'agissait. Cette quatrième œuvre d'art s'intitula bien entendu " Entraînement intensif de Quidditch ".

Il s'empara d'une cinquième feuille, jetant un coup d'œil distrait à sa montre. 16 h 32, ok. Il saisit de nouveau sa plume, réfléchissant à la nouvelle façon d'exploiter Malfoy – et surtout dans quelle position l'exploiter. Et si…

Minute.

* SEIZE HEURES TRENTE-DEUX ??!!!*

Merdum. Merdum. Merdum. Plus que 28 – nan, 27 minutes ! MERDEUH !

Quand la cloche sonna 26 minutes et 46 secondes plus tard, il avait à peine gribouillé à la hâte une feuille recto-verso. Il posa sa plume avec accablement, se passa une main dans les cheveux en soupirant et, laissant tomber la relecture (relire quoi ?), réunit le maigre fruit de son maigre travail, le glissa dans le sujet, et jeta pêle-mêle le reste de ses affaires dans son sac. Puis il suivit Hermione et Ron dehors, jetant en passant son devoir sur le bureau de Snape, et partit avec eux en direction des cuisines, histoire de manger un truc.

Trois heures plus tard, il hésitait entre se pendre au lustre du Grand Hall et sauter de la Tour d'Astronomie.

- Merde. Merde. Merde. MERDE !

Il retourna une 17ème fois son sac, cherchant vainement trois de ses quatre gribouillages. Disparus.

- Un problème ? demanda Ron avec curiosité en s'approchant de lui.

- Rien. Rien du tout, répliqua Harry d'une voix tremblante. Snape a juste entre les mains quelques dessins cochons que j'ai fait durant mon devoir. C'est tout.

Hermione, Lavande et Pavarti, qui discutaient avec Neville, Dean et Seamus des ASPICs qui approchaient, s'interrompirent net et se tournèrent vers lui.

- Tu as quoi ?! s'exclama Ron, incrédule.

- J'ai – dessiné – des – dessins – cochons – surtout – de – Serpentards – et – ils – se – sont – glissés – dans – ma – copie, déclara-t-il lentement d'une voix blanche.

Il y eut un grand silence.

Puis tous les autres explosèrent de rire, pendant que Harry s'effondrait sur la table.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Snape inscrivit un large 'F' sur la copie de Neville Londubat – à moins qu'il ne s'agisse d'un 'Z' – et saisit la suivante en soupirant. Qui avait un jour osé prétendre que les Gryffondors avaient un cerveau et savaient s'en servir? Quoique, pour être honnête, les Serpentards les suivaient de très près dans ce Rallye des Aneries. Mais il ne l'aurait jamais avoué de vive voix.

Ah. Potter. Il soupira encore plus fort. A contrecœur, il ouvrit la copie et saisit la première feuille, observant avec étonnement que pour une fois le morveux avait réussi à en écrire une seconde, et même une troisième, il semblerait. Peut-être avait-il enfin décidé de se mettre au travail? Il eut à peine à parcourir quelques lignes pour constater que non: du bla-bla, encore du bla-bla. Il saisit tout de même la suivante, peut-être pourrait-il y dégoter une remarque un tant soit peu intelligente…

Il se figea et cligna des yeux. Qu'est-ce que…?

Les cachots furent alors témoins d'un événement pour le moins extraordinaire: Snape éclata de rire.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

* Tout va bien se passer. Tout va bien se passer. Tout va bien se passer. Tout va bien se passer. Tout va bien se passer. Tout va bien se passer. Tout va bien se passer. Tout va bien se passer. Tout va bien se passer. Tout va bien se passer. Tout va bien se passer. Tout va bien se passer. Tout va bien se passer. Tout va bien se passer. Tout va bien se passer. TOUT – VA – BIEN – SE – PASSEEEEEEEEEER – SEIGNEUR – JE – SUIS – DANS – LA – MERDE – LA – PLUS – TOTALE – OSKOOOUUUUUUURRR!!!!*

C'était la fin du cours de Potion et Snape redistribuait tranquillement les copies de la semaine précédente. Harry n'avait pas cessé de claquer des dents durant les deux heures, et sa potion qui aurait normalement dû prendre une délicate teinte gris-bleutée avait atteint des gammes chromatiques étonnantes. Mais contrairement à ce qu'il attendait, Snape n'avait pas été plus désagréable que d'habitude, se contentant de lui pourrir la vie durant à peu près la moitié du temps et d'ôter 39 points à Gryffondor.

* Au moins, le dessin où il était avec Malfoy lui a échappé *, pensa faiblement Harry. Ce qui était mieux que rien. Il frissonna: Merlin seul savait ce qui se serait passé si…

- Potter.

Schlack.

Sa copie atterrit sans douceur sur la table. Il la rangea sans l'ouvrir, ce qui n'étonna personne, les élèves étant généralement peu pressés de prendre connaissance des remarques de leur cher Maître des Potions. Trois minutes plus tard, la cloche sonnait, et Harry, quasi-délirant de soulagement de ne pas voir Snape lui faire signe de rester, se précipita dehors.

- Hey! Attend-nous! s'écria Seamus en lui courant après.

Toute l'équipe de 7ème année de Gryffondor accourrait vers lui.

- Alors?! Il a dit quoi?! trépigna Lavande.

Harry les regarda, se laissa tomber sur une marche, puis sortit lentement sa copie du sac et l'ouvrit avec précaution. Il jeta un bref coup d'œil sur son 'véritable' devoir ( 'E-', tiens, c'était meilleur que d'habitude), puis se saisit des trois feuilles qui étaient encore là.

- Il te les a rendus?! s'exclama Dean d'un air stupéfait, tandis que les autres s'arrachaient les feuilles en hurlant de rire.

Harry opina distraitement, parcourant rapidement les quelques lignes qui ornaient une quatrième feuille:

" Malgré un talent certain et un choix des sujets assez appréciable, il est impossible de nier que votre travail demeure assez bâclé, M. Potter. Une mention spéciale pour les titres, sommes toutes judicieusement choisis.

                                                                                              S.S.

PS: ci-joint la correction. "

A côté était inscrit un grand 'D+'.

Il saisit la cinquième et dernière feuille et étouffa un glapissement: Snape l'avait dessiné, lui-même, trônant avec un sourire suffisant au milieu d'une troupe d'animaux qui rassemblait, outre une famille de belettes bizarrement toutes rousses dont l'une serrait d'assez près un castor aux dents énormes, un chat aux marques carrées autour des yeux que Harry connaissait déjà, et une chèvre violette avec un looooong bouc immaculé et des lunettes en demi-lunes. Le titre était juste " Le Roy et sa basse-Cour ".

- L'ENCULE DE…!

Tous les autres sursautèrent et se tournèrent vers lui.

- Quoi? demanda Hermione avec curiosité.

- Rien. Rien du tout, répondit-il en pliant vivement la feuille, admettant en lui-même que Snape avait un sacrement bon coup de crayon. Heu… Je peux les récupérer? Ce ne serait peut-être pas une bonne idée de les faire circuler maintenant que Snape les a vus…

Les autres lui rendirent les feuilles à contrecœur, lui faisant promettre d'en dessiner d'autres.

Ce qui était bien son intention.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Snape regardait d'un air absent ses élèves entasser leurs devoirs-maisons sur son bureau avant de quitter le cachot. Il aurait dû les garder. Il aurait dû garder les dessins. Ils n'étaient vraiment pas mal.

Enfin tant pis. Il espérait juste que Potter avait eu l'humiliation de sa vie et qu'il s'intéresserait désormais un peu plus à ses devoirs.

Il déchanta très vite. Dix minutes plus tard pour être précis. En ouvrant la nouvelle copie du morveux.

Le devoir en lui-même était tout aussi inintéressant que ceux qu'il lui rendait depuis plus de six ans. Le reste l'était moins. Il saisit la première feuille.

" Cher professeur, laissez-moi tout d'abord vous remercier respectueusement d'avoir pris un peu de votre précieux temps pour conseiller un débutant tel que moi. Cependant, j'aimerais vous faire remarquer que je ne disposais pas, moi, de moyen de colorier mes oeuvres, et que je suis parvenu à produire trois dessins – quatre, en fait, je vous envoie le dernier qui vous plaira sûrement – en un temps imparti, tandis que vous avez disposé de pratiquement une semaine entière pour dessiner un maigrichon scribouillage qui, pardonnez-moi, s'il révèle une certaine maîtrise du crayon, manque profondément d'originalité et d'audace dans le sujet. Par conséquent, je ne pourrai aller plus haut qu'un 'E+'.

Sincèrement, votre élève, H.P. "

Sidéré, Snape détailla les trois dessins qui le représentaient, lui :

1. avec Draco Malfoy dans une position semi-parodique semi-sadomasochiste

2. en habit de soubrette frottant avec adoration les bottes de Lord Voldemort qui lisait le journal

3. nu, au lit, avec Sirius Black ET Remus Lupin !!!

Il lui fallut quelques instants pour recouvrer toutes ses capacités. Certes, les dessins en eux-même n'étaient pas très osés (il pouvait s'estimer heureux d'y être encore décent, notamment sur le troisième où une couverture bien placée les couvrait tous les trois – berk, berk, berk – jusqu'à la taille), mais nom de Dieu QUAND MEME LES SUJETS!!!

Il pensa tout d'abord ôter trois trillions de points à Gryffondor, réalisa qu'il lui faudrait expliquer la raison de cette sévère mais juste punition et donc montrer les dessins, et décida de s'y prendre autrement.

En soubrette… Potter allait payer.

La guerre était déclarée.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

- OH – MY – GOD !!!

Harry plaqua sa main contre sa bouche, refusant d'en croire ses yeux. Il remercia le ciel ou qui que ce soit là-haut d'être assis seul dans la Salle Commune, d'abord parce que cela l'avait empêché de tomber par terre, ensuite parce que personne ne risquait de s'étonner de la jolie couleur rouge-brique qui gagnait lentement mais sûrement son visage. Avoir attendu deux heures du matin pour être réellement seul semblait finalement une bonne idée.

Snape lui avait renvoyé trois dessins, lui aussi: sur le premier, Harry, crayonné en rose, était visiblement en train de prendre du bon temps entre les deux jumeaux Weasley, d'une jolie teinte brun-dorée; le mignon petit sandwich au jambon dessiné à côté du titre (" Sandwicherie Weasley : clients servis en 10 minutes chrono ") ne laissait aucun doute quant à la situation. Le jeune Gryffondor se sentit devenir aussi rouge que les tentures de la pièce, Snape, contrairement à lui, n'ayant rien dissimulé. Le rôle que jouait la bouche de Fred – ou George – dans l'histoire était des plus perturbant et il changea de position dans son fauteuil, soudain mal à l'aise.

Le second, un dessin de Ron et lui sous la douche, ne lui arracha qu'un soupir et une prière pour que son ami ne tombe jamais là-dessus. Il se rendit compte qu'il n'avait même pas envisagé de jeter les dessins, et se justifia en admettant que Snape dessinait vraiment très bien et avait pas mal d'imagination, et qu'il serait dommage de… enfin bon… bref… voilà, rien de plus quoi…

Quant au troisième… la scène se déroulait visiblement dans les vestiaires du stade de Quidditch, et comprenait, dans le désordre, Olivier Dubois, un Vif d'Or, un manche à balais et lui-même, Harry Potter. Suffoquant littéralement de confusion, il tourna et retourna le dessin dans tous les sens, cherchant le haut et le bas, se demandant distraitement si certaines parties de l'anatomie d'Olivier se présentaient réellement telles que Snape les avait dessinées ou si elles sortaient directement de son imagination. Dans le premier cas, il préférait ne pas savoir d'où Snape tenait ses informations.

Une petite note accompagnait bien sûr les dessins.

" Cher M. Potter, j'ai eu plaisir à voir que, suivant mon conseil, vous vous êtes appliqué sur votre technique. Je suis ravi de vous annoncer que, contrairement aux Potions, vous semblez promis à de grand progrès. Le choix des sujets, au contraire, s'en est retrouvé considérablement amoindri (mais peut-être s'agit-il d'un point de vue personnel), malgré une fantaisie distrayante quoiqu'un peu classique. Je ne puis par conséquent dépasser le 'C-', désirant tout de même vous complimenter pour le soin que vous avez accordé aux détails: la dentelle du jupon du n° 2 est exquise. "

Harry ricana.

" Suivant votre conseil (la modestie est une condition sine qua non de l'art), je me lance à mon tour dans des thèmes plus 'audacieux', selon vos dires. J'ose espérer que ces essais vous apporteront quelques satisfactions, même si les sujets en demeurent totalement irréalistes (honnêtement, Potter, je doute que vous ayez dépassé le stade du chaste baiser rougissant ; mais la chasteté est une vertu, paraît-il).

Sarcastiquement vôtre, S.S. "

- Le bâtard, murmura Harry.

Mais il souriait largement.

Il rangea soigneusement les dessins et le mot dans une pochette avec les autres, et monta se coucher, réfléchissant déjà à d'autres sujets possibles – incluant bien entendu Snape lui-même. Malgré ses heures de veille, il dormit assez mal, rêvant que des dizaines de sandwiches et de balais dansaient la ronde autour de lui tandis que quelqu'un dans son dos lui faisait des choses peu catholiques.

Il se leva en avance pour porter ses draps souillés à la lingerie.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Toc toc toc.

Snape abandonna son livre avec un soupir et ouvrit la fenêtre, avisant avec surprise une chouette immaculée lui tendre la patte d'un air impatient, apparemment pressée de se mettre à l'abri de la pluie torrentielle qui crépitait au dehors. Il s'écarta civilement.

- Je vous en prie.

La chouette sautilla à l'intérieur sans faire de manières, et s'ébroua avec force avant de lui tendre à nouveau le rouleau de parchemin. il s'en saisit avec curiosité – il ne recevait que rarement du courrier – et en brisa le cachet.

Plusieurs feuilles s'échappèrent, notamment ce qui ressemblait de près à des dessins. Il sourit légèrement.

- Pas de réponse, merci.

La chouette claqua du bec et s'envola par la fenêtre, tandis qu'il s'asseyait confortablement dans son profond fauteuil.

" Cher professeur,

Merci pour les dessins. L'idée du manche à balai demeure classique, mais je n'avais personnellement jamais envisagé un tel emploi du Vif d'Or (le sujet mériterait sans aucun doute une étude approfondie). "

Les lèvres de Snape se retroussèrent.

" Je ne peux qu'une fois de plus louer vos talents pour le dessin, une qualité que je ne m'attendais certes pas à découvrir chez vous, sans vouloir vous offenser; mais cette excitante etonnante démonstration m'aura prouvé le contraire.

Je joins bien sûr à cette lettre quelques essais à moi… Je souhaiterais d'ailleurs vous demander votre avis sur un détail concernant le troisième (je les ai numérotés pour plus de facilité): pensez-vous sincèrement que la main de L.M. puisse physiquement se trouver à l'endroit où je l'ai dessinée (je veux parler d'un point de vue positionnel) ?

Bien à vous, H.P.

PS: ma (véritable) vie sexuelle ne vous regarde pas. "

Snape s'empara du fameux troisième dessin, y jeta un coup d'œil, sursauta et le lâcha par terre, le ramassa, respira à fond et l'observa plus attentivement. Mh. La question était assez pertinente et demandait réflexion. Au bout de cinq minutes de calculs compliqués et après avoir ôté sa veste (il faisait soudainement très chaud dans la pièce), il conclut que la chose était possible. Mais uniquement avec beaucoup de pratique.

Il était déjà torse-nu en reposant le deuxième dessin à côté de lui. Le troisième le convainquit finalement d'aller prendre une grande douche bien froide de toute urgence.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Harry bailla pour la 162ème fois de l'heure, et laissa son regard vagabonder par la fenêtre. Binns était toujours aussi captivant.

Chkrich chkrich.

Un corbeau noir comme la nuit venait de se poser sur le rebord et grattait discrètement au carreau. Surpris, Harry vérifia rapidement que tout le monde roupillait tranquillement, et entrouvrit doucement la fenêtre, heureux d'être installé au fond de la classe. Le corbeau lui tendit le rouleau qu'il transportait dans son bec, poussa un petit "Croââââ!" complice et s'envola.

La lettre lui était adressée. Bizarre. C'était bien la première fois qu'il apercevait l'oiseau. Et pourquoi n'était-il pas arrivé au petit déjeuner avec le reste du courrier?

Il déroula le message, veillant à ne pas réveiller Ron à côté de lui, et sourit en reconnaissant l'encre écarlate. Son sourire s'effaça et sa mâchoire se fracassa sur son bureau lorsqu'il entreprit de d'admirer les dessins. Oh mon Dieu. Oh mon Dieu. Non mais à quoi pensait Snape en lui envoyant ça en cours?! Il tenta de se calmer, prit une grande inspiration, rattrapa les rouleaux qui se taillaient dans tous les sens – il ne manquerait plus qu'un élève mette la main dessus… Harry n'oserait plus jamais se montrer – et les observa plus en détail.

God. Oh God. Où Snape avait-il pu pêcher des idées pareilles? Expérience personnelle? Harry se sentit soudain fort tenté par une carrière dans l'Education. Oh my God.

Il sentit avec un embarras pervers le sang et la chaleur affluer vers son bas-ventre et son pantalon le comprimer douloureusement. Maudit soit Snape; pourquoi lui envoyer ça maintenant?

* Tu n'étais pas forcé de les regarder maintenant…* lui murmura ironiquement sa petite conscience.

Il envoya sa conscience se faire foutre et rangea les parchemins dans son sac, essayant de ne plus penser à Malfoy en train de le… tandis qu'il… Comment diable faisait ce bâtard pour retranscrire un tel sentiment de… jouissance?

Fuck. Fuck. Fuck.

- Monsieur, est-ce que je peux sortir cinq minutes?

- Faites, faites, marmonna Binns tandis que les autres élèves lui jetaient un coup d'œil ensommeillé.

Harry se précipita vers les toilettes, reportant la lecture de la note à un peu plus tard.

A suivre…