.AMOK TIME.
chapitre 2 – Nach risashavaya-yehat / L'inavouable
Précédemment
« Tout ce qui peut aller mal le fera au pire moment. » Un fleuve d'acide se déverse dans ses veines, il lui reste juste assez de force psychique pour endiguer la crise de panique mêlée de fureur qui tente de prendre le contrôle de son esprit. Sa voix est calme et mesurée lorsqu'il répond à son Capitaine
─ Je comprends très bien, Capitaine.
- o -
Allongé sur son lit, dans le calme confort de sa cabine plongée une demie pénombre, Jim Kirk s'accorde une petite pause bien méritée. Hélas, son esprit ne cesse de retourner le problème Spock dans tous les sens. Que peut-il faire ? De quelle marge de manœuvre dispose-t-il ? Il connait bien son ami : son impassibilité n'était qu'une apparence trompeuse.
Jim se redresse soudainement, il doit cesser de se voiler la face. Il sait parfaitement ce qui doit être fait. Mais avant de prendre une décision, il veut être en mesure d'en évaluer les conséquences. Il s'assoit sur sa couchette, tend le bras vers l'ordi de sa table de chevet, et active la communication.
─ Passerelle. Navigation.
Le visage juvénile du navigateur apparaît sur l'écran
─ Navigation. Ici Chekov.
─ Monsieur Chekov, à quelle heure arriverons-nous pour les cérémonies si nous augmentons notre vitesse au maximum et que nous nous détournons vers Vulcain juste le temps d'y déposer M. Spock ?
Le navigateur fronce les sourcils
─ Je ne comprends pas, Capitaine.
─ À quel point le fait de nous dérouter vers Vulcain nous fera-t-il prendre du retard sur le programme ?
Le navigateur est visiblement perplexe
─ Nous sommes déjà en route pour Vulcain, Capitaine, comme l'a ordonné M. Spock.
Jim n'en croit pas ses oreilles. Il met fin à cet échange d'une voix songeuse.
─ Merci, Monsieur Chekov. Kirk, terminé.
Monsieur Spock est le plus loyal des membres de l'équipage! Comment est-il possible qu'il ait pu faire une chose pareille ?!
- o -
Concentré sur sa console, Spock entend à peine la porte du turbolift de la passerelle s'ouvrir. La voix du Capitaine brise la concentration qu'il a eu tant de mal à obtenir et maintenir.
─ Monsieur Spock.
Spock se retourne. Kirk est là, juste devant la porte, les mains sur les hanches, les traits insondables. Il ordonne d'une voix presque neutre.
─ Venez avec moi, s'il vous plaît.
Spock ne proteste pas, il le rejoint d'un pas lent dans le turbolift tandis que Chekov vient prendre la relève à son poste.
Kirk le regarde longuement comme pour essayer de lire ses intentions sur son visage ou du moins décoder son attitude.
─ Pont cinq.
Spock ne comprend pas que ce silence est une invitation à parler, il reste obstinément muet, droit à en être rigide, les yeux dans le vague, le regard hagard. Kirk l'interroge sèchement :
─ Vous avez changé de cap pour Vulcain, Monsieur Spock. Pourquoi ?
─ Changé de… cap ?
Que signifie cette réponse hésitante ? Cela ne ressemble pas au Spock qu'il connaît !
─ Vous le niez ?
─ Non. Non, en aucun cas, Capitaine… C'est tout à fait possible.
Jim est de plus en plus inquiet pour la santé mentale de son ami
─ Alors pourquoi l'avez-vous fait ?
─ Capitaine, j'accepte de vous croire sur parole d'avoir fait cela, mais je ne sais pas pourquoi, et je ne me souviens pas de l'avoir fait.
Spock s'anime soudain alors que la porte s'ouvre. Il se tourne vers Kirk, véhément :
─ Capitaine, enfermez-moi! Je ne souhaite pas être vu ainsi. Je ne peux pas. Aucun Vulcain ne pourrait vous en dire plus.
─ J'essaie de vous aider, Spock.
La main tendue a pour seul effet d'attiser cette exaspération émotionnelle qu'il contient à grand peine.
─ Ne me posez plus de questions! Je ne répondrai pas!
Kirk a toujours respecté la réserve de Spock, mais là son goût du secret va beaucoup trop loin. Si son Second a des problèmes de santé, il veut, il doit en avoir le cœur net. Puisque la méthode douce ne fonctionne pas, il va user de son autorité de Capitaine :
─ Je vous ordonne de vous rendre à l'infirmerie.
─ L'infirmerie ?
La réponse tombe, ferme, définitive :
─ Examen complet. McCoy vous attend.
Spock s'extirpe du turbolift d'un pas lent. Ses paupières papillonnent sans qu'il ne parvienne à les discipliner. Ses lèvres sont entrouvertes en un non qu'il n'a pu prononcer. Il obéit de façon réflexe au Capitaine et se dirige vers l'infirmerie.
Il s'arrête net au bout de trois pas, tout en lui se rebelle à l'éventualité de cette inquisition médicale, alors il va dans la direction opposée. Chaque enjambée lui demande un effort disproportionné.
Le doute l'assaille, une double loyauté l'écartèle : son devoir est de se conformer aux ordres de son supérieur hiérarchique. Oui, mais nul ne doit être informé de ce qui déchiquette sa raison et fait bouillir son sang!
Il décide finalement d'obtempérer. Malgré la vaste étendue de son savoir médical, le docteur McCoy ne dispose pas des connaissance nécessaires pour diagnostiquer l'odieuse situation dans laquelle il se trouve pris au piège. Il ne pourra qu'en constater les effets.
McCoy se tourne vers la porte, alors que Spock entre à l'infirmerie. Sa démarche est... fantomatique. Jim l'avait averti de son arrivée. Tout est près, et il est bien décidé à lui faire tous les examens nécessaires pour comprendre ce qui ne va pas chez lui.
─ Entrez, Spock. Je suis prêt à vous recevoir.
Mais Spock a encore changé d'avis et il n'a pas l'intention de le laisser faire.
─ Mes ordres étaient de me présenter à l'infirmerie, Docteur. C'est fait. Et maintenant, je vais aller dans mes quartiers.
Le récalcitrant Vulcain est enfin là, McCoy ne le laissera pas repartir comme cela.
─ Mes ordres sont de vous faire passer un examen médical complet!
Les prunelles métalliques du médecin scrutent Spock, pour tenter de lire en lui, de deviner, de comprendre, mais Spock reste, presque, aussi impassible que d'habitude. Et ce presque est très inquiétant : le Sang-vert lui donne l'impression d'être devenu une cocotte-minute dont l'explosion peut survenir n'importe quand...
McCoy pose sa main sur l'épaule du Vulcain, très doucement, en une invitation qui se veut rassurante et bienveillante
─ Les ordres que j'ai reçus sont de vous faire passer un examen médical complet. Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, je dois me conformer aux demandes du même Capitaine que vous.
Les sens télépathique de Spock sont décuplés par son état d'instabilité chronique, il perçoit nettement, à travers cette main, les émotions du docteur McCoy. Son absolue probité de médecin, la sincérité de son inquiétude, l'authenticité de son désir de lui venir en aide, sa profonde bienveillance... et la pureté de son amitié pour lui.
Sa voix se fait plus douce pour tenter de le convaincre.
─ Allez, Spock. Pliez-vous à la logique de la situation.
Il n'y a aucun moyen d'échapper à la curiosité de ces deux Humains... de ses deux amis. Il doit s'y soumettre, il se dirige d'un pas lourd vers la couchette médicale
─ Très bien docteur. Examinez-moi, pour le bien que cela nous fera à tous les deux…
- o -
Sur le pont, Sulu a bien remarqué que quelque-chose ne tourne pas rond entre le Capitaine et le Commandant.
─ Comment comprenez-vous ça, Chekov ? D'abord nous allons sur Vulcain, ensuite nous allons sur Altaïr, puis nous allons à nouveau sur Vulcain, et maintenant nous retournons sur Altaïr.
Contrairement à son collègue, Chekov ne trouve rien d'amusant à cette situation.
─ Je crois que je vais avoir le mal de l'espace.
- o -
Kirk ne sursaute même pas quand le docteur McCoy entre en trombe dans ses quartiers. Il pose tranquillement sur son bureau le stylet et le pad sur lequel il travaillait.
─ Jim, vous devez emmener Spock sur Vulcain!
Il se lève de son bureau, et déclare d'une voix qu'il veut rassurante :
─ Bones, je le ferai, je le ferai. Dès que cette mission sera achevée…
McCoy lui saisit le bras plus rudement qu'il ne le voudrait, sa voix devient véhémente :
─ NON! Maintenant! Tout de suite! Si vous ne l'emmenez pas sur Vulcain d'ici une semaine, huit jours au maximum, il mourra!
Il insiste alors que le Capitaine pâlit.
─ Il mourra, Jim.
Kirk que refuse de croire en une telle prédiction, c'est impossible! Cela ne se peut pas, ne doit pas être possible! Pas Spock!
─ Pourquoi…? DOIT-il mourir ? POURQUOI dans huit jours ? Expliquez!
La réponse de McCoy tombe comme un aveu d'échec, une sentence de mort.
─ Je ne sais pas.
Cela est inacceptable, inconcevable, impossible! McCoy a toujours réussi à accomplir des miracles médicaux! Pourquoi n'y parviendrait-il pas pour cette situation-là?
─ Vous ne cessez pas de le répéter. Êtes-vous médecin ou non ?
Médecin, oui, pas magicien, il ne peut que constater et décrire des symptômes. Sans connaître la cause ou l'origine de cette maladie, il est totalement impuissant… les Vulcains et leurs maudits secrets !
─ Il y a un déséquilibre croissant des fonctions corporelles… c'est comme si, dans nos corps Humains, d'énormes quantités d'adrénaline étaient constamment déversées dans nos flux sanguins. Je ne parviens pas à retracer l'origine de ce déséquilibre dans mon biocomps. Spock refuse de m'en parler. Mais si on n'arrête pas cela d'une manière ou d'une autre, les pressions physiques et émotionnelles vont tout simplement le tuer !
Jim absorbe ces informations comme autant de coups de poings. Il fait quelques pas dans la pièce, il demande d'une voix lente :
─ Vous êtes convaincu qu'il sait ce que c'est ?
─ Oui, et sa bouche est aussi close que celle d'une huître d'Aldébaran.
Jim a toujours refusé de s'avouer vaincu d'avance, et ce n'est pas maintenant, alors de la vie de son ami est en danger qu'il va commencer! Spock sait ! Il suffit de le pousser aux aveux. Il se dirige vers la sortie d'un pas décidé, il entend à peine les derniers mots de McCoy
─ Inutile de lui demander, Jim. Il ne parlera pas.
Resté seul dans la cabine de Jim, McCoy se met à espérer que le Capitaine saura trouver les mots pour vaincre le mutisme obstiné de Spock, il le doit, il le faut.
- o -
Spock s'est enfermé dans ses quartiers. Il est assis à son bureau. Son ordi est allumé, mais pour une fois, ce n'est pas pour suivre les résultats d'une expérience scientifique. Il contemple la photo d'une fillette, qu'il a rencontrée 29,3 années auparavant. Il avait le même âge qu'elle, il ne l'a jamais revue depuis ce jour-là*
La sonnette de sa porte retentit, et met fin à ses pensées fragmentées. Cela ne peut être que le Capitaine. Le docteur a dû lui faire part de ses conclusions. Il prend une court respiration, éteint l'écran et se prépare à l'affrontement qui l'attend.
─ Entrez...
Kirk pénètre dans la pièce d'un pas rapide et décidé, il lève la main:
─ Restez assis.
Spock se rassoit dans son fauteuil, il réprime un soupir. Il connaît bien son Capitaine. Jim est déterminé. Jim est persévérant : il va tout faire pour lui faire avouer les raisons de son état.
Spock baisse le regard. Son contrôle émotionnel est défaillant et il connait la perspicacité de Jim. Il ne veut pas qu'il perçoive à quel point.
Jim reste debout, en face de lui, le bout des doigts posés sur le plateau du bureau.
─ McCoy m'a donné son évaluation médicale de votre état. Il dit que vous allez MOURIR si rien n'est fait.
Spock lève brièvement les yeux à la façon très émotionnelle avec laquelle Jim prononce le verbe mourir.
─ QUE peut-on faire?
Une question franche et directe. Spock ne peut que soupirer discrètement et baisser la tête. Il ne lui sera pas possible d'y répondre de la même manière: sa situation est si honteuse !
─ Est-ce que c'est quelque chose que seule votre planète peut faire pour vous ?
Spock tend le bras pour poser son stylet sur son pad, Jim lui saisit le poignet.
─ Spock! Insiste-t-il, à court d'arguments
Le visage et le corps de Spock se crispent alors que son esprit est assailli par les affects de son ami, il lui est déjà tellement difficile de contenir les siens! Il relève hâtivement ses nahp-fo-dan [boucliers mentaux] pour tenter de se protéger de cette surcharge additionnelle.
Jim prend conscience des tremblements spasmodiques qui agitent cette main qui jamais n'a tressailli. Qu'arrive-t-il donc à son ami pour qu'il perde à ce point le contrôle de ses muscles ?
Spock parvint à s'arracher à la poigne de Jim. L'interruption de ce contact mental involontaire est presque un soulagement. Il garde les yeux obstinément baissés pour s'épargner toute autre contagion émotionnelle.
─ On vous qualifie de meilleur officier en second de la flotte. Déclare Jim avec plus de de sévérité qu'il ne le voudrait
Spock se contente de pincer les lèvres et de fermer les paupières, meilleur officier! Ce n'est absolument plus le cas actuellement.
─ C'est un atout énorme pour moi. Poursuit Jim dans l'espoir qu'un rappel à son devoir poussera Spock à répondre. Si je dois perdre ce premier officier, j'exige de savoir pourquoi!
Spock hésite et se lève lentement. Il ne lui est plus possible de rester assis. Il s'éloigne de Jim, et lui tourne le dos, les affects qui émanent de l'Humain sont dangereusement transmissibles. Il serre ses deux mains l'une contre l'autre, convulsivement, pour tenter de contenir le maelstrom des émois qui l'assaillent.
Il prend une lente respiration.
Il contemple la statue qui décore sa chambre. Une représentation archaïque de Ti'Valka'ain, entité divine des temps anciens, Dieu des Feux du Ventre de la Terre, dont sa planète natale, T'Khasi tire son vrai nom. La lente combustion des cônes d'encens, qu'il a déposés sur son piédestal, répand une effluve aux nuances complexes et imperceptibles pour l'odorat des Humains. Celles de la rosée de la première heure du jour, sur le sable de Shi'Kahr, juste avant que le soleil ne la vaporise de sa brûlure… il ne doit pas se laisser entraîner par les souvenirs !
─ C'est une chose qu'aucun étranger ne peut savoir, excepté les rares qui ont été impliqués.
Jim se fige, reste silencieux et attentif afin de ne pas interrompre Spock, alors que celui-ci se tait quelques seconde et qu'il reprend en cherchant ses mots:
─ Les Vulcain la comprennent, mais même nous, nous n'en parlons jamais entre nous. C'est une chose… profondément personnelle. Pouvez-vous voir cela, Capitaine, et comprendre ? Conclut-il, presque suppliant, en se tournant à demi vers lui.
Jim fronce les yeux, tous ces sous-entendus lui échappent -et l'agacent un peu. Il secoue légèrement la tête:
─ Non, je ne comprends pas. Expliquez. Considérez cela comme un ordre.
Spock retient un soupir, son exaspération est perceptible
─ Capitaine, il existe des choses qui transcendent tout, même la discipline du service!
Est-ce à ce point intime qu'il ne puisse le verbaliser ? Kirk met ses mains dans son dos et se rapproche de Spock, dans une attitude miroir à celle de son officier. Il se met juste en face de lui, les yeux baissés pour ne pas l'indisposer.
─ Cela vous aiderait-il, si je vous disais que je traiterai tout cette… affaire de manière totalement confidentielle ?
Spock connaît bien Jim. Depuis qu'il sert sous ses ordres, il a pu constater sa discrétion et sa loyauté. Il ne le jugera pas. Mais sa honte est telle qu'il se sent incapable de tout lui révéler en restant face à lui, alors il s'éloigne, lui tourne à nouveau de dos et articule péniblement à mi-voix
─ Cela... a à voir avec la… biologie.
Kirk n'est pas bien sûr ce de qu'il a entendu :
─ Quoi ?
Spock lève les yeux vers le plafond. Comment se fait-il que Jim ne comprenne pas, lui qui est si intuitif d'ordinaire?
─ Bio-lo-gie.
Jim voit bien la désarroi et le malaise de Spock, mais il ne saisit toujours pas le problème. Il se rapproche à nouveau de Spock, juste à côté de lui, leurs coudes se touchent presque. Il insiste alors que l'embarras le gagne lui aussi
─Quel genre de… biologie ?
─ La biologie vulcaine. S'impatiente Spock en haussant à nouveau les yeux.
Jim s'humecte les lèvres bout de la langue.
─ Vous voulez dire la biologie… des Vulcains ? Dit-il lentement en levant les yeux vers Spock qui lui regarde sur le sol les lèvres pincées
─ La biologie au sens de… reproduction ?
Mortifié, Spock hoche la tête en un oui silencieux.
Kirk se sent soulagé, ce n'est donc que ça ? Mais pourquoi en faire tout un drame ? Spock serait-il donc… n'aurait-il donc jamais eu… de rapports sexuels pour être aussi embarrassé par cela ?
─ Eh bien, il n'y a pas lieu d'en être euh… gêné, Monsieur Spock. Cela arrive aux oiseaux et aux abeilles.
Mais Spock n'a pas besoin d'être rassuré, il secoue légèrement la tête. Il rétorque avec sévérité
─ Les oiseaux et les abeilles ne sont pas des Vulcains, Capitaine.
Il ressent à nouveau le besoin de s'éloigner alors qu'il évoque à demi-mots le honteuse déchéance qui l'accable
─ S'ils l'étaient... si des créatures aussi fière de leur logique que nous... se voyaient… violemment dépossédées de cette logique, comme nous le sommes durant cette période…
Spock ne peut contenir un soupir, avant de reprendre après une longue hésitation.
─ Savez-vous comment les Vulcains choisissent leurs partenaires ?... Vous ne vous êtes jamais posé la question?
Kirk est totalement pris au dépourvu, voilà bien une question qu'il ne s'est jamais posée
─ ... je suppose, en tant qu'Humain, que cela suit… une certaine logique.
Le silence de Spock le déconcerte.
Spock passe lentement derrière lui pour se rasseoir à son fauteuil. Il secoue la tête et articule avec difficulté
─ Non... Non. Ce n'est pas le cas….
Il pince les lèvres avant de poursuivre :
─ Tout repose... sur des rituels et des coutumes qui remontent à l'antiquité...
Un bref soupir lui échappe.
─ Vous, les humains, ne pouvez pas le concevoir...
Jim retient son souffle sans même s'en rendre compte.
Spock soupire à nouveau à la simple pensée de ce qu'il est en train de révéler.
─ Cela nous dépouille de nos pensées… nous devenons fou au point de nous… arracher tout le… vernis de notre civilisation...
Il baisse la tête, les traits de son visage se tendent de désespoir alors qu'il prononce le mot tant redouté
─ C'est le pon farr. Le temps de l'accouplement.
Kirk était parvenu à ne pas bouger. Ce mot, Pon Farr… résonne comme une malédiction, une abomination pour des personnes aussi attachées à leur rationalité et leur self-contrôle émotionnel… cette profonde répugnance qu'il perçoit dans la voix de Spock… Oui, à présent, il comprend parfaitement les motifs de sa discrétion, il fera de même. Il se retourne vers Spock et vient s'asseoir sur le fauteuil face à lui, pour se mettre au même niveau que lui… et aussi parce qu'il se sent un peu sonné.
Spock tente de rationnaliser sa situation
─ Il y a des précédents dans la nature, Capitaine. Les oiseaux-anguilles géantes de Regulus 5 doivent retourner tous les onze ans dans les cavernes où elles ont éclos... Sur votre Terre, les saumons... Ils doivent retourner au cours d'eau où ils sont nés... pour frayer.. ou mourir en essayant.
─ Mais vous n'êtes pas un poisson, Monsieur Spock. Vous êtes…
─ Non. Je ne suis pas non plus un humain… je suis un Vulcain. Dit-il en pinçant les lèvres.
─ J'avais espéré être épargné par tout cela. Mais les pulsions ataviques sont trop puissantes. Elles finissent par nous rattraper et … et nous sommes contraints par des forces que l'on ne peut contrôler… à rentrer chez nous pour prendre une épouse... ou mourir.
Kirk a parfaitement compris les enjeux, et il a bien l'intention de prendre ses responsabilités. Après un long silence, il se lève et se met en face de Spock. Il a pris sa décision.
─ Je n'ai pas entendu un mot de ce que vous avez dit, et…
Il se dirige de la porte d'un pas déterminé, il est déjà dans l'action.
─ … je vous emmènerai sur Vulcain d'une manière ou d'une autre!
Prostré sur son fauteuil, Spock devine plus qu'il n'entend la promesse de Jim. Un tsunami émotionnel assiège à nouveau son esprit, ses vents déchainés se fracassent sur ses Nahp-fo-dan [boucliers mentaux] et les érodent graduellement. Il doit reprendre le contrôle de ses affects !
À suivre...
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* la fillette de la photo :
Dans Strange New World, Spock et cette enfant sont resté·es en relation, iels sont restés en contact toute leur vie et se fréquentent, comme le ferait deux Humains qui ont une relation l'une avec l'autre.
Cette série est bien faite et plutôt sympa à regarder, mais il y a beaucoup de choses qui ne me paraissent pas du tout canon(en particulier l'émotivité de Spock).
Aussi, je ferai comme si cela n'était pas advenu. D'ailleurs, si iels étaient resté·es en contact, ce n'est pas une photo de petite fille que Spock regarderait, mais celle d'une Vulcaine adulte.
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