Titre français: Malfoy, Détective Privé
Auteur: Nancy
Traductrice: Jess HDH
Catégories: Mystère, Action/Aventure, Romance, Suspense
Couple: Harry/Draco
Rating: R
Spoilers: les quatre premiers livres de HP
Etat actuel de la fic: en cours d'écriture. 10 chapitres sont pour le moment disponibles.
Où trouver la fic anglaise: Schnoogle
Résumé: "Je suis Draco Malfoy, détective privé. J'ai vu beaucoup de choses...j'ai fait beaucoup de choses, et je ressemble beaucoup à un gentil garçon de dix-sept ans. Je croyais avoir tout vu, jusqu'à ce qu'une paire de yeux verts entre dans mon bureau". Un Univers Alternatif (AU) à la manière des romans policiers noirs situé à Los Angeles où la passion et la magie se rencontrent. Slashy et sexy.
Disclaimer: cette histoire est basée sur des personnages et des faits crées et appartenant à J.K. Rowling. Aucun argent n'en est retiré. L'histoire de cette fic appartient à son auteur, Nancy, et la traduction à sa traductrice, Jess HDH.
Note de la traductrice: coucou, tout le monde! J'ai pris ma décision, je vais continuer les trads pendant encore un moment, mais en prenant plus mon temps. J'espère que ça vous fait plaisir! J'ai décidé de traduire cette fic, parce que je l'aime beaucoup. Si vous cherchez une fic originale, où il y a une intrigue passionnante, de la romance H/D (évidemment!) et une bonne dose d'action, de mystère et d'humour, ne cherchez pas plus loin! Par contre, vous risquez d'être un peu déroutés au début, et peut-être que vous allez vous demander ce qui se passe, mais je peux vous assurer que tout va s'éclaircir petit à petit...Faites-moi confiance! Voilà, j'espère de tout coeur que cette fic vous plaira autant qu'à moi, et surtout, n'hésitez pas à me reviewer pour me dire ce que vous en pensez! Bonne lecture!
Dédicace de la traductrice: cette fic est entièrement dédiée à une personne que j'adore: Caro alias BabyDracky alias choupi-choupinette, cette traduction est pour toi! Je sais combien tu aimes Draco et Harry (au moins autant que moi!) et j'espère que tu apprécieras cette fic! Gros mimis, choupi, et continue de me faire rire avec tes magnifiques fanfictions: cette fic est entièrement dédiée à une personne que j'adore: alias alias, cette traduction est pour toi! Je sais combien tu aimes Draco et Harry (au moins autant que moi!) et j'espère que tu apprécieras cette fic! Gros mimis, choupi, et continue de me faire rire avec tes magnifiques fanfictions!
CHAPITRE UN
Los Angeles. La Cité des Anges. Excepté que la plupart des anges se baladent avec la chaude-pisse. Oui, L.A. a quelques femmes sacrément belles - dont la majorité serait heureuse de passer du temps avec vous si vous avez du fric - mais sinon, c'est dur d'y vivre. Dur, enfin, si vous vivez du même côté de la ville que moi. Toutes les rues sont sombres, tous les motels sont bon marché, et presque toutes les histoires sont tristes du côté frauduleux de la ville.
Permettez-moi de me présenter. Je suis Draco Malfoy, détective privé. Vous pensez que votre bien-aimé couche à droite à gauche dans votre dos et vous voulez des preuves? Votre chien Touffu a disparu? Grand-mère s'est entiché d'un tombeur dans le vent qui la persuade petit à petit de dilapider la fortune familiale? Je suis votre homme. Ce n'est pas la grande vie, mais ça paye les factures. La plupart du temps. Dehors, c'est un monde minable, et je suis un expert sur le point sensible de la vie.
Vous savez comme on dit que lorsque l'on attend le moins quelque chose, ça vous tombe dessus? C'est ce qui m'est arrivé. Je suis un mec malin. Je sais qui ne dit pas non à des dessous-de-table. Je sais qui escroque le gouvernement. Je sais quels flics sont pourris, et je sais quelle putain vous fera un petit cadeau à l'oeil de temps à autre. Mais l'amour? L'amour n'arrive pas à des gars comme moi. J'ai une bonne mémoire.
Mémoire. Tout le monde dit que la mémoire est votre amie.
Tout le monde dit aussi qu'ils ne jouiront pas dans votre bouche.
J'étais fier de savoir ça. Je savais comment jouer le jeu. Je connaissais les règles. J'étais encore en vie.
Mais, seul dans mon bureau, je suis hanté. Non pas par quelque chose d'aussi dramatique qu'un corbeau. Quand je ferme les yeux, je vois une paire de yeux verts.
Mais je m'écarte du sujet. Je suppose que cette petite histoire sera plus logique si je commence par le commencement.
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Tout a commencé lors d'un après-midi étouffant. Le genre d'après-midi qui donne des vapeurs aux femmes, qui fait ramper les chiens sous leur niche, et qui fait faire à mes cheveux ce qu'ils veulent, malgré tous mes efforts. Et je déteste être mal peigné. Je n'étais pas de bonne humeur.
J'étais assis dans mon bureau, à m'enfiler un verre de whisky. Ca ne fait peut-être pas disparaître mes problèmes, mais ça tient tout de même les ténèbres à distance. Ca me faisait oublier le fait qu'il faisait bigrement chaud dehors. Ca me faisait oublier un homme aux cheveux blond roux, aux yeux bleus rieurs, et dont les biceps vous faisaient croire en un pouvoir supérieur.
J'entendis la porte d'entrée s'ouvrir, et quelqu'un entra. La porte de mon bureau était ouverte, puisque ma secrétaire, Jennifer, qui m'avait sauvé la peau un bon nombre de fois, était partie manger à l'extérieur. Elle était le genre de nana qui éveillait en les hommes les émotions nécessaires pour la propagation de l'espèce.
"Je suis là" fis-je d'une voix forte.
Et alors il entra dans mon bureau. Je n'étais pas préparé à ce que je vis. Grand, mais mince - pas maigre, mais mince, comme une tranche de viande de premier choix - des cheveux noirs en bataille, et de grands yeux verts. Je n'avais jamais vu ce ton de vert - bien plus profond que l'émeraude - et je me demandai s'il portait des lentilles.
"Vous voulez me vendre quelque chose?" demandai-je.
L'homme s'empourpra légèrement et je haussai mentalement les sourcils. Plutôt sexy, si vous voulez mon avis. Et je sais de quoi je parle.
"Euh, non, je cherchais M. Malfoy"
"Et vous l'avez trouvé". Je lui fis signe de s'asseoir et lui proposai un verre, mais il refusa.
"Et vous êtes...?"
"Oh!". Ce gars-là était plus nerveux qu'un chat avec une longue queue dans une pièce remplie de fauteuils à bascule. "Je suis Harry Potter"
"Eh bien, bonjour, Harry Potter. Que puis-je faire pour vous?"
Ces yeux verts me regardèrent et virent tout droit jusque dans mon âme.
"J'ai des ennuis. J'ai besoin de votre aide"
Je plissai les yeux, me souvenant de ce que j'avais lu dans les journaux. Harry Potter, un conseiller financier très réputé, avait été arrêté pour meurtre. Il avait facilement été remis en liberté sous caution. Il avait du pognon. La rumeur disait qu'il avait tué son amant par jalousie. La même vieille histoire. Je lui tendis une perche.
"Meurtre. Certains disent que ce n'est pas vous qui l'avez commis"
Il cligna des yeux, puis acquiesça. "Oui. J'ai été inculpé de meurtre et risque la peine capitale"
"Vous l'avez tué?". Autant aller droit au but. Il fallait que je sache si je perdais mon temps. J'étudiai sa réaction. Il pâlit, mais ses yeux ne quittèrent jamais les miens. Il devait être désespéré, mais ça lui allait bien.
"Non. Je ne sais pas qui l'a fait. Mais ce n'est pas moi"
"Alors pourquoi la police pense que c'est vous?"
Il se passa la main dans les cheveux et je remarquai qu'il avait une cicatrice bizarre sur son front. Elle avait la forme d'un éclair. Je me demandai comment il avait bien pu se faire une cicatrice pareille. "Je ne sais pas. Je ne sais pas quelles preuves ils ont contre moi. J'ai pris un avocat, mais il n'a pas fait grand chose"
"Le représentant du ministère public est sensé partager toutes les preuves avec la défense, vous savez"
"Je sais, oui. Mais je veux voir si je ne peux pas faire ma petite enquête, moi aussi"
Je me radossai à mon fauteuil et allumai une cigarette. Oui, c'est mauvais à la santé, je sais. Faites-moi un procès, si vous voulez. Je vais sûrement mourir jeune de toutes façons. Montrez-moi un homme sans vices et je vous montrerai un homme reposant dans sa tombe. "Vous voulez que je fasse des recherches. Que je découvre ce qu'ils ont contre vous"
Il hocha la tête. "Quelque chose dans le genre"
"Ecoutez, M. Potter, il y a des centaines de détectives privés ultra connus et très chers à Los Angeles. Pourquoi êtes-vous venu me voir, moi? Vous n'êtes pas de ce côté-ci de la ville"
"J'ai demandé autour de moi. Votre nom est revenu plusieurs fois. Je me suis dit que j'allais venir voir si je pouvais louer vos services". Il se laissa aller en arrière sur la chaise en bois délabré, totalement à l'aise dans un costume qui avait dû coûter facilement dans les six cents dollars. Des mocassins italiens, aussi.
"Oui? A qui avez-vous parlé?"
"Gary McCoy, par exemple"
Je me remis droit tout en réfléchissant. Gary McCoy était un chasseur de primes que j'avais aidé de temps en temps. Et, de temps en temps, il me rendait la pareille. Ce qui était inhabituel, à ce que j'avais remarqué. Beaucoup de gens étaient venus me voir pour que je les aide. J'ai depuis longtemps réalisé qu'on n'allait pas me rendre la pareille et que j'étais tout seul quand j'avais besoin d'aide. J'ai appris à cesser de demander de l'aide. Gary, toutefois, était différent. Il m'avait sorti du pétrin plus d'une fois. Il opérait la plupart du temps avec la loi de son côté. La plupart du temps. Ca ne me posait pas de problèmes. La moralité des autres n'a jamais été mes affaires. Les mecs qui remettent en question les motivations des autres finissent souvent du mauvais côté d'un flingue. Si Gary avait pris le temps de discuter avec Potter, c'est qu'il devait y avoir quelque chose. Et en plus, j'avais besoin d'argent. J'avais pris ma décision.
Je me levai et tendis la main. "Vous me voulez, M. Potter, vous m'avez. Je ferai de mon mieux"
Il sourit et tout s'arrêta un instant. C'était l'un de ces moments limpides, figés qui, rétrospectivement, servent de repères dans une vie remarquable par sa banalité. Comme lorsque les lampadaires illuminent le trottoir mouillé juste comme il faut, et qu'on ne voit plus les camés et les sans-abris autour de nous.
"J'en suis sûr, M. Malfoy. J'ai confiance en vous". Nous nous serrâmes la main. Sa main était fraîche dans la mienne. Nos yeux se rencontrèrent.
Quelque chose vacilla dans ces yeux verts. Je ne pus dire ce que c'était. Ca ressemblait un peu à du regret. Je sais à quoi ressemble le regret.
Nous nous rassîmes, puis nous nous étudiâmes du regard un moment. Je brisai le silence. "Tout ce que vous me dites restera confidentiel". Ma déclaration habituelle, destinée à mettre les clients à l'aise et à les encourager à me dire la vérité. Ce qu'ils ne faisaient jamais, bien sûr.
"D'accord"
"Dites-moi ce que vous savez pour l'instant. Ca me donnera une idée de par où commencer"
Yeux Verts baissa les yeux. J'entendis la porte d'entrée s'ouvrir et, d'après le claquement de talons aiguilles, je sus que Jennifer était de retour. Elle pointa la tête à la porte de mon bureau et me fit un signe de la main pour me faire part de son retour, haussa les sourcils en voyant Potter de dos et me fit un clin d'oeil. Je lui lançai un regard et elle ferma la porte.
"Bon" commença-t-il. "Mike et moi étions des amis il y a longtemps. On a pris des chemins différents. Je ne l'ai pas vu ni ne lui ai parlé depuis, oh, une quinzaine d'années, je dirais"
"La rumeur dit que vous étiez un peu plus que des amis". Bien que s'envoyer en l'air entre amis ne soit pas extraordinaire. Mais là encore, je voulais voir sa réaction.
"Oui, M. Malfoy. Nous étions amants. Est-ce que cela vous ennuie?". Il me regarda droit dans les yeux en disant cela.
Je haussai les épaules. "Ce ne sont pas mes affaires. Je ne suis pas là pour juger, vous savez. Simplement enquêter sur les faits. Ne pensez pas que vous devez passer des choses sous silence de peur de m'offenser. Faites-moi confiance, j'ai tout entendu". Et, jusqu'au jour où je l'ai rencontré, je croyais honnêtement que c'était le cas.
Yeux Verts hésita, mais il continua. "J'ai appris sa mort en lisant le journal. C'était indiqué tout au fond de la rubrique municipale. Mike était tombé dans la misère, apparemment. Il était devenu un, euh, prostitué. Si je l'avais su, je l'aurais aidé. Il n'avait qu'à demander". La voix de Potter s'adoucit. "Au lieu de ça, il a été torturé, violé, et assassiné. Cependant, je suis allé à ses funérailles. Il y avait seulement quatre personnes, et je ne connaissais pas les trois autres. Et ensuite j'apprends qu'un policier vient fureter dans mon bureau en posant des questions sur moi. Il m'a posé quelques questions, mais je ne savais rien à propos de la mort de Mike et je le lui ai dit. Puis, il y a quelques jours, des flics sont revenus à mon bureau en brandissant un mandat, et ils m'ont arrêté. J'ai payé ma caution et je suis sorti. Et me voici"
Je me levai et fis les cent pas. J'arrive mieux à réfléchir quand je bouge. "Okay. Qui était le flic qui est venu vous poser des questions la première fois?"
Il porta la main à sa veste et en sortit un petit agenda. Il le feuilleta, puis arriva à la page qu'il voulait. "O'Sullivan. C'était un type d'un certain âge. Il m'a paru un peu aigri. J'ai eu l'impression que je l'avais offensé quelque part"
"Ouais, je le connais. C'est un gros con, je peux vous l'assurer". George O'Sullivan avait à son actif plus de rapports sur sa brutalité pendant son temps de travail que quiconque dans l'histoire de la police de L.A.. Il avait ses intérêts personnels très à coeur et tout ceux qui croisaient son chemin en faisaient les frais. Ses supérieurs fermaient les yeux sur ses singeries les plus amusantes. Il ne lui restait pas longtemps à tirer avant la retraite. Il n'allait pas me manquer, à moi, et je n'étais pas le seul. Pas question que je dise au revoir à des types dans son genre.
"Avez-vous un alibi pour la nuit du crime?"
Du regret passa dans ses yeux. Je sais à quoi ressemble le regret. Il baissa les yeux et regarda ses mains. "J'ai quitté mon bureau et je suis rentré chez moi. J'y suis resté toute la nuit, et je suis allé me coucher tôt"
"Y a-t-il quelqu'un qui puisse confirmer votre histoire?"
"Eh bien, mes voisins ont peut-être vu la lumière allumée chez moi. Et ils ont pu voir ma voiture dans le garage. Je crois que la police les a déjà tous interrogés"
"Est-ce que vous connaissez quelqu'un qui aurait pu monter un coup contre vous?"
"Vous voulez dire, me faire porter le chapeau pour un meurtre?". Il avait l'air sincèrement choqué que quelqu'un sur cette terre puisse ne serait-ce que concevoir l'idée de faire de quelqu'un un bouc émissaire. Quelle douche froide il allait prendre, s'il me racontait la vérité. Et quelque part, je savais que c'était le cas. Après quelques années dans ce métier, on développe des instincts. Si vous les écoutez, ils vous sauveront bon nombre de fois des ennuis. Et vous éviteront le 'grand sommeil'.
"Oui. Personne ne vous en veut? Une ex-femme amère? Un ancien collègue de travail? Un amant abandonné?"
"Non. Honnêtement, M. Malfoy, je n'y comprends absolument rien. Je sais juste que la dernière fois que j'ai vu Mike LaMorte vivant, c'était le 11 juin 2001"
"Vous avez un don pour vous souvenir de vos rendez-vous, ça ne fait aucun doute"
Il rosit. Ca lui allait bien. Je me demandai négligemment s'il allait enlever sa veste, comme il faisait chaud dans le bureau. Il n'en fit rien. Pas cette fois-là. "Ce rendez-vous a été...enfin, nous ne nous sommes pas séparés en de bons termes, dirons-nous"
"D'accord. Je ne demanderai rien là-dessus, à part si j'en ai besoin, okay?"
Il hocha la tête, paraissant très jeune tout à coup. Je lui tendis une autre perche.
"Je ne peux rien vous garantir, M. Potter. Mais j'ai beaucoup de contacts. Je ferai de mon mieux"
Je ne savais absolument pas pourquoi j'avais dit ça. Mais je ressentais le besoin d'effacer les sillons d'inquiétude qui creusaient son visage d'une manière ou d'une autre.
Il acquiesça, sourit à nouveau, et je sentit quelque chose bondir en moi.
"Très bien. Bon, Jennifer va vous parler de mes tarifs et de la facturation. Je fais payer à l'heure, plus les dépenses éventuelles. Je vous appellerai demain pour vous dire ce que j'ai trouvé jusque là. Elle prendra votre numéro de téléphone et s'occupera de vous faire remplir certains papiers". Je me levai pour indiquer que notre petite réunion de présentation était terminée. Il se leva également, et je fus surpris de découvrir que nous étions presque exactement de la même taille.
Pour une raison quelconque, ça me plaisait.
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Après le départ de Potter, je quittai également le bureau. Jennifer était en pleine manucure, et elle me décocha un sourire qui dévoila ses fossettes lorsque je passai devant son bureau et murmura "Au revoir, Draco", sur un ton qui signifiait qu'elle était entre deux petits-amis. J'eus un sourire intérieur. C'était peut-être temps que je lui fasse faire une petite dictée en privé quand je reviendrais au bureau.
Dehors, la chaleur me marqua au fer rouge tandis que je montais dans ma Volvo déglinguée. Elle était bordeaux quand je l'avais achetée, mais le temps et le soleil l'avait décolorée en une sorte de couleur sang séché. Quinze ans d'âge. Presque une antiquité. Je n'avais jamais eu à craindre de me la faire voler, de toutes façons.
Je réfléchis à mon dernier client en date pendant que je me dirigeais vers la demeure de Gary McCoy. Je voulais avoir ses impressions sur Harry Potter. Gary ne parlait pas à n'importe qui. Des gars comme nous, on est soupçonneux par nature. On est malins. On est encore en vie. Harry, cependant, semblait plus être du genre à faire confiance. Et j'avais dans l'idée que ça allait bientôt changer.
Gary était penché sur une toute petite Fiat lorsque je coupai le contact. Il avait relevé le capot, et avait l'air de remettre l'alternateur en place. Gary était aussi un mordu de mécanique, et un fichtrement bon en plus, et il m'avait arrangé la Volvo quelquefois. Pas de questions embarrassantes. En regardant la Volvo, je ne pourrais même pas dire où se trouvent les trous de balle qu'il m'a rafistolé suite à une affaire qui a mal tournée pour ma pomme il y a quelques années de ça. J'ai appris à écouter les vents du changement depuis lors. Des situations peuvent rapidement dégénérer. Le truc, c'est de s'en sortir pendant qu'on le peut.
C'était un homme de haute taille, au visage buriné. Il était brun et avait des yeux noirs qui voyaient tout et ne révélaient rien. Il prétendait avoir du sang Navajo dans les veines, et son nez crochu et sa peau basanée ajoutaient foi à ses dires.
"Hé, Malfoy. Qu'est-ce qui t'amène?" demanda Gary en s'essuyant les mains dans une serviette. Il fit un signe de tête en direction de la Volvo. "Ta voiture fait encore des caprices? Il faut vraiment que t'en achètes une autre. T'as encore fait combien de miles avec cette épave?"
"175 000. Harry Potter est venu me voir aujourd'hui. Il m'a dit que tu lui avais parlé de moi". Autant aller droit au but.
"Oui, c'est vrai. C'est un type réglo"
"D'où tu le connais?"
"C'est un habitué de chez Callahan"
"Un gars comme Potter traîne au bar Callahan?"
"Ouais. Sous les jolis vêtements et la bonne éducation, c'est un type bien. Il est dans le pétrin. Il m'a demandé si je connaissais quelqu'un qui pouvait l'aider. Je l'ai envoyé vers toi". Garry haussa les épaules puis ouvrit une glacière qui se trouvait par terre à côté de la voiture et me proposa une bière. J'acceptai.
"Tu penses qu'il l'a fait?"
Gary accorda à cette question toute la réflexion d'un bizut de fac s'attaquant à Moby Dick. Il finit par secouer la tête. "Non. Il l'a pas fait. Moi aussi, je suis dans le métier, tu sais. Je peux repérer un menteur à vingt pas. On ne lui fait vraiment pas de cadeaux. Je pense qu'il est victime d'un coup monté. Les grands pontes ne cherchent même pas d'autres suspects. Ils n'ont jamais cherché. La rumeur dit que les preuves désignant Potter sont écrasantes"
Je sirotai ma bière, réfléchissant au petit discours de Gary. "Pourquoi quelqu'un voudrait lui faire porter le chapeau alors?"
Gary, qui était en train d'ouvrir sa propre bière, eut l'air à nouveau pensif. "Peut-être qu'ils s'imaginent que s'ils arrivent à le faire coffrer, il ne sera plus dans leurs pattes"
Gary avait toujours été trop malin pour son bien.
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Mon arrêt suivant fut le bar Callahan. Il y a un bar comme Callahan dans chaque ville. Intérieur sombre, les poivrots fadasses habituels claquant leur chèque mensuel de la Sécu pour des gins, un barman à l'expression sinistre qui ne regarde jamais ses clients dans les yeux, et deux ou trois putains qui profitent de l'obscurité et de l'inattention du barman pour marquer quelques points. J'entrai et commandai une vodka martini comme je les aime: une bonne dose, sans eau et sans olive. Puis je m'assis au bar, regardai les personnes présentes et fit la grimace à la vodka bon marché qui remplissait mon verre.
Le bar était calme. Une télévision était installée en hauteur dans un coin, sans son, branchée sur CNN. Personne ne la regardait. Qui se soucie du Moyen Orient quand on ne sais même pas où l'on vivra le mois suivant? Potter était riche. Qu'est-ce qu'il fabriquait dans un bistrot mal famé comme celui-là? J'allumai une cigarette et réfléchis à sa situation.
La porte d'entrée s'ouvrit et je vis qu'il s'était mis à pleuvoir dehors. Un homme entra, portant un trench-coat noir. Il se glissa sur un tabouret proche du mien, et je ne pus m'empêcher de remarquer la façon dont son trench-coat noir mettait en valeur ses cheveux noirs. Il me jeta un coup d'oeil et des yeux bleus me parcoururent brièvement avant qu'il ne détourne le regard. Il enleva son pardessus et le déposa sur le tabouret à côté de lui. Il était habillé de façon décontractée, un t-shirt bleu et un jean. Je l'entendis commander un gin tonic d'une voix riche de baryton.
Et il avait l'accent anglais. Je gémis intérieurement. J'ai un faible pour les accents étrangers. Je le lorgnai du coin de l'oeil. Il se déplaçait avec la grâce naturelle d'un athlète né, et était l'une de ces personnes qui ont l'air à l'aise dans n'importe quelle situation. Il sirotait son verre, ayant l'air d'attendre quelque chose.
Lorsque le barman vint me voir pour remplir à nouveau mon verre, je sortis ma carte professionnelle. Le barman la prit à contrecoeur et l'étudia de la façon d'un homme qui ne réfléchit pas beaucoup.
"Je suis Draco Malfoy. J'ai été embauché par Harry Potter et je me demandais si vous pouviez me dire quelque chose sur lui"
Il haussa les épaules, le visage impassible suite à des années de pratique, puis débita à toute allure les renseignements. "Vient souvent ici. Commande toujours la même chose. Rhum coca. Beaucoup de glaçons. N'embête personne, personne ne l'embête. Paie ses verres à l'avance. Ne m'a jamais demandé de lui donner l'addition. Reste dans son coin. Ne pose aucun problème"
Et c'était tout ce que j'allais en tirer. Je vidai mon verre et jetai encore un coup d'oeil à l'Anglais. Nos yeux se rencontrèrent et une fois de plus, il me détailla de ces yeux bleus. Je partis rapidement et rentrai chez moi.
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En chemin, je fis un détour par la maison de Potter. Les demeures des gens peuvent vous en dire beaucoup sur eux. Potter vivait sur les collines, au-dessus du brouillard et des rues sales. Je me garai dans la rue où il habitait et observai sa maison. Une petite allée conduisait à un garage. Une pièce au-dessus du garage avait une fenêtre qui donnait sur la rue. J'apercevais tout juste, à angle droit par rapport au garage, des marches conduisant à l'entrée. Une haie obscurcissait le reste de la maison. Une Audi noire était garée du côté gauche du garage; cependant, il y avait de la place pour deux voitures. Je regardai ma montre: 18:30. Mon estomac me rappela qu'il était l'heure du souper, mais pour une raison qui m'était inconnue, j'avais envie d'observer la maison de Potter un moment.
Une lumière s'éclaira dans la pièce au-dessus du garage. Les stores étaient ouverts, donc je me tassai dans mon siège et sortis des jumelles. Je pus voir Potter assis devant un ordinateur. La lumière provenait d'une lampe sur le bureau de l'ordinateur. Il était de profil, et je vis qu'effectivement, il portait des lentilles un peu plus tôt, car à présent il avait des lunettes et un t-shirt rouge. Il alluma l'ordinateur, et attendit, la tête dans les mains. Je ne pus déchiffrer clairement ce qu'il y avait sur l'écran; ça avait l'air d'être une sorte de tableau. Potter posa la tête sur son bureau et resta dans cette position un long moment, sans se soucier de l'ordinateur. Je l'observai un moment, puis je rentrai chez moi.
J'allumai la radio pendant que je descendais la colline. Le présentateur nous fit tous savoir que des orages se préparaient.
Je ne savais absolument pas qu'ils seraient sur le plan personnel.
TBC...