Auteur : Alana Chantelune ([email protected])

Titre : Le Caravansérail

Résumé : Une petite fille tunisienne est appelée à entrer au Caravansérail, l'école de Magie nord-africaine.

Note de l'auteur : Cette fic est directement inspirée de " Harry Potter à l'école des sorciers ". Ce que vit l'héroïne est en parallèle de ce que vit Harry lors de sa première année (vous le remarquerez avec le titre de certains chapitres). J'ai été inspirée en écrivant une autre fic, " L'Ordre de Merlin ". On y retrouve donc plusieurs personnages de cette première fic. Je conseille donc de lire " L'Ordre de Merlin " pour se mettre dans le bain, mais c'est pas franchement nécessaire. L'action se passe en même temps que la 2e année d'Harry à Poudlard. La fin devient donc plus délicate, et vous verrez d'étranges rapports entre la fic et le livre…

Note bis : Je dédie cette fic à une amie d'enfance, une fille formidable, Ibtissème. Le personnage de Malika lui ressemble, bien que j'ai utilisé le prénom d'une copine de fac et le nom d'une autre amie d'enfance. La plupart des personnages, et surtout Ichem, ont des prénoms d'anciens camarades de classe.

C'est aussi un peu dédiée à ma maman ; en effet l'histoire commence à Bizerte, là où elle est née.

Note ter : L'histoire se passe au Maghreb, et je tiens à m'excuser par avance de toutes les âneries culturelles que je pourrai sortir. En effet, j'ai juste fait un voyage d'une semaine en Tunisie dans ma vie, pour voir les ruines romaines avec la fac. Donc je ne suis pas une spécialiste.

Je suis donc un peu intimidée pour écrire, alors toutes les idées ou infos sur le Maghreb seront bienvenue, en particulier les idées de noms et de personnages (il m'en manque parmi les profs et les élèves).

Je ne posterai la suite qu'à la rentrée. J'ai encore du mal avec les chapitres suivants, je pense modifier encore les rapports de Malika et sa famille. Je ne suis pas décidée… Et surtout, il me manque plein de personnages secondaires, les profs et les élèves. Parfois, il y en a qui surgissent comme ça, en deux secondes. Ainsi, la semaine dernière, j'ai créé Tomate en deux temps trois mouvements ! Mais je galère sur les amis de Malika et certains profs.

Disclaimer : attention, je ne suis aucunement la créatrice de Dumbledore et de Harry Potter (grosso modo, les seuls qui vont apparaître ou être cités dans ma fic). Ils appartiennent à J. K. Rowling, ainsi que le monde des sorciers, et tous les détails amusants que j'ai réutilisé. Par contre, Malika, Ichem, le directeur Mohamed, Yasmina Ben Nazeth et les autres m'appartiennent. Je ne gagne aucun argent avec eux, mais encore moins avec Dumbledore et Harry ! (Moins que rien, c'est quoi ? Ben, du temps ! Au lieu de préparer mes cours, je vous tapiote ça ! C'est pas de la générosité, dites ?)

Conseil : J'ai l'habitude d'imaginer en musique. Je vous conseillerai régulièrement des musiques (de film, le plus souvent) pour agrémenter la lecture et construire l'ambiance.

Ici : - Pour le début : l'intro de la B.O. du premier film d'Harry Potter

- Pour l'entrée de Belzeth et le combat, je recommande " The face of Voldemort ", piste 17 du même CD.

- Pour la discussion des sages : B.O. du " Château dans le ciel ", piste 5 " Pazu découragé " ou 8 " La decision de Sheeta ".

- Pour le final, fin du morceau " Arrival of baby Harry ", du CD précité.

Chapitre un : La miraculée

Le soir tombait sur Bizerte, déchirant le ciel de sublimes nuances de rose et d'orange. Les étoiles commençaient à briller et les maisons commençaient à peine à se remplir. Il faisait doux en ce début du mois de février, et beaucoup de monde traînait dans les rues.

La petite maison familiale des Nassim se situait dans la banlieue de la ville. Elle disposait d'un grand jardin et d'un petit bassin ou les enfants aimaient venir patauger. La belle-fille de la famille était venue voir ses beaux-parents, pour prendre un peu de repos après son accouchement. En effet, la naissance de la petite Malika avait été assez fatigante pour la jeune mère, et retourner dans le restaurant de son époux avec le reste de la marmaille à s'occuper, aurait été éprouvant. Elle avait donc suivit ses beaux-parents après leur visite, laissant ses enfants à son époux et sa sœur, qui s'était proposer pour l'occasion, profitant ainsi de ses neveux et nièces.

Fatimath avait de grand yeux noirs, les traits un peu tirés par la fatigue, et elle commençait à prendre un peu de rondeurs, alors qu'elle avait été particulièrement mince dans sa jeunesse.

Sur la terrasse, elle bavardait tranquillement avec son beau-père, brigadier qui venait de prendre sa retraite. Il portait une barbe blanche, et des sourcils clairsemés. Son épouse, qui leur préparait le thé, avait une peau burinée par le soleil et des cheveux gris très longs qui faisait la fierté de son mari et qu'elle prenait grand soin à coiffer en chignon serré.

Il était question de l'arrivée, le lendemain, de la deuxième fille des Nassim, qui venait de mettre au monde un garçon, et des petits-enfants, qui devaient rejoindre leur mère quelques jours après. Les vacances approchaient.

Bientôt, le bébé, qui était resté dans les bras de sa mère, somnola, et on la coucha dans son berceau. Les trois adultes regardèrent la télévision, et la nuit s'avança.

Dehors une silhouette étrange apparue dans le ciel sombre. Son vol était régulier et rapide. Elle était bien en-dessous des nuages épars, mais il fallait vraiment bien scruter le ciel pour la distinguer. La silhouette devint plus précise en s'approchant.

C'était un homme sur un tapis volant.

Le tapis ralentit en amorçant sa descente. L'homme qui était assis dessus était grand, avait une mâchoire carrée qui lui donnait un air décidé, des cheveux en désordre et couverts de poussière ; ses yeux noirs étaient alertes mais fatigués. Il se dirigea vers la maison des Nassim. Il rentrait chez lui.

Après de nombreuses années, il venait rendre visite aux siens. Peut-être parce qu'il avait failli mourir une demi-journée auparavant ? Parce qu'il avait du verser le sang ? Parce qu'il avait vu sa vie défilée devant ses yeux en quelques secondes ? Une des missions les plus périlleuses de sa vie… Une pulsion infantile, mais fort compréhensible, l'avait poussé à revoir sa famille. Il savait pertinemment que ce n'était pas sage, qu'il aurait du retourner decheref auprès de ses collaborateur, mais il était épuisé. Et tout était fini…

Hichem Nassim était un sorcier. Né dans une famille dénuée de pouvoir magiques, il n'en était pas moins devenu, à à peine plus de trente ans, l'un des plus puissants sorciers de la planète, et peut-être l'un des plus célèbres du Moyen-Orient. Son poste de Défense Magique à l'école du Caravansérail n'était pas une sinécure. On disait qu'il serait le successeur du directeur, son cher vieux maître, Mohamed Ibn Romdane.

La longue liste de ses exploits venait encore de se rallonger ce jour-là, mais il n'en tirait aucune joie. Il n'avait jamais voulu être un héros, et il se demandait si sa solitude était le prix de ce statut inconfortable.

Tout doucement, le tapis magique flotta vers le sol. Une fois à terre, Ichem Nassim se leva, s'assura que nul moldu (les gens sans pouvoirs magiques) ne l'avait vu, puis enroula son tapis et le cacha au pied d'un muret de pierre.

Il s'approcha de la porte d'entrée de la maison, et se remémora quelques souvenirs d'enfance. Lorsqu'il jouait avec son frère à embêter leurs sœurs en les arrosant dans le jardin… Quand ils chipaient des pâtisseries lors des réunions de famille… Quand ils écoutaient leur père leurs raconter des histoires… Jusqu'à ce que sa vie change, et qu'il comprenne qu'il y avait une raison pour laquelle il réussissait à ouvrir les portes fermées à clef sans utiliser de clef. Une raison bien précise et pas très habituelle. Il soupira. Ses parents l'accueilleraient-ils chaleureusement ? Il avait envie de les voir. Vraiment, il en avait besoin. Ils n'étaient pas de son monde, mais ils étaient sa famille.

Il était tard, le froid commençait à tomber et il n'y avait plus personne dans les rues, quand il frappa à la porte.

Un peu surprise, madame Nassim, alla ouvrir. Elle étouffa un cri quand elle reconnu son fils.

" Hichem ? Toi ? Que fais-tu là ? Que t'es t-il arrivé ? Entre, entre vite, tu as l'air fatigué… "

L'homme embrassa sa mère avec chaleur et entra. Quand il pénétra dans la pièce principale, son père eut un sursaut. Il lui souhaita la bienvenue, mais avec un peu de retenue.

La jeune madame Nassim n'avait rencontré que trois fois le frère de son époux ; il y avait toujours eut quelque chose de pas très net à propos de son beau-frère. Quand il était là, la famille avait une attitude étrange, gênée. Il apportait toujours de beaux cadeaux aux enfants, mais on ne savait quel métier il exerçait réellement. C'est lui qui aurait du prendre la tête de la famille, mais il semblait s'en être détaché. C'était sans doute la raison des relations difficiles qu'il entretenait avec son père.

Peut-être était-ce aussi son accoutrement. Cette fois-ci, c'était encore plus étrange que d'habitude. Même les africains ne s'habillaient avec de telles djellaba. Hichem Nassim portait une grande robe au motifs brun et ocre, recouverte par un large manteau à capuchon. Dissimulés par le manteau, on pouvait apercevoir à sa large ceinture un poignard, de petits sacs de cuir et une mince gaine, en peau de serpent semblait-il, mais trop fine pour cacher un autre poignard.

Monsieur Nassim toisa son fils avec un tic à la bouche.

" Que viens-tu faire ici ? ", finit-il par demander.

" Je suis navré… Je viens à l'improviste… j'aimerai juste… vous saluer, et prendre un peu de repos. J'ai eu une journée et un voyage difficile. "

" Nous ne voulons pas savoir. ", dit son père un peu brusquement.

Son épouse avait amené un plateau avec du thé et du pain. Elle lança un regard de reproche à son mari. Il y eut un léger silence. Puis, Hichem remercia sa mère et fit honneur à sa cuisine. La famille s'installa sur les sièges, et Hichem demanda des nouvelles. Il fut très heureux d'apprendre la naissance d'une nièce et d'un cousin supplémentaire, et souhaita voir sa sœur le lendemain.

" Bien sur que tu peux rester pour la voir ! ", dit sa mère en jetant un œil à son mari qui ne réagit pas. " Elle sera contente de te voir ! "

Hichem allait parler quand un bruit sifflant se fit entendre d'une de ses sacoches en cuirs. Il pâlit et en sortit rapidement un petit objet étrange qui émettait le bruit.

" Oh, non… ", murmura t-il, effaré.

Son père grogna :

" Je t'ai déjà dit que je ne voulait pas de tes affaires sous mon toit ! ", rouspéta t-il.

Mais son fils se dressa, tendu.

" Je dois partir, il faut que… "

Il ne termina pas sa phrase. La porte d'entrée explosa dans une lumière et un bruit stupéfiants.

A travers le trou béant et la poussière qui retombait, les quatre membre de la famille, tombés par terre sous le souffle de l'explosion, aperçurent une silhouette noire. Fatimath Nassim sentit une terreur indicible lui serrer la poitrine. Son beau-frère s'était relevé. Il hurla :

" Partez ! Vite ! "

En même temps, il saisit de dessous son manteau une baguette de bois. La silhouette sombre cria un mot étrange, et un rayon de lumière frappa Hichem avant qu'il puisse faire qui que ce soit, le repoussant brutalement sur le mur, déchirant ses vêtements et le blessant de plusieurs coupures. Sa ceinture et ses sachets tombèrent à terre.

" Donne-le moi !", fit la silhouette en s'approchant.

Monsieur et madame Nassim s'étaient relevés, hébétés, soutenant leur belle-fille. Ils reculèrent. Hichem se releva aussi. Du sang coulait de sa bouche.

" Belzeth ? "

Hichem était stupéfait. Il semblait qu'il venait de voir un fantôme.

" Hé oui, vieux camarade… ", dit l'homme vêtu de noir avec une note mielleuse dans la voix. " Je ne suis pas encore mort… Donne-le moi tout de suite. "

" Jamais, Belzeth ! ", cracha Hichem.

Il avait perdu sa baguette et se trouvait en mauvaise posture. Mais le dénommé Belzeth, dont le visage restait à moitié camouflé par sa cagoule noire, ricana.

" Accio ! ", cria t-il en tendant sa baguette vers les sachets de cuirs qui étaient tombés par terre.

Ceux-ci, à la stupéfaction de Fatimath Nassim, s'envolèrent et atterrirent dans sa main. Elle savait ce qu'elle voyait, même si elle avait du mal à l'admettre : un duel de sorcier. Elle avait toujours cru que cela n'existait pas. L'homme fouilla les sachets et sembla trouver ce qu'il cherchait : un anneau, où quatre pierres précieuses étaient enchâssées. Le regard de l'homme brilla, mais à ce moment, Hichem lança vers lui le couteau qu'il avait discrètement récupéré quand il était à terre.

Le poignard atteignit exactement son but. Il se planta dans la main du dénommé Belzeth, qui hurla de douleur et lâcha l'anneau.

" Fuyez ! ", hurla Hichem à sa famille, en se jetant sur sa baguette à l'autre bout de la pièce.

Il esquiva un sortilège de son adversaire, et se redressa aussitôt pour le toiser. Ses parents et sa belle-sœur, encore sous le choc, reculèrent pour sortir.

Belzeth arracha le poignard de sa paume gauche dégoulinante de sang et le jeta par terre. Son capuchon était retombé, dévoilant un nez crochu, une barbe de quelques jours, un rictus de haine et des yeux flamboyants dirigés sur Hichem. Il brandit sa baguette lui aussi en direction de son adversaire. Ils se défièrent du regard.

" Tu m'as causé assez d'ennuis, Ichem Nassim. ", grinça Belzeth. " Ne te mets plus en travers de mon chemin. Tu n'es pas assez en forme pour tenir un duel contre moi. "

" En es-tu sûr ? ", demanda tranquillement l'autre. " Vas-t'en, Belzeth. Tu le regretterai. Je ne te laisserai pas le prendre."

" Toujours aussi peu disposé à attaquer ? Tsss… Je croyais pourtant que tu avais compris la leçon… Oh, mais oui… Faut pas choquer la petite famille en versant le sang, hein… Tu ne trompera personne avec tes piètres tentatives pour paraître sage et magnanime, Sang-de-Boube ! "

Un spasme agita brièvement la joue d'Hichem.

" Vas-t'en, Belzeth.", répéta t-il.

Belzeth jeta un regard sur l'anneau qui brillait par terre. Il semblait hésiter sur la conduite à tenir. Sa main dégoulinait encore de sang et le faisait souffrir, c'était évident. Il jeta un œil vers la famille Nassim. Un sourire torve déchira son visage.

" Tu es sûr que ta famille ne risque rien, Hichem?", fit-il d'un ton faussement innocent.

Belzeth lança brusquement un sort sur la famille Nassim. Mais Hichem disparut avec un " plop " et réapparut devant les siens. Il lança hâtivement un sort de défense, qui rencontra le sort de son adversaire et explosa. Le souffle détruisit la vitre de la véranda, et les propulsa sur la terrasse. Fatimath et sa belle-mère hurlèrent.

Hichem se redressa, et s'assura que son père n'avait rien. Mais sa mère gémissait : elle était retombé sur un morceau de la porte qui lui avait violemment frappé le dos, et elle semblait respirer difficilement. Il se précipita vers elle.

Belzeth se tourna vers l'anneau. Il fit un geste avec sa baguette et créa une sorte de barrière bleue transparente tout autour de lui. Tandis que Fatimath et Hichem secouraient madame Nassim, il commença à marmonner des paroles étranges, en traçant des signes avec son sang sur le sol.

Fatimath se redressa, et hurla :" Malika ! Mon bébé ! "

Mais elle ne put s'approcher du salon en ruine, où, près de l'armoire, se trouvait le berceau de l'enfant. La barrière la repoussa. Hichem soulagea sa mère avec un sortilège, et demanda à son père de l'emmener à l'écart.

" Qu'est-ce que c'est, par Allah ? ", hurla celui-ci en serrant son épouse contre lui.

Il était de toute évidence terrifié, mais conservait suffisamment de sang-froid pour suivre les directives de son fils. Hichem ne répondit pas, et se tourna vers sa belle-sœur en larmes, qui appelait son bébé. Il la fit reculer de la barrière. Le spectacle était terrible.

Belzeth, au centre des ruines, avait dessiné un pentacle avec son sang autour de l'anneau et marmonnait des paroles étranges. Des volutes de fumée s'en élevait. L'anneau luisait et des éclairs tourbillonnaient dans la pièce, dans un bruit d'enfer. La magie se déchaînait.

" Le pouvoir sera mien ! ", cria t-il vers Hichem, et il reprit ses incantations, un sourire dément aux lèvres.

Hichem brandit de nouveau sa baguette. Il transpirait. Il savait ce que son adversaire voulait faire, il savait ce qui se passerait s'il y arrivait, et il savait que la barrière ne servait qu'à le retarder. Mais c'était suffisant pour ce que Belzeth avait besoin. Car Hichem était déjà très fatigué. Arriverait-il à l'en empêcher ? Et il y avait le bébé. Résisterait-il à la magie devenue folle qui vibrait dans la pièce ?

Hichem lança toutes ses forces dans sa baguette et scanda les incantations les plus puissantes qu'il connaissait, sans se ménager. Un rayon de lumière vint frapper le mur bleuâtre. Des filets jaunes s'y dessinèrent, et le pourtour de la cible vira au vert. La barrière fléchissait.

Belzeth continuait ses marmonnements. Ses yeux commencèrent à luire ainsi que le pentacle. Des flots de lumières surgirent de l'anneau. Les murs tremblaient. Hichem hurla ses propres incantations. Vite ! Il fallait faire vite ! Sa baguette tremblante sous l'effort, il vit la barrière se dissiper peu à peu. Pas encore assez pour qu'il rejoigne Belzeth et ne l'arrête, mais dans quelques secondes… Il savait que si le sortilège se terminait, la maison serait détruite. Et l'enfant n'en sortirait pas vivant. Et que Belzeth serait quasiment invincible.

Sous le regard effaré de Fatimath et de ses beaux-parents, Belzeth interrompit ses incantations. L'homme sinistre ne regardait plus que l'anneau. Le rituel était finit. Il ne restait plus qu'à attendre quelques secondes et …

La barrière se déchira. Hichem bondit à travers et fonça sur Belzeth alors que de terribles jets de lumière, comme des flammes, sortaient de l'anneau. Des cris semblaient en échapper. Les deux hommes roulèrent l'un sur l'autre au fond de la pièce. Hichem parvint à entendre un cri d'enfant. Depuis combien de temps pleurait-elle ?

Belzeth, hurlant de rage voulut se redresser, mais Hichem lui flanqua un coup de poing au visage. Puis il se redressa et voulut courir vers le pentacle, pour arrêter le rituel. Belzeth le fit trébucher. Hichem voulut lui lancer un sort, mais Belzeth l'agrippa, et, en se frappant, ils roulèrent en direction du couloir.

C'est alors qu'il y eut une terrible lumière. La magie se déchaîna, un bruit assourdissant retentit, les murs s'effondrèrent, et Hichem ne vit plus rien et ne sentit plus rien.

Quand il ouvrit les yeux, il était allongé dans le jardin. Une main apaisante l'empêcha de se relever trop brutalement.

" Doucement. Vous êtes encore sous le choc ", fit une voix un peu amusée. " On peut dire que vous avez fait fort, cette fois. "

Hichem regarda son interlocuteur. Il hoqueta en reconnaissait le grand homme à la barbe et aux cheveux argentés qui tombaient presque à terre. Celui-ci souriait derrière ses fines lunettes.

" Albus ? Monsieur ! Que faites-vous là ? "

" Mohamed et Yasmina m'ont fait appelé d'urgence. Je faisais justement un rêve fascinant où je me régalait de loukoums "

" Mohamed ? Yasmina Ben Nazeth ? Comment sont-ils arrivés là ? Où est Belzeth ? Et la petite ? ", termina t-il, effrayé.

Dumbledore lui tapota l'épaule.

" Du calme, tout va bien. Alors c'était Belzeth ? Il a l'art de faire croire à sa mort celui-là. Il a dû transplaner au moment où Mohamed arrivait. "

Hichem se redressa et massa sa nuque avec une grimace de douleur.

" Mes parents ? ", demanda t-il.

" Ils vont bien. Yasmina s'est occupée d'eux. Elle et Mohamed ont eu fort à faire pour calmer les moldus, et redonner une apparence convenable à la maison de vos parents. Ils ont du lancer des sortilèges d'amnésie sur les moldus les plus proches. Des employés du ministère sont arrivés pour les aider, mais il va falloir qu'ils trouvent une explication pour les autres, à cause du bruit. Et nous devons trouver une bonne explication pour le ministère. ", termina t-il avec une grimace.

Hichem se leva et épousseta sa robe en lambeaux. Il se tourna vers Dumbledore.

" Comment Yasmina Ben Nazeth et Mohamed sont-ils arrivés ici ? "

" Et bien, David et eux étaient en grand désarroi. Ils n'avaient plus de nouvelles de vous et craignaient que votre mission ait échouée et qu'il vous soit arrivé malheur. "

" Tout ne s'est pas passé comme prévu. Je suis tombé sur un os. J'ai voulu me cacher pour reprendre des forces, et ne pas devoir répondre à des questions gênantes... Je n'aurai pas du venir ici. Mais j'étais certain d'être parti sans encombres. Belzeth devait s'être caché depuis le début pour doubler ses petits camarades et a attendu le moment propice."

Dumbledore hocha la tête, mais son regard ne quittait pas le visage soucieux de son ami. Il reprit son récit.

" Mohamed a lancé un sortilège de Repérage sur la mappemonde de l'Institut pour vous localiser "

Hichem manqua de s'étrangler. Un sortilège de Repérage ? Depuis Jérusalem, il avait réussit à le repérer ? ! ! Sur une zone mondiale ? C'était impossible ! Personne ne pouvait faire ça ! Surtout pour repérer quelqu'un comme lui qui savait camoufler sa présence magique ! Son maître était incroyable !

" Dès qu'il a situé la zone de la Tunisie grosso modo, il a deviné que vous étiez chez vos parents et il a transplané.", sourit Dumbledore. " Ca lui a prit un sacré moment. Yasmina l'a suivit quand le Ministère Egyptien leur a expliqué ce qui s'était passé là-bas, et David est resté pour superviser et a eu la bonne idée de m'appeler. Vous allez devenir une légende vivante, Hichem. Encore un exploit qui nous sauve d'une terrible situation. ", le taquina t-il.

Hichem baissa la tête.

" Je ne suis pas un héros. Je n'ai pas eu le choix. J'ai du tuer. Mais nous n'avions pas prévu ça."

Albus Dumbledore hocha la tête tandis qu'ils marchaient vers la maison.

" Dire qu'on pensait que les Mangemorts s'étaient définitivement fait discrets. Ramener Voldemort. Quelle brillante idée. Avec cet anneau, il aurait retrouvé son corps, tout son pouvoir, et même peut-être plus. Quand à savoir comment ils en ont découvert l'existence… "

Ichem frissonna à cette idée. La longue journée qu'il avait vécu l'avait véritablement épuisé. Ils se rapprochaient de la maison. Mohamed et Yasmina avaient tout remis à neuf. Quand Dumbledore reprit la parole, il avait une voix étrange.

" Hichem, il faut que vous sachiez quelque chose… "

Hichem le regarda du coin de l'œil. C'était mauvais.

" La petite. On l'a retrouvé en train de hurler dans les décombres. Elle n'a pas de blessures, mais… Il faut que vous veniez voir. "

Dans la maison se tenait Mohamed Ibn Romdane, un des plus grands sorciers de ce monde après Dumbledore. Petit, sec, la barbe effiloché, le nez pointu, le vieillard accueillit Dumbledore et son ancien élève avec un signe de tête. Il tenait l'anneau dans sa main et l'étudiait sous toutes les coutures avec sa baguette magique en faisant les cents pas. Le couple Nassim était assit dans des fauteuils moelleux, apparus là pour l'occasion. Encore tremblants, ils ne dirent mot quand leur fils aîné entra, et le regardèrent avec une sorte de reproche dans les yeux.

Fatimath Nassim était assise sur une chaise, près du berceau, et se rongeait les ongles. Auprès d'elle, Yasmina Ben Nazeth, une femme d'un certain âge, aux cheveux encore noirs et au visage souriant, examinait le bébé qui reposait dans le berceau. Sa voix chaude chantonnait une berceuse.

Yasmina Ben Nazeth était, avec son mari David Salomon, la co-directrice de l'Institut de Jérusalemn, une très ancienne école de Magie qui possédait les plus vieux écrits de Magie du monde. Certains remontaient à l'Empire Mésopotamien. Evidemment, ils ne servaient pas à grand-chose, puisque l'utilisation de la magie avait sacrément évoluée depuis ce temps-là, et que les vielles recettes de potions de cette époque étaient largement dépassées. Mais on y trouvait des parchemins et des livres tellement puissants qu'ils étaient un véritable danger public par eux-même. Heureusement, l'Institut de Jérusalem était un pôle de Magie des plus ancien et des plus puissants du monde, et de tels objets y étaient en sécurité, maîtrisé par les champs magiques de la ville trois fois Sainte.

Yasmina était une femme au caractère de cochon, selon son mari. En fait, elle n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Le couple explosif qu'elle formait avec son époux ne les empêchait pas de diriger avec adresse leur institut, et elle savait également se montrer très douce quand c'était nécessaire, ce qui faisait dire à son mari qu'elle était soit lunatique, soit manipulatrice. La vérité était qu'elle avait également un grand cœur.

Elle avait dut rassurer Fatimath et raconter l'éducation de ses trois enfants pour la mettre en confiance. Yasmina était toujours flamboyante, même quand elle n'avait quasiment pas dormi, ce qui était le cas. C'était injuste, se dit Hichem en en songeant à son propre état, lamentable.

Ses trois maîtres lui expliquèrent la situation.

" Elle ira au Caravansérail, et quand elle sera adulte, nous lui expliquerons. "

" C'est de ma faute. J'ai failli la tuer. Je suis…"

" Cesse donc, Hichem. Tu es le sorcier le plus responsable et le plus puissant que j'ai jamais formé. A ton âge, je n'avais pas fait la moitié de ce que tu as déjà accompli. Tu ne vas pas passer ta vie à porter le poids de tes erreurs. On en fait tous. ", gronda Mohamed.

" Cela n'aurait jamais du arriver. Nul n'aurait commis une bourde pareille. "

" Détrompez-vous, mon cher. Même moi ai commis des erreurs de jugement qui ont coûté cher. Très cher. Rappelez-vous des Potter. ", dit Dumbledore, et sa voix vibra légèrement.

" Je ne les oublierai pas, ceux-là ", soupira tristement Hichem. " Mais jamais je n'aurais voulu mettre ma famille en danger. Ils vont m'en vouloir encore plus, maintenant. Ils ne me le pardonneront pas."

" Ne prenez pas ça trop à cœur. Ils ne peuvent comprendre parfaitement notre monde. ", fit Yasmina.

" Je veillerai sur elle… "

Nul ne sut à qui Hichem Nassim faisait cette promesse. Aux trois anciens, à sa famille, à l'enfant, à lui-même ?

" Nous veillerons tous sur elle ", corrigea son ancien professeur.

Ils étaient tous les quatre assis dans le jardin, sur un muret de pierre. Mohamed Ben Romdane fumait sa vieille pipe. L'aube se levait. Les parents d'Ichem et sa belle-sœur s'étaient endormis. La petite Malika également.

" Vous pensez que le Ministère va gober notre histoire ? ", demanda Mohamed.

" Il ne devrait pas y avoir de problèmes ", estima Hichem. " Mieux vaut que cette histoire reste la plus discrète possible. "

" J'en parlerai aux autres membres de l'Ordre. ", promit Dumbledore.

" Vous risquez d'avoir quelques problèmes avec les membres de votre ministère, Ichem. ", souligna Yasmina.

" Oh, c'est pas cher payé. Et puis, ils ne se montreront pas très méchants avec moi. J'ai remarqué qu'ils ont tendance à me lécher les bottes pour la plupart. "

" La rançon du succès. Ca risque de s'accentuer comme tendance. ", dit Mohamed en souriant avec fierté à son élève.

Il y eu un silence, que seuls quelques oiseaux troublèrent de leur gazouillis matinal.

" Etrange, tout de même. ", murmura Dumbledore. " Il y a quelques mois, c'est un bébé qui nous a sauvé. Et voilà que cela se reproduit. Etrange "

" Il y a des choses qui vont au-delà de la magie ", soupira Yasmina en se délassant les bras, et les trois hommes hochèrent la tête.

" Comment va le petit Potter, au fait ? ", demanda Hichem.

" Il grandit comme un simple enfant ; il doit en être à grimper pour sortir de son lit-cage et à commencer à parler. Je le reverrai dans une dizaine d'années. ", répondit Dumbledore

Finalement, ils se levèrent tous les trois. Après s'être salué, et avoir transmis quelques messages pour David Salomon à son épouse Yasmina, les sorciers se préparèrent à transplaner. Hichem se tourna vers la maison de ses parents, où il n'avait plus intérêt à remettre les pieds, on le lui avait bien fait comprendre. Yasmina Ben Nazeth transplana. Mohamed entraîna Hichem (qui avait récupéré son tapis) et ils transplanèrent ensemble pour retourner à leur école. Albus Dumbledore regarda encore une fois vers la maison.

" Bonne chance, Malika Nassim ", dit-il simplement.

Et il disparut à son tour.

Malika Nassim remua dans son berceau et continua de dormir, sans savoir qu'à des kilomètres de là, les plus puissants sorciers du monde préparaient des sortilèges pour la protéger, elle, petite fille de quelques mois ; sans savoir que dans un grand palais de pierre, son oncle Hichem tournerait ses pensées vers elle durant des années ; et sans savoir que quelque part en Angleterre, un petit garçon d'un an et demi, qui avait vécut presque la même chose qu'elle, du nom d'Harry Potter, essayait de se tenir debout dans son placard sous l'escalier, ce qui ne correspondait pas trop aux prédictions de Dumbledore. Mais celui-ci n'était pas professeur de Divination, nul ne pouvait lui en vouloir…

 Fin du premier chapitre

Note de l'auteur : Je me consacrerai désormais aux " enfants de la licorne ", je vais prendre mon temps pour cette fic parce qu'elle me tient vraiment à cœur. Je devrai faire plus de recherches sur le Maghreb, aussi…

Sinon, pour mes autres projets, il y a la sixième année d'Harry du point de vue du prof de DCFM qui sera très spécial, un grand briefing de J.K. Rowling avec tous ses personnages, un délire sur Dumbledore et d'autres magiciens, une fic dans le futur de Harry, mais ça c'est encore vague. Ce sont mes projets officiels, j'y travaillerai cet été.

Pour Belzeth, son nom vient de Belzebuth, le diable : je voulais une consonance sinistre…

Preview du prochain chapitre : " Une vague s'abat "

Onze ans plus tard, à Sidi Bou Saïd, quartier touristique de Tunis, capitale de la Tunisie. Malika Nassim est une petite fille de douze ans, intelligente et joyeuse, qui se trouve un peu brimée par ses parents. Mais voilà qu'un jour, une énorme vague s'abat sur cinq imbéciles d'adolescents, dont son frère, qui s'amusaient à l'enquiquiner sur une jetée du port…