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Disclaimer : J'ai tout piqué à Joanne Rowling, qui ferait une dépression si elle voyait ce que j'ose faire avec ses livres merveilleux...

Notes : J'ai écrit cette fic juste pour m'amuser, elle n'a aucune qualité littéraire ou romanesque, elle ne mérite même pas d'être lue par quelqu'un d'autre que moi ... Bon, alors, c'est à vos risques et périls.
L'histoire est d'une platitude affligeante : ça se passe lors de la sixième année des Maraudeurs; un pari idiot entre James et Sirius, et v'là 3 vies au moins qui basculent... Slash Sirius/Severus -
Comme dans mon autre fic, ce sont les noms anglais des personnages, donc Snape : Rogue, Moony : Lunard, Padfoot : Patmol, Prongs : Cornedrue, Wormtail : Queudver, etc...

Dédicace : Fic dédiée aux prépas Ciné-Sup du lycée Guist'hau de Nantes, yéééééééé XD! Mention spéciale pour Alessandro, le Poilu et 'Millou!

Spoilers : Pour l'instant, risque de spoilers mineurs du tome 5, ne serait-ce que le surnom de Snape...

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1. Pari tenu

« Arrête, Prongs, tu n'as aucune chance!
– Vraiment? fait le garçon en relevant le menton vers moi. On parie?
– Tout ce que tu veux! Evans te déteste, il faudrait que tu t'y fasses! Tu as vu comme elle s'est mise en colère quand tu as fait tomber Snape dans le lac, la semaine dernière? D'ailleurs, si tu veux mon avis, c'est pour lui qu'elle en pince.»
Les yeux de James s'étrécissent et lancent éclairs, tempêtes et tornades. Bon sang, il peut être terrifiant, quand il veut. Je suis à deux doigts de me liquéfier sur place comme camembert au soleil.
« Ne dis pas de bêtises plus grosses que tes chevilles, Sirius!» souffle-t-il avec hargne. Euh, pardon, mais côté chevilles, il peut repasser, le grand joueur de Quidditch. « Si elle s'est fâchée, c'est juste parce que McGo' s'est ramenée à ce moment-là!
– N'espère pas trop, mon vieux. Lily Evans ne t'accompagnera jamais au bal de Halloween, c'est sans espoir. Même si elle pouvait supporter de se tenir à moins de trois mètres de toi sans te lancer un sort, de toute façon, elle y va déjà avec Diggory, c'est
– C'est Sue qui te l'a dit, je sais, maugrée James. Mais Sue est une idiote, elle raconterait n'importe quoi pour faire son intéressante.»
Je suis sur le point de lui donner raison. Toutefois, il m'apparaît que je suis plus ou moins censé défendre Sue, aussi je m'exclame, avec un petit temps de retard :
« Eh, n'insulte pas ma copine, s'il te plaît!
– Très bien, alors arrête de répéter les potins qu'elle invente juste pour tes beaux yeux!
– C'est vrai que j'ai de jolis yeux, je suis content que tu
– Et quand bien même ce serait la vérité, coupe James, j'ai toujours une chance de lui faire changer d'avis!
– Oh, bien sûr, je rétorque avec un soupçon d'ironie, et j'ai aussi une chance de me mettre en ménage avec Snape!»
James, qui avait ouvert la bouche pour relancer la dispute, la referme avec un hoquet de surprise. Son corps s'agite de soubresauts tandis que d'incontrôlables gloussements s'emparent de lui. Un instant plus tard, nous hurlons de rire en nous tenant les côtes d'une main et en frappant la table de l'autre, sous le regard inquisiteur - et légèrement réprobateur - de Remus et Peter qui jouent aux échecs à côté - et font tout ce qu'ils peuvent pour empêcher les pièces de se renverser à cause des tremblements de la table.
« Hahaha, toi et héhé toi et Snivellus, c'est c'est la meilleure de l'année» fait James après quelques minutes de fou rire, en soulevant ses lunettes pour essuyer ses yeux noyés de larmes.
Bon, à la réflexion, je ne suis pas sûr de trouver cela si drôle que cela, mais passons.
« Non, mais, reprend mon ami, sérieusement - hihi! Chiche que - hi! - que je suis le cavalier de Lily Evans au bal de Halloween!
– Bof, si tu aimes les paris perdus d'avance»
Le pied de James rencontre accidentellement mon tibia sous la table.
« Aouch!
– Oh, pardon, fait James en croisant religieusement les mains, l'air aussi désolé qu'un Mangemort qui aurait écrasé une coccinelle. Donc, si je perds
– Si tu perds, je l'interromps, je veux que tu passes la soirée avec le fantôme de Moany Myrtle à la place!
– Hein!»
Je sais ce que les gens vont penser. Mais je ne suis pas quelqu'un de méchant. C'est mon tibia endolori qui parle, là. Je vous jure.
En tout cas, James a l'air bien embarrassé.
« Je euh
– Alors, Potter, ta belle assurance te retombe dans les chaussettes, tout d'un coup?»
James fronce les sourcils avec indignation, mais presque aussitôt il plisse de nouveau les yeux et un sourire étrange se dessine sur ses lèvres. Ce sourire me fait froid dans le dos.
« D'accord, dit James en tendant la main pour conclure. Mais si je gagne
– Ce qui n'arrivera pas je glisse sournoisement.
– Si je gagne, continue-t-il, alors tu devras faire croire à ce cher Snivellus que tu veux sortir avec lui
– Quoi?
– et l'embrasser au moins une fois.
– QUOI!» je m'écrie, au comble de l'horreur.
J'entends Peter et Remus pouffer à côté. Je les foudroie du regard et ils s'abîment immédiatement dans la contemplation du papier peint à rayures.
Je suis sans voix un instant, puis je proteste :
« James! Tu ne peux pas me demander de parier ça! J'aimerais mieux avaler des limaces vivantes que de faire une chose pareille!
– Eh bien quoi? dit James avec une délectation ostensible. Tu avais l'air si sûr de toi en affirmant que je n'avais aucune chance avec Evans, il y a une minute!
– Évidemment que tu n'as pas la moindre chance! je persiste.
– Dans ce cas, tu ne risques rien, je me trompe?» lance James sur un ton de défi.
Je me sens piégé entre ma fierté de Gryffondor et l'effroi que m'inspire un tel marché. Ma raison me hurle de déclarer forfait. Mais mon goût du risque et l'absolue certitude que Lily Evans préférerait être livrée à Voldemort plutôt que d'accompagner James à ce bal font pencher la balance du côté de la déraison.
Je saisis la main tendue de James avec un irrépressible frisson.
« Pari tenu», dis-je fermement en plantant mon regard dans les yeux du bésiclé.
Celui-ci sourit largement et se tourne vers Peter et Remus, qui avaient arrêté leur partie pour écouter la joute verbale avec un amusement non dissimulé.
« Vous êtes témoins?»
Remus lève les yeux au ciel, mais Peter acquiesce vivement. J'ai comme l'envie soudaine et impromptue de l'attraper par les cheveux et de lui frapper sa tête de rongeur contre la table.
Mais non.
Après tout, James va perdre, c'est évident. Je ricane :
« Eh bien, vieux, j'espère que tu réussiras à passer toute une soirée avec Myrtle sans te jeter par la fenêtre!
– Et moi, j'espère que Snape entretient mieux son haleine que ses cheveux», réplique James avant de recommencer à rire comme un dément, bientôt rejoint par Remus et Peter.
Le rire que je me force à produire sonne curieusement creux.

- O - O - O -

Je fais des ronds dans mon porridge avec ma cuillère.
Je suis de très mauvaise humeur.
« Attention, Lily! j'entends James s'exclamer en face de moi. Ne bois pas, le thé est très chaud, tu vas te brûler!»
Je pousse un soupir exaspéré et me tourne vers Remus, à côté de moi.
« Quel pari idiot!» je dis pour la énième fois.
Remus penche la tête avec sympathie et sort d'un ton badin :
« Le pari en lui-même est moins idiot que les parieurs.» Il mord dans une pomme avant d'ajouter : « Ce qui n'est pas peu dire.»
Il hoche la tête en direction de James.
Je jette un coup d'il irrité à mon ami, qui assis à côté de Lily Evans, ignore royalement les regards noirs que lui lance la jeune fille à chaque fois qu'il lui adresse la parole, c'est-à-dire toutes les deux minutes.
« Tu veux du jus de citrouille, Lily? demande James avec une expression qui rappelle immanquablement celle d'un épagneul apportant ses chaussons à son maître.
– Mon verre est déjà plein, Potter! crache Evans avec agacement. Si tu ne peux rien faire pour compenser ton absence de cerveau, nettoie au moins tes lunettes!»
En temps normal, James aurait répondu sur le même ton. Le James que je connais ne se laisserait jamais insulter par qui que ce soit, même par Evans. Seulement cela fait une douzaine de jours que mon James a disparu pour laisser place à cette loque.
Je le vois baisser la tête d'un air penaud et je dois retenir ma main qui me presse de le faire revenir à lui d'un bon aller-retour façon maman. Néanmoins, les traits de Lily se relâchent légèrement, et on pourrait croire qu'elle va sourire lorsqu'elle se détourne pour reprendre sa conversation avec Sue.
« Il est bon, le bougre», murmure Remus d'un ton appréciateur.
Il va la fermer, le loup-garou?
«
Pas assez! je chuchote. Le bal est dans dix jours et elle le traite toujours comme une carpette!
– Au moins, elle ne le traite plus comme un nuisible», dit calmement Remus, avec une lueur de malice dans les yeux.
Je hausse les épaules avec irritation.
« Si tu savais ce que j'en ai marre de ce cirque. Cela va faire deux semaines que James joue les paillassons vivants avec Evans.»
Je prends une cuillerée de porridge, la contemple quelques secondes, avant de la laisser retomber dans l'assiette avec un "splatch!" parfaitement répugnant. Je n'ai vraiment pas faim. Trop énervé. Je me tourne vers Remus et minaude à la façon de James :
«"Il fait frais dehors, Lily, tu veux mon pull?" "Oh, Lily, tes cheveux sont magnifiques aujourd'hui!" "Lily, tu veux que je te prête mes cours d'Histoire de la Magie?" C'est d'un pathétique! Et où est passé Prongs l'intrépide? Il est devenu plus sage et studieux qu'un Serdaigle; même Snape doit s'amuser plus que ça!
– Il est possible de s'amuser sans enfreindre systématiquement le règlement», sourit Remus.
C'est la chose la plus stupide que j'ai jamais entendue, dit mon regard à Remus.
« Quoi? marmonne-t-il en rosissant. Je suis préfet après tout!
– Oui, Moony. Et il est aussi possible de jouer au Quidditch sans balai, mais ça aide un peu quand même!
– Tu sais, dit patiemment Remus, si c'est cette histoire avec Snape qui t'inquiète, tu n'as qu'à dire à James que tu annules le pari.
– Pas question! je m'exclame, envahi par une bouffée d'orgueil typiquement gryffondoresque mais pleinement assumé. De toute façon, je vais gagner!
– Comme tu veux», fait Remus en souriant.
Je devine à son expression qu'il est loin d'être aussi sûr que moi de l'issue de ce pari.
Il a tort, bien sûr.

- O - O - O -

« Je ne te crois pas!»
Mon ton devait être enragé, mais la boule qui s'est formée dans ma gorge transforme mon cri en gémissement. Pourquoi est-ce que, quand on est dans une situation délicate, votre corps s'arrange toujours pour vous compliquer encore plus les choses?
« À ton aise, Padfoot, dit James tranquillement. Tu verras bien samedi soir, au bal
– Mais Mais je balbutie, éberlué. Et Diggory?»
James passe un bras autour de mes épaules et serre fort.
« Il y a trois jours, Lily lui a dit que ses parents lui avaient interdit de fréquenter des élèves de dernière année, répond James avec un sourire trop grand pour son visage. C'était un mensonge, bien sûr.
– Et tous les trucs que je lui ai racontés sur toi? Que tu t'amuses à crucifier des animaux vivants? Que tu as une troisième oreille derrière la nuque? Ça ne l'a pas impressionnée?
– Tu as fait quoi?» Les yeux de James s'arrondissent comme des soucoupes, avant de ne devenir plus que deux fentes. « Faux frère!
– Oh, c'est bon, la fin justifie les moyens Je suis sûr que tu aurais fait la même chose à ma place!
– Mmh, dit James en penchant la tête, oui, là, tu marques un point.»
Et on appelle cela "ami".
« Prongs! Tu aurais pu me contredire, quand même!
– Sirius, soupire James, je te rappelle que dans la situation présente, c'est toi qui m'a trahi, alors tu n'es pas en position de jouer les vexés.»
Gnagnagna. Je déteste quand il a raison. Et je déteste encore plus quand il gagne ses paris.
« Une troisième oreille glousse James d'un air songeur. Ça expliquerait la main qu'elle m'a passé dans les cheveux l'autre jour Je me disais bien, aussi, que si ça avait été par tendresse elle ne m'aurait pas sauté dessus par derrière.»
Je ne peux pas le croire. C'est tout simplement inconcevable. Inimaginable. Rocambolesque. Extravagant. Etc.
Et d'ailleurs, je ne le crois toujours pas.
« Oh, oh, oh, attends un peu! Ce que tu es en train de me dire, c'est que Lily Evans a rejeté le garçon le plus convoité de Poudlard, l'objet des toutes les attentions de toutes les filles de toute l'école depuis les prémices de sa puberté, pour pour toi
Là, je me voulais blessant, mais James se contente de sourire béatement. Il me tapote l'épaule avec un clin d'il complice.
« Tu te sous-estimes, vieux : ton fan-club vaut amplement celui de Diggory» Il se frotte les ongles sur sa robe avec désinvolture. « En fait, je crois que même Snape ne pourra pas résister à ton charme.»
Je voudrais lui enfoncer son sourire réjoui au fond de la gorge, mais mon déjeuner semble soudain éprouver le besoin de ressortir de mon estomac par où il est entré.

- O - O - O -

Je devrais être heureux pour lui. C'est mon meilleur ami, son bonheur devrait me remplir de joie. C'est ce que je ne cesse de me répéter, encore et encore. Mais j'ai beau essayer de toutes mes forces, je n'y arrive pas. Au lieu de cela, je m'imagine en train de lui faire avaler ses lunettes de force.
Nom d'un chien, je n'ai jamais eu autant de pulsions destructrices que depuis que nous avons fait ce stupide pari. Cependant, il faut avouer qu'il y a de quoi.
Je rabaisse le bandeau de pirate sur mon il pour masquer au moins en partie la vision épouvantable du cow-boy à lunettes et de l'ange aux cheveux roux enlacés sur la piste de danse.
« Siri, tu vas me chercher un verre de punch?»
Je sursaute.
J'avais oublié la dinde en costume de fée assise à côté de moi, tandis que je regardais danser James et Lily. Sue me dévisage de ses grands yeux bleu océan. Magnifiques. Dénués de toute lueur pouvant s'apparenter à une quelconque forme d'intelligence, mais - magnifiques.
Je relève le bandeau de pirate et produis un grognement vaguement affirmatif, avant de me lever et de me diriger à la table des boissons. Avec un certain soulagement, je dois avouer. Sue me tape sur les nerfs. Profondément. Je n'ai aucune envie de danser avec elle, mais elle n'a pas l'air de s'en rendre compte. Bien sûr que non, ce genre de déduction est au-dessus de ses capacités. Pour interpréter mes grommellements, mes soupirs d'agacement et mes regards noirs par de l'hostilité, il faut avoir au moins l'intelligence d'une poule de ferme, je ne peux pas en demander tant à Sue.
C'est vrai, je suis peut-être un peu méchant. Mais depuis qu'elle m'a demandé à partir de quel animal étaient faites les côtes de buf, je me pose des questions tout à fait légitimes sur l'état de sobriété de celui qui a évalué son quotient intellectuel à 82.
J'avale coup sur coup huit verres de punch avant de trouver le courage de revenir à ma table, un verre dans chaque main et les yeux un peu moins en face des trous. Ce qui ne m'empêche pas de constater avec confusion que Sue a disparu. Je tourne un regard éteint vers la piste de danse et j'aperçois ses ailes de papillons. Elle est dans les bras d'un chevalier rutilant - ce bâtard de Diggory.
Parfait, vraiment parfait.
Je vagabonde un moment dans la salle avec mes verres de punch - tout plutôt que de rester à attendre Sue comme un bon toutou - et je réussis à trouver Remus, adossé à un mur, dans son déguisement de vampire. Il a tout à fait la tête de l'emploi, d'ailleurs : cadavérique à souhait. La pleine Lune est dans quelques jours, et il a du mal à dormir. Moi aussi, d'ailleurs, mais cela vient peut-être de l'horreur d'avoir trouvé des blattes géantes sous mon oreiller avant-hier. Foutu Snape.
Je tends le verre de Sue à Remus et il l'accepte avec un faible sourire. Je m'avachis contre le mur à côté de lui.
« Cette soirée est vraiment un cauchemar», dis-je avec un soupir désespéré, avant d'avaler cul sec mon neuvième verre d'alcool.
C'est dingue, le punch : on dirait du jus d'orange, alors on boit, on boit, et voilà qu'on est incapable de se décoller du mur.
Pas grave, j'y suis très bien.
Nous écoutons la musique pendant quelques minutes - pas mauvaises, les Harpies En Furie, un peu trash mais entraînant - mais je ne peux contenir plus longtemps une vague d'auto-apitoiement et je marmonne à Remus :
« J'organise un suicide collectif, le week-end prochain, tu en es?»
Remus me dévisage longuement. Je sens qu'il va me sortir une de ses phrases formidables qui me requinquent en moins de deux.
« Tu as bu combien de verre?» finit-il par demander.
Je grogne.
« On s'en fout, Moony! Nom d'un saint-bernard anorexique, tu vois pas que mon moralomètre à mercure est descendu à moins cinquante, là?»
Enfin, c'est ce que j'ai essayé de dire, mais j'ai peut-être un peu bafouillé parce qu'il y a plein de mots compliqués et que ma langue pâteuse n'est plus trop en état de tenir le rythme.
Remus secoue la tête d'un air de "mais-qui-est-ce-qui-m'a-foutu-une-épave-pareille-en-guise-d'ami?". Il me dévoile quand même sa pensée philosophique du moment.
« Tu devrais essayer de voir les choses du bon côté.
– Oui, je sais, je marmonne. James est heureux et je devrais me réjouir pour lui
– Non, je ne parlais pas de cela, dit Remus, avant d'ajouter avec un sourire en coin : Je sais bien que c'est beaucoup trop demander à une tête de cochon comme toi.»
Je ne relève pas. Je me contente de lui prendre son verre des mains et de l'engloutir d'une traite, avant de lui adresser un regard interrogateur - et peut-être un peu vitreux.
« Après tout, fait Remus en haussant les épaules, la véritable victime de l'histoire, ce sera Severus.»
J'ai un ricanement amer, mais je réfléchis longuement à ce qu'il vient de dire à l'aide des quelques neurones rescapés d'une mort par noyade dans la mer de punch sur laquelle flotte à présent mon cerveau.
C'est vrai que si je séduisais Snape, ce serait une occasion de l'humilier - encore. En supposant bien sûr que je parvienne à le séduire
Eurk. Séduire Snape. Les dix verres de punch s'agitent méchamment dans mon estomac.
Je dois dire que déjà, la simple idée de draguer un garçon mais alors un Serpentard et en plus, ce Serpentard
Je vais mourir. J'ai besoin d'un verre. Punch. Tout de suite. Maintenant.
Je me désincruste péniblement de mon mur - le tissu de ma chemise en flanelle avait dû commencer à se souder au marbre, sinon cela n'aurait pas pu être aussi laborieux - et m'avance en titubant en direction du buffet après avoir lancé un «Je reviens!» approximatif à Remus. Qui ne répond pas.
Je marque une pause, fronce les sourcils, fais volte-face en vacillant - bon sang, vous êtes sûrs qu'on est sur la terre ferme? -, relève le bandeau qui m'est retombé sur l'il, et c'est alors seulement que je me rends compte que Remus n'est plus là. Il me faut une dangereuse rotation à trois cent soixante degrés pour enfin repérer le monstre derrière une colonne, la bouche collée au cou d'une cinquième année, en train de lui sucer le sang ou pas. Plutôt pas, d'après la tête de la fille.
J'ai passé combien de temps tout seul à réfléchir soudé à mon mur, moi? Et depuis quand Remus se comporte de façon aussi audacieuse avec la gent féminine?
Je mets cette fougue exceptionnelle sur le compte de sa panoplie de vampire et le chasse de mes pensées à coups de pieds, pour me concentrer à nouveau sur mon but premier. Qui était : réussir à tenir assez longtemps sur mes jambes pour atteindre les boissons et me rincer le citron une onzième fois.
Mais la Mort m'attend à la table.
La vache, c'est effrayant quand on le dit comme ça.
Non, mais, la vérité si je mens : la Mort se tient devant moi, vêtue d'un grand manteau noir, une faux tenue dans sa main décharnée. Elle est en train de se servir un verre de diabolo menthe.
Gnuck?
Peut-être serait-il déraisonnable de poursuivre ma beuverie plus avant, finalement Quoique, maintenant que j'en suis aux hallucinations burlesques, je voie pas ce qui pourrait m'arriver de pire.
Je fonce tête baissée vers les boissons et je me ramasse dans mon hallucination, qui pousse une exclamation de rage. Eh, ça cause pas, les hallucinations, si? Et on ne se cogne pas dedans, non plus.
Mmh, il est temps de reconsidérer la nature de cette Mort buveuse de diabolo.
Je suis repoussé sans ménagement, et je parviens par miracle à rester debout - pour m'effondrer la seconde qui suit, lorsque je reconnais avec stupeur, dans l'obscurité du capuchon de la Mort, le visage grimaçant de Snape.
« Black!»
J'ai l'impression de dessaouler sous le choc. Pause! Juste le temps de mettre les choses en place.
La Mort sur laquelle je me suis écroulé n'était autre que Snivellus déguisé. Ah ben oui, ça explique le diabolo. Tant que c'est vert, les Serpentards aiment.
Je me relève maladroitement, en m'agrippant au vaste manteau de Snape, qui s'étrangle de fureur.
« Lâche-moi tout de suite, Black!»
Vlan!
C'était quoi, ça?
Je me redresse en plaquant une main sur mon crâne douloureux. Le salopard m'a donné un coup de faux. Il aurait pu me décapiter, avec ce truc!
Mon cerveau imbibé par l'alcool cherche aussi vite qu'il peut une vengeance immédiate qui ne me ferait pas renvoyer de l'école. Malheureusement, les cellules grises qui me restaient ont été terrassées par le coup que je viens de prendre à la tête, et je n'ai droit qu'à un réchauffé de la longue réflexion à laquelle je me suis attelé contre mon mur tout à l'heure.
En clair, je lance à Snape mon sourire le plus charmeur.
L'autre devient aussitôt encore plus pâle qu'il ne l'était déjà. Il me lance son regard de la Mort qui Tue, mais je ne cille pas, et il se met à se dandiner en tripotant sa faux.
« Arrête de me regarder comme ça, pourriture de Gryffondor!» siffle-t-il.
C'est très mauvais pour du Snape, mais je me sens déjà blessé dans mon honneur et une vague de colère m'envahit. Je grimace :
« Tu sais, Snivellus» Tu es un sale enfoiré et je vais te casser la gueule!
Non!
hurle mon dernier neurone encore en état de marche. Je l'ai déstabilisé, c'est pas le moment de tout foutre par terre!
Je parviens tant bien que mal à retrouver mon sourire ravageur :
« Tu as de jolis yeux quand tu es en colère!»
Le Serpentard passe du blanc au vert, puis à un coquet rose framboise. Ou la la, ça va péter.
« Black, espèce de de de»
Mais les mots ne sortent pas. Son disque est rayé, ou quoi?
« De?
– De malade mental!» rugit-il, assez platement il faut bien le dire.
Il tourne les talons en faisant voler son grand manteau et se fraie un chemin à travers la foule à grands coups de faux bien placés.
Eh ben ça C'est bien une des rares fois où j'ai eu le dessus sur Snape sans me servir de mes poings ni de ma baguette magique. Ça s'arrose, nan?
Peut-être que Remus a raison, après tout. Cela pourrait être amusant, cette histoire.
Je m'enfile bien vite trois verres de punch pour me désinfecter la bouche du "tu as de jolis yeux quand tu es en colère".

- O - O - O -

J'ai mal à la tête.
Où suis-je?
Dans mon lit, apparemment.
J'ai fait un drôle de rêve Un truc incroyable. Hé, je suis bien content de voir que j'ai été sage en fait, et que je suis allé me coucher à une heure raisonnable. Même si je ne me rappelle absolument pas m'être couché. En fait.
Soudain, les rideaux de mon lit à baldaquin s'ouvrent et la tête de James apparaît dans une lumière insupportable.
« Aaargh! Mes yeux!»
J'ai l'impression que quelqu'un joue des claquettes dans mon crâne avec des semelles cloutées. Et je suis tout nauséeux On pourrait croire que j'ai fait la bringue toute la nuit.
« Alors, réveillée, la Belle au Bois Dormant? ricane James.
– Va te faire foutre. J'ai mal à la tête.
– Pas étonnant, vieux, t'as descendu au moins la moitié du punch prévu pour la soirée à toi tout seul.
– Arrête, j'en ai bu à peine, euh treize verres Mais ensuite je suis allé sagement me coucher!
– Hum, non, je crois que ton treizième verre était déjà loin quand tu es allé te coucher. D'ailleurs, il serait plus juste de dire que nous t'avons couché. Et tu n'étais pas vraiment consentant, il a fallu qu'on te porte.
– Attends, attends. Tu dis n'importe quoi.» Je masse mes tempes douloureuses. « Laisse-moi me souvenir. Je me suis d'abord fait évincer par Sue Ensuite j'ai été planté par Remus Puis je me suis pris le bec avec Snape Oh, bon sang, quelle soirée merdique!
– Bah, tu avais pourtant l'air de bien t'amuser sur la fin, dit James avec innocence. Tu ne voulais plus partir. Tu m'as même cassé mes lunettes quand j'ai voulu te faire descendre de la table.»
Descendre de? Non, alors là, non, si on me fait le coup du rêve qui en fait était vrai, je hurle.
« D'ailleurs, ton strip-tease était chouette, dommage que Gogo n'ait pas trop apprécié.
– AAAAAAAAAAAAAAAH!»
Ce n'est pas possible, il se fiche de moi. Je le dévisage avec horreur, cherchant désespérément le mensonge dans ses yeux. Mais où est-il!
«
James, dis-moi que ce n'est pas vrai!
– Tu veux que je te mente? Je ne vois pas à quoi ça va t'avancer
– C'est abominable! je gémis.
– Mais non, je t'assure, c'était très réussi! Tu peux être certain que maintenant Diggory est relégué à la seconde place : toutes les filles se sont mises à baver!» James fronce les sourcils. « Et quelques garçons aussi, d'ailleurs.
– Aaargh!»
Je m'enfouis la tête sous mon oreiller en essayant de ne pas pleurer. James me tapote le dos avec compassion.
« Allons, allons dit-il d'un ton consolateur. Ce n'est pas si grave On a réussi à te faire descendre avant que tu n'enlèves ton caleçon
– Quoi! j'émerge de sous l'oreiller. Et le reste de mes vêtements?
– Alors là, vieux, faudra demander aux filles qui les ont embarqués»
Je suis mortifié.
« Beuh J'en ai marre Pourquoi c'est toujours à moi que ça arrive Je l'avais loué, en plus, ce costume
– Ça, il fallait y penser avant de te mettre à lancer tes fringues dans toute la pièce!
– Désolé, James, mais ma capacité à penser s'est envolée complètement autour de mon douzième verre, je crois Oh, j'ai fait d'autres trucs idiots?»
James prend une pose pensive.
« Je ne sais pas La plupart du temps j'étais perdu dans la mer des yeux de Lily, alors Mais dis-moi, tu voulais vraiment embrasser Betty la Boutonneuse?
– Tue-moi.
– Ah, c'est bien ce que je pensais. Ne t'en fais pas, de toute façon, tu as embrassé tellement de filles en une heure de danse que je ne crois pas qu'aucune d'elles viendra te demander des comptes.
– Ha, tu rigoles? Il n'y en a pas eu tant que ça!»
Cela devait être une affirmation mais elle s'est transformée en question dans ma bouche.
« Euh
– James?
– Bah, tu sais, moi je n'ai embrassé qu'une fille à part Lily, alors forcément, en comparaison
– James?
– Tu comprends bien que je ne suis pas le mieux placé pour juger
– JAMES! COMBIEN!
– Oh une petite douzaine je dirais!» dit James précipitamment.
Je me plaque les mains sur le visage en regrettant mon anesthésie cervicale de la veille. James gigote avec embarras.
« Tu danses vraiment bien, tu sais.»
Ferme-la, Potter. Tout ce que tu dis ne fait qu'empirer les choses. Seul un "groumpf" pathétique s'échappe de mes mains.
« Sirius?»
Je veux être seul.
« Sirius, je suis désolé, mais
– Va-t-en.
– D'accord, soupire James. Je t'ai laissé la retenue de McGo' sur ta table de nuit, à côté de la potion contre la gueule de bois qu'on est allé te chercher à l'infirmerie.»
Je ne me donne pas la peine de répondre. Je suis très bien, caché derrière mes braves petites mains.
« Bon, j'y vais.»
C'est ça.
«
À plus tard.»
Il disparaît enfin.
Je me jette sur la potion anti-gueule de bois avec soulagement.

- O - O - O -

« Ne mens pas, Ju. J'ai des témoins.
– Mais non, Sirius, je te promets que je ne l'ai pas, ta chemise! proteste Juliana. C'est vrai que Sandy l'a attrapée et me l'a passée, mais ensuite Nina me l'a prise! Tiens, j'ai juste une de tes chaussettes»
Oh, j'en ai plus qu'assez!
Heureusement, mon calvaire touche à sa fin. J'ai le foulard, le pantalon, la veste, les chaussettes, les bottines. Lorsque j'aurai retrouvé ma chemise, je pourrai rendre mon costume complet à la boutique.
Ah, non, il me manque aussi le bandeau. Mais personne n'a su me dire qui l'a pris, alors je devrai probablement en racheter un.
Visiblement, la chemise de flanelle rouge a été appréciée et est passée de main en main. Quatre filles embarrassées plus tard, je la range soigneusement avec le reste du déguisement.
« C'est demain que tu as ta retenue? me demande Remus.
– Oui. Je dois laver le sol des cachots.»
Remus grimace avec sympathie.
« C'est vraiment dégoûtant là-bas. Depuis le temps que plus personne n'y va!»
J'acquiesce d'un soupir.
« Je m'excuse encore de ne pas t'avoir empêché de boire, samedi. Je ne savais même pas qu'on pouvait boire cinq litres de punch sans éclater.
– Oui, et puis, tu avais mieux à faire! j'ajoute avec un sourire narquois tout en refermant mon placard.
– Je hein? fait Remus, soudain très mal à l'aise. Euh Mais non! Enfin Je ne vois vraiment pas ce dont tu
– Oh, arrête de jouer les innocents, Moony! On aurait dit que tu étais ventousé à cette fille!»
Remus devient écarlate jusqu'à la racine des cheveux.
« Je croyais que tu ne te souvenais pas de ça
– Ha! je ricane. Même ivre mort, je vois mal comment je l'aurais oublié!
– Oh, Sirius, s'écrie Remus d'une voix curieusement haut-perchée, tu as vu, une araignée sur le mur!
– Remus Lupin!
– Ouiii?
– Parle-moi de cette fille!»
Remus pique un nouveau fard.
J'attends avec toute la patience dont je suis capable. Il ouvre la bouche, mais c'est ce moment que choisi Peter pour entrer.
« Venez vite voir! fait-il avec de grands gestes. C'est incroyable!»
Après une brève hésitation, Remus et moi nous élançons à la suite de Peter.

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Héhé, voilà la fin de ce premier chapitre crétin, à bientôt pour un second chapitre non-moins crétin, du point de vue de Severus cette fois...
MOUAHAHAHAHAHAHAHAHA!

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