Ruptures d'un processus linéaire

Disclaimer…. Les cinq tomes de HP sans doute… puisqu'on commence cinq ans plus tard…j'aurais bien le temps de finir avant que JKR en soit là !

Pour ceux qui aiment Lune et Etoile, je préviens…
ce n'est pas une histoire de paternité…

Pour ceux qui aiment Promesses tenues, ça va pas être plus léger
– je pense, j'espère…

Autre chose…

Cette histoire méritait un nettoyage orthographique et parfois stylistique
– donc ceci est la version 2.0, la seule et unique !
Merci à mes habituelles complices évidemment et, pour ce chapitre, spéciale dédicace à une amoureuse du ballon ovale – Clodina !

Un - Les surprises sans fin d'un processus linéaire

Il y avait des journées qu'il aurait mieux valu pas avoir à vivre, songea Harry en s'écroulant sur son lit à une heure du matin.

Et il y en avait déjà eu pas mal dans sa vie, quand il y pensait. Certaines avaient été particulièrement cruelles - il repoussa immédiatement la liste trop longue des deuils, des pertes et des défaites qui avaient alourdi les vingt années de vie qu'il affichait. Il se sentait trop faible pour y faire face ce soir. Non, se raisonna-t-il, rien de tragique cette fois. Non.

Mais cette seule journée semblait avoir soutiré une quantité incroyable de son énergie ! Pire encore, il était convaincu qu'elle allait peser sur les journées à venir comme si le processus linéaire qui sous-tendait sa vie, comme celle de tous les humains, avait soudain choisi, de manière tout à fait arbitraire, un autre rythme.

Comme souvent, ça avait commencé par un réveil moldu insistant, couplé d'un réveil magique qui l'insultait parce que ça faisait plus d'un quart d'heure qu'il essayait de le tirer du sommeil profond où l'avait plongé une soirée un peu trop tardive entre condisciples Aurors. Il s'était jeté au bas de son lit, avait récupéré à tâtons ses lunettes sous son lit, avait tambouriné sans pitié à la porte de Ron - qui, bienheureux, ignorait les appels des ses propres réveils - avant de se laisser tomber sous la douche en priant pour que son esprit sorte de sa torpeur. Un mauvais début donc, mais le timide soleil printanier des rues de Londres l'avait trompeusement réconcilié l'espace d'un instant avec l'avenir, vingt minutes plus tard.

Ça n'avait duré que le temps - infime - nécessaire pour transplaner des toilettes publiques du métro londoniens au Centre de Formation des Aurors au plus profond du Ministère de la Magie. Ils étaient en retard et tous leurs condisciples étaient déjà partis s'entraîner au duel avec leur tuteur. Et si le mentor de Ron, Conrad Wind, avait grogné, celui de Harry, Nymphadora Tonks n'avait pas dit un mot - et Harry la connaissait assez pour en augurer le pire.

En effet, les deux heures de duel qui avaient suivi l'avaient laissé vide de toute énergie magique, le nez en sang et les cheveux verts !

« Et quand je pense que ça a fait tombé Voldemort », avait-elle simplement commenté quand elle était passé la tête haute, les robes à peine froissées, devant sa silhouette avachie à la fin de l'entraînement.

Harry avait fait de son mieux pour ne pas répondre, appelant à son aide les souvenirs acides d'années de cours de potion avec Severus Rogue, d'une année de retenue avec Dolorès Umbridge et d'autres cauchemars. Non, la mauvaise humeur de Tonks n'était rien face à cela !

Harry se força à se relever pour enlever ses chaussures et ses vêtements moldus. Il grimaça en essayant d'ôter son pull à cause de son arcade sourcilière ouverte. Avec un soupir, il leva sa baguette contre son front et murmura les sorts qu'il maîtrisait maintenant, à la fin d'une deuxième année d'entraînement d'Auror, parfaitement pour cicatriser une si petite plaie. Il se força à se rappeler que l'après-midi n'avait pas été si mauvais que ça. Il l'avait traversé dans une sorte de transe fatiguée mais sans évènement marquant.

Malheureusement, en sortant, il s'était laissé convaincre par Ron, Parvati Patil et Seamus Finnigan qu'ils devraient aller faire un tour dans un pub moldu pendant le tournoi des cinq nations de rugby - histoire de voir à quoi s'amuse les moldus ! Et ça avait été la pire erreur de sa journée !

Parce que la vie n'avait pas trouvé suffisant de l'envoyer, épuisé, se frotter aux supporters surexcités du ballon ovale.

Non.

Elle n'avait pas trouvé suffisant qu'il ait du se creuser la cervelle et extraire de son cerveau les règles du jeu qu'il avait bien dû apprendre quand il était un écolier moldu, cousin d'un supporter invétéré des matchs de rugby dans le salon.

Non.

Elle n'avait pas trouvé ça suffisant, la vie, puisqu'elle lui avait envoyé, au beau milieu d'un pub bondé, à l'ambiance électrisée par la très certaine prochaine défaite britannique devant l'Irlande - encore heureux que ça n'ait pas été les Français! -, un fantôme.

Harry sourit tristement à son reflet ébouriffé et allongea avec précaution ses muscles fatigués sur son lit. Ce n'étaient pourtant pas comme s'il avait eu besoin d'un nouveau fantôme dans sa vie! N'avait-il pas grandi avec les fantômes de ses parents morts quand il avait un an ? Enfin, avec l'ombre de leurs fantômes, puisque leur mort avait été le plus grand tabou de ces onze premières années de vie. Et Harry trouvait que l'expression « ombre de fantôme » ne donnait aucune idée du poids qu'une telle fréquentation pouvait avoir sur la perception des choses les plus simples. Encore aujourd'hui, il chérissait les quelques rencontres fortuites qu'il avait eu avec ces fantômes : un sourire de sa mère, un encouragement de son père avaient encore plus de poids que bien des relations réelles avec des personnes vivantes.

Il ferma les yeux car il y avait d'autres fantômes, et il ne savait pas s'il faisait bien de les conjurer là, à l'heure du repos réparateur. Sans doute pas, non. Mais il les voyait déjà se presser sous ses paupières closes. Le fantôme de Cédric Diggory était d'humeur variable. Parfois il allait bien - il l'aidait alors à se dire qu'il devait profiter de la vie, ne serait-ce qu'en sa mémoire, la mémoire d'un bon camarade qui avait eu la malchance de se trouver entre Voldemort et lui. Parfois, il lui laissait entendre que sans sa malheureuse existence, il ne serait pas parti si tôt. Mais il était, heureusement, de plus en plus rarement dans cette humeur chagrine.

Mais la ronde ne s'arrêtait pas là.

Malheureusement.

Il y avait le fantôme encore trop pleuré de son parrain - Son parrain - l'homme qui avait presque réussi à lui faire croire l'espace furtif de trois années trop courtes qu'il avait une famille ! Il rouvrit les yeux avant que les larmes ne les remplissent. Il ne fallait pas penser à Sirius !

Non.

Ce fantôme-là semblait encore plus loin que les autres de trouver la paix du repos éternel. Pas dans la mémoire d'Harry en tout cas, pas parmi les « et si » et les « et alors » qui s'obstinaient, dans la tête d'Harry, à changer le destin qui avait eu, cette nuit-là, au tréfonds du Ministère de la magie, le visage de Bellatrix Lestrange.

Les deux derniers fantômes qui embarrassaient la vie d'Harry s'appelaient Queudver et Voldemort. Les nuits d'insomnie, ils venaient lui faire douter du sens même de son existence et les évoquer, en ce moment de désarroi, semblait une idée douteuse.

Par réflexe, il se releva péniblement et sortit de sa chambre pour traverser le petit appartement moldu qu'il partageait avec Ron depuis deux ans. Il aurait pu vivre dans la grande demeure des Black que lui avait léguée son parrain. Il avait préféré en faire don à Ste-Mangouste pour qu'ils en fassent un centre de repos.

Trop de fantômes, songea-t-il en se versant un verre de lait froid dans la petite cuisine. Et il avait souhaité que sa vie, après Poudlard, après ces années de guerre, soit différente. Sans trop de fantôme !

Et c'est peut-être cette même envie de renouveau qu'il l'avait d'abord empêchée de reconnaître celui qui s'obstinait à le dévisager du bout du comptoir, puis de plus en plus près de lui. Non, vraiment, non, il n'y avait de place dans la vie d'Harry pour le fantôme de Dudley Dursley !


Alors ? Est-ce que vous en voulez plus ?