°O¤ FIDELITAS ¤O°
Spoilers: De nombreuses informations sont récoltées dans les 6 tomes.
Disclaimer: Pratiquement tous les personnages et lieux appartiennent à JKR. Toutefois, l'histoire et toute autre folie nous appartiennent pleinement –malheureusement :p
Personnages centraux: Les Maraudeurs (avis aux fans!)
Avertissement: Au vu de son thème, la fanfiction pourrait comporter une bonne soixantaine de chapitres, voire plus… Avis aux lecteurs impatients qui devront prendre leur mal en patience…
Résumé général: Les Maraudeurs ont quitté Poudlard... Mais après, que s'est il passé? Que leur est il vraiment arrivé? De leurs premiers pas chez les Aurors jusqu'au tricentenaire du mariage des Potter, nous allons vous raconter la vraie histoire cachée par JK! Mes amis, laissez-moi vous conter la vraie histoire des Maraudeurs…
Notes des auteurs: le titre de ce chapitre a été judicieusement choisi et n'est pas une erreur de notre part!
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Chapitre 1: Epilogue
Les fins d'année scolaire sont toujours un moment étrange. C'est un moment synonyme de délivrance : plus de devoirs, plus d'horaires, plus de coupes à gagner. Plus d'uniforme à porter, plus de professeurs exigeants, plus d'obligation de voir sans cesse la tête des gens qui ne nous reviennent pas.
Mais c'est aussi le triste sentiment d'une chose qui se termine. Et ce jour-là, sur le quai de la gare de Pré-au-Lard, beaucoup d'élèves montèrent dans le Poudlard Express le cœur gonflé et lourd de sentiments très forts. Poudlard était un lieu où la Magie suintait des murs mêmes, qui accueillait tous les ans les apprentis sorciers dans son enceinte de pierre étonnamment chaleureuse. Des amitiés s'y liaient, des couples aussi, souvent. Les tableaux et les fantômes qui y habitaient depuis des siècles avaient été les témoins de nombres de fous-rires, de surprises et de bons moments.
Et quand on venait à quitter Poudlard, après sept années d'études, on oubliait généralement tous les mauvais moments. Sous l'effet du départ, ils semblaient s'estomper pour que les meilleurs puissent éclater dans les mémoires. On ne pouvait pas quitter Poudlard sans une certaine mélancolie. Beaucoup de sorciers s'accordaient à dire que Poudlard avait représenté les plus belles années de leurs vies.
Pour les quatre jeunes hommes qui entrèrent dans ce compartiment libre, ce matin-là, c'était presque la fin du monde.
Ils affichaient tous les quatre des mines déconfites, bien qu'ils tentaient de les masquer derrière de légers sourires et de petites blagues. Et quand le train démarra enfin, laissant Hagrid seul sur la voie, un silence lourd s'installa parmi les jeunes gens.
On ne pouvait pas dire qu'ils avaient été mélancoliques dès leur réveil. Ce qu'ils avaient fait dans la Grande Salle aurait relevé du suicide si cela n'avait pas été leur dernier petit déjeuner à Poudlard. Tout le monde les avait acclamé, hormis quelques Serpentard qui avaient été les dernières victimes des quatre zouaves. Dumbledore lui-même les avait applaudis et en quittant la Grande Salle, ils s'étaient tous les quatre inclinés galamment avant qu'un rideau d'étincelles or et rouge ne tombe.
Ç'avait été la dernière représentation des Maraudeurs à Poudlard.
La campagne écossaise défilait depuis plus d'un quart d'heure, maintenant. Les yeux des quatre jeunes hommes la regardaient passer aussi vite que leurs sept années d'études. Leurs pensées étaient toutes tournées vers ces années d'insouciance qu'ils laissaient derrière eux.
L'avenir s'annonçait beaucoup moins drôle…
Quelques mots s'échangèrent à propos d'un rendez-vous donné à quelqu'un à la fin du voyage, puis chacun se tut.
« Bon, les mecs, on ne va pas se laisser abattre comme ça ! »
Mais les trois autres lancèrent six yeux si tristes sur Sirius qu'il baissa de suite d'un ton.
« Je veux dire… A nous voir on dirait qu'on est en route pour le bagne, ou je ne sais quoi ! Vous vous rendez compte ? On devrait plutôt se réjouir !
- Se réjouir de quoi, je te prie ? demanda Remus d'une voix plutôt acide.
- D'avoir passé sept ans à Poudlard sans se faire renvoyer, d'être devenus des Animagi, d'avoir fait rire, sourire et hurler McGo plus que n'importe qui pourra le faire… »
Son regard gris passait sur les visages de ses trois amis. Il vit peu à peu celui de James laisser apparaître un sourire. Ses deux pupilles noisette s'illuminèrent derrière ses lunettes et il lança à Sirius un coup d'œil amusé.
« Tu te rappelles cette fois où tu t'étais retrouvé nu comme un ver au beau milieu du château et que tu l'as croisée ?
- …J'aurais plutôt préféré que tu te souviennes du jour où j'ai transformé Rogue en poulet, bougonna Sirius tandis que Remus et Peter éclataient de rire.
- C'est vrai que c'était plutôt réussi ! s'exclama Peter. Du gras suintait même de ses plumes !
- Tu sais que je met toujours un point d'honneur à ce que mes métamorphoses restent très semblables au modèle de base.
- N'empêche que t'as traumatisé la bonne McGo, rappela James en vérifiant l'état de ses ongles, une fossette sur la joue.
- Pas de ma faute si j'ai une beauté quasi-divine. »
Les trois autres partirent alors dans un véritable fou-rire, bientôt rejoints par Sirius.
Quand le calme revint dans leur compartiment, l'ambiance triste et tendue avait fait place à la bonne humeur et à la nostalgie.
« Ouais… » dit enfin Remus d'une voix un peu absente, ses yeux dans le vague.
Maintenant, ç'allait être autre chose. Là où ils allaient, hors de l'enceinte protectrice du collège Poudlard, c'était la guerre. Et ils n'allaient pas y assister en simples spectateurs ; Sirius et James voulaient tenter le concours d'entrée chez les Aurors. C'était déjà cinquante pour cent de leurs effectifs qui allaient jouer leurs vies. Peter, toujours égal à lui-même, ne savait pas quoi faire mais savait qu'il ne resterait pas indifférent aux événements. Il leur avait déclaré solennellement à la fin du mois de mai : Peter Pettigrow allait s'engager dans cette guerre. James avait failli s'étouffer avec son jus de citrouille et le morceau de pain que Sirius venait de croquer était tombé de sa bouche. Remus avait toujours su que Peter n'avait pas été envoyé à Gryffondor par hasard, et que derrière ses airs couards se cachaient des sentiments plus nobles. Il avait d'ailleurs à plus d'une reprise fait preuve de courage lors de leurs années à Poudlard.
Remus, quant à lui… Il évitait de songer à son avenir autant qu'il le pouvait. Il lui arrivait d'avoir de véritables crises de nerfs quand il les avait à fleur de peau, à l'approche de la pleine lune, surtout quand il songeait à l'après Poudlard. Comment trouver sa place dans la société sorcière quand des superstitions ridicules circulaient sur les… sur les gens comme lui ?
Les trois autres avaient dû lire dans son regard absent car quand il revint au moment présent, ils avaient la tête tournée vers lui, l'air un peu inquiets. Il leur sourit pour les rassurer.
« C'est quand, le concours d'entrée ? demanda-t-il à James et Sirius pour détourner l'attention.
- Fin août, répondit James dont les yeux gardaient une lueur inquiète. Faut d'ailleurs qu'on continue de s'entraîner, Patmol.
- Tu m'as fait mal lors de notre dernier duel !
- Je t'en aurais fait davantage si tu avais été un Mangemort. »
Un sourire carnassier sur les lèvres, James faisait presque peur. Mais étrangement, cela fit sourire Sirius.
« Ça me rassure. Tu sauras te défendre un minimum quand je ne serai pas là pour te protéger…
- Pardon, c'est plutôt toi qui auras besoin de moi ! s'indigna James.
- Il me semble qu'être Auror, interrompit Peter, c'est être assez fort pour se protéger soi-même et protéger ceux qui ne savent pas se défendre. »
Les deux autres le regardèrent. Décidément, ces derniers temps, Peter les étonnait plus que d'ordinaire.
« C'est vrai… admit James.
- … Il n'empêche que pour sa propre sécurité, et ce même s'il devient le meilleur Auror de Grande-Bretagne, je ferai toujours comme s'il ne savait pas se défendre tout seul. Suffirait d'un moment d'inattention et SPLASH ! Plus de Jimmy.
- J'aime l'imitation du bruit de sa mort, Sirius, c'est très réussi… » ricana Remus.
James grimaça.
« Parlons d'autre chose, voulez-vous ? Je vois que de toute évidence l'idée de ma mort par explosion vous réjouit, et j'en suis ravi, mais nous aurons toute notre vie pour parler de la mort et de la manière dont on enlève une tache de sang sur un papier peint…
- James ? »
La porte du compartiment s'ouvrit et une jolie jeune rouquine entra dans la pièce, ses grands yeux verts froncés étincelant sur sa peau blanche. Le visage de James s'éclaira en même temps et il bondit sur ses pieds.
« Oui, ma Lily ?
- On est préfets en chef ! Je me tape tout le travail depuis tout à l'heure ! Viens me filer un coup de main !
- Hello Lily ! lança Sirius avec un grand sourire.
- Salut ! lança vivement Lily. James, je sais que c'est la fin de l'année, mais on reste préfets en chef jusqu'à ce que le train arrive à King's Cross…
- Mais j'attendais que tu viennes me chercher, moi ! lui dit-il en lui prenant la main. J'ai peur de me perdre, tout seul… »
Les trois autres éclatèrent de rire et Lily leva les yeux au ciel. Avec un « A tout à l'heure, les gars ! » James disparut derrière la porte du compartiment avec sa jolie préfète.
« Il a bien fait de s'accrocher, Cornedrue, commenta Peter en fixant la porte.
- Oui, on peut dire qu'ils sont bien assortis, ajouta Remus en souriant. Qui l'eût cru ?
- En plus, Lily, elle est sympa en fait!
- Surprise, surprise, ironisa Remus. Je vous l'avais pourtant dit. Lily est adorable.
- Parfois je me demandais vraiment ce que James pouvait bien lui trouver pour être si motivé… se demanda Peter.
- En tout cas on peut dire que sa motivation s'est reporté sur autre chose, ajouta le loup-garou. Ça fait combien de temps que vous vous entraînez, maintenant ? »
Sirius bomba fièrement le torse, un grand sourire sur les lèvres.
« Ça va faire un an qu'on a commencé ces entraînements intensifs… Mais James n'arrête pas de dire qu'on aurait dû commencer plus tôt. Devenir Auror… Ça lui tient vraiment à cœur.
- Je persiste à dire qu'il aurait très bien pu intégrer l'équipe de Quidditch d'Angleterre, s'exclama Peter.
- Ouais, mais tu sais bien… Depuis l'attaque de Pré-au-Lard… »
Les trois jeunes gens se turent soudain, leurs visages se faisant plus sombres au souvenir de cette lugubre journée. Cela s'était passé lors de leur cinquième année, durant leur première sortie à Pré-au-Lard – enfin… leur première sortie autorisée. Il neigeait, Noël approchait, et soudain une quinzaine de Mangemorts étaient apparus sur la grande place du village et avait commencé à semer une panique monstrueuse parmi les élèves de Poudlard.
Trois élèves avaient perdu la vie.
Depuis ce jour-là, James et Sirius, qui avaient vu de quoi ces monstres étaient capables, s'étaient juré de s'impliquer de tout leur être dans cette guerre : devenir de grands Aurors était devenu l'une de leur priorité.
Depuis ce jour-là, James et Sirius étaient devenus plus matures, plus sérieux, plus adultes. Tout le monde avait remarqué le changement – au grand bonheur du Professeur McGonagall – mais ils garderaient à jamais le Maraudeur qui riait au fond d'eux.
« Et comment ça marche, le concours d'entrée ? » demanda Peter.
Sirius se mit alors à parler vite et fort, comme à chaque fois qu'il abordait un sujet qui lui tenait à cœur. Gesticulant dans tous les sens, il expliqua à ses amis les différentes épreuves auxquelles James et lui seraient soumis
« …et à la fin de l'examen, des Aurors-éducateurs nous envoient dans la brigade qui nous correspond le mieux d'après nos résultats à l'examen… Enfin, encore faut-il l'avoir.
- Brigade ? Il y a différentes brigades chez les Aurors ? s'étonna Remus.
- Affirmatif, dit Sirius sur le ton de celui qui connaît son sujet. Les gardiens, les limiers et les roublards. Je ne sais plus trop à quoi servent les deux autres, tout ce que je sais c'est que… »
Il fut interrompu par une ouverture inopinée de la porte du compartiment et une petite fille fit son apparition. Elle avait des cheveux coupés au carré, d'une couleur bleue tirant sur le violet, et dans ses yeux turquoise, une teinte rouge indiquait qu'elle avait pleuré.
« Dora ?! »
La demoiselle se rua sur Sirius se serra contre lui. Sirius ne disait jamais non aux contacts féminins, mais quand il s'agissait de sa cousine, de plus devant ses amis, il avait un peu plus de mal. Prenant la-dite Dora par les épaules, il lui demanda, les pommettes roses sous le regard compatissant de Remus.
« Qu'est-ce qui t'arrive ?
- C'est encore les troisième année, dit-elle entre deux sanglots. Je sortais des toilettes et puis tu sais, en ce moment, je ne contrôle pas bien mes transformations, et j'avais des grands pics verts dressés sur le crâne… J'étais en train d'essayer de retrouver la coiffure que j'avais avant quand Basil Coop est arrivé et puis… »
Sa lèvre inférieure se remit à trembler.
« Et puis il n'a pas arrêté de crier « Tonks le monstre ! Tonks le monstre ! » Ils riaient tous et… et… »
Aussi ridicule que ces petites crises de larmes enfantines puissent paraître, elles n'avaient rien de puéril. Nymphadora était une Métamorphomage, un don très rare qui lui permettait de changer son apparence à volonté. C'était très difficile à vivre, surtout pour une petite fille aussi sensible qu'elle. Elle avait fait preuve de beaucoup de courage cette année, sa première à Poudlard, sa première passée au milieu de tant de gens.
« Nymphadora, dit Remus d'une voix douce, tu n'as rien d'un monstre, crois-moi, et tu sais très bien que certaines personnes ne peuvent s'empêcher d'être des crétins.
- Et Remus sait de quoi il parle, ajouta Sirius, un petit sourire en coin, en essuyant une larme qui roulait sur la joue de sa cousine.
- N'y fais plus attention, finit Peter en lui tendant une sucette. Moi je te trouve très jolie. »
Un sourire refit son apparition sur les lèvres de la demoiselle, en même temps que James qui pénétra dans le compartiment en se frottant les mains, un petit air satisfait sur son visage.
« Nymphadora ! Tu tombes à pic, si je puis dire… Je viens de croiser une charmante bande d'imbéciles, près des toilettes… »
Il se rassit à côté de Sirius, et fit un clin d'œil à la première année.
« Un certain Coop, de Serdaigle, et sa bande de sombres idiots… Je les ai entendu parler de toi, dans des termes proprement mensongers et honteux… Je n'ai pu que réagir, après tout, le Préfet en chef se doit de faire respecter la justice…
- Qu'est-ce que tu leur as fait ? demanda Nymphadora d'une petite voix impatiente.
- Je les ai enfermés dans les toilettes.
- Ah, ça me rappelle notre premier voyage en train, Cornedrue… dit Sirius tandis que Peter éclatait de rire. Copieur.
- La boucle est maintenant bouclée.
- Ils vont être furieux quand ils sortiront, remarqua Remus en souriant.
- S'ils osent sortir un jour ; leurs vêtements ont été jetés par la fenêtre. »
La demoiselle éclata alors d'un rire si communicatif que les quatre jeunes gens ne purent s'empêcher de le suivre. James leur expliqua ensuite que Lily l'avait même aidé, en programmant la serrure pour qu'elle se déverrouille toute seule une fois le train à quai.
Ils discutèrent un peu, puis Remus extirpa de sa malle son jeu de cartes explosives et ils commencèrent une bataille. Leurs sentiments de tristesse et de nostalgie s'effacèrent un moment et les éclats de voix fusèrent bientôt dans le compartiment. Nymphadora arbitrait, accusant Sirius de tricher, Sirius qui d'ailleurs lui lançait de temps en temps des sortilèges de Mutisme, un grand sourire trop innocent pour être sincère sur les lèvres. Lily les rejoignit même, et les discussions allèrent bon train. Peter perdit toutes ses sucreries face à Remus qui partagea avec tout le monde. On discuta de l'appartement que James et Lily allaient habiter dans quelques semaines, le temps de boucler les cartons et de faire quelques travaux.
Que le temps passe vite quand on s'amuse…
Sans qu'ils ne s'en rendent compte, ils avaient pénétré la banlieue de Londres, s'étaient arrêtés, devaient descendre du train.
Nymphadora rejoignit son compartiment, Lily ses amies, et les Maraudeurs se retrouvèrent seuls. Mais ils ne bougèrent pas ; assis sur les banquettes, ils attendaient.
La porte du compartiment s'ouvrit alors encore une fois, mais cette fois-ci sur un grand élève de cinquième année. Il était presque aussi grand que Sirius et avait des épaules presque deux fois plus larges. Néanmoins, calme, agilité et esprit suintaient de chaque parcelle de sa peau chocolat.
« Messieurs, dit-il d'une voix très grave en refermant la porte du compartiment.
- Nous n'avons pas beaucoup de temps, lui répondit Sirius en levant la tête.
- Si nous t'avons demandé de venir… commença Remus, s'approchant un peu du nouveau venu.
- ...c'est pour te léguer le fruit de nos randonnées nocturnes et de deux ans de durs labeurs, ajouta James.
- Prépare-toi et sois digne… »
Peter extirpa alors de son sac l'une de leurs plus belles réalisations magiques, l'arme avec laquelle ils avaient pu commettre les plus belles de leurs blagues et les plus réfléchis de leurs tours.
« …de la Carte du Maraudeur. »
En entendant les quatre jeunes hommes prononcer le nom de la carte d'une seule voix, le cinquième année baissa les yeux vers le parchemin et il écarquilla les yeux.
« Alors elle existe donc bien… Mais… Pourquoi me la léguer àmoi ?
- Nous estimons que tu es sans doute le seul capable d'en tirer un véritable profit, expliqua James.
- Et que tu es assez intelligent pour en faire usage sans te la faire confisquer.
- Kingsley, nous te faisons confiance.
- Oui, et encore, Peter pèse ses mots, ajouta James. Cette carte a été faite pour servir des générations de fauteurs de trouble et de briseurs de règles. On n'arrivait pas à se décider sur qui devait la garder, et puis on s'est dit que sa place était là-bas… Prends-en soin. »
Le-dit Kingsley resta imperturbable un moment, puis il s'inclina galamment devant les Maraudeurs.
« C'est un honneur que vous me faites. Vous pouvez compter sur moi. »
Il leur serra la main à tous les quatre, puis ils lui expliquèrent le fonctionnement de la carte. Mais il ne fallait pas traîner ; leurs familles, sur le quai, s'impatientaient, et le contrôleur n'aimait pas voir les élèves traîner dans les compartiments après leur arrivée.
Kingsley s'apprêtait à quitter le compartiment, la carte glissée dans la poche intérieure de sa veste, quand il se retourna et sourit aux Maraudeurs.
« Les gars… Merci. »
Il sembla hésiter un instant.
« Bonne chance. »
Puis il s'éclipsa.
Les Maraudeurs restèrent un petit instant immobiles. Ce fut Remus qui bougea le premier, extirpant sa valise du porte-bagages. Les trois autres suivirent dans un silence tranquille mais légèrement tendu.
Ils ne voulaient pas descendre de ce train. Ils voulaient reprendre leur carte, redevenir de petits première année, se redécouvrir, se revoir pour la première fois, se repasser toutes leurs années en marche arrière, revivre leurs fous-rires et leurs galères…
Peter se chargea de descendre le premier. Une boule serra le ventre du jeune homme au visage pointu tandis qu'il posait son pied droit sur le bitume du quai. Sa mère au loin, une sorcière très ronde à la coiffure très recherchée, se mit à hurler son nom et se précipita sur lui.
Puis ce fut Remus. Il ferma les yeux tandis qu'il descendait le petit trépied séparant le train du quai. Séparant le passé de l'avenir. Séparant le merveilleux de l'effrayant. Il mit un certain temps à les rouvrir, et ce n'est que quand une main paternelle se posa sur son épaule qu'il les rouvrit. Adressant un petit sourire qui en disait long à ses parents, il s'écarta silencieusement, laissant de la place pour que Sirius puisse descendre.
Sirius descendit très rapidement. Il parlait fort à James et d'une voix guillerette, pour cacher son malaise. Il balaya le quai de ses yeux gris. Sur sa gauche, Andromeda et Ted Tonks, dans la lumière du couchant, embrassaient Dora. Sur sa droite, dans la pénombre d'une colonne, son frère rejoignait ses parents. Aucun mal à choisir l'endroit où aller. Sans un regard pour ses parents, Sirius alla saluer sa cousine et son mari. L'indifférence fut réciproque et quand les Black quittèrent le quai, le cœur de Sirius se fit plus léger.
Et enfin, James. Il descendit d'abord sa malle, puis resta sur la dernière marche du trépied. Derrière ses lunettes, ses yeux noisette scrutaient la foule d'élèves, bruyante, mouvante et riante. Contre le mur du quai séparant la voie 9 ¾ du reste de Londres, s'alignaient une demi-douzaine d'Aurors sur le qui-vive. Comment quitter le train ? Comment descendre ? La lueur du soleil faiblissait à chaque seconde, annonçant un crépuscule, une nuit. Une autre nuit. Son père et sa mère, là-bas, saluaient chaleureusement Sirius et sa cousine. Ici, Servilo suivait en silence un homme à l'air peur sympathique.
James Potter avait déjà fait des choses extraordinaires pour un jeune homme de son âge. Il avait vagabondé dans une forêt infestée de créatures dangereuses, était devenu un Animagus, s'était promené seul à seul avec un loup-garou et là… Impossible de descendre d'une marche.
Soudain, un éclat de soleil sembla percer ce spectacle clair-obscur et Lily le rejoignit.
« Et bien, Potter ? On rêvasse ? »
James lui sourit et son cœur, sans prévenir, se gonfla de confiance et d'espoir.
Sans plus aucune hésitation, il bondit hors du train et prit la main de Lily.
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Lunard, Queudver, Patmol et Cornedrue se tenaient face au mur. Dans quelques secondes, ils se retrouveraient au milieu de la gare de King's Cross, au milieu d'une centaine de Moldus.
On lisait sur le visage de chacun un peu d'appréhension, un zeste d'incertitude mais surtout, une détermination inébranlable.
Ils échangèrent tous les quatre des regards confiants, sourirent et, d'un même mouvement, laissèrent derrière eux la voie 9 ¾, le train écarlate et le collège Poudlard.
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Chapitre rédigé par Jeanne