°O¤ FIDELITAS ¤O°
oOO FIDELITAS OOo
Spoilers: De nombreuses informations sont récoltées dans les 7 tomes. Par conséquent, si le chapitre comporte un SPOILER, vous en serez immédiatement prévenus ;)
Disclaimer: Pratiquement tous les personnages et lieux appartiennent à JKR. Toutefois, l'histoire et toute autre folie nous appartiennent pleinement –malheureusement :p
Personnages centraux: James et Lily pour ce chapitre
Résumé général:Chers amis, laissez-nous vous conter la véritable histoire des Maraudeurs…
Chapitre rédigé par: Jeanne
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Chapitre 8: Bonne année
- Suivez-moi au quatrième étage, Miss Evans.
Lily obéit à son supérieur et lui emboîta le pas. Elle y était, enfin… Elle allait faire partie d'une équipe de Guérisseurs à Ste-Mangouste. Elle était déjà pleine de sentiments aussi forts que de l'excitation, de la joie et qu'une détermination sans commune mesure. Silencieuse et attentive, elle essayait de ne pas perdre une miette de toutes les informations qui lui étaient données à une vitesse folle.
- …vérifier que les lits soient faits, nettoyer chaque chambre tous les deux jours avec le Magicracra, et rien d'autre, surtout ; c'est l'unique produit capable d'empêcher certaines ondes magiques de se propager à d'autres patients. Vous travaillerez dans mon équipe au niveau « Pathologie des sortilèges », au vu de vos excellents résultats en Enchantements.
- Oui, Monsieur, répondit docilement Lily, réussissant à cacher son enthousiasme avec une facilité déconcertante.
C'est que le Médicomage Malcolm Rough n'avait pas l'air d'un homme à l'humour décapant. Il était assez jeune, la quarantaine, tout au plus, mais son visage s'était déjà creusé d'une multitudes de petites rides, lui donnant sans cesse un air préoccupé, voire inquiet. Lily ne le connaissait que depuis quelques heures et elle avait déjà pu savoir de lui qu'il était un Guérisseur sérieux et méticuleux. Elle aurait pu tomber sur bien pire ; une de ses collègues s'était retrouvée dans l'équipe d'une vieille harpie du niveau « Blessures par créature vivante » qui passait son temps à postillonner des ordres et des injures à ses coéquipiers.
- Je vais vous présenter le reste de mon équipe avant de vous faire faire le tour de l'étage, continua Rough une fois qu'ils furent arrivés au quatrième pallier.
Il se dirigea d'un pas décidé vers une petite salle où quelques Guérisseurs prenaient une boisson chaude. Par la petite fenêtre, on pouvait admirer des rideaux de neige tomber sur le centre de Londres. Les occupants de la salle de repos, tous vêtus de robes vert émeraude, tournèrent la tête à l'arrivée de Lily et de son accompagnateur.
- Voici Jack Pilius, un apprenti guérisseur, comme vous ; Medusa Scurus, la Guérisseuse-en-Chef de la salle Julius McHaddock ; Melissa Miller, notre spécialiste des maladies magiques chroniques ; et enfin Evey Cardock, notre infirmière.
Lily fut accueillie bien plus chaleureusement par le reste de l'équipe que par Malcolm Rough lui-même. Evey, une petite quinquagénaire débordante d'énergie, lui donna sa première robe émeraude, que Lily enfila avec un plaisir non-dissimulé. Jack Pilius, qui devait avoir un ou deux ans de plus qu'elle et dont le nez en trompette lui donnait une bille de clown, s'empressa de la rassurer sur l'apparente froideur de leur supérieur "doux comme une guimauve derrière son visage crispé". Melissa, une jolie trentenaire aux épais cheveux blonds, semblait quant à elle éreintée, au vu des deux grands cernes qu'arboraient ses yeux, mais elle adressa un large sourire à la nouvelle venue. Seule la Guérisseuse-en-Chef, Medusa Scurus, resta dans son coin, se contentant de faire un très léger signe de tête qui fit glisser l'une de ses boucles noires sur ses épaules.
OOO
- POTTER ! Un café, et que ça…
Avant même que McHarris ne puisse terminer de brailler sa si gentille demande, James posa devant lui une tasse de café fumant.
- Bien noir, deux sucres, un chouilla de miel, comme tous les lundis matins.
George McHarris leva les yeux vers son apprenti Limier qui semblait se battre avec les muscles de son visage pour ne pas laisser éclater un sourire triomphant.
- Voilà également les résultats de l'enquête menée par Kevin et moi dans l'Allée des Embrumes.
Il laissa tomber un énorme dossier à côté du café.
- Nous n'avons rien trouvé de particulier, si ce n'est un étrange parchemin crypté.
- Déchiffrez-le m…
- C'est déjà fait, chef. Voilà la traduction à laquelle nous sommes parvenus grâce à l'aide de quelques collègues polyglottes du Département de la Coopération Magique Internationale.
James extirpa du dossier un parchemin chiffonné sur lequel s'étalaient des mots écrits dans une langue inconnue. James était penché au-dessus de l'épaule de McHarris, ce qui semblait le mettre très mal à l'aise.
- C'est un mélange d'anciennes runes et de gaélique. On y parle d'un « rendez-vous sanglant à la prochaine Pleine Lune ».
- Et quand aur… ?
- Le soir du trente et un, le coupa encore une fois James. Ni le lieu ni l'heure ne sont indiqués, par contre, et il nous est impossible de savoir si ce rendez-vous a été donné par Vous-Savez-Qui ou par un autre groupe de Mages Noirs. L'hypothèse d'un gang de jeunes inoffensifs n'est pas à exclure, bien entendu, mais étant donné que nous avons trouvé ce message aux abords de la Caverne du Boiteux, le bar où se côtoient les pires sorciers du monde magique, nous penchons plus pour les deux premières possibilités.
James se redressa et mit ses mains derrière son dos, attendant un verdict. McHarris leva ses yeux bleu glacé vers lui, les sourcils froncés, et se contenta de pousser une sorte de grognement avant d'ouvrir le dossier et de se plonger dans sa lecture.
L'apprenti rejoignit son box, laissant apparaître son sourire goguenard. Kevin Porter, accoudé au petit muret qui séparait son box de celui de James, lui lança un regard interrogateur, auquel James répondit en levant un pouce victorieux.
- Je l'ai bluffé, lui chuchota-t-il en s'installant à son bureau.
Sur le mur, en face de lui, la photo de Lily lui fit un grand sourire auquel il répondit.
- Tu vois, tu commences à comprendre comment il marche, commenta Kevin d'une voix guillerette. Le truc, c'est d'anticiper ses questions et ses ordres pour qu'il n'ait pas l'impression de perdre son temps.
- Heureusement que tu étais là, sinon j'aurais eu beaucoup plus de mal.
- On est tous dans la même galère, sourit Kevin en lui faisant un clin d'œil. Être formé en un an ce n'est déjà pas facile, alors autant tout faire pour que ces petits détails ne te retardent pas.
James lui adressa un hochement de tête en guise de remerciement, puis jeta un coup d'œil du côté des Roublards. Pas de trace de Sirius ; il devait être parti en mission, encore une fois. Eux qui pensaient travailler ensemble en devenant Aurors ! James restait la moitié du temps au Quartier Général des Aurors, l'autre moitié, il la passait à filer des types vaguement soupçonnés de receler de la poudre hallucinogène dans le fourreau de leur baguette, ou parfois à chercher des indices sur des lieux soi-disant malsains. Sirius, quant à lui, avait toute l'action dont il rêvait ; Maugrey s'était vite félicité de voir que sa tête à claques préférée s'avouait être un excellent duelliste. Depuis leur entrée chez les Aurors, Sirius avait ainsi participé à pas moins d'une vingtaine d'arrestations et de traques toutes plus mouvementées les unes que les autres. James n'était pas jaloux, mais un peu plus d'action de son côté aurait été la bienvenue.
- POTTER ! hurla soudain la voix enragée de McHarris.
Aussitôt, James bondit sur ses pieds et passa sa tête au-dessus du muret de son box.
- Oui, che… ?
- IL Y A UN « S » A « ALLEE DES EMBRUMES » !
James ne put s'en empêcher. De désespoir, sa tête claqua lourdement contre son bureau.
OOO
- Bonjour, Nanthilde.
Lily et Melissa Miller entraient dans une petite chambre, l'une de celles que l'on ne réserve qu'aux résidents permanents de l'hôpital. Une femme au regard vide se tenait immobile dans son lit. La dénommée Nanthilde ne bougea pas d'un cil lorsque Melissa Miller se posta face à elle, un grand sourire étincelant sur son visage fatigué. Lily lui emboîta le pas, poussant un petit chariot de métal contenant toutes sortes de potions et d'onguents. Bien que mal à l'aise devant ce manque total de réaction, Lily adressa un petit sourire à la patiente.
- Nanthilde souffre d'une maladie assez rare, même dans le monde magique, expliqua Melissa en remplissant un petit gobelet d'une potion rouge. La Magie est, comme vous le savez, incrustée dans chaque cellule qui compose le corps d'un sorcier. Dans le cas de Nanthilde, la Magie a pris une place trop importante dans chaque parcelle de son corps.
- Mais ne devrait-elle pas alors être une sorcière particulièrement douée ? s'étonna Lily. Ça serait la conséquence logique… Avec une telle concentration de Magie…
- Au contraire, expliqua Melissa d'une voix douce. La Magie est certes quelque chose de très puissant – mais aussi d'incontrôlable. Chez Nanthilde, elle prend tellement d'importance dans chaque fonction du corps qu'elle empêche le sorcier de faire quoi que ce soit. Il arrive même parfois qu'elle devienne si puissante qu'elle arrive à maîtriser tout le corps. Et il y a eu des cas où le malade s'est révélé être une véritable bombe magique à retardement.
Melissa s'approcha de la patiente et lui fit doucement glisser la potion entre les lèvres.
- C'est ce qu'on appelle le Symptôme de Sabernoc. La potion que j'administre à Nanthilde, l'Eveilleuse, est faite à base de feuilles d'eucalyptus et de dards de Billywig, qui comme vous le savez sans doute, sont d'excellents relaxants en plus de susciter l'euphorie. Cette potion permet au patient de reprendre le contrôle de son corps pendant quelques heures, en réduisant temporairement la puissance de la Magie.
Effectivement, quelques secondes après avoir bu la potion, les yeux de Nanthilde s'animèrent et elle prit une grande inspiration. Intriguée, elle cligna plusieurs fois des cils avant d'adresser un doux sourire à Melissa.
- Merci, Guérisseur Miller…
Sa voix était faible et fatiguée, mais on y sentait une grande reconnaissance.
- Nanthilde, je vous présente Lily Evans, qui va régulièrement venir m'assister dans mes soins.
- Bonjour, Madame, dit Lily, intriguée.
- Votre famille ne va pas tarder à arriver, continua Melissa. Je vais vous laisser. N'hésitez pas à faire appel à moi en cas de besoin.
Melissa et Lily quittèrent la chambre de Nanthilde. La Guérisseuse remarqua vite le silence profond dans lequel son apprentie était plongée.
- Quelque chose vous tracasse, Evans ?
- Je me demandais pourquoi vous ne donnez pas cette potion en continu, lui répondit Lily, préoccupée. Cela permettrait au patient de garder le contrôle de son corps toute la journée…
Melissa s'arrêta et observa Lily, un petit air agréablement surpris dans les yeux.
- Croyez-vous que si une telle chose était possible, Nanthilde serait encore à l'hôpital ?
Lily ne trouva rien à répondre et se contenta d'observer le Guérisseur, attendant une explication.
- L'Eveilleuse est une potion qui, si donnée en trop grandes quantités, pourrait aller jusqu'à détruire chaque parcelle de Magie contenue dans le corps du patient.
- Mais vivre en Moldu serait sans doute bien plus agréable que de vivre trois heures par jour, non ?
Lily ne pouvait s'y résigner… Y avait-il réellement des gens qui ne peuvent vivre qu'une infime part de leurs vies sans que les meilleurs Guérisseurs de Ste-Mangouste ne puissent rien y faire ?
- Je suis certaine que cela serait bien meilleur pour eux, en effet, accorda Melissa. Mais chez les gens atteints du Symptôme de Sabernoc, la Magie tient un rôle primordial dans le fonctionnement des organes vitaux. En administrant trop d'Eveilleuse et en détruisant cette Magie, on risquerait d'infliger des blessures irréparables au patient, allant jusqu'à la mort. Les trois à cinq heures de réveil sont le mieux que nous puissions faire.
Lily sentit une vague de compassion et de tristesse la submerger, sentiment qu'elle tenta de surmonter. La règle numéro un des Guérisseurs : toujours paraître confiant.
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Sirius dégaina les trois énormes sandwiches qu'il s'était préparé le matin même et poussa d'un geste brusque toute la paperasse pour les poser sur le bureau de James. Assis à côté de lui, une demi baguette dans les mains, James avait du mal à avaler quoi que ce soit.
- Un problème, James ? demanda Kevin, la bouche pleine de pain.
- Ça m'énerve de bloquer sur ce bout de parchemin, déclara le jeune Limier en montrant la traduction du message crypté, menacée par la sauce qui coulait abondamment des sandwiches de Sirius. Ça va faire près de six jours qu'on travaille dessus, et on ne trouve rien. Plus j'y pense et plus j'ai l'impression que les Mangemorts ont voulu nous laisser une fausse piste, pour qu'on se concentre dessus et qu'on ne fasse plus attention à d'autres agissements douteux…
- Réfléchis un peu, Cornedrue, s'exclama Sirius. Les Mangemorts ne sont pas stupides. S'ils avaient voulu nous laisser une fausse piste, ils auraient aussi laissé une multitude de faux indices, non ?
- Alors comment expliques-tu que nous n'ayons absolument RIEN trouvé d'autre ?
- James, si ce sont bien les Mangemorts les auteurs de ce message, je peux t'assurer qu'il nous faudra bien plus d'une semaine pour réussir à les traquer. Il nous a fallu plus de quatre mois pour découvrir que Tu-Sais-Qui préparait quelque chose pendant l'été, la dernière fois. Et encore, c'était trop tard ; la catastrophe a eu lieu bien avant qu'on apprenne qu'elle était si imminente.
Le visage de Kevin, d'habitude calme et souriant, se fit soudain sérieux et crispé.
- Je ne veux pas qu'un tel massacre se reproduise, cette fois-ci, lâcha-t-il d'une voix décidée.
- T'en fais pas, Porter, le rassura Sirius en lui donnant une petite tape dans le dos. Cette fois-ci vous disposez d'un indice capital : on sait que ce qu'ils préparent aura lieu la veille du Nouvel An.
- Le problème c'est qu'on ne sait pas encore où, rectifia James en grimaçant. Et au cas où tu l'ignorerais, Patmol, la Grande-Bretagne est, comme son nom l'indique, grande.
Au même instant, un groupe de Gardiens fit son entrée dans le QG. A leur tête, Lynn, dont la crinière de feu était parfaitement reconnaissable. Elle s'approcha des trois jeunes hommes tout en enlevant sa cape. Presque automatiquement, Kevin se leva et lui offrit son siège. La jeune femme ne se fit pas prier et se laissa tomber dessus, laissant échapper un profond soupir.
- On vient de passer la nuit à surveiller le Chemin de Traverse et l'Allée des Embrumes… Rien. Absolument rien. Oh bien sûr, il y avait des types louches qui allaient et venaient dans la Caverne du Boiteux, mais rien d'inhabituel. Pas de Mangemorts connus en vue. Pas de geste suspicieux. Absolument rien. En plus Sadblock a tout fait pour qu'on passe de la manière la plus discrète possible, ajouta Lynn en un rictus sarcastique.
- C'est à dire ? demandèrent Sirius et James d'une même voix.
- On était censé interroger des passants, mais il fallait avoir l'air d'être un habitué du coin… Et lui, il s'avance d'un pas conquérant en criant « Halte ! Auror ! »
Cornelius Sadblock avait tout du bon élève prétentieux qui veut faire respecter son autorité partout, et ça, les Maraudeurs s'en étaient très vite rendus compte. Son petit succès auprès des mentors au match de Quidditch l'avait fait sourire d'un petit air supérieur pendant une bonne quinzaine de jours.
- J'ai cru que Sheppard allait le tuer, ajouta Lynn en prenant le café chaud que lui proposait Kevin.
- Y'a de quoi… Ça a dû un peu pourrir votre mission, commenta Sirius.
- Oui… Après ça, impossible d'interroger qui que ce soit. Sans parler du fait qu'il va nous être maintenant impossible d'aller patrouiller là-bas sans se faire repérer.
- En bref, retour à la case départ…
James lâcha son sandwich qui tomba sur son pantalon et passa ses deux mains sur son visage fatigué. Jamais il n'avait à ce point été tenté de tout abandonner.
Mais Sirius lui donna un léger coup de coude et les deux maraudeurs échangèrent un long regard complice.
Pas besoin de la permission de quiconque pour aller se promener dans l'Allée des Embrumes afin de jeter eux-mêmes un coup d'oeil...
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Un bâillement échappa à Lily. Assise dans la salle de repos, elle dégustait un chocolat chaud plus que mérité. Le réveil avait été difficile ; l'absence de son homme l'avait empêchée de trouver le sommeil avant que la nuit ne soit déjà bien avancée. Le savoir au pire endroit du monde magique avec la seule compagnie Sirius n'avait rien eu de rassurant.
Elle ne commençait son service que dans une heure, mais James avait promis de passer la voir avant de se rendre au ministère. Elle attendait donc, se rongeant les sangs sans vouloir le montrer.
C'est alors que Jack Pilius fit son entrée. Il sembla surpris de la voir là de si bonne heure, et lui adressa un grand sourire. Lily lui répondit, se demandant comment tous ces garçons pouvaient faire pour avoir sans cesse l'air éveillé et enthousiaste tout en se levant à des heures inhumaines.
- Salut, Lily.
- Bonjour, Jack.
- Puis-je savoir ce que tu fais là si tôt ? demanda-t-il, ses yeux de clown posés sur elle.
- J'attends quelqu'un, répondit simplement Lily. Et toi ? Je ne savais pas que tu arrivais si tôt à l'hôpital… Tenterais-tu de faire du zèle auprès de notre supérieur ?
Jack fit un petit sourire et alla accrocher son long manteau dans le casier de métal qui lui était attribué.
- Non, mais… Je n'habite pas tout près, je prends le train pour venir. Je n'ai pas mon permis de transplaner, ajouta-t-il devant l'air interrogateur de Lily. Je l'ai passé trois fois sans succès. L'examinateur a même écrit « Catastrophe » sur mon dossier, la dernière fois.
Lily ne put s'empêcher de sourire.
- Et tu dis ça avec un tel détachement…
- Bah… dit-il avec un haussement d'épaules. Il y a des choses beaucoup plus graves dans la vie, non ?
Lily ne répondit rien, mais observa son coéquipier d'un nouvel œil. Plus elle y réfléchissait, et plus elle s'étonnait de voir que souvent, sous l'insouciance et l'humour douteux, se cache quelque chose de beaucoup plus noble...
Jack se servit un thé et s'installa à côté de Lily. La présence du jeune homme n'était pas pour lui déplaire : un peu de compagnie ne pourrait qu'apaiser l'angoisse qu'elle ressentait chaque fois qu'elle pensait à James.
- Alors ? Tes premiers jours à Ste-Mangouste ? demanda-t-il.
- …Enrichissants.
Ce fut le premier mot qui vint à l'esprit de Lily.
- J'ai appris énormément de choses en moins de deux semaines… Et j'avais hâte d'être au contact des patients. Mais je ne pensais pas que ça serait parfois si dur…
- Je vois ce que tu veux dire… acquiesça Jack. On ne voit pas que de jolies choses en travaillant ici. Et il faut dès maintenant te mettre dans la tête qu'il te sera parfois impossible de soigner quelqu'un.
- Je sais.
Mais elle avait beau le savoir, l'idée elle-même lui était insupportable. Voir quelqu'un perdre la vie sous ses yeux et ne rien pouvoir y faire… ? Hors de question ! Elle s'était juré de tout faire pour guérir tout le monde, peu importe les conséquences pour elle.
C'est à ce moment là qu'il y eut un petit chahut dans le couloir et que la porte s'ouvrit en grand. James fit son apparition.
Il était couvert de poussière et son visage était blanc de fatigue. Ses yeux noisette cherchèrent fébrilement Lily pendant un bref instant avant de se poser sur elle. Son visage se fendit d'un large sourire. Celui de Jack disparut d'un seul coup.
- James !
Lily se leva d'un bond et se jeta à son cou. Il sentait le froid et l'humidité…
- Je vais bien, Lily… Il ne s'est rien passé.
Il ne fallait pas être devin pour sentir, rien qu'au ton qu'il employait, qu'il aurait préféré qu'il se passe quelque chose.
- Je ne peux pas rester longtemps, je suis seulement venu te dire que j'allais bien. Je vais maintenant rejoindre mon cher et tendre mentor qui va encore m'engueuler pour une raison qu'il aura pris soin de cogiter toute la nuit.
- Tu ne pourrais pas rester un peu ici pour boire quelque chose de chaud? Ou dormir un peu ? Tu peux te reposer dans une chambre libre, je peux t'arranger ça...
- Pour être accueilli au Ministère par un joli bouquet d'insultes ? Merlin non. Je suis costaud, je vais tenir le coup. Un bon café et je serai d'aplomb !
Jack toussa bruyamment derrière elle, mais la jeune apprentie n'y fit pas attention. Lily adressa à James un regard plein de reproches, mais le cri aigu qui s'éleva dans le couloir l'empêcha de faire la moindre réprimande.
- DEGAGE !
- Voyons, Meredith, un peu de tenue, on est dans un hôpital, par Merl…
- Black, si tu n'as pas disparu de ma vue dans les trois secondes, je ne…
Lily et James, ainsi que le reste de l'étage sorti des chambres pour observer la scène, se retrouvèrent face à une Meredith folle de rage. Sirius, tout aussi poussiéreux que James, observait l'infirmière stagiaire avec un grand sourire insolent.
- Ne t'en fais pas, Meredith, on s'en va, de toute façon, intervint James en prenant Sirius par le bras. Mais on reviendra, on te le promet.
Lily dut retenir Meredith pour l'empêcher de se jeter sur les deux apprentis Aurors. Un petit signe de tête et un clin d'œil à Lily, puis James quittait l'hôpital dans un claquement de cape, Sirius à ses côtés.
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Voir Lily avait quelque peu apaisé sa frustration croissante, mais maintenant qu'il se dirigeait vers le QG des Aurors, James sentait tout son ressentiment refaire surface. Même en restant totalement incognitos sous la cape d'invisibilité, Sirius et lui n'avait pu récolter le moindre indice. Cette petite escapade hors du cadre professionnelle était censée l'aider à avancer dans son enquête… Et toujours rien.
- On est censés prévenir tout danger dans le monde magique, et ça fait dix jours qu'on trépigne sur ce « bain de sang à la prochaine pleine lune »… Imagine, Sirius, que Voldemort ait prévu un nouveau massacre, et que les valeureux Aurors n'aient rien pu faire pour l'en empêcher ! A quoi on sert ?!
- Tu sais, Cornedrue, lui répondit Sirius après que le sorcier-vigile lui ait rendu sa baguette, plus j'y pense et plus je me dis qu'il y a quelque chose qui cloche. La moitié des Aurors sont sur cette affaire depuis plus d'une semaine et on n'a absolument rien trouvé d'autre que ce parchemin. Soit les Mangemorts sont incroyablement doués, soit nous sommes complètement aveugles…Je refuse tout de suite la première hypothèse. La seule chose que nous ayons à faire, c'est de trouver une autre piste. Peut-être qu'on ne cherche pas au bon endroit… ?
- Et qu'est-ce qui te permet de douter de l'intelligence des Mangemorts ? demanda James, une lueur d'amusement dans les yeux.
- Hey, je sais de quoi je parle. La moitié de ma famille en fait partie.
James sentit son estomac se contracter. Sirius avait l'air si détendu. Et pourtant, porter le nom de Black dans le contexte actuel relevait de l'exploit. Dès qu'il était entré chez les Aurors, le Roublard chargé de traquer Bellatrix et Rodolphus Lestrange, Philip Neil, n'avait pas cessé de le harceler de questions et de l'observer d'un regard noir.
- Ouais, et quand on observe ton Q.I. à toi, on se rassure vite, c'est sûr… ajouta James pour détendre l'atmosphère. Juste pour savoir, qu'est-ce que tu as dit à Meredith qui l'a mise dans un tel état ?
- Je lui ai juste dit que ça lui allait bien d'avoir pris dix kilos, répondit Sirius, prenant tout de même un léger air vexé à la remarque de son meilleur ami.
Il y avait, comme tous les matins, une queue pour emprunter les ascenseurs. Les deux jeunes hommes jouèrent des coudes pour atteindre la cheminée V. Leurs insignes d'Auror étincelaient à la lueur des flammes vertes qui s'allumaient et s'éteignaient dans les cheminées au fur et à mesure que les employés du Ministère arrivaient dans l'Atrium. Ils s'apprêtaient à rejoindre le centre de formation quand quelqu'un les interpella.
- Excusez-moi... Vous êtes Aurors?
Les yeux de James et Sirius se posèrent sur un grand homme roux qui, malgré sa jeunesse, avait déjà un front dégarni et de grands cernes qui le vieillissaient.
- Oui, répondit Sirius. Enfin, disons apprentis, mais par les temps qui courent, cela ne change pas grand chose.
- J'imagine, oui, sourit l'homme. Je suis Arthur Weasley, du Département du Détournement de l'Artisanat Moldu.
James et Sirius se présentèrent à leur tour, taisant le fait qu'ils n'avaient jamais entendu parler de cette section du Ministère.
- McHarris m'a demandé de le prévenir au moindre événement suspect, continua Weasley. Pourriez-vous lui remettre ceci?
Il leur tendit un rouleau de parchemin.
- Quelque chose de grave? demanda James en fronçant les sourcils.
Arthur Weasley jeta un coup d'oeil rapide autour de lui pour s'assurer que personne ne prêtait attention à leur conversation, puis se mit à chuchoter:
- Plutôt, oui. C'est un panneau publicitaire, à Cardiff... Il a été ensorcelé de telle manière que tous les Moldus qui le lisent tombent malades. Une véritable catastrophe... Nous avons été mis au courant cette nuit. Le Premier Ministre Moldu est prévenu et les médias vont parler d'une épidémie de grippe. En tout début de matinée, la Brigade de Réparation des Accidents Magiques a été inspecter le panneau et il semblerait bien qu'il s'agisse de Magie Noire. Mais il a fallut agir vite...Déjà deux personnes âgées en sont mortes.
- On essaie de réparer les dégâts?
- La Brigade est allée chercher les meilleurs guérisseurs de Ste-Mangouste pour qu'ils aillent observer les symptômes et qu'ils tentent de créer un antidote qu'on pourrait pulvériser ni vu, ni connu sur la ville... En attendant, ils essaient d'installer un bouclier protecteur pour limiter les dégâts.
Plus il parlait, et plus Weasley avait l'air furieux. Sa nuque rougissait à vue d'oeil et ses yeux lançaient des flammes derrière ses petites lunettes.
- Il va sans dire que Vous-Savez-Qui est certainement derrière tout ça, lâcha-t-il.
- Ou alors un de ses nombreux fans, ironisa Sirius.
- Merci beaucoup, Weasley, conclut James en glissant le parchemin dans une poche de sa cape. Je donnerai ça à McHarris.
Arthur Weasley les gratifia d'un léger sourire puis disparut dans la foule des sorciers.
- C'est terrifiant de voir que le Seigneur des ténèbres peut faire preuve d'une imagination pareille. C'est complètement...
- ...vicieux et pervers, acheva James avec un net ton de colère dans la voix.
Quand ils arrivèrent au centre de formation, ils se retrouvèrent presque instantanément devant McHarris qui, les bras croisés, les attendait de pied ferme.
- Black, Potter! Vous êtes ENCORE en retard!
- Nous avons croisé Ar...
- Je m'en contrefous! Vous devriez être là depuis près d'un quart d'heure! Vous n'êtes plus à Poudlard, mes gaillards, vous êtes dans la vraie vie, et j'ai autre chose à faire que de chaperonner des freluquets dans votre g...
James lui lança presque le rouleau de parchemin au visage.
- Arthur Weasley devait vous remettre ceci, et je pense qu'après la lecture de ce rapport, vous trouverez autre chose à faire de votre journée qu'à courir derrière deux apprentis en retard.
Sans un mot de plus, James se dirigea d'un pas rapide vers la salle où avaient lieu les entraînements en duel. James tentait de calmer la colère qui montait en lui.
- Si ce vieux troll savait que nous avons sans doute fait plus d'heures supplémentaires que le plus consciencieux des Aurors...!
- T'en fais pas, Cornedrue, tu l'as bien mouché, le grabataire... Tu vas te défouler en duel. J'espère que tu seras contre Sadblock, histoire que tu lui fasses ravaler sa tête de lèche-bottes...
Ils entrèrent dans une vaste salle. Anya Austen venait d'arriver et commençait à former les duos qui devraient se battre.
- Ah, Potter, dit-elle en tournant son visage sévère sur James. Vous travaillerez avec Londubat, aujourd'hui. Il faut à tout prix que vous vous perfectionniez en attaque, et lui en défense.
James et Frank se serrèrent la main. Devant le sourire du jeune homme, James oublia un peu sa colère et sentit ses muscles se détendre.
- Vous, Black, vous aurez le privilège de vous entraîner avec moi.
Sirius sembla se liquéfier sur place. C'est qu'Anya Austen n'était pas connue pour sa douceur. Il lança un regard de détresse à James et Frank avant de rejoindre le vétéran à l'autre bout de la salle.
- Alors, du mal à attaquer, Potter? lança Frank en remontant ses manches d'un air de défi. On a peur d'abîmer les vilains?
Ses yeux brillaient d'amusement.
- Et toi, il paraît que tu as une défense pitoyable, répondit James dans un grand sourire engageant. Il va m'être aisé de te réduire en charpie.
James et Frank, chaque fois qu'ils se retrouvaient face à face, jouaient à se provoquer histoire de savoir répondre aux attaques verbales qu'ils risquaient d'entendre lors de vrais combats. Leurs duels s'avouaient souvent très enrichissants, car leurs méthodes de combat se complétaient.
La seule règle à respecter dans ces duels était de ne pas infliger de blessures trop graves à son adversaire. James avait déjà eu plusieurs os brisés, qu'Austen avait réparés en un clin d'oeil.
James et Frank travaillèrent donc leurs points faibles, chacun aidant l'autre pour les sortilèges où il était le meilleur. James fut ravi quand il réussit à envoyer Frank valser à plus de dix mètres de lui, le faisant presque atterrir sur Lynn qui lui avait lancé tout un flot fleuri d'injures ; mais le jeune Gardien se vengea un peu plus tard en lui renvoyant son propre Stupéfix. Il fallut à Frank plus de dix minutes pour réussir à réanimer James.
Alors qu'il aidait James à se relever, la voix de Sirius résonna comme un coup de tonnerre dans toute la salle.
- EXPULSO!
Tous les combats cessèrent et les têtes se tournèrent vers Sirius et Austen. Celle-ci arrêta le sortilège de Sirius avant même qu'il ne l'atteigne. Sirius était rouge de rage.
- Black, résonna la voix d'Austen dans la grande pièce désormais silencieuse, vous devez à tout prix apprendre à contrôler votre colère. Elle vous aveugle et vous rend vulnérable. C'est elle votre plus grande faiblesse et vous ne deviendrez jamais un grand duelliste en vous laissant emporter par vos ressentiments.
Sirius lança sa baguette dans un geste de fureur et quitta la pièce d'un pas rageur, sans un regard pour les autres. Austen le laissa faire sans dire un mot, puis ramassa sa baguette et s'approcha de James.
- Votre ami a besoin de guérir de ses blessures, lui dit-elle en plongeant ses yeux sombres dans les pupilles noisette de James. Il faut que vous l'y aidiez, Potter, sinon, au prochain affrontement, il risque d'y rester.
James acquiesça d'un signe de tête et prit la baguette de Sirius. Il ne comprenait pas trop ce qu'Austen attendait de lui, mais il se promit de découvrir la source de cette colère qui faisait perdre à Sirius tous ses moyens.
- La séance est terminée, s'exclama ensuite Austen. Harrigan vous attend dans la salle Ecarlate. A la semaine prochaine.
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- ...j'ai aussi soumis un nouveau projet à la direction, les Fusées Boumbadaboum - le nom est encore provisoire - et le chef a l'air emballé... Tu imagines? Plus besoin d'allumer une trentaine de fusées pour un feu d'artifices éclatant ; tout en un dans une seule fusée! Une inovation majeure, certes, mais surtout : mon nom en grosses lettres sur le couvercle d'une boîte multicolore! Tu ne trouves pas que ça serait géant?
Plus Maggy parlait, et plus Lily craignait qu'elle ne répande son chocolat-fraise sur les occupants des tables voisines ; sa tasse valsait dans sa main gauche au rythme de ses mots, quelques gouttes marron tachetant déjà l'anorak doré de la jeune femme. Mais revoir sa vieille amie lui faisait un bien fou. Lily en était presque à se dire qu'elle n'avait pas vraiment quitté Poudlard...
- Ca me rappelle quand tu testais des explosifs dans les cachots désaffectés... Et que la bonne poire Evans couvrait chacune de tes expériences, risquant à chaque fois son statut de préfète, plaisanta-t-elle, un sourire aux lèvres.
- Comment oses-tu traiter ma meilleure amie de bonne poire?! s'exclama la sorcière aux cheveux courts dans tout le petit pub, attirant sur elle l'attention de tous les clients qui ne les regardaient pas encore.
Lily éclata de rire, bientôt suivie par Maggy qui en profita pour inonder sa moitié de la table avec son chocolat chaud.
- Et toi, Sainte-Mangouste? Tu t'en sors?
Le visage de Lily se crispa un bref instant. Elle jeta un coup d'oeil au regard turquoise de Maggy.
- Je fais ce que je voulais faire, je... J'aide, je soigne... Je suis contente de pouvoir servir à quelque chose...
- ...Mais?
Bien sûr. Maggy décelait toujours l'existence d'un "mais", même sous-jacent.
- ...Mais à l'étage où je suis, il s'agit plus d'aider les gens à supporter leur maladie que de les guérir définitivement. Parfois, un patient arrive parce qu'un sortilège d'Enflure a ricoché, ou parce qu'ils ont confondu un Rictusempra avec un Aguamenti, et eux, je peux les guérir en un clin d'oeil, mais les patients permanents... Ca me fait mal au coeur de ne leur servir à rien.
L'index de Maggy se retrouva si vite devant le nez de Lily que la rouquine faillit en renverser son chocolat à son tour. L'expression de Maggy était sérieuse ; les sourcils froncés, les yeux plissés, elle observait Lily d'un air réprobateur.
- Quoi?!
- Personne n'attend de toi que tu sois un super-héros, Lily, déclara Maggy d'un ton ferme. Tu n'y es pour rien s'il y a des maladies incurables. Et ce n'est pas de ta faute non plus si tu ne leur trouves pas de remèdes. Par contre je t'interdis de dire que tu ne sers à rien!
Lily était bluffée par le ton sérieux et sans appel qu'utilisait son amie. Peut-être bien qu'elle avait fini par mûrir, après tout.
- Tous ces gens n'ont besoin que d'une chose ; qu'on les aide à supporter leur maladie. Qu'on les aide à se sentir dignes, qu'on leur donne un peu de soleil. Et toi, même si tu n'es qu'une toute petite infirmière, tu as les moyens de leur apporter tout ça, et sur un plateau en argent, qui plus est - je le sais mieux que quiconque. Alors ressaisis-toi, reprends confiance et grouille-toi pour finir ton chocolat, on a des courses de Noël à faire!
Et Lily, sans broncher, s'exécuta. Etrangement, elle se sentait maintenant honteuse, presque stupide... Tentant de finir cul-sec son chocolat encore brûlant, elle regardait Maggy, sentant tout son corps se réchauffer - et elle doutait que ce ne soit que grâce à son chocolat.
Quand elles furent de nouveau sous la neige qui tombait à gros flocons sur le Chemin de Traverse, Maggy semblait avoir complètement oublié sa soudaine personnalité mûre et sérieuse. La tête en arrière, la bouche grande ouverte, elle essayait de gober les flocons, pour soi-disant "refroidir sa langue". A son bras, Lily riait, l'imitait parfois, et laissait les deux émeraudes qui lui tenaient lieu d'yeux se remplir de toutes les lumières qui éclairaient l'avenue la plus connue du monde sorcier. Quelques heures plus tôt, elle aurait trouvé toute la rue bien triste ; on voyait encore les traces de l'attaque qui avait eu lieu en août, et les commerçants tentaient de redonner un peu de dignité à leurs façades en les couvrant de guirlandes. Mais maintenant, tout cela la remplissait d'espoir, et elle se disait qu'on peut aller jusqu'à oublier la pire des horreurs pour en faire quelque chose de magnifique.
- N'empêche, vous n'avez pas choisi des boulots très faciles, James et toi, fit remarquer Maggy la bouche pleine de neige. Médicomage, Auror... Ca vous met un poids sur les épaules... Et connaissant ton Maraudeur, il doit prendre ça très au sérieux, autant que toi.
Lily ne put s'empêcher de sourire à l'évocation de James. Sa voix se fit plus tendre.
- Oui... Sirius et lui n'arrêtent pas de rédiger leurs rapports et d'imaginer des tas de stratégies... Ils sont très sérieux, tu t'étonnerais de les voir comme ça. Je n'ai jamais vu James aussi studieux. Et il est très consciencieux, aussi...
Elle ne vit pas Maggy esquisser un sourire amusé. C'est vrai que ça devait être étonnant de l'entendre parler ainsi d'un garçon qu'elle avait certifié détester pendant plus de cinq ans. Surtout qu'une fois partie dans un sujet qui lui tenait autant à coeur, la jolie rousse n'arrivait plus à s'arrêter.
- ...Le soir, quand je suis fatiguée, il me fait des bons petits plats... Il est adorable, toujours là quand il faut, à l'écoute, il me remonte le moral quand ça ne va pas...
- Attends voir, ton homme a bien quelques défauts... Non? s'étonna Maggy.
- Oui, assura Lily avec un grand sourire. Il est bordélique, se couche très tard, dilapide son argent sans réfléchir, voue un culte un peu trop important à Flaquemare, et... ah oui, il se débrouille toujours pour détraquer nos appareils Moldus... Mais c'est lui, c'est tout.
Ses joues, déjà rosies par le froid, rougissaient à vue d'oeil. Maggy, un sourire en coin, l'observait attentivement.
- Peut-être que le mariage de ta soeur lui donnera des idées...
Lily éclata de rire, ses yeux émeraude étincelant au milieu de son visage.
- Peut-être, effectivement...
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Tous les Aurors étaient réunis dans la pièce des briefings. Une réunion de la plus haute importance stratégique avait lieu. Les trois Aurors chefs s'agitaient devant une immense carte de la Grande-Bretagne, y faisant apparaître et disparaître des points, des lignes et des flèches. Si James avait fait attention à ce qui se passait devant lui, ce spectacle l'aurait tout de suite ramené à l'époque où, en tant que capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor, il devait organiser l'attaque et la défense de ses joueurs.
Mais non, James n'écoutait rien. Et même avec toute la volonté du monde, il aurait été dans l'incapacité de comprendre quoi que ce soit. Depuis son arrivée, il tripotait une petite boîte cubique fourrée dans sa poche. Et tout le monde avait remarqué que le Limier à la langue bien pendue était étrangement silencieux.
McHarris, surtout, ne cessait de l'observer de ses yeux perçants. Les bras croisés, debout à côté de Sheppard et Maugrey qui s'occupaient d'expliquer leur stratégie aux autres Aurors, il ne quittait pas James des yeux, gardant le silence. Mais au bout de vingt minutes, il s'exclama, coupant Sheppard au beau milieu d'une information capitale:
- Potter, si vous vous ennuyez, je peux vous muter aux archives du Magenmagot : de la paperasse à classer, vous pourrez faire la limace toute la journée.
James se redressa à peine et ne jugea même pas bon de répondre. Haussant le menton, le visage grave, il fit un léger signe de tête et fixa son regard sur la carte bariolée. Sheppard reprit, lançant un regard désapprobateur à McHarris.
Mais James ne fit pas plus attention à ce qui se disait qu'auparavant ; et il comptait sur Kevin pour tout lui expliquer de nouveau plus tard. Pour le moment, son esprit était occupé par quelque chose qui pour la première fois depuis des semaines ramenait l'attaque du nouvel an au second plan. Quelque chose qui tenait dans une boîte de quelques centimètres de long.
A ses côtés, Kevin et Sirius ne cessaient de lui jeter de légers coups d'oeil. Mais Sirius avait l'air amusé, et devait parfois se retenir d'éclater de rire au milieu de la réunion. Lynn posait des questions à l'oreille de Kevin, intriguée par le comportement de James. Derrière, Syphonia ne cessait de lui chuchoter qu'elle se ferait un plaisir de lui expliquer le plan stratégique en privé.
Un peu plus tard, dans son box, la même préoccupation l'empêchait de travailler correctement. Il oubliait des phrases entières en rédigeant ses comptes-rendus, n'entendait qu'à peine ce qu'on lui disait, et il se surprit même à ignorer complètement les "Jamesie" incessants de Syphonia.
Quand il dut aller donner quelques documents à Kevin et Alice, qui travaillaient ensemble sur une affaire mineure, il trébucha sur le pied d'une chaise et manqua de s'étaler sur le jeune homme.
Ses collègues Limiers éclatèrent de rire.
- Dis donc, James, t'es vraiment pas dans ton assiette, aujourd'hui... fit remarquer Kevin.
- On dirait qu'on t'a demandé de récurer entièrement le couloir des créatures magiques, plaisanta Alice, un sourire sur son visage rond.
James eut un faible sourire et ouvrit la bouche pour parler, mais c'est le moment que choisit Sirius pour quitter son box et les rejoindre.
- Alors, Jimmy? Tu ne leur as pas encore annoncé la merveilleuse nouvelle? claironna-t-il de toute la puissance de ses poumons.
- Merveilleuse nouvelle? Avec la tête que tu tires, on ne dirait pas que c'est quelque chose de bien qui t'arrive... ironisa Kevin en haussant un sourcil.
James déglutit bruyamment et passa une main sur sa nuque, l'autre fourrée dans sa poche, tripotant la petite boîte. Sirius lui assena une telle frappe amicale dans le dos que le Limier faillit en perdre ses lunettes.
- James va demander sa gazelle en épousailles! s'exclama-t-il, un sourire rayonnant aux lèvres.
Les réactions ne se firent pas attendre. Alice joignit les mains sur sa poitrine, ses yeux se mettant à étinceler. Kevin ouvrit grand la bouche, une expression de stupeur sur le visage.
- Félicitations, Potter! tonna Kevin en lui faisant une petite tape sur le bras.
- Un mariage! C'est fantastique! s'écria presque Alice.
James vira au cramoisi et fusilla Sirius du regard. Ce dernier arborait l'air ahuri du coupable ravi qui veut se faire passer pour un ange.
- Attendez, attendez... Elle n'a pas encore dit oui... Nous ne sommes ensemble depuis à peine dix mois et... Et je pense... Je crois... J'ai peur qu'elle trouve que ça soit rapide... Mais... Enfin on verra, au pire ça nous gâchera la veille de Noël...
Jamais il ne s'était senti aussi maladroit de sa vie. Il prit une grande inspiration et se passa une main sur le front. Quand il rouvrit les yeux, il eut presque peur en voyant les trois visages attendris qui lui faisaient face.
- Continuez à me regarder comme ça et au prochain cours de duel je vous réduis en pâtée pour hippogriffes.
- Ne t'en fais pas, James, le rassura Alice en souriant. Frank et moi, nous nous sommes fiancés au bout de six mois, et regarde, ça fait un an et demi que ça dure.
- Vous êtes fiancés?! s'exclama Kevin. Je ne savais même pas que vous étiez ensemble!
- Moi je le savais! s'écria Sirius. Même que vous étiez encore à Poudlard quand vous vous êtes fiancés.
- C'est vrai, j'avais oublié... dit James en sentant son coeur s'alléger. Frank a oublié de nous mettre des colles trois semaines de suite, après ça. Il manquait à tous ses devoirs de Préfet-en-Chef.
Les quatre visages se tournèrent alors vers la carrure imposante de Frank, qui discutait d'un air sérieux avec Sheppard en lui montrant un parchemin. Il leva un bref instant les yeux et s'immobilisa en voyant les quatre autres Aurors le regarder avec de grands sourires. Frank leva un sourcil et se permit un petit sourire intrigué. Il hésita un instant avant de les rejoindre.
- Qu'est-ce que vous avez, là, vous t...?
- James va se fiancer avec Lily et il a le trac! coupa aussitôt Sirius.
James lui assena un tel coup derrière la tête que le menton de Sirius claqua sur le haut du muret qui séparait le box de Kevin de celui de James.
- Et moi je ne savais pas que vous étiez ensemble, Alice et toi! s'exclama Kevin en se tournant vers Frank. Ca fait quatre mois qu'on se connaît et je n'avais rien remarqué...
- ...Et ça se dit Limier... ironisa Frank en lançant un joli sourire à Alice. James, si ça peut te rassurer, une fois qu'elle a accepté de laver tes sous-vêtements, elle est prête à passer sa vie avec toi.
Il ne sentit même pas la main d'Alice atterrir sur son imposant torse. James se laissa aller à un sourire.
- Attends, vous habitez ensemble, vous faites vos courses ensemble, vous bai...
- Sirius, ça ira, merci, termina James.
- Elle dira oui, assura Alice avec un petit signe de tête. Je ne connais pas beaucoup Lily, mais j'en sais suffisamment pour savoir que vous êtes faits l'un pour l'autre.
Le sentiment de malaise revenait en James, mais par bonheur, Lynn vola à son secours en lui offrant une magnifique diversion.
- Kevin! s'exclama-t-elle en se précipitant vers le petit groupe de jeunes gens. Vous tous! Ecoutez! On sait peut-être où le "massacre" aura lieu!
Aussitôt, les hésitations amoureuses de James disparurent complètement de l'esprit de tout le monde, y compris de celui du principal concerné.
- Comment? demanda Alice. On a trouvé un nouvel indice?
- Mieux que ça, répondit Lynn. Vous vous souvenez du type louche que vous avez arrêté, Sirius, avec Maugrey et Syphonia? Ils l'ont interrogé juste après le briefing, tout à l'heure, et il a dit qu'il avait entendu dire qu'il allait y avoir un gros truc le soir du 31... Par qui, il est incapable de le dire, il prétend avoir entendu tout ça plusieurs fois, mais vu que c'est un habitué de la Caverne du Boiteux...
James et Sirius échangèrent un regard.
- Et où pense-t-il que notre petite boucherie aura lieu?
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- A Tinworth, en Cornouailles, dit Evey en souriant. J'habite là avec mon mari et mes trois filles...
- J'ai entendu dire que c'était le village sorcier le plus peuplé de Grande-Bretagne, sourit Lily en se servant une nouvelle tasse de chocolat.
- Oui, il n'y a que quelques familles Moldues à Tinworth, et elles vivent dans de petits hameaux aux environs, si bien qu'on peut aller faire nos courses sans risquer d'éveiller des soupçons en portant des robes de sorciers...
Lily avait terminé sa journée. Bientôt, l'équipe de Meredith prendrait le relais pour s'occuper des patients cette nuit... La jeune femme en profitait pour souffler un peu, et la présence de la pétillante infirmière ainsi que de son collègue Jack l'aidait à décompresser.
- Vous avez l'air de vous y plaire, constata Lily. Je ne connais que Pré-au-Lard, comme village sorcier... Mais James n'arrête pas de me parler de Godric's Hollow. C'est là que son père est né, vous voyez, et il n'arrête pas de dire qu'on ira vivre là-bas... Personnellement, je préfère rester en contact avec le monde Moldu...
- Tu as des parents Moldus? demanda Jack.
- Je suis la première sorcière de ma famille.
Evey fit sursauter ses deux collègues en poussant une exclamation très aigue.
- Moins fort, Lily! Vous ne savez jamais qui peut vous entendre... Et avec tous ces meurtres, ce n'est pas prudent de déclarer être née de Moldus à tout bout de champ!
Lily soupira et en perdit l'envie de finir son chocolat.
- Evey, il n'est pas très difficile pour Voldemort de savoir qui est de sang Moldu ou non. C'est dans tous les registres. Je n'ai pas peur de lui et je ne vais pas commencer à renier mes origines parce qu'elles ne plaisent pas à un psychopathe. Et puis tout le monde sait que mon petit-ami est Auror. Ca suffit largement à me mettre en danger.
Evey rougit, apparemment gênée. Jack eut un petit sourire douloureux.
- Il se rend compte, ton Auror, qu'il te met en danger?
- Nous le savons tous les deux très bien.
Lily fronça les sourcils. Jack ne répondit rien et se contenta de finir son thé, avant de se lever et d'ôter sa robe aux couleurs de Ste Mangouste.
- Il va falloir que j'y aille, je dois aider ma mère à préparer le repas de ce soir... On attend toute la famille pour le réveillon. Et je suis déjà en retard.
- Moi aussi.. Attends-moi, je t'accompagne.
Lily se leva et enleva rapidement sa robe de Médicomage avant d'enfiler son long manteau marron et de coiffer sa casquette noire.
- Joyeux Noël chez toi, Evey!
Elle sortit de la pièce après avoir lancé un grand sourire à l'infirmière, suivant Jack dans les étages inférieurs de l'hôpital, sentant son coeur battre de plus en plus vite tandis qu'elle se rapprochait du moment où elle offrirait son cadeau à James.
- Tu dois aller quelque part? lui demanda Jack lorsqu'elle lui dit qu'elle l'accompagnerait pendant quelques minutes sur le trajet qui le séparait de la gare.
- Je dois passer chercher le cadeau de James sur le Chemin de Traverse.
Ils prirent ensemble le métro. Ils ne parlèrent pas beaucoup, mais Jack n'arrêtait pas de regarder Lily avec des yeux si brillants que la jeune femme comprit instantanément qu'elle ne le laissait pas indifférent. Et ce n'était vraiment pas une position confortable pour elle.
- Je descends à la prochaine station... Je dois changer de ligne pour arriver à King's Cross. Lily, je...
Lily ne dit rien mais le regarda, tentant de paraître tout à fait à son aise. Jack sembla sur le point de lui dire plusieurs choses, mais aucun son ne sortait de ses lèvres. Il finit par pousser un petit soupir.
- ...Joyeux Noël, souhaita-t-il d'une voix basse.
Lily lui répondit en un joli sourire, mais son coeur se serra légèrement quand elle vit Jack sortir de la rame de métro les sourcils froncés... Un soupir s'échappa aussi de ses lèvres... De toute évidence, il allait falloir continuer à être son amie sans lui donner de faux espoirs.
Pauvre Jack...
Le jeune apprenti-guérisseur resta dans l'esprit de Lily encore un bon moment, mais quand elle se retrouva sur le Chemin de Traverse, une vague de chaleur la submergea et un sourire un peu stupide se mit à orner ses lèvres. Et il semblait s'agrandir davantage encore au fur et à mesure qu'elle s'approchait de la ménagerie magique...
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James avait surgi si vite dans l'atrium du Ministère qu'il avait renversé une demi-douzaine de gobelins ; il lui avait fallu plus de vingt minutes pour réussir à s'excuser, d'autant plus que le sourire béa accroché à ses lèvres avait fait croire aux créatures qu'il se moquait d'elles. Mais il avait perdu assez de temps. Oubliant complètement d'aller faire enregistrer sa baguette, il se précipita dans l'un des ascenseurs, et déboula quelques instants plus tard dans le Département de la Justice Magique. Il n'était pas encore arrivé dans le Quartier Général des Aurors qu'il croisa quelqu'un qui aurait dû se trouver ailleurs en ce lundi matin.
- ..Remus?! Mais qu'est-ce que tu fiches ici?
En effet, le lycanthrope sortait tranquillement du QG, un large sourire aux lèvres. James mit un petit moment à remettre son cerveau en marche, mais une fois la surprise passée, il poussa un magnifique "JOYEUX NOËL, LUNARD!" qui résonna bruyamment dans les couloirs du Ministère.
- Figure-toi, Cornedrue, qu'un invité surprise a sonné chez moi ce matin... Je suppose que le Père Noël l'avait pris en stop.
Il fit un pas sur le côté et James se retrouva face à un jeune homme de taille moyenne, qu'il n'aurait eu aucun mal à reconnaître.
- Peter! rugit-il en se jetant sur le nouveau venu.
- Joyeux NoAÏE!
Peter dut se débattre de longues minutes pour que James le libère de son étreinte virile et douloureuse.
- Je pensais que tu ne reviendrais pas avant mars!
- Mon père a eu une promotion, expliqua Peter. Son supérieur est mort...
- Voldemort? s'inquiéta James.
- Non, crise cardiaque. Enfin bref, il est devenu l'un des sous-dirigeants de sa société, il fallait qu'il rentre immédiatement. Et puis je dois avouer que les longs discours pompeux sur l'économie et les investissements commençaient à me taper sur le système, même s'ils étaient dits au sommet des Alpes... Plus de voyage initiatique avec le paternel pour moi, merci.
James était ravi. Ca faisait près de quatre mois qu'il n'avait pas vu Peter, et il fallait avouer que les Maraudeurs sans leur tête à claques avaient un peu perdu de leur saveur. Et puis, il semblait avoir un peu mûri. Il se tenait plus droit, levait un peu plus le menton... Même dans son apparence, il avait changé. Plus mince, un peu plus musclé... Il avait même le teint bronzé, couleur que James n'avait pas l'habitude de le voir arborer, lui d'habitude si pâle...
- Vous avez vu Sirius?
- Oui, on est passé le réveiller chez lui avant de venir. Il allait être en retard. D'ailleurs, il est en retard, dit Remus en souriant.
- Oui, il a passé le réveillon chez sa cousine, et je pense que Dora a dû le pousser à bout... Pauvre Patmol.
Et il n'y avait pourtant aucune trace de compassion dans la voix de James, tout sourire.
- On voulait venir sonner chez toi aussi, continua Peter, mais on avait peur de vous déranger, Lily et toi, en ce beau matin de Noël, ricana Peter.
Noël + Lily égalent demande en mariage. L'arrivée surprise de Peter avait presque réussi à faire passer cette nouvelle au second plan. Comme pris d'une soudaine panique, James sursauta et s'écria:
- ELLE M'A DIT OUI!
Peter sursauta presque autant que lui. Remus écarquilla les yeux. Et la trentaine de paires d'yeux qui se trouvaient dans le couloir se posèrent sur James et ses deux amis.
- Elle t'a dit oui...? répéta Peter sans comprendre.
Mais les yeux de Remus, légèrement froncés, s'éclairèrent soudain et son visage se fendit d'un large sourire.
- James...!
- ELLE LUI A DIT OUI!
Plus synchro qu'une montre, Sirius déboula dans le couloir, se précipitant sur ses trois amis. Dès que James fut à sa portée, il lui assena un coup magistral dans le dos. Il fut alors question de bébés, de préparatifs du mariage, de bébés, d'une jolie maison à la campagne et de bébés.
- On va faire de ton mariage une fête monumentale dont on parlera dans tous les journaux!
- Y'aura quoi comme petits fours?
- Je t'interdis de m'appeler "tonton Mumus" devant tes enfants.
- Moi je m'occupe du buffet!
- Moi de la déco !
- Moi du strip tease!
- Attends... Sirius, Lily ne te laissera jamais faire un strip-tease à son mariage...
- Déjà de un, ce n'est pas au mariage de Lily que je vais, mais à celui de James!
- ...
- Et ensuite, je n'ai pas dit que je ferai mon strip tease pendant le mariage. Je veux bien lui en faire un en privé.
- En attendant, Black, ça fait plus d'une heure que vous auriez dû rejoindre votre BOX!
Sirius grimaça en entendant la voix de son mentor résonner dans ses oreilles. Ne semblant ressentir aucune forme de honte à l'idée que Maugrey aie pu entendre ce qu'il disait, il lui répondit, tout sourire:
- J'arrive, Capitaine! Accordez-moi un instant, je dois refaire... mon lacet!
Maugrey leva les yeux au ciel et retourna en direction des boxes des Roublards.
- Bon, James, c'est super tout ça et tout, mais on n'a pas encore dit à Remus que...
- Que quoi? interrogea le principal intéressé en se tournant vers Sirius.
James et Sirius perdirent toute trace de sourire et leurs expressions se firent plus graves.
- Remus... On ne va pas pouvoir être là...
James baissa d'un ton, vérifiant que personne n'écoutait leur conversation.
- ... à la prochaine pleine lune, Sirius et moi.
- Oh.
Remus les regarda tour à tour, son sourire disparaissant quelque peu, lui aussi.
- Et bien... c'est normal. C'est le soir du réveillon, vous avez sans doute prévu quelque chose... Je ne vous en voudrai pas, c'est normal.
- Comment peux-tu penser une chose pareille? gronda Sirius.
- Comme si on pouvait t'abandonner un soir pareil de notre plein gré! s'offusqua James en fronçant les sourcils.
Il y eut un silence gêné. Remus fuyait ses amis du regard, apparemment légèrement honteux.
- Alors pourquoi vous ne pourrez pas être là?
- On est sûrs que Voldemort et ses copains ont prévu une méga bamboula pour le nouvel an, expliqua Sirius. Tous les Aurors, apprentis y compris, doivent être sur le qui-vive.
- Alors Peter, on compte sur toi pour être avec Remus dimanche soir. Ca te va?
Peter hochait déjà la tête, le visage grave, mais Remus protesta.
- Je ne veux pas qu'il soit là. Il préfère sans doute passer le réveillon avec son père. Et de toute façon, il est bien trop petit pour m'empêcher de faire un écart.
- J'ai passé quatre mois vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec mon père, je pense qu'il pourra se passer de moi, dit très vite Peter.
- Et il pourra s'occuper de toi avant et après ton... "petit problème de poils", Remus... conclut James d'un ton sans appel.
Il n'avait pas entendu George McHarris se glisser derrière lui, et sa voix lui glaça la colonne vertébrale.
- Ravi de voir que la pilosité de vos amis vous inquiète, Potter, mais le Département de la Justice Magique n'est pas un salon de thé.
- Oui, Monsieur...
James fit un petit clin d'oeil à Remus qui semblait avoir du mal à avaler la pilule, et serra chaleureusement la main de Peter.
- Il faudra que tu passes à la maison, Lily sera ravie de...
- POTTER! hurla soudain McHarris.
- J'arrive, j'arrive... A plus, les gars!
James et Sirius entrèrent dans le QG, suivis de McHarris qui les poussaient presque pour qu'ils se mettent au travail. Sirius souhaita une nouvelle fois ses meilleurs voeux à James avant que Maugrey ne l'attrape par l'oreille et le jette dans un siège à côté de Syphonia.
- Potter, nous sommes à la veille d'une opération de la plus grande importance et vous vous permettez d'inviter vos amis ici! C'est un comportement inacceptable!
- Joyeux Noël à vous aussi, chef, grinça James entre ses dents.
McHarris le fusilla du regard mais avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, Alice se précipita sur James, suivie de près par Kevin.
- Alors? demandèrent-ils en choeur, les yeux brillants.
James bomba le torse.
- Vous avez devant vous le futur Mr Evans...
Alice poussa un cri de joie tandis que Kevin donnait une petite tape sur l'épaule de James.
- J'espère que je serai invité!
- Et Frank et moi aussi!
- Mais bien sûr...! Je vais inviter le plus de monde possible histoire qu'il y ai des témoins. Il y a des gens qui risqueraient de ne pas me croire... Faudra que je vous raconte comment j'ai eu du mal à la faire succomber à mon charme, celle-la...
- POTTER, BON SANG! s'exclama McHarris. Cessez de faire passer des futilités pareilles avant votre travail!
James aurait pu lui foncer dessus tête baissée s'il n'avait pas eu un minimum d'éducation.
- Je ne considère pas mon mariage comme une futilité, pardonnez-moi.
- La condition pour qu'il y ait mariage, c'est qu'il faut un marié. Alors occupez-vous de survivre, vous vous occuperez de ça après!
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James posa son saxophone sur les coussins du canapé et se pencha sur la petite boule de poils qui se frottait contre le bas de son pantalon.
- T'es là depuis une semaine et il faut déjà satisfaire tous tes caprices...
Le chaton noir et blanc poussa un petit miaulement à peine audible. James poussa un soupir et lui gratouilla le menton. Le petit ronronnement qui en découla avait quelque chose d'apaisant. Une fossette au coin des lèvres, James prit le petit animal sur ses genoux.
A quelques mètres derrière lui, vêtue de sa robe de chambre, Lily observait l'apprenti Auror s'attendrir devant cette petite peluche, s'imaginant vaguement le même jeune homme tenir une créature d'un autre genre, à peine plus grande, dans ses bras...
- Monsieur Potter... Je pense qu'il est temps que vous veniez vous coucher. Une dure journée vous attend, demain... Moi aussi, d'ailleurs.
James poussa un petit soupir et porta le petit chat jusqu'à son panier.
- C'est sympa d'avoir un chat mélomane. Il a adoré Lullaby in birdland... commenta-t-il en éteignant une à une toutes les lumières du séjour.
- Ne lui manque plus qu'un nom et vous pourriez faire un duo.
Ils regagnèrent leur chambre et se couchèrent.
James passa un bras au-dessus de Lily et enfouit son nez dans ses cheveux. Pendant un moment, suspendu quelque part entre la terre et le paradis, il respira à pleins poumons son odeur, les yeux fermés.
C'était sa façon de lui dire qu'il avait peur.
James avait beau être un des plus valeureux jeunes hommes de Grande-Bretagne, il n'en était pas moins humain, et la peur de laisser Lily toute seule lui crispait les entrailles.
Lily posa sa main sur la sienne et murmura:
- Tout ira bien, James. Tu es bien préparé... Et tu as ta cape. Tout se passera bien.
Elle aussi essayait de se rassurer. Ce n'était pas très agréable de laisser son fiancé se jeter dans l'antre du loup. Mais il fallait être optimiste. C'est ce qu'on lui enseignait à Ste Mangouste. C'est ce qu'on apprenait, ces derniers temps, en Angleterre.
- Mais oui, tout ira bien, répondit James à voix basse. Au pire je perds deux ou trois morceaux, mais je connais une excellente infirmière...
- Essaie quand même de revenir en un seul morceau. Je ne pense pas que Meredith supporterait de te voir un jour de plus à l'hôpital.
James eut un petit rire.
- Juste pour ça, j'aimerais être salement amoché...
- Si tu le fais exprès je te tue, James Potter.