DISCLAIMER: Rien de tout ça n'est à moi, tout est à JK Rowlings. Je promets que je remets les persos là où je les ai trouvé dès que j'ai fini de jouer avec.
Cette histoire se situe à la fin du tome 4 et au début du tome 5. C'est une UA, elle ne suivra pas le cours normal des autres tomes. Pas d'Horcruxes, pas de morts de Dumbledore... (du moins pour le moment lol) Je garde Snape à la place de Rogue parce que... c'est plus joli.
Pas de slash ici, donc si c'est ce qui vous intéresse, passez votre chemin (ou arrêtez-vous et jetez un coup d'oeil, vous pourriez aimer ;)). Harry/Severus dans une relation mentor/ élève et Draco/Mione pour le côté plus romantique de l'histoire.
Je crois que j'ai tout dit à part vous supplier de laisser une ptite rewiew si ça vous plait ou pas. Les critiques constructives sont toujours les bien venues. Le premier chapitre peut paraitre cliché mais donnez sa chance au second, s'il vous plait. (oui je supplie. Sans grane honte j'avoue)
C'est ma première fic HP donc soyez indulgent, s'il vous plaiiiiit...
Pandore
Chapitre 1 : Old Acquaintance
Sans prendre la peine de chercher à contrôler son soupir exaspéré, Harry Potter jeta, sans plus y accorder un regard, la Gazette du jour sous son lit. Il poussa les pages froissées jusqu'à ce qu'elles disparaissent de la vue du premier venu. Il serait indispensable qu'il s'en débarrasse avant de partir. S'il partait un jour, bien entendu…
On était déjà le 25 aout et il devenait clair qu'il n'irait nulle part cet été. D'après ce qu'il avait deviné des rares lettres succinctes de Ron et d'Hermione, ils n'étaient pas au Terrier mais étaient néanmoins ensembles. Dans un endroit qu'ils ne pouvaient lui révéler bien qu'il soit question de Patmol et de Lunard… Ca le rendait fou. Il était clair qu'ils étaient au cœur de l'action et lui était coincé chez les Dursley.
Il était furieux et il y avait de quoi.
Bien sûr, il réalisait que ce n'était pas réellement la faute de ses amis. Il ne pouvait quand même pas s'attendre à ce qu'ils débarquent chez lui pour le « sauver » de son oncle et de sa tante, s'ils n'en avaient pas l'autorisation. Ou les moyens. Ce qui n'était définitivement pas une excuse valable pour Dumblodore.
Mais là encore, vu ce que racontait la Gazette –le seul lien qu'il avait eu avec le monde sorcier de l'été- l'homme avait ses propres soucis. Trop probablement pour ne pas en plus s'encombrer de lui. Il était évident pour ceux qui savaient lire entre les lignes que Voldemort montait en puissance. Incidents, disparitions inexpliquées… Et pourtant le Ministère se refusait à l'accepter, accusant Dumbledore, et lui-même du même coup, d'affabulation et de mensonges… Fudge menait bien entendu le bal.
Quoi qu'il en soit, Harry avait passé les trois quarts de ses vacances enfermé dans cette chambre, à ruminer le fait qu'il n'était d'aucune utilité dans la lutte contre Voldemort et en luttant à chaque instant pour empêcher son esprit de dériver vers la fin de l'année dernière et vers le visage qui le hantait dès qu'il fermait les paupières. Parfois, Cédric Diggory le hantait même lorsque ses yeux étaient ouverts… Frissonnant, il se concentra sur les pas lourds qui faisaient trembler l'escalier.
Génial. Une petite visite de l'oncle Vernon… Tout ce qui manquait à son bonheur.
Les Dursley l'avaient relativement laissé en paix cet été. Si ce n'était pour les quelques claques à l'arrière de la tête que lui avait infligées Vernon, les remarques acides et acerbes de Pétunia et bien entendu le fait qu'il ait servi plusieurs fois de punching-ball occasionnel pour Dudley… Les choses s'étaient passées sans heurt.
Jusqu'à présent. Parce que s'il n'avait pas de nouvelles d'ici deux jours, il devrait se débrouiller pour aller jusqu'à Londres et au Chemin de Traverse. Et pour ce faire, il devrait demander de l'aide à l'Oncle Vernon. La perspective était des moins réjouissantes… Mettons qu'il attendrait trois jours ou quatre…
La porte s'ouvrit brusquement, laissant apparaître l'homme imposant qu'était Vernon Dursley. Son regard furibond se posa sur Harry qui se contenta de le toiser en retour. Les jours où il l'avait craint étaient loin. Depuis lors, il avait rencontré trois fois Lord Voldemort et il fallait admettre que malgré tout ce que ses peurs d'enfants lui soufflaient, le mage noir était beaucoup terrifiant que le Moldu qui lui faisait face.
« Toujours là, je vois, gamin. » railla l'homme. « Tes amis t'ont abandonné ? »
Harry ne daigna pas répondre, il se retourna simplement et alla se poster devant la fenêtre. Le soir tombait doucement et avec une lenteur exaspérante sur Privet Drive. La brume qui ne cessait de s'intensifier ces temps-ci masquait pratiquement la maison de Mrs Figgs, ce qui n'empêchait pas la vieille femme de sortir dans la rue pour appeler ses chats fugueurs. Il avait mis un moment à associer la brume et la sensation d'angoisse perpétuelle à la présence de Détraqueurs. Pas à Privet Drive même, non… Mais Hermione avait fini par lui apporter une réponse dans sa troisième lettre, pleine de mises en garde inutiles et de conseils superflus. Une bonne partie des Détraqueurs avaient quitté Azkaban et Fugde avait étouffé l'affaire. Comment pouvait-on cacher une chose pareille ? Ca devait demander un travail énorme…
Dans un ricanement qui s'éteignit presque après avoir commencé, il se dit que si leur cher Ministre mettait autant de hargne à combattre Voldemort qu'à dissimuler sa présence, ils auraient eu de bien meilleures chances de gagner cette guerre.
« Est-ce que tu te moques de moi ?! » tonna la voix colérique de son oncle derrière lui, et Harry soupira. Il l'avait presque oublié.
« Non, Oncle Vernon. »
Répondre avec politesse exigeait beaucoup de lui. S'il s'était écouté, il se serait rué sur l'homme et aurait massacré son visage avec ses poings. Il doutait cependant que Dumbledore apprécie cette façon de faire et ça le stoppait. Pour l'instant. Sirius aurait peut-être approuvé, ceci dit…
Vernon le dévisagea avec attention, cherchant le mensonge. Il y a quelques années, il ne se serait pas donné cette peine. Il aurait simplement balancé sa large main dans l'air et aurait frappé Harry parce qu'il avait eu le malheur de rire. Ou d'exister. Au choix.
Etre sorcier avait ses avantages. Même s'il ne pouvait pas se servir de magie en dehors de Poudlard, et même si son oncle le savait pertinemment, il avait des amis puissants qui n'hésiteraient pas à venir le venger si Vernon s'en prenait à lui. La simple existence de Sirius, l'évadé du pénitencier, le meurtrier présumé, suffisait à calmer les Dursley. Sauf bien évidemment qu'aucun de ses prétendus amis ne s'étaient manifesté de l'été pour le tirer de là.
« Ils t'ont laissé tomber, n'est ce pas ? » triompha-t-il, une lueur perversement heureuse dansant dans ses yeux. « Mais qui voudrait de toi… Tu aurais dû mourir avec tes parents de sale engeance… Même ceux de ton espèce… »
Il cessa d'écouter une fois que le mot, craché comme une innommable insulte, eut franchi les lèvres de son oncle. Qu'il ne porte plus la main sur lui ne voulait pas dire qu'il ne se défoulait pas verbalement au minimum une fois par jour… Et aux reproches et insultes habituels s'ajoutait désormais la nouvelle arme de son oncle…
« Et ce Cédric… Il est mort par ta faute, hein ? Comme les autres ! Tu apportes la mort ! »
Vernon était hors de lui maintenant et Harry serra les poings, la respiration courte. Répondre ne provoquerait qu'une litanie plus large d'insultes en tout genre et vu l'absence évidente de protection en ce moment, une correction salée. Non… Ca n'apporterait rien de bon. Il serra les dents, remarquant à peine que les objets autour de lui s'étaient mis à trembler. Ca n'échappa en revanche pas à son oncle qui irradiait maintenant de fureur par tous les pores de sa peau.
« Arrêtes-ça ! » siffla-t-il, mais Harry se contenta de le fixer et le tremblement s'accentua jusqu'à ce qu'un des livres posé sur le bureau tombe au sol dans un bruit sourd, brisant la bulle de haine qui s'était refermée sur lui. Clignant des paupières plusieurs fois pour sortir de ce cercle vicieux dans lequel l'entraînait Cédric à chaque fois qu'il pensait à lui, le jeune garçon recula, hors de portée de son oncle.
Il s'en félicita dès que Vernon eut retrouvé l'usage de la parole. Le visage rouge, ses petits yeux furieux lançant des éclairs, il semblait prêt à l'étrangler.
« Tu ne sors pas d'ici. » ordonna-t-il. « Rien à manger. Rien à boire. Tu restes ici. »
La porte claqua derrière lui avant même qu'Harry ait pu répondre, suivi du bruit sec du verrou que l'on tourne. Lâchant un soupir, il se laissa tomber sur le lit et se mit à fixer le plafond. Est-ce que Vernon pensait le punir en lui interdisant le repas du soir ? Ne se rendait-il pas compte que depuis le début de l'été, il s'en était tenu à un toast le matin et une assiette pleine à midi ? Que ce soit par punition ou par manque d'appétit, Harry n'avait pas assisté à un seul souper depuis qu'il était arrivé ici.
Ce qui ne manquerait pas de faire hurler Mrs Weasley quand elle lui mettrait la main dessus. Il avait encore maigri. Enfin… la formulation correcte serait plutôt si elle lui mettait la main dessus. Il ne semblait pas le bienvenu auprès des Weasley cet été. Ce qui était très injuste parce que même si la famille était impliquée dans une résistance quelconque, Ron et Hermione y étaient. Peut-être même pouvaient-ils aider…
Son regard retraça la fêlure unique qui serpentait au dessus de sa tête. Fêlure qui semblait grandir… l'aspirer…
« Tues l'autre. » ordonna la voix glacée et insupportablement aigue, et la respiration d'Harry s'accéléra. Il s'était endormi. Il savait pourtant qu'il ne devait pas dormir… Et voilà où il en était. De retour dans ce cimetière. La peur au ventre tout en sachant qu'il n'était pas vraiment là, courant vers Cédric pour le protéger de son corps en sachant que ce serait inutile…
« Avada Kedavra. »
Trop tard encore une fois. L'éclair vert heurta la poitrine de Cédric qui s'écroula, un air ridiculement surpris sur le visage.
« Non ! » s'entendit-il hurler. « Non ! Cédric ! »
Il se jeta sur le cadavre, martelant la poitrine de son ami… mais rien à faire. Il ne se réveillait pas. Il ne se réveillait jamais. Et il observa impuissant alors que les paupières du garçon se rouvraient brutalement, ses yeux vides scrutant les siens et Harry recula. Il connaissait ce rêve, il l'avait fait des centaines de fois.
« Non… Non, non, non… »
« Pourquoi, Harry ? » articula-t-il péniblement d'une voix plate. « Pourquoi m'as-tu tué ? »
Il trébucha, atterrit sur ses fesses et continua de se trainer aussi loin possible du cadavre. Cédric se redressait maintenant, mais la vision était affreuse. Ce n'était plus le jeune homme séduisant pour qui se pâmaient tous les filles de l'école… Sa peau devenait grise, s'émiettait comme si elle partait en poussière.
« Harry… »
« Non ! » hurla-t-il en réponse « Non ! »
« Toujours en train de pleurnicher, Potter… »
La voix basse aux accents dangereusement caressant s'insinua dans son rêve et il se redressa, aspirant goulument l'air frais de la chambre. Il ne s'était aperçu qu'il avait retenu sa respiration. Son regard se posa immédiatement sur la haute silhouette qui se fondait parfaitement dans l'ombre nocturne et par réflexe, il se jeta sur la baguette, toujours dissimulée sous son oreiller. Sa réaction légèrement tardive provoqua chez l'homme un bruit moqueur.
« Trop lent, Mr Potter… » commenta l'homme avec dédain, sans daigner sortir de l'obscurité. Non pas qu'il en ait besoin pour qu'Harry l'identifie. Il reconnaitrait cette voix et cette silhouette partout. « Exactement comme votre père… »
Harry grogna et leva un peu plus haut sa baguette. Evidemment, il ne s'en servirait pas mais l'idée était tentante.
« Si j'étais venu pour vous tuer, Potter, vous seriez mort avant même d'avoir ouvert un œil. »
Le mépris plus qu'évident raviva sa fureur. Il n'en pouvait plus du mépris. Il l'avait supporté tout l'été.
« Que faites-vous là, Professeur ? Et comment êtes-vous rentré ? »
Un instant, il douta qu'il consente à répondre, mais l'homme avança finalement dans le pâle halo de lumière que prodiguait le réverbère de la rue. Harry eut un mouvement de recul en voyant le visage pâle de Severus Snape. Des cernes prononcées s'étalaient sous ses yeux noirs qui semblaient eux-mêmes presque éteints, ses joues étaient creuses, beaucoup plus qu'à la fin de l'année précédente, et s'il gardait cette harmonie stupéfiante dans sa façon de se déplacer, il se tenait raide, presque comme s'il… avait mal. Et surtout, l'épuisement était clairement ancré dans tous ses traits.
« J'ai transplané, évidemment. » répondit-il, comme si Harry était un idiot de ne pas l'avoir compris par lui-même. « Quant à la raison de ma présence, elle est ma foi plutôt évidente. Je ne suis certainement pas venu pour une visite de courtoisie, Mr Potter. »
Prêtant à peine attention aux paroles du Maître des Potions, Harry continua de le détailler. Il lui semblait qu'il avait pris dix ans en un été. Il réalisa brusquement que Dumbledore lui avait ordonné de reprendre son rôle d'espion à la fin de l'année dernière, et peut-être, peut-être bien, que Voldemort et Vernon avaient des points communs. Il était clair que Snape avait souffert de la colère de son Maître…
« Est-ce que ça va, Monsieur ? » demanda Harry avant d'avoir pu réfléchir.
Ron aurait appelé cela 'sa propension effrayante à se préoccuper du dernier des salauds'. Mais il n'y pouvait rien, il était comme ça. Il n'aimait pas la souffrance… Et il avait beau détester Snape, il avait beau n'avoir aucune confiance en lui, ça ne voulait pas dire qu'il lui souhaitait… ça.
L'autre homme eut l'air surpris et son regard perçant se posa sur Harry, et durant un instant, ce fut comme s'il était cloué sur place, comme s'il tentait de déchiffrer les pensées complexes qui animaient l'adolescent. Et puis finalement, il détourna la tête, donnant sa pleine attention à la cage d'Hedwige où la chouette observait la scène avec sérénité. Elle était bien la seule à être à l'aise.
« Rassemblez vos affaires, Potter. » ordonna-t-il sèchement. « Nous n'avons pas la nuit entière. »
Levant les yeux au ciel, Harry sauta du lit et entreprit de jeter pêle-mêle dans sa malle la totalité de ses affaires. Voilà ce que lui apportait de compatir au sort du plus ignoble bâtard de la création. Livres, vêtements… Il y balançait tout ce qui lui tombait sous la main sans se préoccuper d'y mettre de l'ordre. Il partait, c'était le principal. Ca le réjouissait tellement, qu'il ignora royalement le regard désapprobateur que Snape jetait au contenu de la malle.
« Où allons-nous, Monsieur ? » demanda-t-il finalement, de meilleure humeur qu'il ne l'avait été de toutes les vacances. Il attrapa une pile de livres qui s'entassaient sur son bureau et traça avec précaution son chemin jusqu'à son coffre.
« Vous verrez quand nous y serons. » répondit la voix exaspérée de son professeur.
Harry lui jeta un coup d'œil mais l'homme ne lui prêtait aucune attention, il s'était placé devant la fenêtre et semblait observer la rue. Quoi dans la rue, c'était une excellente question. Il ne se passait jamais rien à Privet Drive. Légèrement refroidi par le fait de ne pas savoir où Snape voulait l'amener, Harry se demanda s'il ne devrait pas exiger qu'il réponde. Après tout, Dumbledore ne lui avait envoyé aucun courrier. Personne ne l'avait averti que Snape devait venir le chercher… Ca pouvait très bien être un piège…
Tout à ses réflexions, il butta sur le pied du lit et s'il réussit à ne pas totalement se ridiculiser en s'écroulant au sol sous le regard narquois de son professeur, les livres eux s'envolèrent pour échouer sur le parquet dans un vacarme relativement retentissant dans le silence nocturne. Harry se figea. Une seconde pas plus. Les habitudes ancrées ne disparaissaient heureusement pas. Il ramassa rapidement les livres alors qu'une porte claquait plus loin dans le couloir et les jeta dans la malle.
« Il faut partir, Professeur. Maintenant. »
Il se foutait pertinemment du regard furibond que lui renvoyait l'homme. Oui, il donnait des ordres mais tout valait mieux que Vernon Dursley et Snape dans la même pièce. Là, il pouvait carrément envoyer une invitation à Voldemort et la coupe serait pleine. Peut-être qu'eux trois s'entretueraient ?
Les pas lourds se rapprochaient de la chambre et Harry claqua violemment le couvercle de la malle. Rien à faire, elle refusait de se fermer, c'était trop mal rangé. Il ne tenta même pas de refouler la vague de panique qui montait dans sa poitrine. Oncle Vernon allait le tuer et Snape allait se régaler du spectacle.
« Puis-je savoir ce qui se passe, Potter ? »
Il détestait le sarcasme évident dont Snape faisait toujours preuve envers lui mais il était prêt à passer au dessus s'il l'emmenait loin d'ici. Merlin, il le laisserait même le livrer à Voldemort si ça signifiait quitter Privet Drive. Soudain, l'ambiance pensante et hostile était oppressante et lui était insupportable.
Il leva la tête vers son professeur, décidé à expliquer l'urgence d'une façon ou d'une autre, mais déjà le verrou tournait dans un bruit caractéristique qui provoqua chez Snape, une perplexité évidente. La porte s'ouvrit violemment, révélant Vernon Dursley qui, dans son pyjama gris, invoquait l'image d'un pachyderme en furie.
« Sale petit rat… » marmonna son oncle en pénétrant dans la pièce comme une tornade. « Toujours à empêcher les honnêtes gens de dormir. »
Harry eut la présence d'esprit de s'écarter de la trajectoire de Vernon, qui se précipitait sur lui, la main déjà levée. Il était évident que l'homme n'avait pas prévu ça et il manqua s'étaler de tout son long. Trébuchant, soufflant comme un bœuf, il foudroya le garçon du regard et fit un pas menaçant vers lui.
« Tu vas regretter… »
Cherchant activement une idée, il chercha instinctivement sa baguette qu'il avait glissée dans la poche arrière de son pantalon de son jean. Il n'eut pas le temps de la sortir, une main avait agrippé son épaule et le poussa en arrière sans aucune douceur. Snape, qu'il avait complètement oublié et que son oncle n'avait pas encore remarqué, se retrouva entre Vernon et lui. Et pour la première fois de sa vie, il fut content d'être en présence de son professeur.
Snape n'ouvrit pas la bouche. Il se contenta de fixer le Moldu de son regard froid et méprisant jusqu'à ce que Vernon, n'y tenant plus explose.
« Qui êtes-vous et que faites-vous dans ma maison ?! »
A peine si le professeur leva un sourcil. Harry distingua parfaitement en revanche le léger coup négligeant que Snape fit avec sa baguette. Son oncle se figea et tomba raide sur le sol, dans la position caractéristique du sortilège du saucisson, Harry jeta un coup d'œil impressionné au Mangemort. Sortilège informulé. Il ne devrait pas être si surpris… Il oubliait souvent qu'il était un très puissant sorcier. Dangereux aussi…
« Prêt, Potter ? » demanda-t-il l'air de rien, ignorant ostensiblement l'homme qui leur jetait des regards haineux.
« Euh… » Harry s'arracha à la contemplation de son oncle. « Presque. »
Il se précipita vers la malle, grimaçant légèrement à la tirade que lâcha Snape selon quoi il était inapte à faire la plus petite chose qu'on lui demandait. Encore une fois, comme pour Vernon, répondre lui aurait attiré plus d'ennuis que faire le dos rond. Et il pouvait supporter les insultes de cet homme tant qu'elles ne visaient pas les Maraudeurs.
« Vernon ? » appela la désagréable voix de Pétunia Dursley du couloir, suivi par les bruits de son pas rapide.
Curieusement, ce fut le moment que choisit Snape pour grogner.
« Ca suffit, Potter. Poussez-vous. »
Il l'écarta un peu brutalement de sa malle et agita sa baguette en marmonnant un sort qu'Harry aurait volontiers appris. Aussitôt, le contenu de sa malle s'ordonna impeccablement. D'un côté les vêtements, de l'autre les livres et les autres objets.
« Merci. » dit Harry, légèrement étonné.
Mais déjà Snape faisait disparaître sa malle et son balai. Une seconde plus tard, Hedwige subissait la même chose dans un hululement courroucé. Trop tard cependant, pour qu'ils évitent le cri de Pétunia.
« Vernon ! » s'exclama la femme en se précipitant auprès de son mari. « Qu'as-tu fait, espèce de… » Elle leva la tête, cherchant probablement Harry et s'interrompit en rencontrant le regard de Snape. « Toi ! » cracha-t-elle.
Harry tourna violemment la tête. Aucune confusion possible, il était trop loin du Mangemort, ça s'adressait bien à Snape. Mais… c'était impossible ! Comment la Tante Pétunia pourrait-elle le connaître ? C'était…
« Monstre ! » s'écria-t-elle. « Abomination ! »
« Potter. » appela calmement Snape sans prêter grande attention à la femme qui se relevait pour lui faire face, le visage rouge de rage.
Mais Harry ne bougea pas. Il y avait là quelque chose d'anormal. Jamais Pétunia n'aurait dû le connaître. Pétunia haïssait la magie, haïssait l'anormalité…
« Tu es la dernière personne que je m'attendais à voir avec le garçon. » siffla-t-elle avec agressivité, puis elle inclina la tête. « A moins que tu ne veuilles le tuer ? Mettre fin à sa pitoyable existence… »
L'adolescent étudia sa tante avec attention, loin d'être blessé par ses paroles. Ce n'était pas la première fois qu'elle le menaçait de mort ou lui faisait remarquer qu'il ne méritait pas de vivre. Non… Ce qui était stupéfiant, ahurissant… C'était qu'elle connaissait Snape. Snape. Un Mangemort. Un anti-moldu… du moins dans sa jeunesse. Pour le présent, il ne savait toujours pas que croire.
« Oh, je suis certain que sa pitoyable existence a beaucoup d'importance pour toi, n'est ce pas ? » railla le professeur, comme par réflexe, avant de secouer la tête et de foudroyer Harry du regard. « Potter. Venez-ici. »
Il fit un pas vers lui mais Harry recula, focalisant son attention sur sa tante.
« Tu le connais ? » demanda-t-il avec méfiance. A la réflexion, il n'avait aucune envie de finir comme animation pour Voldemort ce soir. Le visage de Cédric passa dans sa tête et il se força à se concentrer.
« Comment, Severus… » Harry frissonna. Jamais encore Pétunia n'avait fait preuve d'autant de haine et de mépris mêlés. Et vu la façon dont Snape flancha légèrement à l'emploi de son prénom, il le ressentit aussi clairement que lui. « Tu ne lui as pas dit ce que tu as fait ? Comment tu as transformé Lily en abomination ? »
« Ca suffit ! » tonna le professeur et par un réflexe –ou un instinct de survie- durement acquis pendant les cours de potion, Harry baissa la tête et se résolut à faire ce qu'il lui demanderait. Il ne tenait pas à mourir aujourd'hui. Il était dommage que Pétunia n'ait jamais étudié sous son égide… Son petit rire moqueur retentit dans la pièce, étrangement déplacé.
« Son fils, Snape. » continua-t-elle. « Comment peux-tu l'approcher… Tu n'as donc aucun amour propre ? Pitoyable. » jugea-t-elle une seconde plus tard, avec dégout. « Tu as toujours été pitoyable. »
Harry ne savait pas ce qu'il devait comprendre, déduire… De qui parlait Pétunia ? De son père ? De sa mère ? Son père plus vraisemblablement… Snape ne savait probablement même pas qui était sa mère lorsqu'ils étaient à l'école. Elle n'était après tout à ses yeux qu'une sang-de-bourbe de plus… Mais elle avait mentionné Lily… Lily que Snape aurait transformée en abomination…
« Tais-toi. » ordonna sèchement Snape, et les ondes de fureur et de haine qui irradiaient de lui étaient telles qu'Harry s'en sentit presque physiquement malade. Pétunia tressaillit mais il était clair qu'elle n'en avait pas fini, elle ouvrait déjà la bouche…
Aucun son ne leur parvint. Harry s'effraya. Snape n'avait pas parlé, n'avait pas bougé sa baguette… Il semblait lutter pour retrouver le contrôle de lui-même et il avait beau être presque à l'autre bout de la pièce, il sentait les vagues de magie qui émanaient de lui, brutes et sauvages.
« Tu as toujours été une idiote, Pétunia. » déclara-t-il une minute plus tard, sa voix ayant retrouvé cet accent velouté qui dissimulait le plus souvent une fermeté sans pareille. Son regard noir et brillant se braqua sur lui.
« Potter. » persiffla-t-il. « Incapable d'obéir à un simple ordre. Vous vous estimez trop bien pour suivre mes instructions ? »
« De quoi parlait-elle ? » répondit-il, ignorant la colère croissante de son professeur. « De quoi parlait ma tante ? »
Cette fois, il n'eut pas le temps de reculer quand Snape se précipita sur lui, ses robes claquant derrière lui. La seule chose dont Harry fut conscient fut de la poigne de fer qui s'abattit sur son épaule puis d'une sensation atrocement désagréable, comme s'il était aspiré, démembré. Il ne se remit que plusieurs minutes après que le Mangemort l'ait lâché et se redressa aussitôt, envoyant un regard noir à l'enseignant.
« Que m'avez-vous fait ? »
Il ne chercha à contrôler ni la colère qui l'habitait, ni la rage qui naissait dans ses entrailles. Quel était le lien de Snape avec Lily ? Qu'avait-il fait à sa mère ? Pétunia avait clairement sous-entendu qu'il lui avait fait quelque chose… et connaissant Snape, ça ne pouvait être que du mal.
« Vous venez de prouver une nouvelle fois que tout ce qui sort de votre bouche n'est qu'idiotie. » répliqua l'homme. « Et ne vous avisez plus de me parler sur ce ton, Potter. »
Il s'apprêtait à répondre qu'il n'avait pas à lui donner d'ordre quand il réalisa enfin que le décor qui les entourait avait changé. Ils n'étaient plus à Privet Drive mais dans une ruelle sombre.
« Où sommes-nous ? » demanda-t-il avec méfiance.
« Londres. » répondit-il simplement, fouillant dans sa poche à la recherche de Merlin savait quoi.
« De quoi parlait Tante Pétunia ? » attaqua-t-il alors.
La main qui tenait à présent un papier se ferma en un poing rageur qui froissa le bout de parchemin. Son regard glacé se planta dans le sien, et Harry dut se faire violence pour ne pas détourner la tête. Jamais encore Snape ne lui avait paru aussi menaçant.
« Rien qui ne vous concerne, Potter. Suis-je assez clair ? »
L'adolescent déglutit, réalisant qu'ils étaient dans une ruelle obscure et probablement isolée et que si Snape décidait de l'assassiner ici, personne ne viendrait jamais l'y chercher… Il était regrettable que ce soit Hermione qui fasse toujours la partie 'réflexion' lors de leurs petites aventures.
« Il était question de ma mère, donc ça me regarde, Professeur. »
Il appuya sur le titre avec tout le dédain dont il pouvait faire preuve, lui faisant comprendre tout le peu de bien qu'il pensait de ses capacités d'enseignant.
« Je vous ai demandé de vous taire, Potter. » grinça Snape avant de lui fourrer le papier dans les mains avec brutalité. « Lisez ça. Pas à voix haute. »
Il jeta par réflexe un coup d'œil au papier où l'écriture soignée de Dumbledore indiquait Douze Square Grimmaurd. Il s'en désintéressa aussitôt, y trouvant peu d'intérêt et allait le mettre dans sa poche quand les doigts fins du Maître des Potions le lui vola, sans commenter mais en lui faisant clairement comprendre qu'il était un idiot. Refusant de se laisser distraire, il emboita le pas à Snape qui s'éloignait vers l'entrée de la ruelle.
« De quoi parlait… » Sa voix résonna curieusement dans la nuit.
« La ferme, Potter. » répliqua le chuchotement rageur du professeur. « Essayez-vous de nous faire tuer ?! »
Il attrapa son bras et l'entraîna plus vite en direction d'une maison de bonne taille, plutôt délabrée. Il se dégagea à peine avaient-ils posé le pied sur la première marche du perron.
« Avec tout le respect que je vous dois, Monsieur… » Et soyons honnêtes, il en avait peu. « Vous ne pouvez pas m'obliger à me taire et je veux une réponse. »
Le sourcil que leva Snape associé à son regard noir indiquait clairement qu'il pouvait l'obliger à se taire d'une centaine de façon différente. Il refusa néanmoins de se sentir intimidé et croisa les bras sur la poitrine.
« Je n'avancerai pas tant que vous ne m'aurez pas répondu. »
Snape soupira et continua à monter les marches. Harry se demandait vaguement s'il allait vraiment le planter là. Il s'y attendait à vrai dire. Pourtant, le Professeur finit par se retourner et planter son regard dans le sien. Quand il parla, c'était presqu'un murmure.
« Lily et moi étions amis. Avant Poudlard. » Il leva la main quand le garçon ouvrit la bouche, et sa voix redevint aussi ferme que d'habitude. « C'est tout ce qu'il y a à dire et plus que ce qui vous regarde. Pétunia a toujours été une harpie. »
La dernière remarque amena un sourire aux lèvres d'Harry mais il disparut bien vite. Snape et sa mère avaient été amis ? Il ouvrit la bouche pour demander davantage d'informations, de détails, de… Mais il se reprit aussitôt. Snape n'était pas comme Sirius ou Lupin. Snape n'était pas et ne pourrait jamais être considéré comme un ami qu'il pouvait interroger à loisir. Poser une autre question maintenant ne servirait à rien d'autre qu'à se faire réprimander. Il monta donc les marches et attendit que le Professeur ouvre la porte. Néanmoins, la main de l'homme resta quelques secondes de plus que nécessaire sur la poignée.
« Pourquoi y avait-il un verrou sur la porte de votre chambre, Mr Potter ? »
Un instant, Harry hésita à répondre franchement. Que les Dursley ne l'aiment pas n'était pas un secret et Snape devait probablement être déjà au courant. Il cherchait probablement à faire le plein de matériel à insultes pour plus tard… Il haussa simplement les épaules, pensant que ça clorait la conversation. Mais quand il fut évident que Snape attendait une réponse, la colère reprit sa place habituelle dans sa poitrine.
« Ca ne vous regarde pas. Monsieur. » grinça-t-il.
Le Mangemort le dévisagea quelques secondes puis sembla se désintéresser de lui.
« Très bien. » concéda-t-il et il ouvrit la porte, pénétrant dans le vestibule.
Harry le suivit avec curiosité. Ou étaient-ils ?
« Qu'est-ce que tu as encore fabriqué, Servilus ?! Ses affaires sont arrivées il y a plus d'une heure ! Si jamais tu lui as fait du mal… »
Reconnaissant avec joie la voix de son parrain, Harry dépassa Snape pour se jeter dans les bras de l'Animagus.
« Sirius ! »
L'étreinte fut courte. Il se repoussa, sortant sa baguette dès que des cris stridents retentirent dans le couloir. Il mit quelques secondes avant de comprendre d'où venait la voix et abaisser sa baguette.
« TRAITRES A VOTRE SANG ! SANG DE BOURDE ! DES SANG DE BOURBE DANS MA MAISON ! »
« Bien joué, Potter. » soupira Snape avec lassitude avant d'agiter vaguement la main devant le portrait de la vieille femme qui hurlait ces insanités. L'épais rideau retomba et le silence avec lui.
« Je suppose que, malgré ton inutilité criante, tu peux t'occuper de lui, Clébard ? » demanda le professeur des potions avec dégout, sans regarder Sirius en face. Il se dirigea vers le grand escalier devant eux sans non plus attendre de réponse.
Ignorant les marmonnements insultants de Sirius, Harry lui sourit.
« Sirius, où sommes-nous ? »
Son parrain lui ébouriffa les cheveux, visiblement ravi de le retrouver. Avec un serrement au cœur, il réalisa que c'était la première personne qui lui manifestait un intérêt quelconque depuis deux mois.
« La demeure familiale des Black. » répondit-il, pourtant sans fierté. « Mais pour le moment, elle sert surtout de… »
« Harry ! »
Le joyeux cri coupa son parrain et avant qu'il ait compris ce qu'il se passait, ses bras étaient plein d'Hermione, Ron lui serrait l'épaule à lui faire mal avec un grand sourire, derrière lui les jumeaux lui adressaient de grands signes, Molly et Arthur Weasley attendaient leur tour pour l'étreindre et bien qu'il y ait plusieurs autres personnes qu'il ne connaisse pas encore, sur la première marche de l'escalier, Lupin lui sourit.
« Bienvenue au quartier général de l'Ordre du Phoenix, Harry. »
A suivre...
Rewiew?