Titre : A Fleur De

Paring : Bella / Edward - entre autres ;) -

Rating : M pour la suite T pour les premiers chapitres.

Genres : Humour / Romance. Même s'il y a des sujets un peu moins drôles.

Résumé : Ils ne s'aiment pas. Ils ne se détestent pas vraiment. En fait, c'est beaucoup plus profond que ça. E/B All human UA

Rythme de publication : Ce sera normalement le Mercredi

Dédicaces : Je dédie mon travail à ma deuxième paire de mains, Effexor, parce que pour le moment, je suis satisfaite de ce que j'ai fait pour cette histoire et parce qu'elle le vaut largement.

A Dam's qui m'a inspiré la possessivité à outrance d'Edward.

Et à Toi dont les défauts m'inspireront toujours...


Note :

Bonjour, bonjour.

Vous êtes beaucoup à être impatients à lire cette nouvelle fic, et comme le dernier chapitre de Prête à tout se fait désirer - il est en cours d'écriture - et que le 17 ème chapitre de cette fic-là a été entamé cette nuit - oui, on a pris beaucoup d'avance ;) - et aussi accessoirement parce que ça fait plus de 15 jours qu'on n'a pas updaté Prête à tout et qu'il faut bien vous faire patienter jusque là, je vous livre notre premier chapitre de A Fleur De.

Pour la petite histoire, cette fic devait être la suite de Prête à tout quand on en a eu l'idée... On voulait vous faire galérer - ainsi que Bella et Edward - mais après avoir tourné et retourné le problème dans tous les sens, on s'est dit que c'était plus possible parce qu'à force, ça allait être super lourd. Alors on a gardé quelques idées de notre projet initial et on est parties sur une toute autre histoire.

Vous verrez dans cette fic des couples... plus qu'inattendus, et des amitiés bizarres également ;) Alors ne criez pas au scandale, s'il vous plaît, vous savez bien qu'on adore faire des trucs hors du commun...

En espérant, comme toujours, vous faire plaisir, merci de passer par là, très bonne lecture et dîtes-nous ce que vous en pensez, bizouxxx !


Chapitre 1 : De choc


EDWARD

* * *

Ça vous est déjà arrivé de rencontrer une personne que vous ne connaissez ni d'Ève ni d'Adam, dont vous n'avez jamais entendu parler avant un petit peu plus tôt dans la journée, au cours d'une banale conversation avec la sœur de votre meilleur ami, avec qui vous entreteniez plus ou moins - surtout moins - une relation, du style « Alec va te présenter Bella » et de vous dire, dès que vos yeux se posent sur elle, pour une raison très obscure et ça, même si vous n'êtes pas du genre con prétentieux misanthrope ou macho, « ça ne passera pas » ?

Parce que c'est exactement ce qui s'est passé il y a précisément 4 heures et presque une demie heure.

* * *

6 heures et presque une demie heure plus tôt…

« Ça y est. Le grand jour est arrivé. » Me dit Jane d'un ton léger en sirotant son milk-shake à la vanille.

Je posai mon milk-shake au chocolat sur la table et détournai mon regard des couples qui se baladaient tranquillement dans Central Park.

Depuis quelques temps, c'était notre petit rituel du Mardi, après mon cours de piano. On venait s'asseoir à la terrasse du Strawberry Café et on observait les aller et venues des gens dans le jardin public le plus huppé de New York. On notait leurs habitudes, leur complicité, leurs gestes parfois trop tendres. Ce que préférait Jane, c'était prédire les séparations, selon elle, inévitables. Elle prétendait qu'on pouvait voir ce genre de choses par les regards, les attouchements, les attitudes.

En fait, on observait ce qu'on ne serait jamais, elle et moi, et on se félicitait pour notre option à la facilité. « La vie est assez difficile comme ça. Inutile de la compliquer encore plus avec les sentiments. » Disait-elle.

Je regardai son profil délicat de petite fille en porcelaine, les lunettes de soleil rouges en forme de cœur posées sur son nez fin, la mèche de cheveux blonds, presque blancs qu'elle remit délicatement derrière son oreille, le bout de langue qu'elle passa rapidement sur ses fines lèvres carmin pour récupérer les dernières gouttes sucrées quand elle se tourna vers moi avec un air mutin.

Elle avait toujours été comme ça.

Elle avait toujours aimé qu'on la regarde. Qu'on attende après elle. Qu'on lui donne toute notre attention.

Devant son silence, je finis par lever un sourcil et un sourire espiègle apparut sur ses lèvres.

« Alec. » Rajouta-t-elle en reportant son verre à sa bouche.

Alec, c'était son frère jumeau. Et mon meilleur ami depuis qu'on était tout petits, même si avec Jane, ils avaient grandi chez leur mère à Seattle, et qu'on ne se voyait que deux à trois fois par an. Nos pères étaient amis depuis la fac, et à part pour le sang, il était comme mon frère. En fait non. Il était mon frère. Aussi, ce fut avec une joie non dissimulée que je sus, trois ans plus tôt, qu'ils revenaient à New York pour leurs études supérieures, après un parlementé de plusieurs mois entre leurs parents.

« Et c'est qui ? » Demandai-je un peu brusquement.

C'était idiot, je le sais. Mais la possessivité avait toujours été l'un de mes défauts, surtout vis-à-vis de mes amis. Et le fait que je n'avais jamais entendu parler de cette fille ne me disait absolument rien qui vaille.

Puis, le couperet tomba, me glaçant littéralement.

« L'ange de sa vie depuis 4 ans aujourd'hui, jour pour jour. Il lui a d'ailleurs demandé d'emménager avec lui pour fêter l'évènement. Répondit-elle avec une petite mine de dégoût.

_ L'ange de sa vie ? Répétai-je lentement.

_ Hmmm…

_ Depuis 4 ans.

_ C'est bien, tu assimiles vite. »

Je lui lançai un regard noir et posai une nouvelle fois mon verre. C'était quoi ce bordel ?

Depuis quand Alec voyait-il quelqu'un et depuis quand me cachait-il des choses ?

« C'était pour ça le milk-shake au chocolat ? Pour m'aider à encaisser le choc ? Marmonnai-je.

_ C'était pour parer à toutes éventualités.

_ Pourquoi ne m'en a-t-il jamais parlé ?

_ Il voulait attendre le bon moment, j'imagine.

_ Et il ne l'a pas trouvé en 4 ans ? Grognai-je.

_ Je savais que tu réagirais comme ça. Pouffa-t-elle, nullement décontenancée.

_ Apparemment tu as été la seule.

_ Tu sais bien qu'il a toujours aimé avoir son jardin secret.

_ C'est pas un jardin, là ! C'est une forêt ! Bon… C'est qui ?

_ Oh, une brunette qui a un goût douteux en matière de fringues, originaire de l'état de Washington, qui a un frère aîné du nom d'Emmett, maladroite comme pas deux, assez effacée, férue de littérature anglaise. Pas tout à fait irrécupérable à tes yeux, donc.

_ … Et tu sais tout ça parce qu'il t'en a parlé ou parce que tu la connais déjà ?

_ On a été au même lycée à Seattle. »

Je soupirai et passai une main nerveuse sur mon visage. Ça commençait à faire légèrement beaucoup pour moi.

Alors on récapitule : mon meilleur ami, que je croyais plus ou moins innocent jusque là, il fallait bien l'avouer, avait une copine depuis 4 ans - rien que ça - et avait décidé de me la présenter parce que c'était sans doute le bon moment pour lui.

« Et t'as intérêt à t'entendre avec elle. » Me dit Jane en regardant son portable. « Parce que hormis le fait que tu vas la voir dans 30 minutes, vous allez vous retrouver dans les mêmes cours à la fac, d'après ce que m'a dit Alec. De plus, comme tu es son meilleur ami, il attend beaucoup de votre future relation. Et il pense qu'elle sera parfaite pour toi. D'un point de vue purement amical, cela va sans dire. Bon… Maintenant que tu sais tout - ou presque - si on y allait ? J'aimerais bien passer chez moi en vitesse pour me changer. »

* * *

5 heures et presque une demie heure plus tôt…

« Attends. » Dit-elle en me prenant le poignet lorsque nous sortîmes de l'ascenseur, à l'étage où habitait Alec.

Je soupirai et me tournai vers elle alors qu'elle m'observait d'un œil critique. Elle se mit légèrement sur la pointe des pieds, passa ses mains dans ma tignasse qu'elle secoua énergiquement. Puis, elle défit un bouton de ma chemise et m'embrassa rapidement en souriant.

« Parfait. » Chuchota-t-elle en entrelaçant nos doigts.

Je roulai des yeux et me laissai entraîner vers la porte au fond du couloir, sur la gauche.

« T'es vraiment pire que Rose. » Marmonnai-je tandis qu'elle appuyait sur la sonnette.

Quelques secondes plus tard, Alec nous ouvrit, tout sourire.

« Hey, petite sœur ! » Dit-il en l'embrassant rapidement sur la joue.

Nous pénétrâmes dans l'appartement et je laissai malgré moi mon regard errer dans le salon où Demetri et Jasper étaient déjà affalés. Aucune trace de cette fille.

« Alors ce cours ? » Me demanda-t-il.

Je me tournai vers lui tandis que Jane la Traîtresse en profitait pour s'éclipser. Son visage était égal à lui-même. Impassible. Comme il l'avait toujours été.

« Joshua progresse. Répondis-je d'une voix morne, lui faisant comprendre que je savais ce qu'il me cachait.

_ Cool. Un conservatiste de plus à New York, alors. »

Je soupirai une nouvelle fois en haussant les épaules et me replongeai dans la contemplation de l'appartement. Où la cachait-il ?

« Tu… Commençai-je.

_ Mais c'est pas vrai ! Qu'est-ce qu'il fout ici le Sauvage ? » S'écria la voix furibonde de Jane.

D'un même mouvement, nous nous tournâmes vers la cuisine et la vîmes en sortir d'un pas raide, ses yeux ambrés lançant des éclairs, les sourcils froncés. Elle vint vers nous et se posta à mes côtés, en lançant un regard peu amène à son frère qui fit comme si de rien était. Quelques secondes après, un Indien d'au moins 1 m 90, colossale, sortit à son tour de la cuisine en riant, renfrognant encore plus Jane.

« Qu'est-ce qu'il fout là ? Siffla-t-elle à Alec sans quitter l'Indien des yeux.

_ Il emménage. Répliqua-t-il.

_ … Si tu t'es inscrit à une école du rire sans me le dire, je te conseille fortement d'abandonner. Qu'est-ce qu'il fout là ?

_ Mais je ne plaisante pas.

_ Jake ! Qu'est-ce que t'as encore fait ? »

Machinalement, au son de cette voix féminine que je connaissais pas, je me retournai et instantanément, mes sourcils se froncèrent. Ne me demandez pas pourquoi. Ne me demandez pas non plus pourquoi ma mâchoire se contracta alors que je la regardai traverser, pieds nus, dans une petite robe bleu roi, ses cheveux châtain rapidement relevés, le salon jusqu'à l'Indien, toujours hilare.

« Mais rien ! J'ai juste voulu lui faire la surprise en me cachant dans la cuisine.

_ Il a posé ses sales pattes sur moi ! » Grogna Jane, en se collant un peu plus contre moi comme si elle espérait que je réplique.

À ce moment-là, la fille se tourna vers nous et rougit en croisant mon regard sur elle avant de baisser les yeux.

« Dis que je suis un pervers pendant que t'y es !

_ Exactement. Siffla Jane.

_ Bon, ça suffit ! » Dit Alec en se dirigeant vers la fille.

Elle lui sourit quand il passa son bras autour de sa taille puis fit de même avec lui. Alec se tourna vers moi et l'expression de son visage me figea un peu mais Jane ne s'en rendit pas compte, trop occupée à fusiller l'Indien du regard.

« Edward, laisse-moi te présenter une personne qui compte beaucoup pour moi ; Bella Swan. » Déclara-t-il avec un petit sourire.

Ils vinrent vers moi. Je n'avais toujours pas décroché un mot. Je ne l'avais toujours pas lâchée des yeux non plus, d'ailleurs.

Elle me tendit une petite main très blanche, incertaine, que je pris par réflexe et serrai rapidement avant de la relâcher presque aussitôt, comme si elle m'avait brûlé. Elle rougit encore un peu en plongeant ses yeux dans les miens et esquissa un sourire tremblant.

« Alec m'a beaucoup parlé de toi. » Me dit-elle.

Façon classique d'engager la conversation.

J'échappai un rire nerveux en détournant mon regard.

« Je ne peux pas en dire autant, désolé. »

J'entendis quelqu'un soupirer et j'étais incapable de dire si c'était Alec ou Jane. Prétextant vouloir dire bonjour aux autres, je me dérobai et allai vers le canapé.

« Edward ! Ça fait longtemps ! Fit Demetri avec un grand sourire.

_ Trois jours. Répondis-je en souriant à mon tour.

_ C'est bien ce que je disais ! Comment va Rosalie ? »

Je haussai des épaules, peu désireux de répondre à sa question.

Il y avait encore quelques mois, lui et Rose - ma sœur - formaient un couple uni jusqu'à ce qu'elle le quitte pour des raisons connues d'elle seule, le laissant anéanti.

« Alors c'est toi le meilleur ami de New York ? » Me demanda une voix joviale.

Je tournai la tête et vis l'Indien se laisser tomber à côté de moi en m'observant.

« Jacob. Se présenta-t-il en me tendant la main.

_ Edward. Répondis-je en lui prenant.

_ Je suis le meilleur ami de Bella. Je sens qu'on va bien s'entendre, j'ai un bon feeling.

_ Bas les pattes, Peau Rouge, tu vas le salir. Siffla Jane en s'asseyant sur mes genoux.

_ Tu sors avec « ça », Edward ? T'as peur de rien.

_ C'est toi qui n'as peur de rien en m'appelant « ça ». Grogna Jane en enlaçant mon cou.

_ Moi être issu de grand peuple. Moi avoir grands pouvoirs magiques donc moi pas craindre Petite Vipère Blanche. » Répliqua-t-il avec un grand sourire.

Jane se renfrogna alors que Alec et sa copine s'assirent sur le canapé deux places qui faisait angle au nôtre. Je croisai un instant le regard de mon meilleur ami et me tournai vers Jacob, bien décidé à lui faire comprendre que je lui en voulais et qu'il ne s'en sortirait pas comme ça.

« Depuis quand vous vous connaissez ? Demandai-je à l'Indien suffisamment fort pour que Alec m'entende.

_ Oh, on ne se connaît pas. Répliqua l'Indien en regardant Jane.

_ Plutôt crever. Marmonna celle-ci.

_ Alors à quand remonte votre rencontre ?

_ A plus de trois ans. Quand j'ai emménagé dans l'immeuble de Bells, à Washington. En fait, Bella et moi nous connaissons depuis que nous sommes tout petits et elle m'a convaincu de poursuivre mes études supérieures pour être designer automobile. Et me voilà !

_ On n'a pas besoin de connaître ta vie. Soufflai Jane en prenant un verre de jus de kiwi sur la table basse.

_ Attention ! Il va s'envoler ! » Se moqua-t-il.

Elle se trémoussa sur mes genoux, à cran et je passai distraitement une main dans son dos en souriant à mon tour. Ce mec ne devait pas tenir à la vie.

Je sentis un regard sur moi et relèvai instinctivement la tête pour croiser le regard noisette de la copine d'Alec. Mon sourire fondit comme neige au Soleil et elle se détourna précipitamment, les joues un peu rouges.

« On n'attend plus personne ? Demanda Jane.

_ Le frère de Bella est de garde ce soir et Rose a eu un empêchement de dernière minute. » Répondit son frère.

Empêchement du nom de Demetri…

« Et Lili ?

_ Peut-être qu'elle passera, mais c'est pas sûr. »

Les autres commencèrent alors à parler de la rentrée qui avait lieu dans une semaine et j'en profitai pour envoyer un message à ma sœur pour savoir si c'était bien à cause de son ex qu'elle ne venait pas. Moins d'une minute plus tard, je reçus la réponse.

« Oui et non. On se fait un ciné avec Lili et Tanya. Désolée petit frère. Bonne soirée. R. PS : Sois gentil… »

« Alors il paraît que tu entres en quatrième année de Lettres. »

Jane et Alec allèrent dans la cuisine et je croisai une nouvelle fois le regard noisette. Elle remit une mèche de son chignon derrière son oreille et je haussai des épaules en remettant mon portable dans la poche de mon jean.

« Ouais. » Marmonnai-je.

Elle me fit un sourire incertain et passa nerveusement ses mains sur sa robe, comme si elles étaient moites, la relevant un peu sur ses jambes fines et pâles.

« Moi aussi. » Enchaîna-t-elle.

Je me penchai sur la table et saisis un verre de Coca, histoire d'avoir une bonne raison pour ne pas lui parler plus que nécessaire. Je ne savais pas pourquoi, mais cette fille, je ne la sentais pas. Un sixième sens.

« Tu es un grand pianiste, d'après Alec. » Tenta-t-elle une nouvelle fois.

Pour toute réponse, je bus une gorgée.

« Ok… » Souffla-t-elle.

Je fis comme si je n'avais pas entendu et m'apprêtai à me lever quand Alec revint avec deux pizzas extra larges dans les mains. Je lui jetai un regard peu amène - le premier depuis que j'étais arrivé - et il fronça légèrement des sourcils en me faisant un signe de la tête vers la cuisine. Il caressa légèrement la joue de sa copine qui baissa les yeux et tourna les talons.

Sans un mot, je me levai et le suivis. Jane sortit de la pièce au moment où j'y entrai.

Alec était appuyé contre le plan de travail, les bras croisés, visiblement pas très ravi. Je poussai la porte et allai me poster contre le mur à son opposé. Un moment passa dans le silence le plus total, tout deux les yeux dans le vide, quand il me demanda :

« T'as un problème ? »

Je levai les yeux, halluciné.

« J'espère que tu plaisantes, là. » Dis-je d'une voix faussement calme.

Il me lança un regard calme et froid.

« Tu peux m'expliquer ton comportement avec Bella ? »

Je plongeai mon regard dans ses yeux ambrés et un rictus amer déforma ma bouche.

« Tu me la sors comme ça sur un plateau d'argent, tu ne croyais pas que j'allais sauter de joie ?

_ Tu n'as pas le droit de la traiter de cette façon ! S'emporta-t-il soudain.

_ Et toi tu n'avais pas à me cacher ça ! Répliquai-je sur le même ton.

_ Je ne savais pas comment te parler d'elle ! Elle… est spéciale. Pour moi.

_ Ah bon, j'avais pas deviné ! Répondis-je en retour, sarcastique.

_ Si t'avais compris, tu ne peux pas pousser ta perspicacité et te demander pourquoi je ne te l'ai pas présentée ? J'avais justement peur que tu réagisses comme ça avec elle !

_ Ça fait quatre ans, Alec ! Quatre putain d'années que t'es avec cette fille, que tu ne l'as jamais évoqué dans une de nos conversations ! Et tu veux que je l'accueille avec un grand sourire ?! Tu me prends pour un con ?

_ Mais de toutes façons, Edward, c'est toujours comme ça avec toi ! Je te l'aurais présentée au bout de six mois, tu lui aurais trouvé un tas de défauts ! La vérité, c'est que tu ne penses jamais qu'à toi !

_ Ne me parle pas d'égoïsme ! Parce que sur ce coup, t'es vraiment très très mal placé !

_ Peut-être, mais moi, je reconnais mes torts ! J'ai repoussé le moment de te la présenter, et je le regrette maintenant ; mais ça ne justifie pas que tu la traites mal, elle. Que tu m'en veuilles, c'est une chose ; mais elle, elle ne t'a rien fait !

_ … Arrête de vivre dans ton monde parfait. Ta sœur a raison ; à force de t'enfermer dans ton jardin secret, tu deviens trop naïf. Quand on était petits, ça ne posait pas de problème, mais maintenant, tu es adulte.

_ Mais qui te parle d'un monde parfait, Edward ? » S'agaça-t-il. « Comment tu veux qu'il le soit, alors que mon supposé meilleur ami n'est pas foutu d'accepter ma copine !

_ Tu veux que je l'accepte ? Parfait ! » M'écriai-je en sortant en trombe de la cuisine.

Je me dirigeai à grands pas vers la brunette, les autres n'ayant apparemment pas remarqué que le ton était monté dans la cuisine, à part sans doute Jane vu le regard qu'elle me lança, et m'assis à côté de Bella qui discutait avec son meilleur ami.

« Alors… Bella, c'est ça ? Il paraît qu'on va partager la plupart de nos cours ? » Lui demandai-je avec un faux sourire qui semblait vrai.

Alec arriva, et Jane me regarda les sourcils froncés, mais je ne lui accordai aucune attention, concentré sur les yeux noisette surpris qui me faisaient face.

« Il paraît » Répondit-elle d'une voix incertaine.

Je lui souris.

Je savais le faire, même quand je n'en avais pas envie. Je savais le faire et faire en sorte que ça paraisse vrai. Et naturel. Comme à ce moment-là.

Je m'appuyai contre le dossier du fauteuil, sans la quitter des yeux.

J'essayai de voir pourquoi il l'avait choisie, elle.

Elle était jolie, oui. Mais pas au point de me la cacher pendant 4 ans.

4 ans… Je n'arrivais toujours pas à y croire.

Elle ne me quittait pas non plus des yeux.

Elle faisait face.

Elle me jaugeait.

Peut-être même évaluait-elle mon honnêteté.

« Et c'est pour faire quoi, une fois tes études finies ? »

Elle ne répondit pas de suite.

Elle regarda Alec qui était debout derrière moi, je le sentais.

Il était sur ses gardes ; il me connaissait bien…

Jane non plus ne me lâchait pas du regard… Mon sourire s'agrandit.

« Dans l'édition, je pense. » Répondit-elle, toujours incertaine.

J'acquiesçai en silence.

J'aurais dû m'en douter ; conversation classique, orientation professionnelle classique.

« Et toi ? Me demanda-t-elle en rougissant un peu.

_ Journalisme. Et donc, tu…

_ Edward ! Je peux te parler, s'il te plaît. »

Je me tournai vers Jane qui me lança un regard perçant et qui se leva sans un mot de plus, droite comme un piquet. Ce qui voulait dire que ça allait être ma fête…

Je fis mine d'être surpris et me levai à mon tour.

Quand je passai à côté de lui, Alec m'observa en fronçant les sourcils, mais ne fit aucun commentaire. Je me dirigeai vers la cuisine, et à peine eus-je franchi le seuil de la porte, qu'elle se referma d'un coup sec derrière moi.

« Tu vas arrêter ça tout de suite. »

Une nouvelle fois, je jouai la carte de la surprise. Pas assez bien pour elle apparemment.

« Tu n'as jamais su être un parfait hypocrite, alors arrête ça.

_ C'est vrai que je n'ai pas ton talent. Répondis-je avec un sourire amer.

_ On est doué ou on ne l'est pas… Mais là, ce que tu fais, ça ne te ressemble pas.

_ De me cacher des choses, ça ne lui ressemble pas non plus !

_ Si je suis hypocrite, lui, il est égoïste. On est jumeaux, on est donc complémentaires.

_ C'est tout ce que tu avais à me dire ? Parce qu'il faut que je continue à faire connaissance avec ma belle-sœur de cœur… »

Elle plissa des yeux et se rapprocha de moi. Je la regardai faire, totalement indifférent.

« Ne fais pas ça. Tu joues gros sur ce coup.

_ Je joue rien du tout.

_ Si et tu le sais ! »

J'ouvris la bouche pour répondre quand la porte s'ouvrit brusquement sur Demetri.

« Arrêtez vos cochonneries, on passe à table ! »

Sans un regard pour Jane, je sortis de la cuisine, un nouveau sourire accroché aux lèvres.

Si elle, elle était hypocrite et Alec, égoïste, moi, j'étais têtu et je ne comptais pas en rester là…


BELLA



Quand je sortis de la douche, Alec était déjà couché. Je le rejoignis dans le lit tiède.

Je me couchai à son côté, sans mot dire.

C'est lui qui se tourna vers moi ; et je vis un éclat de tristesse dans ses yeux.

« Tu as passé une bonne soirée ? » me demanda-t-il.

Sa voix triste me serra le cœur, et je glissai une main sur sa joue.

« Oui, excellente. Tes amis sont très gentils. »

Puis je me rendis compte que ça ne servait à rien d'être hypocrite.

« Du moins, la plupart d'entre eux, me repris-je.

- Je n'ai jamais compris la façon d'agir d'Edward.

- Il ne m'apprécie pas, hein. »

Alec soupira, se cala sur le dos.

« Je ne sais pas. Ça m'étonne. J'aurais cru que si. Que vous vous entendriez.

- On ne peut pas s'entendre avec tout le monde.

- Mais tu sais… Vous avez des points communs. Regarde, vous ne vous connaissez même pas et vous allez faire le même master. Et puis… Ton caractère me rappelle le sien. C'est peut-être pour ça que je t'aime tant » rajouta-t-il en se tournant vers moi avec un petit sourire.

Je me surélevai et l'embrassai.

« Peut-être alors qu'on est trop pareils pour s'entendre. Deux caractères de merde, c'est sportif. Et puis, Alec… Il avait juste l'air déboussolé d'apprendre mon existence au bout de quatre ans. Laisse-lui un peu de temps.

- Il n'avait malgré tout pas à être aussi désagréable avec toi !

- Oh, ce n'était pas bien terrible tu sais. On peut le comprendre, quand même.

- Pourquoi le défends-tu ?

- Alec… Il est perdu, on ne va pas lui en vouloir pour ça ! Demain, j'essaierai d'arranger les choses entre nous. Et ce ne sera sans doute même pas difficile ! Après tout, il a l'air sympa quand il se donne la peine. La nuit l'aura apaisé. »

Alec avait l'air dubitatif.

« Si il t'aime tant que ça, il fera des efforts » le rassurai-je en caressant sa joue.

Il hocha la tête, malgré tout peu convaincu ; et passa les bras autour moi. Je souris, et m'assis à califourchon sur lui, puis me penchai pour l'embrasser.

* * *

Après l'amour, je restai sur l'épaule d'Alec, que je sentis s'endormir peu à peu ; ç'avait été parfait, comme d'habitude. Au fond de moi, je sentais qu'Alec… était le bon. Même si en le rencontrant, je n'avais pas beaucoup d'expérience… Juste un petit ami, avec lequel je ne m'étais jamais sentie assez bien pour… coucher avec lui. C'était au début du lycée, lors de ma Sophomore year (1), juste avant que je n'emménage à Seattle. Il s'appelait Brandon, et m'avait trompée en voyant qu'au bout d'un mois, il n'obtenait rien de moi. Quand j'y repensais, ça ne me faisait absolument plus rien ; mais je me souvenais qu'à l'époque, j'en avais pleuré au point que Jake, qui était déjà mon meilleur ami -mon frère de cœur-, avait été lui casser la gueule. Il avait toujours été grand et fort pour son âge ; ça n'avait pas été bien difficile.

Je soupirai, et me rappelai de l'année qui avait suivi. Je me levai en silence, et allai prendre un petit carnet dans mon sac. Mon journal intime de mes années lycée. J'allai à la cuisine et allumai la lumière.

Je l'ouvris au hasard.

Forks, 12 août 2003

Cher journal,

Mes parents ont divorcé. Le jugement a été prononcé aujourd'hui ; c'est décidé, ils ne reviendront pas en arrière.

Ma mère n'a pas oublié sa satanée idée de partir vivre à Seattle, et bien sûr je pars toujours avec elle. Je ne veux pas. Je ne veux pas quitter Forks, Charlie, et surtout pas Jake. Pourquoi elle ne pourrait pas me laisser au moins jusqu'à mon diplôme ? Telle que je la connais, elle va vouloir voyager.

Je vais donc changer de lycée ; je lui en veux.

Je souris en relisant ces quelques lignes. J'avais déjà un caractère bien affirmé, à l'époque. J'étais bien décidée à ne forger aucune amitié dans mon nouveau lycée.

Je continuai à feuilleter mon carnet.

Seattle, 3 septembre 2003

Cher journal,

Et voilà, j'entre en Junior year (2) dans ce lycée de Seattle où je vais passer le reste de ma scolarité. Il est toujours hors de question que je m'intègre ; je n'ai pas envie de me faire des amis dans ce bahut que je déteste déjà. C'est grand, et gris. Les autres fument, et passent leur temps sur leur portable ; ok, c'est lourd de n'avoir personne avec qui discuter. Mais ceux qui sont venus me parler, je ne les sens pas. Chewing-gum à la bouche, vêtements hyper moulants ou hyper tendance… C'est pas moi. C'est pas mon style. Ils l'ont compris, je crois.

En fait, pensai-je avec un petit rire, c'était surtout ma fierté -satanée fierté- qui à l'époque m'interdisait de faire un pas vers les autres. Ou d'accepter que eux fassent un pas vers moi ; après tout, j'étais la nouvelle, j'en avais eu des « Viens t'asseoir à notre table à midi » !

Il y a deux jumeaux à ce lycée. Un peu comme moi, dans leur bulle, à l'intérieur de laquelle, pas dur à comprendre, personne ne peut pénétrer. Ils sont tout le temps ensemble, sauf en cours ! Tout le temps eux deux, et nul autre. Ils sont bizarres.

Je secouai la tête. Oh oui, ces mystérieux jumeaux, Alec et Jane, m'intriguaient.

Le lycée où j'allais était plutôt petit, aussi n'y avait-il que deux classes de mon niveau. Et les profs séparaient systématiquement les jumeaux ; une manière d'essayer de les intégrer aux autres, je supposais. Cela ne fonctionnait pas.

Ils se retrouvent toujours au même endroit aux pauses, et ont leur table attitrée au self. Ce qui fait que dans chacune de mes classes, je suis soit avec l'un, soit avec l'autre.

J'essayais en général de m'asseoir à une table seule, en cours, me souvins-je. Comme eux. Ce n'était pas compliqué, les salles étaient plutôt grandes pour l'effectif d'élèves.

Il n'y a qu'en biologie avancée que je vais devoir faire binôme avec l'un d'eux. Le gars, Alec.

Je tournai quelques pages.

Seattle, 12 septembre 2003

Cher journal,

Ça y est, j'ai eu pour la première fois un TP de biologie. J'ai donc dû travailler avec mon binôme, Alec. L'un des deux jumeaux.

Ça ne s'est pas trop mal passé. Il m'a juste lancé un regard bizarre quand je me suis assise à côté de lui. J'étais gênée ; j'ai trébuché. Maudite maladresse… Mais après, il n'a plus rien fait. On s'est pas salués, et on n'a pas parlé de toute l'heure.

En me relisant, je me rendis compte qu'à l'époque à laquelle j'écrivais ce journal, je devais déjà tomber amoureuse d'Alec. Il était le seul que je mentionnais au fil des pages, de mon écriture de lycéenne. Jane, parfois ; quand il y avait quelque chose à dire.

Donc voilà, ça s'est mieux passé que ce que j'aurais pu croire. C'était pas un silence lourd, et on a l'air tous les deux d'avoir un bon niveau dans cette matière ; on n'a pas besoin de communiquer. Comme si on avait toujours bossé ensemble. C'est bizarre, mais au moins je ne me sens pas gênée avec lui.

Le plus bizarre, c'est à la fin du cours. Je rangeais mes affaires, et quand j'ai relevé la tête… Il me regardait. Je ne sais pas trop comment décrire ; il avait l'air pensif.

Je crois que j'ai rougi. Mais il a détourné la tête sans rien dire, et est parti.

C'était le jeudi de la semaine suivant la rentrée, soit dix jours après mon arrivée dans ce lycée.

Seattle, 13 septembre 2003

Cher journal,

C'est mon anniversaire aujourd'hui. 17 ans, chouette ! Je n'arrive même pas à m'en réjouir. Qu'est-ce que ça change ?

Cette journée a été spéciale, quand même. Et c'est pas à cause de mon anniversaire…

Ce midi, quand je suis arrivée au self, les jumeaux avaient changé de table, et s'étaient installés à celle que j'occupe depuis la rentrée. Ça n'a l'air rien, comme ça, et je me sens débile d'écrire ce genre de détail. Mais si un jour quelqu'un me lit… Il faut qu'il comprenne qu'Alec et Jane, c'est choquant de les voir briser leur routine. D'ailleurs j'étais pas la seule étonnée. Suffisait de voir les regards que leur lançaient les autres lycéens.

Enfin au début, j'ai fait comme si de rien n'était. Je me suis dirigée vers leur table à eux, vu qu'elle était restée vide. Et c'est là qu'elle m'a parlée.

Je relevai la tête de mon carnet, pensive. Je n'avais décrit que sommairement ce qui avait suivi, ce jour là, dans mon journal ; pourtant, je m'en souvenais comme si c'était hier.

*** Flash back ***

« C'est notre table. Personne ne s'y assoit jamais. » fait une voix que je ne connais pas.

Je me retourne vers la fille. Jane, jumelle d'Alec.

« Vous semblez avoir changé d'habitude, réponds-je d'un ton neutre.

- On t'a laissé la chaise que tu occupes d'ordinaire », réplique-t-elle simplement en me désignant la place vide à côté de son frère. Qui me regarde, aussi neutre qu'elle.

Je hausse les sourcils, étonnée. Mais viens m'y asseoir sans plus d'histoires.

Ils m'attirent, d'une certaine manière. M'intriguent.

Les autres élèves nous jettent des regards ébahis. Mais je me surprends à m'en foutre.

« Isabella Marie Swan. Italienne ? Me demande Jane.

- Non. Lubie de ma mère.

- Ta mère a eu d'autres lubies comme ça ? Des frères et sœurs ? Continue-t-elle.

- Non. Juste un poisson rouge, qu'elle a nommé Saupiquet, quand j'avais six ans. » fais-je, neutre.

Tant qu'à la jouer conversation futile, pourquoi pas ça ?

Jane et Alec sourient.

« Et qu'est-il devenu ?

- Mort, bien entendu.

- Jeté dans les toilettes ?

- Non. Je l'aimais beaucoup. Je l'ai enterré. »

Alec, qui n'a toujours pas décroché un mot, rit.

C'est la première fois que j'entends un son émanant de lui, je me rends compte. Il surprend mon regard curieux.

« Tu me croyais muet ? » me demande-t-il d'une voix…

Magnifique.

Je frissonne, et le détaille pour la première fois.

Il est d'une beauté… étonnante. Grand, assez fin mais musclé. Des cheveux châtain, coiffés d'une manière irréprochable, et aux nuances qui lassaient rêveur. Mais ce qui rend sa beauté surnaturelle, c'est ses yeux. D'une chaude couleur que je n'arrive pas à déterminer. Un noisette très clair ? De l'or en fusion ? Je me décide finalement pour une chaude couleur ambre aux reflets changeants. Et son regard est… hypnotisant.

Je me détourne, gênée.

« J'avais des doutes » fais-je en piquant quelques légumes du bout de ma fourchette, dans mon assiette.

Je jette un regard à la dérobée à sa sœur. Elle a des cheveux un peu plus clairs que lui, mais tout aussi chatoyants. Et les mêmes yeux étonnants. En revanche, elle est plutôt petite, et toute menue. Très belle, aussi. J'ai l'impression de faire tâche, à leur côté.

*** Fin du flash back ***

Notre conversation resta tout aussi neutre ; et à la suite de ce repas, je ne fus plus jamais seule. Le cours d'après, je le partageais avec Jane, et quand j'avais voulu regagner ma table vide, elle m'avait attrapée par le poignet pour m'entraîner à la sienne.

Je ne sais pas si je peux dire qu'en deux ans au lycée, nous devînmes tous trois de grands amis. Notre groupe n'était pas… banal. Jane et Alec ne s'enfermaient plus dans leur bulle quand j'étais avec eux, mais ne s'ouvraient pas comme le font les ados lambda. Nous ne parlions quasiment jamais de choses personnelles. Ils ne me demandèrent les raisons de mon déménagement que quelques mois après notre rencontre, d'un ton neutre. Comme pour… faire connaissance. Peu à peu. Je leur avais répondu en haussant les épaules. Les histoires classiques de divorce et déménagement.

Je me replongeai dans la lecture de mon journal.

Seattle, 16 août 2005,

Cher journal,

Ça y est, on est diplômés. Tous les trois.

J'ai peur. Cher journal, j'ai peur que… nos chemins ne se séparent définitivement. D'autant que Jane et Alec ont été acceptés à l'université de New York, et moi à Washington.

Je relevai la tête. C'était ce jour-là que j'avais compris que je m'étais réellement attachée à eux, et à l'amitié particulière qu'ils m'offraient.

Seattle, 17 juillet 2005,

Cher journal,

Hier je t'ai dit que j'avais peur pour Alec, Jane et moi.

Je n'osais pas leur en parler ; mais Alec a remarqué mon air inquiet cet après-midi. Il m'a demandé ce qui ne va pas.

J'ai bien voulu lui mentir ; mais je suis mauvaise menteuse. J'envie Jane. Ça la fait rire ; elle essaie bien de m'apprendre, mais c'est pas facile.

Je lui ai dit que j'avais peur de l'inconnu. À Alec.

Il croyait que je parlais de la fac. Je m'en fous de la fac ! Ça, ça ne me fait pas peur. Je suis même pressée d'y aller. Je vais enfin pouvoir quitter ma mère et son copain, Phil. Ils ne se lâchent plus, c'est gênant à la longue. Mais bref.

Je lui ai avoué que j'avais peur qu'on ne se voie plus. Lui et moi. Et Jane.

Il m'a regardée avec surprise, et là, il m'a fait le plus doux sourire que je lui aie jamais vu. Du genre qui réchauffe ses traits.

« Bella, penses-tu réellement que maintenant que le lycée est fini, nos routes se séparent ? » m'a-t-il dit mot pour mot.

Je ne sais pas, cher journal ; je crois que j'ai rougi.

Jane a tourné la tête vers moi, et m'a dit avec son ton froid -mais là, son ton m'a rassurée- :

« Nous ne faisons pas entrer beaucoup de monde dans notre vie. Quand ça arrive, il est hors de question qu'ils en sortent. »

J'en aurais presque pleuré.

J'échappai un petit rire en y repensant. J'avais été soulagée à un point pas possible quand j'avais compris qu'Alec et Jane… m'appréciaient aussi. Qu'est-ce que je pouvais être cruche, ado…

Tout l'été précédant notre arrivée à la fac, on s'était revus souvent. Alec était entré au conservatoire ; musicien, il jouait un peu de guitare et de violon, mais aussi et surtout de la contrebasse. Jane, elle, était partie en psychologie. Ça ne m'avait pas étonnée. Elle aimait pénétrer dans l'esprit des gens, et savoir notamment ce qui les faisait souffrir, leurs peurs, leurs côtés sombres ; en bref, tout ce que les gens avaient tendance à cacher d'ordinaire.

Moi, j'étais partie en Lettres. Jane et Alec m'avaient aidée à emménager dans mon studio d'étudiante, et je leur avais rendu la pareille. Washington et New York étaient distants, c'est vrai ; mais on avait prévu de se rendre régulièrement visite.

On s'invitait souvent les uns les autres. Jane était devenue peu à peu ce qui se rapprochait d'une amie ; elle s'occupait de ma garde robe de temps en temps, nous allions entre filles aux représentations que donnait son frère, il nous était même arrivé de dormir ensemble. Aussi secrètes l'une que l'autre, nous nous entendions bien. Elle était naturelle, et avec elle, je n'avais aucun mal à être moi. C'est comme ça que s'était écoulée ma première année de fac.

Pendant longtemps, l'idée de sortir avec un mec ne m'effleura même pas. D'ailleurs, je ne m'étais fait aucun autre ami qu'Alec et Jane. Je m'étais bien rapprochée de quelques camarades de fac, avec qui il m'arrivait de faire des virées ; mais je ne les laissais pas réellement rentrer dans ma vie. On aurait dit que les jumeaux m'avaient contaminée avec leur habitude de faire une bulle autour d'eux.

Et je devais avouer qu'Alec, depuis que nous nous voyions moins souvent, occupait une bonne partie de mes pensées. Mais, avec tristesse, j'étais certaine que l'intérêt que je lui portais ne serait jamais réciproque. Je ne l'avais jamais vu avec une fille -jamais s'intéresser à une fille d'ailleurs-, mais il pouvait toutes les avoir. Absolument toutes.

Jacob, à l'issue de ma première année de fac, me rejoignit à Washington pour entamer ses études de designer automobile, à mon plus grand bonheur. Il était resté mon meilleur ami, celui qu'il avait toujours été depuis que nous portions des couches-culottes. Le seul et l'unique Jacob Black. On habitait dans le même immeuble.

Tout devait bien changer pourtant.

L'été suivant ma première année de fac, le 23 août, je passai la soirée avec Alec. Il ne m'avait pas formellement invitée, et nous n'étions pas sortis. C'était une soirée comme les autres, à la base.

J'étais chez lui, et il jouait de la contrebasse. J'écoutais le son grave, vibrant, qui résonnait dans la pièce calme. J'aimais l'écouter jouer. Cela me parlait. Me détendait.

Et comme j'en avais l'habitude, je me mis à regarder ses longs doigts agiles courir sur le bois de son instrument, produire des notes qui faisaient vibrer mon cœur.

*** Flash-back ***

Ses doigts courent sur le bois de son instrument. Et j'ai chaud ; extrêmement chaud.

Le monde semble tourner différemment autour de nous.

Je suis mal à l'aise ; j'ai peur qu'il ne s'aperçoive de mon trouble. Du fait que j'aimerais bien être à la place de sa contrebasse.

Je ne veux pas perdre son amitié.

Soudain, il arrête de jouer. J'avale ma salive, les joues en feu et la gorge sèche ; je n'ose pas relever ma tête. Mais je le fais. Lentement.

Il surprend mon regard sans doute surchargé de… désir, car c'est ce que j'éprouve à cet instant pour lui. Un désir sombre, prenant. Mon cœur manque quelques battements.

Et ses yeux reflètent la même passion. Enfin, je crois. Pourtant, il ne bouge pas. Ne fait que repousser son instrument. Il attend, simplement, de voir ce dont j'ai envie.

Il ne m'impose rien.

Je me lève, et viens l'embrasser. Parce que j'en ai envie.

*** Fin du flash-back ***

Ce geste, ce simple baiser, fut le signal de départ de notre relation.

Le 14 février suivant, alors que nous fêtions le jour des amoureux, il m'avoua que cela faisait depuis le lycée qu'il attendait que je sois prête pour lui.

Et aujourd'hui, cela faisait quatre ans que nous étions ensemble. Quatre ans d'une relation sans nuage.

Cette année, j'allais rentrer en Master de Lettres, et enfin je le rejoignais à New York. J'allais habiter chez lui. Ça me faisait peur, mais je le voulais plus que tout.

En fait, j'avais toujours eu peur de ne pas réussir à m'attacher à un gars, en voyant que je tombais rarement amoureuse et que même quand un gars m'invitait à sortir -avant que je ne sois avec Alec-, je n'avais pas envie. Je supposais que c'était un peu à cause de l'expérience de divorce de mes parents, qui n'avait pas été terrible en soi, mais m'avais convaincue de l'impossibilité de trouver son bonheur dans un couple. J'avais toujours vu ma mère souffrir de sa relation avec mon père. Et c'était réciproque.

Le chemin avait été dur jusqu'à ce que je retrouve un semblant de paix intérieure. Mais désormais, j'étais parfaitement heureuse.

À ceci près que la question du meilleur ami de mon copain m'ennuyait…

Je sentis soudain deux bras s'enrouler autour de moi, et relevai la tête. Alec m'embrassa.

« Tu ne reviens pas te coucher ? »

Je lui souris.

« J'étais dans ma phase nostalgie, fis-je en refermant mon carnet.

- D'accord… »

Un silence s'installa entre nous, et j'en profitai pour me blottir dans ses bras.

Alors, à voix basse, il fit :

« Tu sais… je tiens vraiment à Edward. Même si c'est une tête de con, parfois. Mais c'est un gars bien au fond. »

Je hochai la tête.

Nous retournâmes nous coucher ; et en m'endormant, je me fis la promesse de ne pas décevoir Alec, et d'essayer de devenir amie avec Edward. Après tout, il avait accepté de nous aider à me déménager ; il ne devait pas être si… con qu'il en avait l'air. Il était juste vexé que son ami lui aie caché mon existence.

Rien de bien méchant.

A suivre...


(1) Deuxième année de lycée en Amérique ; on y rentre à l'âge de 15 - 16 ans.

(2) Junior year : année scolaire suivant la Sophomore year et précédent la Senior year, à l'issue de laquelle l'élève américain sort diplômé et peut intégrer l'Université.