Bonjour à vous!
Cette histoire est une coécriture entre xxxhermyxxx et enelye, qui en est également bêta lectrice.
Quoi qu'il arrive, Errare sera complète, car le plan détaillé de toute la fic est déjà établi et nous avons une avance confortable de 15 chapitres. Je tenais également à vous dire que l'histoire respecte tout ce qui s'est passé avant le tome 7 et, bien que l'histoire avait été imaginée avant la parution de ce dernier, toute l'idée a été remaniée afin de mieux coller au livre.
Note de la Bêta : je reposte ce chapitre pour annoncer deux choses, hermy a malheureusement été contrainte de me laisser écrire et publier seule la fin de son bébé, et je reposte aujourd'hui les premiers chapitres qui avaient grand besoin d'être corrigés à nouveau.
L'univers, les personnages ne nous appartiennent pas, on les emprunte juste le temps de cette histoire.
Bonne lecture
Chapitre n°1 : La première punition
En chemin pour les cachots, Harry jeta un oeil par la fenêtre du premier étage.
Il pleuvait des cordes.
Seulement, même le fait de ne pas pouvoir sortir du château pour s'aérer un peu l'esprit ne rendait pas plus facile l'idée qu'il allait devoir passer deux heures enfermé dans les cachots avec Rogue. Depuis sept ans qu'il le connaissait, chaque fois était pire que la précédente. Ces temps-ci plus que jamais car, tandis que les jours défilaient, il se sentait de plus en plus mal : ses recherches concernant Voldemort demeuraient au point mort, ses notes baissaient dans toutes les matières, et ses relations avec ses amis et alliés battaient de l'aile, par sa propre faute le plus souvent. Il se sentait pris au piège dans ce lieu qu'il considérait jusqu'ici comme chez lui.
Il s'en voulait de ne pas avoir quitté l'école à la fin de sa sixième année comme il l'avait d'abord souhaité. Il savait qu'il n'aurait pas dû écouter les autres. L'argument du fiasco-du-ministère était injuste, mais ils l'avaient tellement utilisés pour le persuader de ne pas prendre de décision hâtive qu'il avait fini par céder. Et voilà où cela le menait. Certes, les recherches n'auraient peut-être pas été plus fructueuses et sa vie plus facile s'il n'était pas revenu, seulement, au moins, personne n'en saurait rien. Personne n'aurait été là pour faire le constat flagrant de ses échecs.
De plus, il pensait qu'en revenant, il aurait au moins la possibilité de parler au portrait de Dumbledore, mais non, il n'avait même pas droit à ça. Depuis juillet, personne n'avait en effet réussi à accéder à son bureau, pas même ceux qui connaissait le tout dernier mot de passe. La gargouille refusait de laisser passer qui que ce soit, y compris la nouvelle directrice. Et ce n'était pas, comme beaucoup l'avaient imaginé de prime abord, un tour des mangemorts car ceux-ci étaient sans aucun doute ceux que la situation énervait le plus.
Quoi qu'il en soit, Harry se rendait en cours pour faire profil bas. Les mangemorts avaient beau, semble-t-il, avoir reçu l'instruction de ne pas lui faire trop de mal, de tels manquement au règlement pourrait leur fournir une excuse pour justifier au yeux de la communauté magique son renvoi. Or, renvoi signifiait baguette brisée et il ne pouvait se le permettre : non seulement c'était un de ses biens le plus précieux mais, surtout, une fois la baguette à la plume de phénix cassée, toute lutte contre Voldemort deviendrait quasiment impossible. Alors, aussi minces les chances qu'il soit renvoyé soient-elles, il refusait de prendre le risque. Et il ne pouvait fuir, non plus, car qui sait ce que les mangemorts pourraient faire à ceux qu'il abandonnait derrière lui. Non, il était piégé.
Quand les trois gryffondors arrivèrent dans les cachots, il leur fut facile d'ignorer les quelques piques lancées en leur direction. En vérité, depuis qu'ils avaient été confrontés au manque de réaction de leur victime préférée, ils ne prenaient plus plaisir à s'attaquer directement à lui, et ne continuaient que par habitude. Non, ils avaient trouvé d'autre moyens de l'atteindre: ils savaient qu'il ne supportait pas qu'on s'en prennent à d'autres que lui, en particulier aux plus jeunes et aux plus vulnérables.
Le silence tomba quand Rogue arriva, et chacun prit sa place dans la salle lorsqu'il leur signifia d'entrer.
A une des tables du premier rang, Harry se contentait d'écraser, émincer et mettre dans le chaudron les ingrédients que Ron, son binôme, lui présentait. Lui était trop occupé à ne pas sauter à la gorge du traitre qui se prenait pour leur professeur pour se concentrer sur la recette de la potion du jour. Débordant de haine et de rage, il peinait à ravaler les insultes qui lui brûlaient la gorge, à se concentrer pour ne trancher que des ingrédients avec son couteau et à ne pas lever les yeux du plan de travail vers...
Une main sur son bras. Une autre lui présenta des griffes à réduire en poudre. Il acquiesça et se mit au travail.
Depuis qu'il avait réalisé que son ami ne pourrait pas réaliser la moindre potion, Ron avait pris les choses en main et dirigeait chaque étape des préparations (et il y parvenait plutôt bien, à la grande surprise d'Hermione, assise juste derrière, et de lui-même). Que ce soit parce que cela lui occupait l'esprit ou parce qu'il refusait de donner une excuse à Rogue pour punir Harry, il l'ignorait, mais une chose était certaine : il n'avait jamais été aussi doué en potion que cette année.
Cependant, il savait que cela ne pouvait pas durer. En effet, le soir, il travaillait non seulement sur ses devoirs mais aussi sur les brouillons de ceux d'Harry, étant donné que ce dernier passait son temps à chercher une faille dans les défenses de Voldemort, réfléchir à la nature et à la cachette des horcruxes, et à déprimer quand la sensation que tout était vain et désespéré revenait tout à coup. Le peu de temps restant était consacré aux recherches, et le peu de sommeil qu'il parvenait à glaner était régulièrement interrompu par des cauchemars. En un mot comme en cent, l'épuisement le gagnait.
Et en effet, il ne vit pas Harry mettre les griffes dans le chaudron alors qu'il aurait dû attendre que Ron éteigne le feu avant de les ajouter. Il ne réalisa l'erreur de son ami que bien trop tard, c'est à dire quand la potion pris une teinte rouille au lieu d'être d'un orange pale. Des projections du liquide bouillonnant se mirent à voler en tout sens et il s'éloigna du chaudron de quelques pas. Bien lui en pris, car les gouttes qui tombaient au sol rongeaient la pierre comme le plus corrosif des acides.
- Potter! aboya le professeur Rogue en faisant disparaître les projections aussi que toute la potion contenue dans le chaudron. Comme d'habitude, essayer de vous enseigner quoi que ce soit est une perte de temps!
D'un simple geste de baguette, le sol parut comme neuf.
- Une semaine de retenue devrait vous rappeler que vous devriez être reconnaissant d'assister à ce cours, siffla-t-il, et que travailler dur serait la moindre des choses afin de montrer votre gratitude de pouvoir étudier dans cette école, d'autant plus quand il est évident que vous ne méritez cet immense privilège.
La voix glaciale du professeur ne provoqua d'abord pas de réaction chez Harry. Puis, il leva des yeux pleins de rage et de haine vers le professeur. Sentant le danger arriver, Hermione pris les devant :
- C'est de ma faute professeur.
Elle vit Ron se tourner vers elle avec horreur, mais il était trop tard pour reculer ou se demander si elle avait pris la bonne décision.
- J'étais distraite et en voulant rallumer le feu sous mon chaudron, j'ai rallumé le leur. Harry n'a rien pu faire, il était déjà en train d'ajouter les griffes, c'était trop tard.
- Miss Granger, dit le Maitre en Potion.
Il marqua une pause, et sa bouche se tordit en un rictus jubilatoire.
- Quelle stupidité. Cinq points en moins pour Gryffondor pour votre bêtise abyssale. Et une retenue, ce soir, à sept heures. Tout retard serait vraiment… regrettable.
Il se tourna vers le reste de la classe et ajouta:
- Vous terminerez la semaine prochaine. Pour ceux qui ont encore quelque chose à finir, en tout cas. Maintenant, sortez tous d'ici!
Les élèves ne se le firent pas répéter deux fois et se précipitèrent hors de la salle de classe.
Seul dans la pièce quand la cloche sonna, Rogue passait entre les tables en lançant des sort de protections sur les chaudrons, avant de les mettre dans la pièce attenante. Il affichait un sourire moqueur. Granger mentait bien mal. Si en premier lieu, il pensait le lui faire remarquer et doubler la punition de Potter, il s'était repris : rien n'égalait le plaisir de voir Miss Je-Sais-Tout en retenue, elle qui y avait échappé pendant plus de six ans.
-o-o-o-
Sans un mot envers son amie qui venait pourtant de lui sauver la mise, Harry rejoignit la salle commune. Juste avant d'y entrer à son tour, Ron se retourna vers Hermione.
- Hermione, mais qu'est-ce qui t'a pris ? Mentir à un professeur ? A Rogue en plus ! Pourquoi tu lui as donné comme ça une excuses pour te donner une retenue ?
La jeune sorcière croisa les bras. Comme toujours comme on remettait en cause son jugement et ses actes, elle ne pouvait s'empêcher d'être sur la défensive. Elle répondit toutefois sans agressivité :
- Harry était sur le point de dire quelque chose de stupide. Je n'ai pas vraiment eu le temps d'examiner toutes les possibilités, Ron.
- Mais il va te faire la peau !
- Non, je ne pense pas. Tu l'as entendu, il ne m'a donné qu'une seule retenue, alors qu'il voulait en donner une semaine à Harry. Il voulait clairement se défouler sur lui. Harry aurait eu de la chance de s'en sortir avec un séjour à l'infirmerie, mais je ne pense pas qu'il va me faire du mal. J'ai l'impression que la satisfaction de m'avoir enfin mise en retenue lui suffit. Et puis de toutes manières, même si Harry arrive à peu près à se retenir de l'insulter et de le provoquer en classe, je ne veux pas tenter le diable et voir ce qui arriverait s'ils se retrouvaient tous les deux seuls dans une pièce pendant plusieurs heures.
- J'avoue que sur ce coup, je suis d'accord, dit Ron avec un frisson. Je ne veux vraiment pas savoir ce que cet assassin aurait pu lui faire.
Il donna le mot de passe et tint le portrait ouvert pour Hermione.
- Merci. Et moi non plus.
Elle le suivit à l'intérieur et son regard tomba d'instinct sur les fauteuils à coté de la cheminée. Comme attendu, Harry était replié sur lui-même dans l'un d'eux. La tête en arrière, les yeux fermés, il tournait négligemment sa baguette entre ses doigts. De temps à autres, des étincelles s'en échappaient, ce qu'il ne paraissait pas remarquer.
Ron et Hermione échangèrent un regard mais ne firent aucun commentaire. Ils avaient l'habitude, et il valait mieux le laisser en paix quand il était dans cet état d'esprit. La jeune sorcière se contenta donc de sortir un rouleau de parchemin pour s'attaqua aux devoirs donnés par les professeurs dans la journée, tout en constatant avec plaisir que Ron faisait de même.
Quelques heures plus tard, Hermione releva le nez de son devoir, expulsée de sa réflexion par l'entente de son nom. Elle fit un signe de tête à Ron pour montrer qu'elle l'avait entendue et termina sa phrase. Quand ce fut fait, elle posa sa plume dans l'encrier.
- Il est presque six heures, fit Ron, la regardant avec autant d'admiration que de consternation ranger son deuxième rouleau de parchemin de la soirée.
Quand elle eut terminé de ranger ses affaire, Hermione se leva et, voyant l'absence de réaction chez Harry, posa doucement sa main sur l'épaule de celui-ci.
- Harry, on va manger. Tu viens avec nous ?
Elle n'insista pas en constatant qu'il ne réagissait toujours pas.
Ce n'était pas la première fois qu'il n'assisterait pas au repas et, à l'instar des fois précédentes, ils lui ramèneraient des fruits et d'autres aliments aisément transportables qu'il mangerait quand bon lui semblerait. Probablement tard dans la nuit, après que ses deux amis soient partis se coucher depuis longtemps.
Ron et Hermione prirent en silence le chemin de la grande salle. La jeune sorcière était prête à parier qu'il allait se plaindre de Harry avant d'être arrivé. Deux minutes plus tard, Ron lâcha un soupire :
- Vraiment, Harry m'inquiète. Il est de pire en pire, et maintenant, il ne nous parle même plus ! On ne peut pas l'aider s'il ne nous dit rien. On ne sait même pas s'il a de nouvelles idées.
- Je ne pense pas qu'il avance, et c'est justement une grande partie du problème, objecta Hermione.
- Oui, eh bien comme je disais, on ne peut pas l'aider si nous exclue comme ça.
- Je sais, Ron. Mais de toutes manières il ne veut pas vraiment qu'on l'aide. S'il pouvait tout faire lui-même, il le ferait. Et honnêtement, je ne peux pas l'en blâmer.
- Comment ça, tu es d'accord avec lui ?!, demanda brusquement Ron.
- Non, bien sûr que non, et tu le sais bien, répondit avec tristesse Hermione. Ce n'est pas parce que je comprends que je suis d'accord. Réfléchis-y, Ron. Chaque année, des personnes qu'il aime sont en danger suite à quelque chose qu'il a fait ou dit, et juste parce qu'il existe. On aurait pu être tué quand vous êtes venus me prévenir pour le troll, puis tu as été assommé par un échiquier géant, percuté et frappé par le Saule Cogneur et quasiment dévoré par une colonie d'accromantules. Après ça, on aurait pu se faire mordre par un loup-garou un soir de pleine lune, Sirius a manqué perdre son âme, Cédric a été tué après que Harry l'ait convaincu de prendre le trophée en même temps que lui, n'importe lequel de nous six aurait pu être gravement blessé ou tué au ministère, sans compter Sirius qui est mort pour être venu à notre secours. Après ça, Harry a participé à la torture de Dumbledore en lui faisant boire du poison parce qu'il a promis d'obéir à ses ordres, et l'a finalement vu être trahi et tué sans pouvoir rien y faire. Et tu sais aussi bien que moi qu'à chaque fois, Harry s'en tient responsable. Il ne devrait pas, car nous faisons nos propres choix, mais ça ne change rien à ce qu'il ressent. Et à l'heure actuelle, si j'étais lui, je serais terrifiée de nous perdre tous les deux, Ron. Il a perdu ses parents, son parrain, puis son mentor. Il ne veut pas perdre ses meilleurs amis, et ça, je peux le comprendre.
- Oui, bien sûr, dit comme ça moi aussi je peux comprendre. Mais ce n'est pas pour autant que ça me plait, tu vois ce que je veux dire ? Je... Je veux juste aider !
- Je sais bien. Moi aussi. Mais je ne vois pas ce qu'on peut faire de plus. A part la découverte d'un nouvel indice, je ne vois pas ce qui pourrait le sortir de cet état-là.
Ron ouvrit la bouche pour répondre, mais la referma aussitôt, résigné.
Le repas fut silencieux. Ceux qui appréciaient Harry lançaient des regards inquiets en direction de la place vide à coté de Ron. A la table des professeurs, McGonagall se trouvait à sa place de directrice, avec à sa droite, Flitwitch, et Rogue à sa gauche. Le Maître des Potions gardait le regard rivé sur son assiette, plus sombre que jamais. A coté, les Carrow, mangemorts comme lui, ne cessaient d'observer les élèves avec un air vicieux.
Tout le monde savait qu'il ne s'agissait pas là que d'une façade. Les Carrows ne se reposaient pas sur de belles paroles et un air méchant pour maintenir l'ordre, non, ils ne manquaient pas une occasion d'agir et de faire du mal. Leur Maître leur avait donné carte blanche pour diriger l'école et ils s'en donnaient à coeur joie, sachant que personne ne pouvait les en empêcher et qu'ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient, tant qu'ils n'infligeaient pas de dommages grave à long-terme. Ce qui laissait beaucoup de possibilités.
Alecto et Amycus Carrows n'avaient pas le poste, mais ils étaient les vrais directeur et directrice de Poudlard. Le titre n'avait été donné au professeur McGonagall que pour rassurer et apaiser la communauté magique. Elle le savait, les professeurs le savaient, les élèves s'en doutaient, mais elle gardait le titre malgré tout. Elle savait que cela restait sa meilleure chance de protéger les élèves que les parents lui confiaient.
Hermione relevait de temps en temps la tête pour jeter de rapides regards au professeur Rogue, lequel fixait son assiette sans y toucher. Elle le vit soudain poser son verre avec rudesse et sortir par la porte qui se trouvait derrière la table des professeurs.
S'il était déjà furieux, il ne servait à rien de l'énerver davantage. Elle se leva aussi et quitta à son tour la grande salle, ne prêtant pas attention aux regards qui la suivaient, certains hargneux, d'autres interloqués ou compatissants. Une fois dans le hall, elle se rendit aux cachots d'un pas décidé pour une punition non méritée, une punition sûrement pénible.
Elle arriva donc devant la porte avec quinze minutes d'avance, ce qui ne l'empêcha pas de frapper. Au moins, il ne pourrait pas lui reprocher d'y mettre de la mauvaise volonté.
Elle poussa doucement la porte lorsqu'il lui en donna l'ordre et entra. Dans la salle vide, elle constata que les chaudrons étaient propres, mais que les tables étaient couvertes de poudre, de morceaux d'ingrédients et de tâches de diverses couleurs. Ici et là, des flacons et des bols avaient été oubliés, les armoires se révélaient en désordre. En temps normal, le professeur n'aurait jamais laissé une classe partir en laissant la salle un tant soit peu dérangée, il avait donc du demander à sa dernière classe de tout laisser ainsi pour sa retenue.
Ce n'est qu'une fois arrivée à moins de cinq mètres du bureau qu'elle réalisa que le professeur ne se trouvait pas derrière, comme elle le supposait, à noter des copies. Deux paquets de parchemins se trouvaient bien rangés sur le bureau, mais elle y voyait aussi des ingrédients (elle identifia entre autre des feuilles de dictame et des pustules de clabbert). A coté du bureau, il y avait un chaudron posé sur un trépied et le professeur se trouvait derrière celui-ci. Concentré sur sa préparation, il n'avait pas montré le moindre signe indiquant qu'il savait qu'elle était là.
Hermione le regarda allumer le feu et tourner avec précaution la potion dans le sens anti-horaire.
- Professeur, se signala Hermione quand il eu terminé, afin qu'il ne puisse pas l'accuser de l'avoir distrait.
Elle se prépara et s'efforça d'avoir l'air confiante, bien qu'elle se sente mal à l'aise d'être ainsi seule avec lui. Ce n'était pas seulement dû au fait qu'il soit un mangemort, non, ce n'était pas le seul auquel elle avait fait face, loin de là. C'était en fait que, depuis septembre, elle avait réalisé qu'il n'éprouvait pas que du dédain envers elle, comme elle l'avait toujours pensé : en réalité, il haïssait et méprisait profondément qui elle était. Jamais encore elle n'avait vu autant de dégoût, de révulsion et d'aversion que dans son regard quand il posait les yeux sur elle.
Il donna un coup de baguette sur le bord du chaudron, sans doute pour éviter que quoi que ce soit tombe dedans. Il avait relevé ses manches afin de ne pas être gêné durant la préparation, et Hermione vit très clairement la marque des ténèbres qui s'étalait sur son avant-bras. Cette vue lui tordit l'estomac. Rogue remarqua le regard de son élève et remit brusquement son vêtement en place, cachant à ses yeux le tatouage de son maître.
- Mais qui voilà, miss Granger, siffla-t-il. Miss Parfaite ne sait donc pas lire l'heure ? Ou pensiez-vous que m'imposer plus que nécessaire votre présence allait vous faire gagner des points auprès de moi ?
Il contourna le chaudron et s'approcha d'elle. Posant les deux mains sur la table la plus proche, il se pencha et amena son visage à hauteur de celui de son élève. Avec ses robes noires amples, son regard sombre perçant et son nez crochu, il lui faisait penser non à une chauve-souris, comme beaucoup aimait le dire, mais à un énorme et impitoyable oiseau de proie.
- Je suis au regret de vous décevoir, mais vous ne quitterez cette pièce que lorsque je l'aurais décidé, et pas une seconde avant.
Le visage cireux si proche du sien rendait Hermione mal à l'aise, mais elle ne voulait pas lui faire le plaisir de fléchir devant lui. Comme avec un hippogriffe, elle se força à soutenir son regard pour prouver sa sincérité :
- Non monsieur, je n'attendais aucune faveur de votre part. Je voulais simplement éviter d'être en retard. Si vous préférez, je peux revenir plus tard.
Un sourire déplaisant étira ses lèvres, révélant ses dents inégales.
- Non, miss Granger. A présent que vous êtes là, vous allez commencer votre retenue. Vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous-même, et cela vous apprendra peut-être la ponctualité.
Elle hocha la tête.
- Je ne vous ai pas entendu.
- Oui, monsieur.
Il se redressa.
- Je veux cette pièce nettoyée et la réserve ordonnée. Sans magie, cela va sans dire.
Bien sûr, songea Hermione. Il était bien connu pour interdire l'usage de la magie lors de ses retenues, alors cela ne la surprenait pas.
- Bien, monsieur.
Elle commença donc par s'occuper des ingrédients laissés sur les tables. En premier lieu, elle vida toutes les coupelles avec la poudre brune de corne d'éruptif dans un bol propre et avec d'infinies précaution, sachant à quelle point c'était cher. Une fois que ce fut fait, elle se rendit dans la réserve de la classe et vida le contenu du bol dans le récipient approprié.
Concentrée sur sa tâche, elle s'interdit de penser à la potion dont le professeur avec repris la concoction.
Quand, enfin, tous les ingrédients furent rangés, ou jetés s'ils n'étaient pas réutilisables ou si elle ne pouvait les remettre avec le reste, elle rassembla tous les récipients vides afin d'aller les laver. Ce travail ne demandant pas de concentration particulière, elle autorisa enfin son esprit à errer. Que faisait donc le Maître en Potion ?
De temps en temps, ses yeux quittaient le bassin de pierre et la gargouille qui servait de robinet et elle jetait des regards qu'elle espérait discrets vers son professeur. La dernière chose dont elle avait besoin, s'était d'être accusée de se tourner les pouces pendant une retenue. Elle le vit donc, du coin de l'oeil, mélanger la potion, puis écrire quelque chose sur un parchemin.
Plusieurs regard plus tard, et elle l'observa peser une sorte de poudre écarlate qu'elle ne parvenait pas à identifier, peu importe le nombres de coups d'oeils furtifs qu'elle jetait en sa direction. Cette tache semblait compliquée et devait requérir une précision phénoménale, car elle le voyait retirer et ajouter des quantités infimes sur la balance. Presque grain par grain. Et il fixait la balance avec une telle intensité qu'elle n'aurait pas été si étonnée que cela de la voir soudain prendre feu.
Tout en lavant une spatule en étain, elle réfléchit, inquiète. Il ne semblait pas brasser une potion connue, ses gestes étaient beaucoup trop hésitants et incertains pour cela. Il semblait plutôt en améliorer ou en inventer une. Etait-il en train de créer un poison ou une potion de magie noire juste devant elle ?
Elle posa la spatule pour qu'elle sèche et prit un vol, avant de jeter un autre regard vers le mangemort. La poudre était toujours sur la balance, mais il s'en était détourné et était à présent occupé à écraser des sortes de baies avec son couteau à potion. Blanches. Une teinte nacrée. Environ 8 millimètres, d'après ce qu'elle pouvait en voir. Elle ne pouvait en être certaine, mais cela ressemblait à des baies de gui.
Tout en lavant le bol, elle songea à ce qu'elle avait vu jusqu'ici, tout en gardant un oeil distrait sur l'eau glacée qui coulait de la bouche de la gargouille. Le gui était extrêmement toxique. Ses baies, cependant, pouvaient être ingérées en très petites quantité et étaient souvent utilisées dans des potions de soin mineures, ou des breuvages de nocivité moyenne. La potion d'oubli, par exemple, ou l'antidote aux poisons communs. Ce n'était pas un ingrédient purement positif, ou entièrement négatif.
La même chose pouvait être dite des pustules de clabber, bien que ce soit un ingrédient plus rare, et utilisé dans des potions bien plus puissantes, qu'elles soient nocives ou bénéfiques. Ils pouvaient donc aisément être utilisées dans des poisons mortels et d'autres potions aux effets horribles. Le dictame, cela dit... le dictame était connu pour être une plante curative. Hermione ne connaissait pas une seule potion avec du dictame qui ait un effet négatif. Mais cela ne voulait rien dire, n'importe quel élément peut être corrompu ou détourné de son utilité première. Il pouvait exister des dizaines d'horribles breuvages avec du dictame dont elle n'avait simplement jamais entendu parler.
Plongé dans ses pensées, Hermione posa le dernier bol à sécher et prit un racloir ainsi qu'un produit détachant dans l'espace à coté de la bassine de pierre. Serrant les dents face à la tâche rebutante et pénible qui l'attendait, elle se dirigea vers la table la plus proche pour en retirer les morceaux incrustés et les tâches diverses. Il s'agissait non seulement d'un travail difficile, mais aussi très frustrant pour elle car elle ne pouvait pas continuer à observer le professeur. Si elle n'était pas totalement concentrée sur le nettoyage des tables, le bruit qu'elle faisait en frottant s'arrêterait ou changerait, et elle risquait d'être surprise à l'espionner.
Elle tourna donc le dos à l'intrigante potion pour éviter toute tentation, et se mit à frotter, racler et gratter.
-o-o-o-
Quand Hermione alla laver le grattoir et reposer le produit à sa place, elle n'avait aucune idée de l'heure qu'il était, ses mains étaient rouges et douloureuses, mais les tables étaient immaculées. Une fois que tout fut en ordre, elle traversa la pièce pour s'approcher du bureau. Le professeur était cette fois en train d'ajouter de la rate de triton, lamelle par lamelle, en tournant la préparation deux fois dans le sens des aiguilles d'une montre en chaque nouvelle lamelle. Sans faire un bruit, elle l'observa faire, fascinée.
- Granger!
Elle revint soudain à elle quand il aboya son nom.
- Qu'est-ce que vous attendez? Auriez-vous par hasard oublié comment nettoyer de la saleté ? On pourrait pourtant penser qu'une fille de moldus comme vous aurait beaucoup d'expérience dans le domaine.
La jeune sorcière ravala la boule qui venait de se loger dans sa gorge. Les Carrows lançaient des "sang-de-bourbe" comme ils respiraient, mais à sa connaissance, personne n'avait jamais entendu le professeur Rogue prononcer ce mot. Il n'en avait pas besoin, il ne lui était pas nécessaire de lancer des injures pour vous faire sentir comme un moins que rien.
Elle baissa les yeux, se disant qu'il apprécierait cette marque de soumission.
- Pardon, monsieur. J'ai terminé de tout nettoyer et de ranger la réserve comme vous l'aviez demandé, dit-elle aux genoux du mangemort.
- Non seulement vous êtes une élève exécrable, une insupportable m'as-tu vu qui ne sait que demander de l'attention, mais vous êtes aussi une menteuse, Granger. Et une menteuse pathétique, je peux vous l'assurer.
Hermione allait protester qu'elle avait bel et bien fait tout ce qu'il lui avait demandé, mais se repris. Bien sûr. Il ne parlait pas de sa retenue, mais de ce qui était arrivé en classe, avec Harry.
Elle releva la tête et le regarda à nouveau dans les yeux, s'efforçant de ne pas cligner.
- Je ne suis pas une menteuse, professeur.
Il pouvait même utiliser ce contact visuel pour utiliser de la légilimencie basique et lire ses pensées de surface si cela lui chantait. En ce qui la concernait, ce n'était pas un mensonge. Elle avait certes menti en classe, mais elle n'était pas une menteuse pour autant. En fait, elle mentait très rarement. Elle était une Gryffondor avec des caractéristiques de Serdaigle, elle était fière, audacieuse, rationnelle à l'extrême et directe. Elle considérait que toute vérité doit être dite, même si elle est difficile à entendre. La seule exception étant de mentir pour protéger quelqu'un, mais n'importe quelle personne décente s'autoriserait un tel mensonge.
Non, elle était quelqu'un d'honnête, que cela lui plaise ou non.
Il eut un rictus déplaisant :
- Me prenez-vous pour un imbécile ?
- Non monsieur, répondit-elle avec, cette fois encore, honneteté.
Prendre le Maître des Potion pour un idiot serait une terrible erreur. Cet homme était peut-être le plus intelligent, le plus rusé et le plus vif d'esprit qu'elle connaisse, et donc le plus dangereux.
- Vous avez de la chance, Granger, la vue de votre méprisable grosse tête m'agace, fit-il comme si les derniers échanges n'avaient pas eu lieu, et qu'elle venait de lui annoncer avoir terminé. Vous reviendrez demain, et peut-être même que cette fois, je n'aurais pas à déranger un elfe de maison pour repasser après vous.
Elle lutta à nouveau pour ne pas fléchir ou répondre. Il la cherchait et elle le savait. Son travail ce soir était irréprochable. Et puis, même dans l'hypothèse ou il n'avait jamais entendu parler de la S.A.L.E., il devait savoir qu'elle se souciait des elfes et détesterait l'idée que l'un deux doive travailler davantage à cause d'elle. Il prenait plaisir à appuyer sur ses points faibles, et elle n'avait pas l'intention de lui donner ce qu'il voulait.
En silence, elle obéit donc et quitta la salle, les poings serrés.
Malgré tout, alors qu'elle montait les escaliers, une pensée la fit presque sourire. Si elle revenait le lendemain, elle aurait peut-être une autre opportunité de l'observer faire cette mystérieuse potion et de comprendre ce que c'était, et comment il comptait l'utiliser.
Si vous avez aimé (ou non) n'hésitez pas à laisser un petit commentaire constructif (ou pas) pour me dire ce que vous en avez pensé, et très bientôt pour la suite :)