Disclaimer : évidemment, tous les personnages et lieux qui vous sont familiers appartiennent à J. K. Rowling.
La faim justifie les moyens
OS rédigé pour un jeu du FoF, en 1 heure.
Thème 1 : Faim
Hermione Granger était une fille intelligente. Même plus intelligente que la moyenne, si elle devait en croire ses professeurs, enfin, la majorité d'entre eux, pour être plus exacte. Non qu'elle en tirât une quelconque vanité. Non… enfin… si, un peu quand même.
La Gryffondor pinça les lèvres, se mordilla la lèvre inférieure et la relâcha avec un petit bruit de succion et en esquissant un sourire satisfait. Elle eut un soupir d'aise et rassembla la dizaine de feuillets de parchemin qu'elle venait de couvrir d'une écriture régulière et serrée, les numérota avec soin et les tassa méticuleusement avec un petit clac-clac sec sur la table. Et voilà, le devoir de Transformation était achevé. Le professeur McGonagall serait sans doute satisfait. Elle, en tous les cas, l'était. Elle avait lu toute la littérature disponible sur la théorie de la transformation des végétaux et des problèmes posés par la modification d'organismes vivants, avait résumé ses lectures, annoté, affiné, conçu un plan logique et rédigé, rédigé, rédigé. Son poignet d'ailleurs commençait à se rebeller, mais ce n'est pas ce qui inquiéta la jeune fille. Non, là, ça recommençait. Bizarre. Elle se sentait fatiguée et un peu… vide.
Hermione secoua la tête d'un air agacé : elle avait tellement de choses à faire ! Tellement de livres à lire, tellement d'hypothèses à contempler ! Son cerveau était prêt à éclater d'ailleurs avec toutes les notions qu'elle tentait d'y faire rentrer. Le concept de la transformation de végétaux, justement, voilà un sujet fascinant ! Pourquoi personne ne le voyait à part elle ? On pouvait, en théorie, transformer une cerise en artichaut, mais voilà, la transformation d'organismes vivants faisait partie des interdits. Pourquoi ? Pourquoi, Merlin ? Evidemment, elle entendait déjà Ron avancer qu'il fallait être malade pour gâcher une cerise en la transformant en artichaut, mais là n'était pas la question… Si ? Hermione se retourna : il lui semblait avoir entendu un bruit. Un grognement. Une protestation ? Pourtant la partie de la bibliothèque où elle se trouvait était déserte. Allons, elle entendait des voix, maintenant : elle ne valait pas mieux qu'Harry.
Mordillant le bout de sa plume, elle fit glisser son manuel de Potions vers elle et commença à relire le sujet du devoir qu'avait dicté Snape et qu'elle avait noté à la fin de la leçon. « Exposez (si toutefois cela n'est pas trop vous demander) les propriétés des yeux d'hippocampe (oui, avec deux p, mademoiselle Brown) et des pattes de cancrelat (si vous devez être malade, mademoiselle Patil, ayez la bonté de quitter cette salle avant). Indiquez au moins trois potions faisant appel à ces deux ingrédients et décrivez leur réalisation dans le détail (oui, c'est long, monsieur Weasley). Indiquez aussi comment ces ingrédients altèrent les potions (je n'attends rien de vous sur ce sujet, monsieur Weasley, alors cessez de geindre). Tout cela devra occuper 5 feuillets (vous savez compter jusqu'à 5, mademoiselle Granger ? Alors limitez vous à ce chiffre, merci). » Évidemment, ce qu'elle avait noté n'était que le sujet, mais sa mémoire lui rappelait les remarques acerbes du professeur et elle pouvait même imaginer le ton de sa voix. 5 pages ? Comment voulait-il que l'on traite cela sur 5 pages seulement ? C'était du gâchis !
D'abord, les yeux d'hippocampe faisaient partie des éléments les plus utilisés pour les Potions restauratrices. On estimait qu'une cuillérée de bouillie de sarriette et d'yeux d'hippocampe était aussi nourrissante qu'un steak de 250 grammes. Mais pas aussi bon… Contrairement à la croyance populaire qui faisait des filles des êtres délicats, se nourrissant d'air, d'eau et de feuilles de salade (les jours fastes), Hermione Granger était carnivore et fière de l'être. La Gryffondor passa sa langue sur ses lèvres et déglutit d'un air rêveur. Non, si on lui donnait le choix, elle passerait son tour pour les yeux d'hippocampe et avalerait le steak, avec des frittes, et elle pousserait peut-être même le vice à y ajouter un peu de ketchup. Un grondement se fit entendre et Hermione redressa la tête : la bibliothèque était un endroit sûr, mais on n'était jamais assez prudent. S'approchant en catimini de l'allée centrale, elle vérifia que personne ne s'apprêtait à lui jouer un tour pendable et s'assura que Madame Pince n'avait pas bougé de son bureau, à l'entrée.
La fatigue lui faisait imaginer des choses : après tout, c'était sans doute le craquement d'une lame de parquet… l'écho d'une conversation… La jeune fille se tassa sur sa chaise et contempla les illustrations de son manuel de Potions d'un œil las. Bah ! L'anatomie d'un cancrelat, même en prenant en compte l'intérêt scientifique de la chose, n'était pas très ragoûtante. La tête posée sur ses mains jointes, les coudes bien appuyés sur la table, elle se pencha en avant et plissa les yeux, son esprit revenant au problème excitant de la transformation des organismes vivants quand un grondement terrible la força à revenir à la réalité. Ce n'était pas elle, quand même ? Ce n'était pas son estomac qui avait fait un bruit pareil ? Comme si le fait d'y penser l'incitait à prouver son existence, l'estomac d'Hermione Granger, Gryffondor en 4e année d'étude à Poudlard, émit une seconde protestation en forme de confirmation.
Mortifiée, Hermione jeta des petits coups d'œil nerveux à droite et à gauche, avant de constater, à son grand chagrin, que quelqu'un était là, devant elle. Quand elle leva les yeux, rougissant jusqu'à la racine des cheveux, elle rencontra le regard alarmé d'Harry qui ouvrit la bouche, baissa les yeux vers la table de son amie, y vit le livre de Potions avec la grande illustration du cancrelat, esquissa une grimace et referma vite la bouche.
« Ha-Harry ? Je-j'ai faim ! »
Le garçon lui adressa un regard un peu inquiet.
« Je vais descendre à la grande salle.
-Le dîner est passé depuis une heure, Hermione.
-Quoi ? »
Quelque chose dans la voix un peu plus aigue que d'habitude de la jeune fille avertit Harry que la situation était plus sérieuse qu'il ne l'imaginait.
« Hermione…
-Le repas est fini ? Hermione se leva et commença à faire les cent pas dans la petite allée transversale : je ne le crois pas ! Et personne ne m'a avertie ! Le dîner est passé !
-Ben, oui… Je dois avoir des biscuits dans le dortoir, si tu veux…
-Des biscuits ? Des biscuits ! Je ne me nourris pas de biscuits, Harry Potter ! »
Son ami s'approcha rapidement et la bâillonna presque en lui faisant remarquer que madame Pince risquait d'être alertée par le bruit. A sa grande surprise, il constata que son amie semblait presque au bord des larmes.
« Harry… il faut que je mange…
-Ce n'est quand même pas une question de vie ou de mort, non, rétorqua-t-il avec humour avant de remarquer la colère noire qui paraissait envahir les traits du visage de la Gryffondor.
-Cela n'a rien de drôle, déclara Hermione d'un ton pincé avant d'ajouter : il faut que je mange, point.
-Hum… réfléchit Harry en lui lançant un petit regard en biais : il y a bien les cuisines, l'accès est près des quartiers des Poufsouffles…
-Très bien, allons-y, répondit Hermione qui fourra ses livres, ses notes, sa plume et son encrier pêle-mêle dans son sac et prit le bras de son ami pour l'entrainer vers la sortie.
-Hum, reprit Harry en se raclant la gorge : il faudra demander aux Elfes, là-bas…
-Très bien, fit Hermione en tirant Harry derrière elle.
-Mais… je croyais que tu t'opposais à l'exploitation des Elfes ? »
Hermione s'arrêta brutalement et se retourna vers Harry qui avait manqué de peu de la percuter.
« En effet. La Gryffondor réfléchit et avança : si je ne mange pas je vais être faible, je pourrais même peut-être m'évanouir et il faudrait déranger madame Pomfresh. Je ne pourrais pas terminer en avance le devoir de Snape et Ron ne pourra pas copier sur moi. Il pourrait avoir une mauvaise note. Toi aussi, d'ailleurs, ajouta-t-elle en fixant les yeux verts d'Harry. Elle reprit en relevant un peu le menton, adoptant l'expression et le ton qu'elle avait lorsqu'elle répondait correctement (comme toujours) à la question d'un professeur : tout bien considéré, déranger les Elfes, aurait moins de conséquences que ne pas les déranger. Je demanderai poliment. »
Arrivée devant le tableau dissimulant l'accès aux cuisines, Hermione se tourna vers Harry et déclara avec une mine sombre :
« Si jamais cette histoire s'ébruite, Voldemort n'aura pas le temps de te trouver pour te tuer, Harry Potter… »