Avant-propos.

Il y a, dans la série Harry Potter, une fracture nette avec d'un côté des méchants qui cumulent les défauts (lâches, cruels, traîtres, fourbes, etc.) et de l'autre des gentils cumulant les qualités (courageux, altruistes, honnêtes, etc.). Mon but, ici, est de rendre plus humains les personnages, et plus crédibles les situations.

Mais pour que cette histoire reste intéressante et originale, je m'écarterais souvent de la trame des livres (parfois de beaucoup). Puisque tout le monde connaît l'intrigue, il me faut en effet des rebondissements inattendus, sinon cette réécriture deviendrait lassante.

Avertissement : ce premier chapitre est très proche de l'original et n'apporte rien à l'histoire, donc n'hésitez pas à passer directement au deuxième chapitre s'il ne vous plaît pas.


Chapitre 1 : De l'imprévu pour Vernon Dursley.

Notre histoire commence le 3 novembre 1981 à Little Whinging, un quartier pavillonnaire de la banlieue de Londres. Plus précisément au 4 Privet Drive, une charmante maisonnette que rien ne distingue des maisons alentours.

Dans cette maison vivaient Mr et Mme Dursley. Ils formaient un couple d'une banalité sans nom. Tant mieux pour eux, d'ailleurs, puisque c'était exactement ce qu'ils avaient décidé dès leurs fiançailles : être une famille sans histoires, une famille qui n'attire pas les regards sur elle pour quelque raison que ce soit. L'idée même qu'ils puissent sortir du lot à cause d'une originalité quelconque les horrifiait. Pour cette raison, ce que tout le monde faisait, ils le faisaient, et ce que personne ne faisait, ils s'abstenaient de le faire. Cette philosophie de vie leur permettait une grande tranquillité, mais rendait leur existence horriblement monotone.

Mr Dursley dirigeait la société Grunnings, spécialisé dans la fabrication de perceuses. Un emploi qui permettait à madame de ne pas travailler, et qui assurait au couple un train de vie petit-bourgeois. Il avait hérité de cette entreprise au décès de son grand-oncle, mais cela ne le privait en fait d'aucun mérite : l'entreprise, au bord du gouffre à son arrivée, était désormais prospère. Vernon Dursley avait donc déjà bien réussi sa vie, à seulement vingt-six ans. Physiquement, c'était un homme grand et massif, et qui avait cette particularité de n'avoir presque pas du cou. Il possédait par ailleurs une large moustache fournie (sa grande fierté).

Mme Dursley, elle, était mince et avait de longs cheveux blonds. À l'opposé de son mari, elle possédait un cou étonnamment long. N'ayant donc pas besoin de travailler, elle menait une existence paisible, restant le plus souvent à la maison. Elle y passait ses journées entre les tâches ménagères et le jardinage (elle avait une grande passion pour les fleurs, et leur jardin arrière était magnifique en toute saison, même en hiver). Depuis un peu plus d'un an maintenant, Pétunia Dursley s'occupait aussi de leur enfant, Dudley, qui était à leurs yeux le plus merveilleux bébé du monde, mais qui était en réalité un parfait braillard.

Ce matin du 3 novembre, donc, commença comme tous les mardis depuis des années (et en fait comme tous les jours de semaine depuis des années). Le couple se leva à sept heures, et après un petit-déjeuner composé d'un verre de jus d'orange, de trois œufs mollets et d'une tartine de pain grillé à la confiture de fraise, Vernon parti pour son travail. C'était un matin nuageux, mais de ce genre de nuage qui menacent toute la journée sans jamais qu'une goutte ne tombe. Dans le doute, il prit un parapluie, et monta dans sa voiture.

Arrivé à quelques pâtés de maisons des locaux Grunnings, cependant, Vernon s'arrêta à un feu rouge et aperçu quelque chose d'inhabituel sur le trottoir (et Dieu sait que Vernon déteste cela, puisqu'il considère tout ce qui sort de l'ordinaire comme une menace contre son confort, nous l'avons déjà dit). Il y avait, à seulement quelques mètres de lui, quatre jeunes hommes d'une vingtaine d'années, costumés comme ça ne devrait pas être permis de l'être, chacun portant une cape noire tombante et une lavallière extravagante rouge et or. Ils semblaient tous très réjouis, et apostrophaient les passants sans que Vernon puisse entendre ce qu'ils pouvaient bien leur raconter.

« Qu'est-ce que c'est que ces charlots ? » maugréa-t-il. « Quelle idée de se faire remarquer avec un tel accoutrement… ». Le feu passa en vert, et Vernon redémarra sans chercher à en savoir plus. Il arriva à son bureau à huit heures précises, comme à son habitude, et s'installa dans son fauteuil : il fallait qu'il jette un œil à tout un ensemble de documents administratifs rebutants, et il voulait avoir fini tout cela avant la pause déjeuner.

Vers neuf heures et quart, il entendit un hululement. Ou plutôt non : un roucoulement. En plein Londres, il n'y avait bien que des pigeons, et cela ne pouvait donc être qu'un roucoulement. Il ne leva même pas les yeux.

Vers dix heures trente, il voulut souffler un peu il se leva pour se dégourdir les jambes, et alla jeter un œil par la fenêtre pour se changer les idées. Il vit alors passer une chouette. Il crût avoir rêvé, mais une deuxième chouette passa alors. « Allons bon, elles se sont sans doute échappées d'une volière. » pensa-t-il. Et il retourna travailler. Cela lui paraissait être une bonne explication, et même si ce n'était pas la bonne explication, cela ne lui faisait ni chaud ni froid.

À midi, il pensa qu'il serait bon d'aller prendre un peu l'aire, et sortit s'acheter quelque chose à manger à la boulangerie d'en face. Alors qu'il attendait que le feu passe au vert pour traverser la rue, il vit arriver deux autres de ces individus étranges. Ils avaient aussi une cape, mais n'avaient pas de lavallière, ce qui était peut-être pire puisqu'en compensation ils portaient d'informes chapeaux noirs brodés de motifs bleus, ressemblant grossièrement à des mitres d'évêques. Ceux-là semblaient débattre vivement. Vernon put entendre une partie de leur conversation, ce qui le fit frémir d'horreur.

« Incroyable, je te dis. C'est le fils Potter qui a fait ça, et…
- Harry, c'est ça ?
- Oui c'est ça, Harry. Eh bien, comme je te le disais… »

Il n'entendit pas la suite, mais c'était déjà trop. Vernon pria tous les dieux de toutes les religions pour qu'il s'agisse d'une coïncidence.

Il ressortit de la boulangerie dix minutes plus tard, plus calme. Il avait réfléchit dans la file d'attente, et s'était dit qu'après tout, Potter n'était pas un nom de famille si rare, et Harry était même un prénom très courant. Il devait donc s'agir d'un homonyme. Et puis, enfin, comment un enfant d'à peine un an pourrait-il faire parler de lui ainsi ? C'en était un autre, voilà tout, et Vernon n'avait pas d'inquiétudes à avoir. Tant que possible, il voulait éviter de penser à l'excentrique sœur de sa femme et à son dérangé de mari, et par extension il ne voulait pas avoir quoi que ce soit à faire avec leur fils. De fait, il essaya de ne plus penser à tout cela.