Chapitre 44 : La descente aux enfers.

Le moment fatidique était arrivé. Brûlopot, Lockhart et Shaklebolt étaient fin prêts pour descendre dans la chambre des secrets.

Harry était venu pour leur ouvrir la porte, et Ron l'accompagnait, afin qu'il ne se retrouve pas seul après le départ des trois hommes.

Les cinq personnes étaient donc redescendu dans les sous-sols jusqu'à cette partie abandonnée du château où ils avaient découvert ce que Brûlopot pensais être la porte de la chambre. Il avait pour l'occasion nettoyé la mousse plus efficacement et sur une zone plus grande, dévoilant un simple mur marqué de l'emblème de Serpentard. Rien qui fasse penser à un passage, et si quelqu'un était passé à proximité, même en l'absence de mousse, il n'aurait sans doute pas tiqué.

En fait, l'entrée rappela à Harry le mur qui permettait l'accès au chemin de Traverse : il ne payait pas de mine et pourtant…

Brûlopot avait ressorti d'on ne savait où d'étranges armures que les trois hommes avaient enfilées mais qui limitaient leurs mouvements. Ces armures étaient chacune constituée d'une épaisse combinaison de cuir recouverte de petites plaques de métal, cousues individuellement de sorte que l'une d'elles pouvait être arrachée sans mettre à mal l'ensemble. L'intégralité de leur corps était ainsi recouvert, à l'exception du visage.

Si l'armure permettait de se protéger des morsures en faisant l'économie d'enchantement de protection, elle ne protégeait évidemment pas des exhalations des basilics. Brûlopot avait donc prit avec lui trois masques à gaz archaïques que les trois sorciers mettraient une fois entrés dans la chambre.

Harry, au départ, n'avait pas compris le pourquoi de ces protections bêtement mécaniques : et la magie dans tout cela ?

En réalité, cela avait une triple finalité. La première était d'éviter, à peu de frais, qu'une grande partie de la puissance magique des combattants ne soit dédiée à leur protection : ils auraient certainement besoin, en bas, de toute l'énergie disponible pour tuer les basilics, et les sorts et enchantement de protection sont en cela coûteux, surtout face à autant d'ennemis qui pouvaient attaquer de toute part simultanément. La deuxième était de ne prendre aucun risque quant aux enchantements : relâcher son attention un instant, être épuisé par le combat, être submergé par l'ennemi, tout cela pouvait faire momentanément céder les enchantements d'un sorciers, et l'exposer à une mort certaine dans un tel contexte. L'armure était ainsi utilisée en complément de divers enchantement mineurs, dont la finalité était de la protéger elle plutôt que le combattant. La dernière, enfin, était tout simplement de rassurer : porter une armure est toujours plus tranquillisant que d'être nu face à un ennemi.

« Vas-y, Harry, dit Brûlopot après avoir vérifié que tout le monde était prêt. Demande-lui de s'ouvrir. »

Harry ferma les yeux et essaya de se représenter un serpent. Il essaya, une nouvelle fois, de se rappeler de celui avec qui il avait discuté au zoo.

« Ouvre-toi, dit-il après un long silence. »

Il ne se passa d'abord rien, puis un bruit grave retentit, comme si des pierres frottaient les unes contre les autres, comme un raclement. Alors le mur s'ébranla et bascula, révélant une volée de marches qui s'enfonçaient dans l'obscurité.

« Nous y voilà… souffla Lockhart. »

Mais soudain, un violent tremblement secoua le couloir. Harry sentit les pierres du sol vibrer sous ses pieds, et s'efforça de rester debout malgré le déséquilibre.

« Que se passe-t-il ?! s'écria Ron dans un glapissement. »

Harry se sentit alors projeter en avant par une force invisible, et les cinq sorciers furent happés par l'ouverture, qui se referma derrière eux dans un bruit sourd.

Ils se relevèrent tant bien que mal, encore un peu choqués mais non blessés. Ils étaient dans un noir absolu.

« Quelque chose n'a pas fonctionné comme il fallait, déclara Lockhart.
- De toute évidence… ajouta Brûlopot.
- C'est le mois qu'on puisse dire, renchérit Shaklenbolt.
- Peut-être que la chambre a compris que Harry n'était pas l'héritier de Serpentard, tenta Brûlopot, et qu'elle a donc décidé de punir le téméraire… »

Ils allumèrent tous les trois leur baguette.

« Nous voilà dans de beaux draps, constata Lockhart. »

Ils se trouvaient dans une sorte de grotte qui formait un couloir et descendait au loin. Harry se retourna : plus haut, le début de couloir était muré, mais les pierres de celui-ci, ainsi que les quelques marches qui en partaient, s'évanouissaient dans la roche qui formait le sol après être devenues de plus en plus irrégulières et écartées.

Shaklebolt gravit la pente et se planta devant l'ouverture qui venait de se refermer. Il agita quelques instants sa baguette, pour sonder le mur.

« Bonté du ciel ! s'écria-t-il finalement. Je n'ai jamais vu cela ! »

Les deux professeurs s'avancèrent alors, et les trois mages tentèrent de rouvrir le passage : ils prononcèrent des incantations, lancèrent quelques sortilèges, mais rien n'y fit.

Après quelques minutes, Shaklebolt baissa les bras.

« Les enchantements sont trop puissants, c'est à peine croyable.
- Alors que faire ? demanda Lockhart.
- Il va falloir continuer, répondit Brûlopot. Une fois que nous aurons débarrassé ce lieu de sa vermine, nous pourrons nous occuper de cela. »

N'ayant pas d'autres idées, les deux hommes hochèrent la tête en signe d'assentiment. Ils redescendirent alors tous les trois auprès de Harry et Ron.

« Et les enfants ? demanda alors Lockhart. Nous ne pouvons quand même pas les laisser ici…
- Est-ce que vous pensez que les serpents obéiront toujours à Harry après ce qui vient de se passer ? demanda Shaklebolt à Brûlopot.
- Je ne sais pas. Mais dans les deux cas il faut les emmener avec nous : pour assurer leur sécurité si la réponse est non, pour qu'Harry assure la nôtre si la réponse est oui. »

Cela n'enchanta personne : Harry et Ron n'avaient aucune envie de s'enfoncer sous terre en direction de l'antre des basilics, et les trois hommes seraient forcément gênés pour combattre s'il fallait qu'ils les protègent dans le même temps.

« J'imagine que vous savez créer un enchantement de masque à gaz, monsieur Lockhart ? demanda Shaklebolt.
- Évidemment. J'ai même, un jour, utilisé cet enchantement dans le seul but d'échapper à l'odeur d'un troll. »

Tout le monde lui jeta un regard étonné, surpris d'une telle anecdote dans un tel contexte.

« Eh bien oui, dit Lockhart qui n'avait pas interprété correctement leur trouble. L'odeur fétide du troll est arrêtée par l'enchantement, qui en réalité bloque tout ce qui n'est pas nécessaire à la respiration – à savoir l'oxygène, l'azote, le gaz carbonique, l'eau, et... »

Mais il ne finit pas sa phrase : le regard interrogateur des autres doucha son enthousiasme.

« Vous avez raison, ce n'est ni le lieu ni le moment pour ce genre de futilité. »

Shaklebolt acquiesça. Brûlopot se pencha vers Harry et Ron.

« En plein air, les exhalations de basilics ne sont pas un vrais danger, car elles se diluent rapidement, et seuls leurs morsures sont dangereuses. Malheureusement, dans un endroit clos comme ce souterrain, et sachant qu'il y a peut-être des centaines de serpents, il va falloir nous protéger. »

Il désigna sa baguette.

« Puisque nous n'avons pas de masques pour vous, nous allons donc lancer des enchantements sur vous les enfants, ce qui vous protégera des émanations. »

Il agita sa baguette, et Harry et Ron sentirent tout à coup leurs narines se fermer, comme s'ils portaient un pince-nez. Ils eurent aussi plus de mal à respirer.

« Voilà. Votre nez est bouché et l'air que vous respirez est filtré. »

Il agita à nouveau sa baguette.

« Cet autre enchantement vous évitera les morsures en empêchant les serpents de vous approcher. »

Il se tourna vers Lockhart.

« Lancez-leur les enchantements, vous aussi.
- Pourquoi ? demanda Lockhart avec étonnement. Les vôtres ne sont pas suffisants ?
- Ce n'est pas ça, c'est juste que si je meurs, ma magie s'estompera et ils ne seront plus protégés. Il vaut donc mieux doubler toutes les protections. »

Harry vit Lockhart pâlir, mais il s'exécuta.

« Les tripler, même » corrigea Shaklebolt, qui lança les mêmes enchantements que les deux professeurs.

Une fois que les trois hommes eurent chacun créé un enchantement pour chacun des garçons, Lockhart soupira.

« Maintenir ces enchantements de protection nous coûtera cher en énergie. Il ne nous restera qu'assez peu de marge de manœuvre contre les serpents. »

Brûlopot et Shaklebolt ne répondirent pas, trop conscients de la gravité de la situation. Ils enfilèrent leur masque à gaz, et Lockhart fit de même.

La troupe se mit alors en route, restant sur leur garde et s'attendant à tout.