Note de l'auteur : Bonjour tout le monde !
Et me revoici avec le chapitre 2 de cette fic, où les choses vont commencer à s'enclencher dans un sens ... et se déliter dans l'autre ! Bonne lecture à vous !
Rating : M
Disclaimer : Death Note appartient à Obata et Ohba
Unbreakable
Chapitre 2 : Dix-neuf cigarettes
« - Tu comptes quoi là au juste ?!
- Les secondes avant que tu pètes ta pile et que tu m'arraches du canapé pour me coller contre un mur et me demander des explications. »
Clac ….
Clac …
Clac …
Les claquements secs des morceaux de chocolat se cassant sous les coups de dents de Mello constituaient un sinistre écho au grésillement du brasier dessinant des ombres fantomatiques sur les murs les entourant, mourant lentement mais sûrement en absence de toutes choses à ravager de ses flammes. La chaleur avait même commencé à décliner dans l'entrepôt où le blond se tenait, la sueur humidifiant désagréablement son haut de cuir tandis que la tablette s'alternait à ses lèvres avec une clope qu'il fumait par intermittence.
Fumer n'avait jamais été l'un de ses trips, mais il devait le faire.
Pour que Matt fût là.
Pour que Matt pût profiter … profiter de la mise à mort du premier de ses meurtriers.
Treize voitures soit dix-neuf gardes du corps présents.
Dix-neuf gardes du présents soit dix-neuf exécutions … et dix-neuf cigarettes.
La première exécution avait d'ailleurs failli se faire sans cri et sans douleur - proprement et rapidement réglée d'une balle dans la tête - mais Mello n'avait pu s'empêcher de se raviser lorsqu'il avait eu ce mec dans sa ligne de mire. Méritait-il seulement de mourir vite ? Sans avoir à éprouver la peur ni l'angoisse ? Sans avoir à souffrir avant ?
Non … .
Non, il ne le méritait pas un seul instant, et le blond s'était alors fait une joie de lui régler son cas comme il l'avait indirectement fait avec Takada : dans un grand feu de joie ! Avec les deux genoux fracturés d'une balle dans chacun, le pauvre type avait ainsi eu tout le loisir de souffrir avant comme pendant son exécution, et Mello s'était d'ailleurs fait un devoir d'assister jusqu'au bout à ce sinistre spectacle. Clope et chocolat à la bouche. Pour lui et pour Matt.
J'espère que t'as apprécié Matty, parce que moi j'ai pris mon pied. C'est que le premier de toutes façons, alors on va avoir largement le temps de s'amuser … largement … connard de Mail va …
L'amertume … .
Gâchant sa vengeance … .
Gâchant même le goût du chocolat, comme si ses papilles gustatives avaient été détruites par cette clope … .
Et maintenant qu'il ne restait plus sous ses yeux qu'une forme calcinée et un sol de béton noirci, le blond se décida enfin à tourner les talons afin de quitter les lieux. Un instant, il fut d'ailleurs tenté de laisser mégot et papier d'emballage sur place afin de signer sa vengeance de la plus flagrante des manières, mais cette idée fut rapidement repoussée. Si cette signature n'évoquerait rien de plus à ses proies qu'un avertissement, elle serait en revanche des plus reconnaissables pour Near … et le blond n'avait absolument aucune envie d'attirer cette attention-là sur lui. Near ne comprendrait pas, Near n'approuverait pas. Alors autant ne pas lui donner une trop belle occasion de lui coller aux basques.
Ces deux-là échouèrent donc ainsi dans l'une des poches de sa veste en cuir sans autre forme de procès, et Mello sortit alors afin de se diriger en direction de sa moto. Une bien belle bécane d'ailleurs. Noir aux reflets bordeaux. Puissante et racée. Vibrant entre ses cuisses à chaque accélération. Sa vélocité lui rappelant la fougue de celui qui la lui avait offerte il y avait un peu plus d'un mois de cela … .
Tes saletés de clope, ta moto pleine de sous-entendus foireux … putain Matt, t'es vraiment qu'un crevard d'avoir disparu de la sorte. J'ai même pas eu le temps de te péter les dents …
Doux souvenirs d'une nuit d'amour.
Si l'on pouvait utiliser ce mot dans une telle situation en tout cas … .
« Matt, c'est quoi ça ?
- Mobe … » lui répondit le rouquin d'un ton amorphe, allongé en travers du canapé dans une position des plus atypiques. Atypique ou plus tant que ça en fait, tant Mello avait pris l'habitude de voir son ''colocataire'' s'avachir tête à l'envers à quelques centimètres du sol et jambes nonchalamment passées sur le dossier du sofa.
« J'vois bien que c'est une moto mais putain, qu'est-ce qu'elle fait en plein milieu du salon ?! »
Volute de fumée pour toute réponse, regard vaguement blasé miroitant à travers les verres teintés en orange. Matt affichait bien souvent cet air trop détaché pour être vrai, mais le blond avait appris depuis bien longtemps à passer outre. De la même manière que le rouquin s'était habitué à ses sautes d'humeur et à cette violence lancinante lui collant bien souvent à la peau.
« Cinq … quatre … trois …
- Tu comptes quoi là au juste ?!
- Les secondes avant que tu pètes ta pile et que tu m'arraches du canapé pour me coller contre un mur et me demander des explications.
- Matt … » souffla le blond d'un ton manifestement à bout de patience, ses doigts venant bientôt se pincer sur l'arrête de son nez comme si demeurer calme encore quelques instants représentait un effort colossal pour lui.
« Deux … un …
- Matt ! » hurla soudainement Mello en chopant son comparse par le col de son sempiternel tee-shirt rayé, le décollant brusquement du canapé pour le plaquer avec force contre le mur le plus proche. Comme prédit … .
- Zéro … bon anniversaire Mihael. J'avais pas suffisamment de papier cadeau pour l'emballer alors j'me suis dit que la laisser traîner dans le salon serait suffisant pour la surprise. Je l'ai choisie à mon image : sombre avec des reflets rouge, puissante, racée, vibrant entre tes cuisses chaque fois que tu auras envie de la faire rugir … . »
Loin de sa nonchalance habituelle, la voix de Matt s'était faite chaude et sensuelle pour susurrer ces paroles à l'oreille d'un blond qui n'avait pu s'empêcher de hausser un sourcil vaguement dubitatif et amusé face à tout ça, son emprise se desserrant toutefois dès que le rouquin glissant sa main dans la sienne pour le faire lâcher prise.
« Dis-moi Matt …
- Mmhh ?
- Quand t'es arrivé à la Wammy's, Roger t'avais pas filé des cours pour te débarrasser de ton accent amerloque ? Et de tes mauvaises manières par la même occas' ?
- MON accent, Micha Cabot ? T'es sûr de ce que t'avances là ?
- J'suis toujours sûr de moi et j'ai toujours raison, tu devrais le savoir à force … . »
Une vérité que le rouquin n'eut toutefois pas le loisir de confirmer ou d'infirmer puisqu'une délicieuse paire de lèvres vint capturer les siennes avec fougue, l'odeur chocolatée de Mello ne tardant pas à lui monter à la tête tandis que son étreinte se refermait aussitôt sur ce corps si désirable.
Micha Cabot … son Micha Cabot … .
Un surnom certes spécial et bien loin de ceux qu'avaient pu lui donner tous leurs camarades de l'institut, mais un surnom qui avait surtout révélé sa finesse d'esprit sitôt qu'il avait fait la connaissance du blond. Le surnom russe collant le plus à son prénom slave et le ''cabot'' dérivant directement de l'ange de la Cabbale qui lui avait offert le-dit prénom. Même du haut de ses sept ans, ce gamin était déjà redoutable d'intelligence.
Même du haut de ses sept ans, Mello était déjà un sacré cabot … .
… Mais un cabot désormais abandonné par son Matty.
Difficile de ne pas y penser à chaque seconde rythmant désormais sa vie, et pourtant, Mello savait que le pire n'avait pas encore été traversé. Au contraire, il restait à venir.
Lorsqu'il se rendrait réellement compte de la mort de Matt.
De la disparition de Matt.
De la perte de tout ce qui avait été eux … .
Matt …
C'était sans doute ironique, mais le bond aurait presque souhaité que ce moment arrivât vite, trop conscient que le déni était d'ors et déjà en train de tisser sa toile tout autour de lui. Positive ou négative ? Impossible de le dire pour l'instant, et ce même si Mello avait bien conscience que lorsque cet instant arriverait, il risquerait bien de proprement péter un plomb. Le pire de sa vie. Le plus ravageur aussi.
Pour lui et pour ses ennemis.
Mais perdre ainsi du temps sur la scène de son crime était tout sauf judicieux, aussi le jeune homme ne tarda-t-il pas à se secouer afin de se sortir de ses folles conjectures. Bien qu'il ait choisi cet entrepôt avec soin pour ne pas être dérangé, la probabilité d'une intervention extérieure n'était jamais à exclure, et il était donc plus que temps de mettre les voiles.
Pour aller où ? Aucune idée, mais cela n'empêcha pas la moto de rugir bientôt sur un axe très fréquenté de Tokyo, plongeant résolument au cœur de la ville tout en slalomant entre les voitures n'avançant plus qu'au ralenti à cette heure-ci. Ce fut d'ailleurs une portière s'ouvrant pile sous son nez et l'obligeant à freiner en catastrophe qui lui fit reprendre conscience de ce qui l'entourait, ses réflexes l'ayant largement conduit au-delà de son appartement.
Largement au-delà du petit supermarché où il avait pris l'habitude de se ravitailler.
Et largement au-delà des anciens locaux qu'avaient occupé Near et son équipe.
Juste là.
En face de l'imposant immeuble accueillant NHN.
Au prochain …
Sur le côté du bâtiment, une voiture noire était d'ailleurs en train de sortir afin de s'insérer dans la circulation dense, et il ne fallut qu'un coup d'œil à Mello pour reconnaître deux de ses dix-huit Némésis restantes. Si la proie venait à lui, alors il allait se faire un plaisir de l'exécuter sans la faire attendre.
Prochain chapitre : ''Le marchand de bulles'' ...